Images de page
PDF
ePub

qu'ils furent aussi les auteurs des noms qu'on donnait aux douze grands Dieux, ou, suivant nous, aux douze astres génies protecteurs des signes. Macrobe' assure qu'ils sont les seuls qui, dès la plus haute antiquité, aient eu une année bien réglée.

Diodore de Sicile et Strabon assurent que les prêtres égyptiens étaient habiles, non-seulement dans la géométrie, mais aussi dans l'astronomie et dans l'astrologie (a); qu'ils avaient, de temps immémorial, des tables astronomiques qui marquaient les révolutions des planètes et leurs mouvemens diurnes, stationnaires et rétrogrades, et qu'on y voyait leurs influences sur les êtres sublunaires. Tel était le cercle d'or d'Osymandias, qui avait une coudée de large et trois cent soixantecinq coudées de tour, où chacune des coudées répondait à un jour de l'année, et où les levers et les couchers d'étoiles étaient marqués, ce qui annonce déjà une astronomie bien ancienne. Mais Achille Tatius (Isagoge ad Arati Phænomena, c. 1) dit quelque chose de plus précis: Ægyptios primos omnium tam cœlum, quam terram esse dimensos, ejusque rei scientiam ad posteros incisam columniis propagasse. En cela, il est d'accord avec Macrobe et Lucien. On attribuait à Hermès la division du zodiaque 3.

3

4

Martianus Capella introduisit l'astronomie qui

1 Macrob. Sat. 1. l. 1, c. 12.-2 Diod. Sic., l. 1, c. 9, l. 10, c. 8; Strab., l. 17, p. 816. 3 Syncelle, p. 40. 4 Mart. Capell., 1. 8, p. 274.

[ocr errors]

dit d'elle-même: Per immensa spatia sæculorum ne profaná loquacitate vulgarer, Ægyptiorum clausa adytis occultabar.

Court de Gebelin (t. 4, p. 11) convient qu'on aperçoit encore à présent, dans les calendriers des peuples du Nord, des rapports surprenans avec le calendrier égyptien; ce qui suppose, dit-il, une origine commune, antérieure au temps des premiers Chaldéens, dont on cite des observations astronomiques depuis plus de mille neuf cents ans avant Alexandre-le-Grand '.

Je pourrais citer une foule d'auteurs qui attestent le même fait; et si leur suffrage ne prouve pas la vérité que j'avance, il prouve au moins qu'elle n'est point un paradoxe, et que je suis d'accord avec le plus grand nombre des historiens.

Les figures astronomiques que nous avons viennent donc d'Egypte; et il paraît que tous les peuples qui ont ces formes les ont tirées, ou des inventeurs de cette science, ou des peuples qui les avaient reçues de l'Egypte. L'universalité des noms des douze signes qui sont les mêmes en Egypte, dans l'Inde, dans la Perse, dans la Phénicie, dans la Grèce et dans l'Italie, décèle une source commune.

Bailly, Astron. ancienne, t. 1, p. 182, reconnaît que les Egyptiens avaient pour témoins de l'ancienneté de leurs découvertes astronomiques, leurs pyramides parfaitement bien orientées, l'année de trois cent soixante-cinq jours un quart, connue chez eux dès la plus haute antiquité, et la découverte du vrai mouvement de Mercure et de Vénus, et que l'astronomie dut y être établie au moins trois mille ans avant l'ère chrétienne.

