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et mandobim, noms qu'on donne aussi à l'huile. Les Européens, comme les indigènes, en font usage dans leur cuisine, et ces derniers s'en servent encore pour en frotter leurs membres. Quelques personnes l'emploient comme huile à brûler d'une qualité supérieure.

Huile de demdem.-Le demdem, autre plante d'Angola, donne une huile rougeâtre très-estimée. On l'exprime du fruit de la plante, qui est petit et semblable à la noix de coco. Les nègres de l'intérieur et de la côte s'en servent, comme de l'huile de palme, pour s'en frotter le corps. On la prend encore comme médicament, et elle forme une branche considérable du commerce de l'intérieur.

Règne minéral.-Le règne minéral d'Angola, cette importante source de richesses, n'a été l'objet de presque aucunes recherches de la part des Portugais. A peine aussi nous est-il connu, et cependant les armes et les ornements de métal des nègres prouvent suffisamment qu'il existe en grand nombre, dans plusieurs provinces, des mines précieuses de fer et de cuivre. Jamais jusqu'ici le Portugal n'en a ouvert, et les trop faibles essais qu'on a tentés en ce genre n'ont presque pas eu de résultats. Le fer, le cuivre, le soufre, le sel de roc, l'asphalte (oleum petra) et le gypse sont les produits les plus importants et les plus communs du pays. Mais, dans leur passion de lucre, les premiers possesseurs ne cherchèrent que de riches mines d'or, négligeant ou dédaignant tout autre métal, et les possesseurs actuels n'ont pas su jusqu'ici tirer parti de ces précieux trésors.

Mines d'or. Il est avéré, d'après les rapports des gouverneurs portugais Joao-José Pereira de Nobrega et Joaquim Girado da Fonseca do Amaral Gorgel, qu'il y a des mines d'or dans le royaume de Congo, le district de Bailundo, et à Golungo. Nicolas de Abreo, gouverneur de cette partie de l'Afrique, constate que les nègres tirent de l'or de la rivière de Lambige par l'opération du lavage. Toutefois le Portugal n'a su tirer aucun profit de ces découvertes importantes. Les Portugais ont longtemps entretenu des espérances trompeuses au sujet de quelques mines d'or du Congo, qui leur avaient été cédées dans des traités de paix par les anciens souverains nègres, mais la ruse des Africains s'est toujours jouée de leur avarice, et en comblant les mines ils ont enlevé aux Portugais toute connaissance de leur exacte situation.

Bijoux. On voit à Angola très-peu de bijoux en or travaillés par les nègres du Congo; jamais les habitants de la côte n'en portent. Dans de très-rares occasions j'ai vu à des nègres de quelque partie inexplorée de l'intérieur des anneaux d'or aux poignets, aux jambes et aux oreilles. L'or aussi sert à orner les armes et garnit spécialement les poignées d'épées dans les tribus sauvages; mais les nègres du Congo semblent fort inhabiles dans l'art de le travailler, et les produits de leur industrie sont bien inférieurs aux armes fabriquées par les habitants de la Guinée septentrionale, et surtout par ceux de Cacheo et de Bissao.

Mines de fer. — Le fer est très-commun dans ce pays, et d'une utilité bien plus grande pour les indigènes que l'or ou l'argent. Dans plusieurs districts, le moindre travail en fournit une quantité suffisante pour la consommation locale. Malgré leur ignorance dans l'art d'exploiter les mines, les nègres se procurent assez de ce précieux métal pour leur propre usage et celui des tribus éloignées avec lesquelles ils sont en relations de commerce; ils ne songent jamais à en demander aux Européens. Quant à l'argent, les prétendues découvertes qu'on en a faites sont restées fort douteuses.

