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la Revue de Gascogne, qui est aussi chère à M. Tamizey de Larroque que si, au lieu d'être son obligée, elle était sa bienfaitrice.

LÉONCE COUTURE.

NOTES DIVERSES.

CXXXVII. Programme du cours de langues et littératures romanes à la faculté libre des lettres de Toulouse.

Le professeur de langues et littératures romanes entreprend l'histoire de la Renaissance des lettres dans l'Europe latine. Il s'occupera particulièrement de l'Espagne et de l'Italie, mais en les comparant toujours avec la France. Son but est de suivre fidèlement, dans ses origines et dans ses progrès jusqu'au xviro siècle, chacun des facteurs de ce mouvement littéraire qu'on est convenu d'appeler Renaissance l'étude de l'antiquité classique, le renouvellement des littératures nationales et le travail de l'esprit nouveau dans le domaine scientifique et religieux.

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Le cours de l'année scolaire 1879-80 sera consacré tout entier à la renaissance italienne du quatorzième siècle. Pétrarque, à bon droit nommé « le père de toute la culture moderne, » sera le centre et le lien des sujets d'étude qu'offre cette période de l'histoire littéraire des nations romanes.

Biographie de Pétrarque dans ses rapports avec l'histoire religieuse, politique, intellectuelle et artistique de son temps; étude aussi complète que pos

sible de ses relations avec la province de Toulouse, grâce à l'amitié de Giacomo Colonna, évêque de Lombez; esquisse de son caractère, surtout d'après le vaste recueil de ses lettres; ses œuvres poétiques italiennes; son œuvre de renaissant et d'antiquaire, de philologue latin, de poète épique (Africa), - de théologien ascétique, de philosophe, de politique, etc. tels sont quelques-uns des points saillants de la route à parcourir.

Pétrarque y sera toujours rapproché, par des études comparatives, de ses prédécesseurs, de ses contemporains et de ses imitateurs. Boccace et Dante obtiendront une attention particulière, mais seulement dans leurs rapports avec Pétrarque et avec le travail essentiel de la Renaissance : imitation des anciens et formation de la langue, de l'art et de la pensée modernes.

Le professeur consacrera de plus, chaque semaine, à l'étude de la langue d'oc, une conférence non publique, qui aura un double objet: 1° exposition méthodique de la grammaire, avec indication sommaire des origines latines, des points de comparaison avec les autres langues romanes et surtout avec la langue d'oui, et des caractéristiques dialectales des principaux patois du midi de la France; 2o explication d'un morceau de prose ou de poésie qui servira de texte à des remarques philologiques, et à quelques notions d'histoire littéraire, d'esthétique et de métrique provençales.

QUESTIONS.

169. Sur quelques possessions de l'ordre de Saint-Jacques de l'épée et de l'ordre de la Foi et de la Paix.

On trouve dans l'un des cartulaires de Sainte-Marie d'Auch, le Livre rouge, le document suivant:

<< Milicie et magistro ordinis Sancti Jacobi fuerunt semel adquisita loca infra scripta:

» Locus de Poy Draguino, de Fustarroau et de Artias in Armaniaco. Instrumentum est signatum per CCCLXI.

» Ordini Fidei et Pacis fuerunt semel adquisita loca infra scripta:

>> Castrum deucaunar, medietas loci de Maucor et castri Sancti Arriani. Instrumentum est signatum per CCCCXXVII.

>> Loca Bolonie et de Sancta Mora,

» Loca Sancti Pauli et de Rocabert. Instrumentum signatum per CCCXLI. » Les possessions de l'ordre de Saint-Jacques sont assez faciles à déterminer. Fusterouau et Pouydraguin sont bien connus. Pour Artias, l'un des pouillés du xve siècle insérés dans le même cartulaire nous fournit quelques éclaircissements. On y lit, en effet : « Ecclesia de Artheyes, alias de Podio Draguino; » et un peu plus loin : « Ecclesia de Crota unita cum ecclesia de Artheys. » Dès lors, Podio draguino pourrait bien désigner le château de Pouydraguin, situé sur une remarquable éminence qui domine la belle vallée de l'Arros et de l'Adour, et que l'on voit de très loin; et Artias ou Artheys l'église romane, actuellement paroissiale, de Pouydraguin, voisine de Croute.

