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Dans ces derniers temps, par suite de l'exploitation à outrance des bouleaux, l'écorce est devenue rare, et cette rareté s'est traduite par une diminution dans la production de la poix et par une hausse des prix qui ne permet plus de l'employer dans la préparation des cuirs. Les paysans lui ont trouvé un succédané qu'ils appellent polovinchik (demi-poix) et qui provient de la distillation du goudron auquel on a mélangé une petite quantité d'écorce de bouleau et de tremble. La fabrication de ce produit a pris une grande extension dans les régions forestières de la Russie d'où il est expédié dans les steppes du sud et de l'est de l'empire sous le nom de degot (poix de bouleau).

L'ensemble des produits résineux donne lieu à un mouvement d'affaires qui est indiqué par les chiffres suivants : Les articles les plus en faveur, en Russie, sont la colophane et la résine, dont l'importation moyenne annuelle pendant les dix dernières années s'est élevée à 1,289,000 ponds (20,864,000 kg.) valant 1,445,000 roubles (5,847,150 francs), et elle a atteint 679,000 ponds (11,167,700 kg.), estimés 804,000 roubles (2,146,680 francs), soit 1 rouble 20 kopeks (3 fr. 20) le pond pendant les cinq premiers mois de 1897. Ces deux produits ne sont pas exportés.

L'essence de térébenthine vient au second rang. La Russie en a demandé à l'étranger pendant la même période 28,000 ponds (456,400 kg.) en moyenne par an évalués à 136,000 roubles (3,613,200 francs), soit 4 roubles 85 le pond (12 fr. 95 les 16 kg. 3), et dans les cinq premiers mois de 1897, les entrées de ce produit ont été de 21,000 ponds (342,300 kg.), d'une valeur de 110,000 roubles (293,700 francs), soit 5 roubles 25 le pond (14 fr. 01 les 16 kg. 3). Mais elle en exporte des quantités considérables, 246,000 ponds (4,009,800 kg.) en moyenne par an, valant 603,000 roubles (1,610,010 francs), soit 2 roubles 45 le pond (6 fr. 54 les 16 kg. 3), et 113,000 ponds (1,841,900 kg.), estimés 347,000 roubles (921,830 francs), pendant les cinq premiers mois de 1897.

La Russie exporte encore des quantités notables de poix et de goudron, dont la moyenne annuelle a été de 1,224,000 ponds

(19.951,200 kg.), évalués 479,0co roubles (1,278,930 francs), soit 38 kopeks (1 fr. 01) les 16 kg. 3; mais cette exportation a sensiblement diminué dans les cinq premiers mois de 1897, et elle n'est plus représentée que par 79.000 ponds (1,287,700 kg.) d'une valeur de 60,000 roubles (160,200 francs). Pour la première fois, la Russie a demandé à l'étranger une quantité relativement considérable de ces produits, soit 224,000 ponds (3,977,200 kg.), estimés 183,000 roubles (488,710 francs) pendant la même période.

L'examen des chiffres ci-dessus montre que l'empire russe, malgré l'étendue immense des forêts qu'il possède, est incapable de fournir à ses usines les produits résineux qui leur sont nécessaires. Il est surtout obligé de se procurer à l'étranger la colophane et la résine; il exporte, il est vrai, une plus grande quantité de térébenthine qu'il n'en importe, mais celle qu'il produit est de qualité inférieure, comme le prouvent d'ailleurs les évaluations de la douane: 2 roubles 62 (6 fr. 99) pour l'essence russe et 5 roubles 65 (15 fr. 08) les 16 kg. 3 pour celle de provenance étrangère. De plus, le goudron et la poix, qui étaient jusque dans ces derniers temps exportés en quantités considérables, sont de plus en plus absorbés par l'industrie nationale, et, cette année (1897), ces produits d'origine étrangère ont fait pour la première fois leur apparition sur le marché russe.

Il semblerait que, tout récemment, la production des résineux se soit quelque peu ralentie, si l'on en juge par les progrès de l'importation, mais il n'y a là qu'un phénomène d'un caractère transitoire dû surtout au peu de perfectionnement des procédés techniques employés et à l'organisation défectueuse de la fabrication qui se trouve encore aujourd'hui entre les mains des paysans. Mais dès que cette industrie sera établie sur des bases rationnelles et dirigée par des ingénieurs sachant mettre à profit les découvertes de la science pour produire à bas prix et qu'elle disposera, en outre, des capitaux qui lui manquent en ce moment, nul doute qu'elle ne prenne une extension dont le développement actuel ne peut donner qu'une bien faible idée.

