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dont la balance est éloignée du cancer et du capricorne, prouve bien que ce n'est pas par hasard qu'elle occupe cette place, et que sa position dans le zodiaque se trouve nécessairement déterminée par les deux symboles des solstices; ce qui ajoute encore un troisième degré d'évidence à l'interprétation que nous donnons de chacun de ces emblèmes, envisagés seuls et indépendamment de leur position respective.

On doit imaginer que l'état du ciel, considéré relativement à la marche du soleil dans le cercle de sa révolution annuelle, n'a pas dû être le seul objet qui ait occupé les premiers agriculteurs astronomes. Le zodiaque, comme l'a bien observé Hyde', devait être autant un calendrier rural qu'un calendrier astronomique; et quand une fois on eut désigné le point équinoxial et les points solsticiaux, les autres divisions durent renfermer des images relatives à l'état de la terre dans chaque saison, ou même dans chaque mois, de manière que le cultivateur pût y voir l'annonce périodique de ses travaux et de ses récoltes. Aussi beaucoup de calendriers anciens ont cette forme, et chez presque tous les peuples du monde 2 les dénominations de plusieurs mois ont été empruntées de l'état de la végétation et des opérations agricoles (g). Le temps du labourage et celui des moissons sont les deux époques les plus importantes de l'année rurale;

1 Hyde de vet, Pers. Relig., p. 39o. 2 Court. Gebl., t. 4,

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elles durent être désignées chacune par un hiéroglyphe particulier, et dont le sens se présentât naturellement aux yeux du spectateur le plus grossier. Le bœuf était le symbole le plus simple du labourage; et il paraît que cet animal a été choisi effectivement chez les Egyptiens, pour être le symbole des travaux du laboureur, suivant le témoignage d'Horus-Apollon 1: Une corne de bœuf peinte désigne les travaux. On ne pouvait effectivement mieux désigner l'ouverture de l'année rurale, que par l'image du boeuf agriculteur, compagnon des travaux de l'homme (h). Un faisceau d'épis, ou une jeune moissonneuse tenant un épi, peignit assez bien le mois des récoltes; et nous retrouvons également dans le zodiaque ces deux symboles. Il paraît donc que ce qui a dû se trouver dans le calendrier hieroglyphique d'un peuple astronome et agriculteur, se trouve dans notre zodiaque; que l'état du ciel et de la terre, dans leurs époques les plus intéressantes, y a été peint d'une manière assez sensible pour qu'on ne puisse le méconnaître ; et que vraisemblablement les autres caractères symboliques du zodiaque ont aussi un sens relatif à l'état de la Nature, dans le climat du peuple inventeur, quel qu'il soit. Une partie de ces signes annonce évidemment du dessein; donc les autres en renferment aussi; mais il ne paraît pas aussi marqué jusqu'à ce qu'on sache à qui ce calendrier appartient (i).

1 Hor. Apoll., 1. 2, c. 17.

Mais comment trouverons-nous ce peuple primitif qui traça dans le ciel ce calendrier symbolique, écrit en caractère de feu, et où chacun put voir chaque année l'état de la Nature et l'ordre successif de ses travaux?

Nous procéderons ici de la manière la plus simple. L'inventeur sera celui à qui le calendrier conviendra tellement que, dans aucun siècle, il n'ait jamais pu convenir complétement à aucun autre. Il ne suffira pas que quelqu'un puisse s'en appliquer une partie, il faut que tout lui convienne, et que l'état du ciel et celui de la terre s'accordent ensemble à l'époque d'où l'on voudra partir.

Cette règle de critique étant une fois établie, comparons le zodiaque, d'abord avec le climat de l'Egypte, dans le siècle où les sciences astronomiques ont été transmises aux Grecs. Nous trouvons, il est vrai, à un équinoxe et aux deux solstices, les emblèmes que nous avons cru être les plus propres à désigner les points cardinaux de la route du soleil. Mais cet accord ne prouve rien en faveur d'aucun peuple en particulier, puisqu'il exprime en général l'état du ciel et une position commune à toute la terre. Si nous jetons un coup-d'oeil sur les deux autres symboles relatifs à l'agriculture, et qui ne peuvent point être communs à tous les climats, nous verrons bientôt que ces symboles ne peuvent point convenir à l'astronomie rurale des Egyptiens, ni fixer la saison du labourage et des récoltes en Egypte, dans les siècles que nous examinons. En effet, le labourage se fait, dans l'Egypte,

parcou

en novembre, et c'était en mai que le soleil rait le taureau. C'est en mars que la moisson commence en Egypte, et ce n'était que vers la fin d'août que le soleil entrait alors dans la vierge, ou qu'il commençait à parcourir la division marquée par le signe des moissons. Mais l'Egypte alors est couverte des eaux du Nil, et presque ensevelie sous les flots. Le ciel exprime donc ici un ordre tout différent de celui de la terre; et si ces symboles ont pu dans quelque âge s'accorder avec l'agriculture égyptienne, il faut nécessairement supposer un tout autre état des cieux, et déplacer tous les autres signes.

Avant de remonter à une époque aussi éloignée, voyons si l'agriculture des autres peuples ne s'accordera pas mieux avec les deux symboles de l'astronomie rurale. Le boeuf répondait au mois de mai, et il était l'emblème du labourage. Mais nous ne voyons aucun peuple qui ait placé dans cette saison le commencement de ses labours et le travail des boeufs. Les Grecs et les Romains, au contraire, attendaient la fin des récoltes pour préparer la terre à recevoir une nouvelle semence, et regardaient l'automne comme la saison du labourage. Virgile, il est vrai, parle d'un premier labour au printemps; mais il dit ailleurs que c'est en automne qu'il faut fatiguer le taureau à tracer les sillons'.

Libra die somnique pares ubi fecerit horas,

Et medium luci atque umbris jam dividet orbem ;
Exercete, viri, tauros, etc.

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Hésiode, également, dans le second chant de son poème sur l'agriculture, fixe au coucher du matin des pléiades, c'est-à-dire au premier jour de novembre, le commencement du labourage, et à leur lever héliaque celui des moissons; il en fait même une règle universelle pour ceux qui habitent les bords de la mer, comme pour ceux qui cultivent l'intérieur des terres 1. Il en est de même des autres auteurs, Aratus, Théon, etc. 2.

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Plutarque dit aussi que c'est au coucher des pléiades qu'on ensemence la terre, et qu'on récolte après leur lever, c'est-à-dire, qu'il place en mai, ou sous le taureau, non le labourage, mais les récoltes, ou au moins qu'il les place peu de temps après. Donc le taureau céleste n'a pu être regardé comme le symbole du labourage chez les Grecs, ni chez aucun des peuples qui, comme eux, commençaient les labours en automne; ce qui fut néanmoins l'usage reçu universellement.

Le même passage de Plutarque nous prouve également que la vierge, ou la moissonneuse de "nos sphères, n'a pu être le symbole des moissons, ni chez les Grecs, ni chez les peuples qui, comme eux, ont moissonné peu de temps après le lever des pléiades (k), ou même au solstice d'été. En effet, lorsque les pléiades commencent à paraître, au sortir des rayons du soleil, et qu'elles se lèvent

Hesiod. Oper. et dies, l. 2, v. 2 et 234.-2 Aratus, v. 267. Theon, p. 134-135. Fest. Avien. 3 Plut. de amore prolis, p. 146.

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