Les Chinois sembleraient d'abord faire une exception; néanmoins on aperçoit dans leur astronomie moderne les traces de l'ancienne astronomie. La révolution qu'a subie chez eux cette science, ne nous permet pas de trouver un accord parfait dans leur zodiaque et dans leurs constellations avec les nôtres. On sait qu'ils ont été obligés de créer un zodiaque, de nouvelles constellations, après que l'empereur Tsin-Chi-Hoang eut fait brûler tous les livres astronomiques, et qu'il ne restait plus alors, dit le père Souciet ', que des traditions confuses sur les anciennes constellations. Ce sont ces traditions confuses que nous croyons aujourd'hui apercevoir dans leur nouvelle astronomie, quoiqu'elle nous offre un autre ordre de choses et une distribution particulière. Le capricorne, dans notre hypothèse, était le premier des douze signes. Chez eux, la première constellation s'appelle kio qui signifie une corne dans leur langue. Il paraîtrait que, comme le nom d'aries signifie chez nous le premier signe, quoique la constellation de ce nom n'y réponde plus, celui de la corne, symbole abrégé du caper, pouvait aussi désigner la première division. Joignez à cela qu'ils donnent au capricorne lui-même une dénomination assez conforme à l'idée de priorité que nous lui attribuons en l'appelant d'un nom que le père Souciet traduit par Siderum Annales 2. C'était là en effet que commençait la première époque astronomique, et

1 Souciet, t. 2, p. 2.-2T. 3. p 98.

qu'était fixé le point de départ de l'année astrale ou de la révolution des fixes. Dira-t-on que c'est l'effet du hasard? Mais cette ressemblance n'est pas la seule que leurs constellations aient avec les nôtres. Le dragon est chez les Chinois, comme chez nous, un animal céleste, comme nous l'avons vu plus haut'. Ils appellent mão, ou l'astre mao, l'étoile que nous appelons maia. Mao, lucida pleiadum, dit Souciet. Ils retinrent ce nom par préférence, parce que cet astre annonçait l'équinoxe de printemps, époque intéressante chez tous les peuples. Ils ont retenu également l'indication du signe qui, dans le même âge, était signe solsticial d'hiver, où ils commençaient leur année; ils désignent en effet par l'eau le signe céleste où nous plaçons le verseau. On retrouve chez eux sur ce signe la même tradition fabuleuse que celle qui nous a été transmise par les Grecs. Ces derniers avaient placé leur Deucalion dans le verseau, et il en porte encore le nom. Les Chinois également ont un Dictionnaire appelé Eulya', où il est dit expressément que hiven-mao, signe céleste (que nous appelons, nous, amphora et Deucalion), est le symbole du règne de Tchouen-Hin, et désigne cet empereur sous lequel il y eut un grand déluge. Voilà donc le signe du verseau qui, chez les Grecs, s'appelle Deucalion, et qui, chez les Chinois, désigne Tchouen-Hin, deux princes sous le règne desquels ces deux peuples placent un déluge. Il n'y a évidemment de dif

1 Souciet, t. 2, p. 180. - 2 T. 3, p. 33.

que

férent que le nom; mais le fond de l'histoire est le même, et tombe sur le même signe céleste ou sur le même symbole astronomique. Voilà donc encore un rapport entre l'astronomie chinoise et celle des anciens Grecs, Egyptiens, Phéniciens, etc., qui annonce une filiation commune. Nous avons vu aussi plus haut que leur fable sur la tortue de mille ans ne doit s'entendre de la constellation appelée kélus par les Grecs, et testudo par les Latins; que la tortue allégorique est la tortue céleste, nom qu'elle a exactement dans leur langue. Mais les Chinois ont une suite de douze animaux répondant à un cycle de douze ans, qui ne sont autre chose que nos constellations extrazodiacales ou les paranatellons qui fixaient, par leur lever ou leur coucher, l'entrée du soleil dans chacun de nos signes. C'est ce que je vais faire voir en parcourant les levers et les couchers d'étoiles qui répondent aux douze signes auxquels ces animaux correspondent dans le cycle, tels qu'ils sont rapportés dans le père Gaubil'. Ce cycle se retrouve dans tout l'Orient, au Catay, chez les Tartares, chez les Turcs, les Arabes, les Perses, les Indiens, chez les Malayens, les Tonquinois, les Siamois, les Japonais, etc. On prétend même que c'est le zodiaque de ces derniers peuples, et que c'était le nom des douze signes primitivement connus en Orient. Cette supposition conjecturale sera détruite par l'explication suivante; et loin d'y voir un second zodiaque

1 Gaubil, t. 2, p. 174.

« PrécédentContinuer »