Vers le milieu du xvIII° siècle, sous l'administration de Francisco Innocencio de Sousa Continho, gouverneur d'Angola, on envoya d'Europe des mineurs en grand nombre pour exploiter l'abondante mine de fer Nova-Oiras. Pendant son gouvernement, de trop courte durée, Don Innocencio, qui rendit tant de services à la colonie portugaise, obtint les plus heureux succès; il fit extraire des quantités considérables de cet important minerai, et établit même des fonderies où furent coulés plusieurs canons, dont quelques-uns ornent encore les forts de Loanda. Ragnal, en parlant du fer de ces mines, dit que c'est le meilleur de l'univers, et Duprat énonce la même opinion. Ces tentatives si grandes et si riches d'espérances furent abandonnées à la mort du roi de Portugal, et c'est en vain qu'on chercherait des traces de ces travaux. Le nom même de Nova-Oiras est inconnu, ei les mines sont tout à fait oubliées.

Dans des temps plus récents, Antonio da Saldanha da Gama, comte de Porto-Santo, gouverneur de la colonie, a essayé de reprendre les travaux commencés par Don Innocencio; l'absence de toute coopération de la part de son gouvernement a fait échouer ses efforts. Il a ordonné alors aux chefs nègres ou sobas

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de lui payer en barrcs de fer leur tribut annuel. Il ne réussit pas mieux par ce moyen, car, en dépit de toutes ses injonctions, les nègres n'apportèrent jamais de fer à Loanda, ni comme tribut, ni comme marchandise.

Pendant l'administration de Don Tovar, le député gouverneur Joaquim Girardo da Fonseca do Armaral Gorgel fit activement exploiter, sous sa surveillance immédiate, deux mines de fer à Cavillo, district de Golungo. Les sobas voisins furent obligés de lui fournir chaque jour 250 ouvriers, et on put extraire le fer sans la moindre difficulté. Cependant l'entreprise ne réussit pas, Les travailleurs furent maltraités; ou leur fit subir des vexations de toute sorte; ils prirent leur travail en dégoût. et se cachaient en grand nombre tous les jours, de sorte que l'exploitation fut bientôt arrêtée. Ils ne recevaient qu'un bien faible salaire pour leur travail, on ne leur donnait ni pain ni manioc, et ils n'avaient par jour qu'une ration de quelques cacussos, poisson à peine aussi grand que la paume de la main, et séché au soleil. On envoyait régulièrement, il est vrai, aux dépens du gou verneur, ces poissons de Presidio-Maxima, mais non pas en quantité telle que le fixaient les règlements. Naëvès raconte qu'au lieu de 7,620 cacussos, on n'en envoyait que 1,200. Chaque travailleur ne recevait pas même un de ces petits poissons par jour. On devait bien s'attendre à voir s'enfuir des hommes ainsi joués et maltraités; et leur désertion amena la ruine des exploitations.

Les rapports transmis au Portugal furent toujours défavorables aux nègres: on y constatait, en effet, que leur indolence et leur inaptitude au travail faisaient avorter toutes les entreprises; mais il est évident, pour tout observateur impartial, que la véritable cause de l'abandon des travaux n'est imputable qu'à la rapacité et à la mauvaise foi des Portugais du pays.

Aujourd'hui encore les préventions contre la race noire sont dans toute leur force, et, tant que les Portugais tiendront les Africains dans cet état d'abaissement, la même situation fâcheuse se prolongera. Jamais le nègre ne pourra par ses seules forces vaincre les préjugés hautains de la race caucasienne, et se mettre avec les blancs sur un pied d'égalité. Sans aucun doute, et dans un temps peu éloigné, l'exploitation si lucrative des mines attirera de nouveau l'attention. Si l'odieuse traite des noirs. a cessé d'étouffer tout germe de bien, on pourra voir alors, mais

alors seulement, fleurir les arts utiles et l'industrie. Les indigènes emploient une grande quantité de fer à la fabrication de leurs armes; mais, quand l'agriculture sera plus répandue, ce métal deviendra plus recherché, et nécessitera, par suite, l'exploitation des mines du pays.