Les possessions de l'ordre de la Foi et de la Paix offrent plus de difficulté; hors Bologne et Sainte-Maure, indiqués dans l'archidiaconé de Sos par le pouillé du xve siècle dont je viens de parler, je confesse n'en connaître absolument aucune.

Je demande donc où sont: le Castrum deucaunar, » le lieu de « Maucor, » le « Castrum Sancti Arriani, » le lieu de Saint-Paul et celui de Rocabert?

A. LAVERGNE.

170. Claude Lancelot et deux princes de Conti à l'Isle-Jourdain.

On lit à la page 35 de Bossuet, précepteur du Dauphin, par A. Floquet (in-8°, Paris, F. Didot, 1864): « Les deux jeunes princes de Conti, neveux du grand Condé, étaient en même temps (1670) élevés à l'Isle-Jourdain par MontfauconLapejan, par Claude Lancelot, sous une semblable discipline. » L'auteur des Grammaires de Port-Royal avait été recommandé à la princesse de Conti pour l'éducation de ses deux enfants, alors très jeunes, par Le Maistre de Saci, le célèbre traducteur des livres saints; et il quitta ses élèves au commencement de 1672 pour embrasser la vie monastique à Saint-Cyran. Mais ne pourrait-on pas fournir des renseignements plus détaillés et plus précis sur le séjour à l'Isle-Jourdain de ce savant janséniste et des deux princes qui lui étaient confiés ? J. B.

COURS DE LANGUES ET LITTÉRATURES ROMANES

A LA FACULTÉ LIBRE DES LETTRES DE TOULOUSE

LEÇON D'OUVERTURE DU 29 JANVIER 1879.

Un grand nombre d'abonnés de la Revue de Gascogne m'ont demandé avec instance de ne pas les laisser entièrement étrangers au cours de langues et littératures romanes que j'ai l'honneur de professer depuis tantôt un an à la faculté libre des lettres de Toulouse. Tant et de si bienveillantes prières m'ont fait revenir en partie sur une décision que j'avais cru devoir prendre pour ne point confondre mes attributions très diverses de professeur de littérature étrangère et de directeur d'une revue exclusivement historique et provinciale. Je ferai donc quelque place dans la Revue à mon enseignement, c'està-dire à celles de mes leçons, naturellement fort rares, qui toucheront à l'objet de ce recueil, dont le caractère ne sera pas le moins du monde modifié.

J'ai déjà fait espérer à plusieurs de mes lecteurs qu'ils auraient d'abord un résumé très rapide, une sorte de sommaire, de tout mon cours de l'an dernier sur la philologie romane et sur la littérature populaire chez les nations romanes. Je n'ose encore m'engager sérieusement à ce sujet je n'ai pu retrouver les notes sur lesquelles je faisais mes leçons, dont la forme familière et toute spontanée a été accueillie avec tant d'indulgence par mon auditoire toulousain. Mais parmi mes auditeurs, il y en a qui m'ont suivi très assidûment et la plume à la main; quelqu'un d'entre eux pourra m'aider à rétablir toute la suite de mon cours. Si cet espoir se réalise, je donnerai en Tome XX. Décembre 1879.

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quelques pages (environ deux articles de la Revue) l'esquisse dont J'ai parlé.

