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chien, dont le lever fixait l'entrée du soleil au signe solsticial d'été, et le point de départ des cieux, comme nous l'avons vu plus haut. La case ou la division céleste qui réunit ces deux symboles est désignée par le nom de regnum sothiacum ou d'empire de Sothi; dénomination de Sirius, et de laquelle même la période sothiaque ou le cycle caniculaire a pris son nom. Le capricorne y a la queue de poisson comme celui de nos sphères, et ces deux symboles, le caper et le chien, le signe du zodiaque et 'astre paranatellon qui fixait Pentrée du soleil dans ce signe, s'y trouvent unis. On voit même le Mercure cynocéphale, ou à tête de chien, qui conduit en laisse ce capricorne amphibie. Au premier coup-d'oeil, je crus voir dans ce monument une démonstration complète de mon système; un examen plus réfléchi m'a fait réduire cette preuve à sa juste valeur. Ce planisphère représente l'état du ciel dans les derniers àges, et ne remonte pas à deux mille ans avant l'ère chrétienne, temps où le capricorne occupait le solstice d'hiver, et où le lever acronyque de Sirius marquait aussi le passage du soleil dans ce signe. L'union de cet astre et du capricorne, qui eut lieu à l'époque primitive, avait lieu encore, et c'est vraisemblablement cette dernière qui est ici tracée : mais ce qu'il y a de favorable à mon hypothèse, c'est qu'on y fixe là le commencement de la division du zodiaque et l'empire du génie de la période sothiaque; quoique la période sothiaque ne partît point de ce solstice, non plus que la division des douze signes, mais du

avant que

solstice d'été, dont le capricorne alors était bien loin, et que cette période d'ailleurs ait commencé le capricorne fût au solstice d'hiver, comme le prouve prouve Fréret qui place un de ses renouvellemens dans le temps où le verseau était au solstice d'hiver 1.

Manéthon donne lieu de croire, dit Bailly, que la période sothiaque remontait à deux mille sept cent quatre-vingt-deux ans avant J. C. Conséquemle lion occupait alors le solstice d'été.

ment,

La preuve que nous tirons de ce monument, considérée seule et indépendamment de sa liaison avec toutes celles que nous avons déjà apportées du départ d'une période astrale, au lever de Sirius, lorsque le capricorne était au solstice d'été, ne serait pas sans doute décisive; mais elle le devient par sa réunion avec tous les autres, surtout si l'on fait les réflexions suivantes. Le capricorne fut uni à Sirius, au solstice d'été, à l'époque primitive; mais bien des siècles après, il le fut avec le même Sirius au solstice d'hiver. La liaison établie dans le monument est-elle de la première époque ou de la seconde? Nous convenons qu'effectivement ce planisphère est de la seconde; mais nous ajoutons que cette seconde union non-seulement ne détruit pas la première qui, dans notre système, a existé; mais que le nom du premier des signes, donné au capricorne chez un peuple qui commençait son année et ses périodes au solstice d'été,

1 Défense de la Chron., part, 3.

semble annoncer qu'on eut aussi en vue de perpétuer l'époque primitive.

Cette conjecture reçoit encore un nouveau degré de force par la comparaison que nous pouvons faire de l'union établie entre ces deux symboles, dans ce monument, avec une cérémonie singulière qui se faisait tous les ans en Egypte, au solstice d'été. Plutarque' nous dit qu'aux environs du solstice d'été, ou lorsque Sirius se levait avec le soleil, on obligeait toutes les chèvres de l'Egypte de se tourner vers Sirius, et que cette cérémonie était en mémoire de la période et conforme aux tables astronomiques: Esseque, dit-il, id firmissimum documentum tês periodou, maximè tabulis astronomicis consentiens. Cette cérémonie bizarre établie chez un peuple sage, ne semble avoir aucun but dans tout autre système que le nôtre. Dans notre hypothèse, elle a un fondement, et la liaison des symboles est si naturelle, que nous-mêmes, avant d'avoir vu le passage de Plutarque en original, et ne connaissant cette cérémonie que par ce qu'en dit un auteur qui ne parle ni du but de cette fête ni de l'auteur d'où il a tiré ce fait, nous avions conclu et écrit, dans un Mémoire donné à l'académie des inscriptions, que cette cérémonie avait dû être établie pour perpétuer le souvenir du départ de la révolution des fixes et de la première période sothiaque. Lorsque nos recherches nous eurent fait rencontrer le texte même de Plutarque, nous avons

1 Plut. de solert, anim., p. 674.

TOME IX.

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été frappés de la justesse de notre conjecture, et nous l'avons regardée comme une démonstration; car le hasard produit rarement de semblables accords. Observons que cette cérémonie se faisait, non pas au solstice d'hiver, mais lorsque Sirius sé levait avec le soleil, c'est-à-dire au solstice d'été, et que conséquemment elle marquait la liaison des deux emblèmes astronomiques à la première époque; qu'elle était un documentum ou signe remémoratif, non pas de l'année, comme le dit le traducteur latin, mais de la période, tés periodou.

Si l'on adoptait la seconde hypothèse que nous avons proposée sur la méthode de diviser le zodiaque par la succession des levers du soir, la raison de cette cérémonie et la liaison de ces deux emblèmes auraient encore un fondement. L'entrée du soleil au lion était marquée par le lever du matin de Sirius et par l'ascension du soir ou le lever total du capricorne. Cette seconde explication rend l'invention de l'astronomie beaucoup plus moderne; mais elle n'est pas moins relative à la période dont parle Plutarque.

Par le nom de période, on entendait la période par excellence, la période sothiaque, qui, incontestablement, commençait au solstice d'été. Le nom de période sothiaque est, suivant nous, équivalent à période astrale; car le nom de sothi, donné à l'étoile brillante du grand chien, signifiait, en égyptien, ce que signifiait le nom de Sirius dans le Nord. Syr, en langue celtique, signifie astre, étoile, d'où les Grecs ont fait leur syrios

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nom de l'astre par excellence. Sothi', en égyptien, prononcé encore aujourd'hui sodi dans la langue des Brames, signifie aussi une étoile, un astre. Ce n'est pas le seul nom que nous trouvions chez les Indiens, qui ait une origine égyptienne. Mendes nom de Pan et du bouc, en égyptien, est encore le nom d'une divinité à tête de bouc, qu'on voit dans les grottes d'Yloura. Nilo en indien signifie noir; et il a dû le signifier en égyptien, puisque toutes les fois que les Arabes, les Hébreux, les Grecs et les Latins ont voulu traduire le nom du Nil, ils l'ont toujours traduit par un mot de leur langue qui signifie noir. Les Hébreux l'appelaient sichor, les Ethiopiens nuchul, les anciens Latins melo, les Grecs melas, tous noms qui signifient noir. C'était donc l'idée que présentait le nom de nilos dans la langue égyptienne, la même que présente nilo en indien. Je ne suivrai pas plus loin les étymologies, qui ne sont qu'une partie accessoire, et non la base de mon système.

Le planisphère publié par le père Kirker, et où l'on voit Sirius avec le capricorne, avait été envoyé par un Copte que l'auteur avait connu à Rome, et qui le tira du monastère de Saint-Mercure. J'ignorais jusqu'à quel point je pouvais compter sur l'authenticité de ce monument, dont je reconnais aujourd'hui toute la vérité. Mais il résultait de son

1 Plut. de Isid., p. 357. Hor. Apoll., l. 1, c. 3. Salm. Ann. Clim., p. 113. Phot. Cod. 247. 2 Le Gentil, Voyage aux Ind., t. 1, p. 246.- 3 Cæs. Col. Astron., p. 22.

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