Cuivre. — Le cuivre paraît être abondant dans les districts de l'intérieur, car j'ai souvent vu des caravanes entières où chaque individu portait des ornements, des anneaux, des boutons et même des armes fabriquées avec ce métal. Les pays, en particulier, qui sont situés dans le second et le troisième plateau à l'E. de Benguela, passent pour très-riches en cuivre. Un des anciens gouverneurs dirigea de ce côté l'attention du gouvernement portugais, et on envoya à Benguela, il y a quelques années, des mineurs et des ouvriers avec ordre de faire à ce sujet des recherches; mais le résultat en fut désavantageux au-delà de toute attente. J'ai entendu dire de divers côtés, à Benguela, que cette commission d'enquête avait eu différentes raisons pour faire un rapport aussi défavorable, et qu'elle avait surtout cédé à f'influence de l'Angleterre. L'animosité universelle des Portugais de la côte contre les Anglais me porte à mettre en doute la vérité d'une pareille accusation. Ce qui est indubitable, c'est que les nègres extraient une grande quantité de cuivre non loin de Benguela, et il paraît qu'on en trouve sur tout le plateau, du moins jusqu'à San-Salvador, capitale du Congo.

Malachite. Je reçus un jour de Congo un grand morceau de malachite. Le nègre qui l'avait apporté à la côte se flattait d'avoir trouvé du minerai d'or, et par conséquent un trésor précieux. Je le détrompai bientôt, et, pour quelques cigares, il m'abandonna l'objet de sa trouvaille, qu'il avait porté sur sa tête l'espace de 3 ou 400 milles.

Soufre. Pendant l'administration du comte de PortoSanto, on exploita avec succès une mine de soufre auprès de Benguela et de la rivière Dande. On en exporta même une grande quantité au Brésil. Quelques restes de cet établissement indiquent seuls aujourd'hui où il a existé.

Asphalte. L'asphalte se trouve en abondance dans une montagne voisine de Loanda, non loin de l'embouchure de la rivière Coanza. On s'en sert à Benguela en guise de goudron; mais malgré l'abondance de sa source, on n'en a pas encore fait un article de commerce.

Gypse. -Le penchant des montagnes, dans les environs de Loanda, offre de larges couches de gypse, mais on n'a su tirer aucun parti de cette ressource précieuse. Les indigènes se contentent de brûler les coquillages (arca senilis) pour obtenir la chaux nécessaire à leurs diverses constructions.

Sel minéral. Le sel minéral se trouve souvent en telle abondance qu'il constitue toute la richesse de districts entiers et forme un article très-étendu de commerce dans la plus grande partie de l'Afrique méridionale. A chaque pas, on rencontre des marchands de sel dans les environs de Loanda et de Benguela. Ils portent dans des paniers leur marchandise, presque toujours brisée en petits morceaux carrés. Dans quelques tribus, ces morceaux de sel tiennent lieu de monnaie courante. On pourrait facilement se procurer du sel sur la côte, mais la facilité avec laquelle on obtient le sel de roche dispense d'y avoir recours. Cependant, partout où la côte est plate, le sable est couvert de beaux cristaux d'un sel qui n'exigerait presque aucune préparation pour devenir propre à l'usage des hommes.

Bientôt, nous l'espérons, le temps viendra où il sera manifeste que le règne minéral d'Angola offre des produits bien plus variés encore que ceux que je viens d'énumérer. C'est ce que découvriront les marchands européens, dès que des vues plus honorables dirigeront leur attention de ce côté. Mais, comme je n'ai pu obtenir par moi-même de renseignements plus étendus, et que je suis peu versé dans la connaissance spéciale du sujet, je dois m'abstenir de traiter plus au long ces matières.

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Règne animal. Si les règnes végétal et minéral, malgré leur grande variété et leur richesse, sont comparativement peu connus et encore moins utilement exploités, il en est malheureusement de même pour le règne animal; la province d'Angola, malgré des limites circonscrites, semble renfermer toutes les espèces que nourrit le continent africain tout entier. En effet, , presque tous les animaux du nord de l'Afrique, comme ceux du midi de ce continent, y vivent et s'y multiplient.

Girafes, chameaux, etc.— Malgré la constitution montagneuse du Trige-Birge, contrée qui s'étend depuis la rivière Zaïre, presque jusqu'au Cap, ce pays est la patrie de l'autruche, de l'antilope aux pieds légers, et même de la girafe, à qui la nature semble avoir assigné les vastes plaines pour demeure. Le chameau seul, né pour parcourir le désert, ne peut s'accoutumer

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