En attendant, je publie ma leçon d'ouverture, parce qu'elle marque bien l'objet, la méthode et l'esprit de mon cours. D'ailleurs, plusieurs abonnés me la demandaient, surtout depuis l'appréciation plus que bienveillante qu'en a faite le périodique français le plus autorisé en ce genre d'études (1). Or, il n'était plus en mon pouvoir de procurer à qui que ce soit un seul exemplaire de la Gazette du Languedoc du 11 avril, qui en contient une partie seulement. Je compte donc qu'on ne me blâmera pas de la publier ici en entier pour la première fois, en y ajoutant, comme supplément, le début de la leçon d'ouverture du second semestre.

Je saisis cette occasion pour rassurer au besoin les amis de la Revue de Gascogne sur les suites de mon passage d'Auch à Toulouse en ce qui concerne cette publication. Elle n'en souffrira, j'ose l'assurer, ni dans son esprit et son objet, qui seront toujours exclusivement historiques, provinciaux, et proprement gascons, sauf les excursions permises et utiles sur les frontières, ni dans l'agencement et la correction, qui me restent tout entiers et auxquels j'apporterai plus de soin encore que par le passé. Tous mes collaborateurs demeurent fidèles à l'œuvre, et pour ma part, j'espère de plus la faire profiter des ressources que met à ma portée le voisinage des bibliothèques et des dépôts d'archives de la capitale du Languedoc. Du reste, une correspondance active et des voyages périodiques

(1) On lisait dans la chronique de la Romania de juillet 1879 (vi, 472) : « M. Léonce Couture a été nommé professeur de langues et littératures romanes à la faculté libre des lettres de Toulouse. Ceux qui connaissent les essais qu'il a publiés, principalement dans la Revue de Gascogne, dont il est le rédacteur en chef, sur divers points de la littérature ou de l'histoire du sud-ouest de la France, ne pourront qu'applaudir à cette nomination, sachant à quel degré s'unissent chez M. Couture la justesse des vues et la distinction de la forme. La leçon d'ouverture par laquelle il a inauguré son enseignement, ou du moins ce qu'il a jugé à propos d'en publier dans la Gazette du Languedoc du 11 avril, nous a confirmé dans l'excellente opinion que depuis bien des années nous avons conçue de ce professeur, à qui on ne peut reprocher qu'une trop grande timidité à aborder les grands sujets... >>

à Auch pour les séances régulières de la Société historique de Gascogne me tiendront en rapport intime et constant avec tous les membres de cette société et avec tous les rédacteurs de la Revue,

Messieurs,

L. C.

Il me semble que je n'ai pas le droit de m'asseoir dans cette chaire avant d'avoir justifié les longs retards que j'ai mis à y monter. Mais vraiment les excuses ne me font pas défaut. Prévenu au dernier moment, quelques jours à peine avant l'inauguration de la Faculté catholique des lettres, j'ai eu, durant le dernier mois de l'année passée et le premier de l'année nouvelle, à régler les affaires courantes et l'énorme arriéré de deux publications périodiques. Et puis, je ne veux pas vous le cacher, messieurs, il m'est venu des craintes, des hésitations, des inquiétudes. J'ai senti le besoin de reculer un peu..., je n'ose dire pour mieux sauter; mais enfin vous admettrez qu'on ne passe pas si aisément d'une classe de petit séminaire à une chaire d'enseignement supérieur, qu'on ne se décide pas à transporter chaque semaine d'Auch à Toulouse son petit bagage scientifique, sans avoir essayé d'abord de rafraîchir un peu ses vieilles armes. Jasmin, le poète populaire de mon pays, m'a appris qu'il faut faire un bout de toilette avant de se présenter devant la reine :

On pren bouno deguèyno

Aban de bizita sa rèyno...

et Toulouse n'est-elle pas pour nous tous, enfants du Midi, une reine dont aucune révolution n'a effacé les titres et dont la couronne conserve, même en temps de république, son éclat souverain?

Mais l'extrême bienveillance que m'attestent votre concours et vos applaudissements me défend d'insister sur ces excuses. A vrai dire, je ferais bien d'en chercher, non pour les

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