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chercherons dans les constellations elles-mêmes un moyen de fixer nos incertitudes à ce sujet, et l'on verra que c'est à l'Egypte que l'on doit l'origine des constellations que nous avons aujourd'hui.

Nous partirons pour cela d'une supposition fort naturelle c'est : que les figures qui désignent les constellations ont dû, dans l'origine, signifier quelque chose chez des peuples et dans des siècles où Pécriture savante était toute hiéroglyphique (d). Les noms qu'on leur donna ont dû être relatifs aux phénomènes qu'elles peignaient. Si les astérismes ou les assemblages d'étoiles, désignés par des figures d'hommes ou d'animaux, avaient seulement une ressemblance éloignée avec les figures qu'on y a tracées, il serait assez simple de croire qu'on n'aurait cherché par-là qu'à distinguer les constellations et à classer les différens groupes d'étoiles. Mais comme il est absolument impossible d'y trouver aucun trait de ressemblance (e), on est naturellement porté à leur prêter un sens énigmatique et à y reconnaître du dessein, d'autant plus qu'il paraîtrait étrange que parmi cette foule de monumens, souvent bizarres, qui nous viennent de cette haute antiquité, et que l'on convient être tous symboliques, les caractères astronomiques fussent les seuls qui ne signifiassent rien. Cette conséquence toute naturelle qui résulte de la connaissance que nous avons du génie de ces peuples, reçoit encore un nouveau degré de force du témoignage d'un des plus savans hommes de l'antiquité.

dont la balance est éloignée du cancer et du ca

pricorne, prouve bien que ce n'est pas par hasard

qu'elle occupe cette place, et que sa position dans le zodiaque se trouve nécessairement déterminée par les deux symboles des solstices; ce qui ajoute encore un troisième degré d'évidence à l'interprétation que nous donnons de chacun de ces emblèmes, envisagés seuls et indépendamment de leur position respective.

On doit imaginer que l'état du ciel, considéré relativement à la marche du soleil dans le cercle de sa révolution annuelle, n'a pas dû être le seul objet qui ait occupé les premiers agriculteurs astronomes. Le zodiaque, comme l'a bien observé Hyde', devait être autant un calendrier rural qu'un calendrier astronomique; et quand une fois on eut désigné le point équinoxial et les points solsticiaux, les autres divisions durent renfermer des images relatives à l'état de la terre dans chaque saison, ou même dans chaque mois, de manière que le cultivateur pût y voir l'annonce périodique de ses travaux et de ses récoltes. Aussi beaucoup de calendriers anciens ont cette forme, et chez presque tous les peuples du monde les dénominations de plusieurs mois ont été empruntées de l'état de la végétation et des opérations agricoles (g). Le temps. du labourage et celui des moissons sont les deux époques les plus importantes de l'année rurale ;

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1 Hyde de vet, Pers. Relig., p. 390.2 Court. Gebl., t. 4,

elles durent être désignées chacune par un hiéroglyphe particulier, et dont le sens se présentât naturellement aux yeux du spectateur le plus grossier. Le bœuf était le symbole le plus simple du labourage; et il paraît que cet animal a été choisi effectivement chez les Egyptiens, pour être le symbole des travaux du laboureur, suivant le témoignage d'Horus-Apollon: Une corne de bœuf peinte désigne les travaux. On ne pouvait effectivement mieux désigner l'ouverture de l'année rurale, que par l'image du boeuf agriculteur, compagnon des travaux de l'homme (h). Un faisceau d'épis, ou une jeune moissonneuse tenant un épi, peignit assez bien le mois des récoltes; et nous retrouvons également dans le zodiaque ces deux symboles. Il paraît donc que ce qui a dû se trouver dans le calendrier hieroglyphique d'un peuple astronome et agriculteur, se trouve dans notre zodiaque; que l'état du ciel et de la terre, dans leurs époques les plus intéressantes, y a été peint d'une manière assez sensible pour qu'on ne puisse le méconnaître ; et que vraisemblablement les autres caractères symboliques du zodiaque ont aussi un sens relatif à l'état de la Nature, dans le climat du peuple inventeur, quel qu'il soit. Une partie de ces signes annonce évidemment du dessein; donc les autres en renferment aussi; mais il ne paraît pas aussi marqué jusqu'à ce qu'on sache à qui ce calendrier appartient (i).

1 Hor. Apoll., 1. 2, 6. 17.

Macrobe', dans l'explication qu'il nous donne des douze signes du zodiaque, suppose que chacune de ces figures est un symbole de la marche et des effets du soleil; ses explications, il est vrai, ne sont pas toujours heureuses; mais il y en a au moins deux où le génie symbolique paraît à découvert.

Voici, nous dit-il, les motifs qui ont fait donner aux deux signes que nous appelons les portes du soleil, les noms de chèvre sauvage et d'écrevisse. L'écrevisse est un animal qui marche à reculons et obliquement; de même le soleil, parvenu dans ce signe, commence à rétrograder et à descendre obliquement. Quant à la chèvre, sa méthode de paître est de monter toujours et de gagner les hauteurs en broutant; de même le soleil, arrivé au capricorne, commence à quitter le point le plus bas de sa course pour revenir au plus élevé. »

L'écrevisse, suivant Macrobe, n'est donc point une de ces figures arbitraires tracées au hasard dans le zodiaque; elle est le symbole naturel d'un mouvement rétrograde. Le capricorne l'est également d'un mouvement ascendant ou de l'élévation; car c'est l'idée que nous présente cet animal, qui se plait à paître sur la cîme des rochers. La position respective de ces deux symboles, qui, dans le zodiaque, sont tellement disposés, que l'un étant à un solstice, le second a dû nécessairement occuper l'autre, ajoute encore un nouveau degré de vrai

↑ Macrob. Satur., 1. 1, c. 17 et c. 21. Manil., Astr., 1. 4, v. 311 et 447.

semblance à l'idée que chacun de ces signes présente séparément, et la probabilité devient trèsforte par la réunion des vraisemblances.

Le raisonnement que nous avons fait sur les deux emblèmes naturels des termes de la course du soleil, nous le ferons sur un signe intermédiaire qui partage en deux également la course de l'astre du jour. Entre ces deux limites, qui fixent le terme des plus longs jours et des jours les plus courts, il doit naturellement s'en trouver un qui détermine un point important, celui de l'égalité des jours et des nuits, qui a lieu dans tous les pays, et qui a été remarquée chez tous les peuples du monde. Effectivement, dans le zodiaque, la division qui répond à ce point intermédiaire est marquée par une balance, symbole le plus expressif et le plus simple de l'égalité. Manilius en fait le caractère de la justice. Cette idée se présente si naturellement, qu'elle n'a point échappé aux anciens; et Virgile, en parlant de l'équinoxe, où répondait de son temps ce symbole astronomique, y fait allusion: Libra die somnique pares ubi fecerit horas 2. Manilius l'appelle æquantem tempora libram (f). Mais quand ces auteurs n'en auraient pas fait l'application, le symbole est parlant, et l'on ne peut guère supposer d'autre sens à cet emblème et d'autre dessein aux inventeurs. Joignez à cela que la distance de quatre-vingt-dix degrés ou de trois signes,

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1 Manil. Astr., 1. 3, v. 311 et 447. Virg. Georg., 1. 1, v. 208. - 3 Manil., 1. 2, V. 242.

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