Et pourtant, il est considérable à en juger par les chiffres fournis par les documents officiels. D'après ces données, qui n'ont d'ailleurs qu'une valeur approximative, le rendement en produits résineux des forêts russes s'élèverait actuellement à 652,000 quintaux métriques de poix et polovinchik, à 326,000 quintaux de goudron, 24,450 quintaux de résine, 50,000 quintaux de térébenthine, et aurait, en y comprenant le charbon considéré comme produit accessoire, une valeur de 22 millions de francs. La quantité de bois consommé pour cette fabrication est évaluée à 3,108,000 stères de souches et de racines de pin, 971,000 stères de bois de pins gemmés à mort, 326,000 quintaux d'écorce de bouleau, soit en tout 6,000,000 de stères qui représentent la production annuelle de 1,650,000 hectares de forêts.

VICTOR DELAS,

Professeur.

CHRONIQUE

NÉCROLOGIE

M. JACQUES GÉBELIN

Professeur à la Faculté des lettres de Bordeaux, Directeur général des classes de la Société Philomathique.

La nouvelle de la mort de M. Gébelin, survenue presque subitement, dans le courant du mois de septembre, à Réalville (Tarn-et-Garonne), a plongé dans la consternation la Société Philomathique tout entière, dont le défunt était un des membres les plus actifs, les plus intelligents et les plus dévoués.

M. Jacques Gébelin, né à Nimes le 5 novembre 1848, était sorti en 1872 de l'École normale supérieure avec l'agrégation d'histoire. Successivement professeur d'histoire au lycée de Rennes, au Prytanée militaire de la Flèche et aux lycées d'Angoulème et de Bordeaux, il fut reçu au doctorat en 1882 et nommé en 1883 maître de conférences à la Faculté des lettres de Bordeaux, où il devint ensuite chargé de cours, puis professeur titulaire.

Fondateur de la Société de Géographie commerciale de Bordeaux, il en devint bientôt le vice-président et assuma pendant de longues années la lourde responsabilité de la rédaction du Bulletin. C'est là qu'il a publié diverses études très remarquables et, en dernier lieu, ses Essais de géographie appliquée, dont le succès a été considérable.

Enfin, depuis un an, M. Gébelin avait été appelé à succéder à M. Vergez, à la direction générale des classes d'adultes de la Société Philomathique, où il avait apporté ses qualités de professeur distinguć, de maître énergique et d'administrateur habile.

La mort de M. Jacques Gébelin est unanimement regrettée à Bordeaux, où son affabilité et ses qualités élevées lui avaient assuré la sympathie générale. Elle cause un véritable deuil à la Société Philomathique, qui perd en lui un de ses meilleurs et de ses plus précieux collaborateurs.

M. LESCARRET

Ancien président de la Société Philomathique.

La Société Philomathique a perdu le 5 septembre dernier, en M. J.-B. Lescarret, l'un de ses plus anciens collaborateurs.

Né dans le département des Landes, à Castelnau, le 9 octobre 1818, M. Jean-Baptiste Lescarret se fit inscrire en 1841 au barreau de Bordeaux, où il exerça la profession d'avocat jusqu'en 1870. Il fut élu conseiller municipal de Bordeaux en juillet 1869 et réélu en 1870. Adjoint au maire à l'instruction publique, il donna sa démission le 1 janvier 1871 pour prendre le poste de secrétaire en chef de la Ville qu'il occupa jusqu'en 1888 avec une grande compétence. Il prit alors sa retraite et se consacra exclusivement à l'enseignement de l'économie politique qu'il professait depuis 1873 en qualité de titulaire de la chaire créée par la Chambre de Commerce.

C'est en 1851 que M. J.-B. Lescarret avait commencé à participer activement aux travaux de la Société Philomathique, où il fut d'abord un très brillant secrétaire général et dont il devint le président en 1871 et 1872.

Au cimetière de la Chartreuse, où a eu lieu l'inhumation, trois discours ont été prononcés: par M. Marc Maurel au nom de la Société d'Économie politique; par M. Fernand Courtès, au nom des anciens élèves du défunt, enfin M. Tisseyre a rendu à la mémoire de J.-B. Lescarret un dernier hommage de reconnaissance en retraçant en détail sa longue et utile carrière philomathique.

ACTES DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE

Année scolaire 1898-1899.

COMITÉ D'ADMINISTRATION DU 21 SEPTEMBRE 1898

Par décision du Comité d'administration de la Société Philomathique en date du mercredi 21 septembre 1898, M. Lucas, négociant, est nommé membre de la Commission des Classes.

M. Gourhan est nommé professeur du cours de Comptabilité et Bureau commercial de l'École centrale, en remplacement de M. Mérac, démissionnaire.

M. Gourhan reste professeur de comptabilité à la succursale de Paludate.

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