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nille des conditions meilleures, si nos négociations en leur faveur s'appuyaient d'une réduction de taxe en faveur des sucres des Philippines.

Quoi qu'il en soit, rien n'empêcherait d'admettre au droit colonial les confitures et confiseries que les Chinois préparent avec des fruits, des légumes et des fucus, tels que jeunes pousses de bambou, racine de hys, de nélumbium et de gingembre, goyaves, citrons agaragar, dont il est expédié annuellement pour 3 à 400,000 francs à destination de l'Inde, de l'Australie et des détroits. Ce serait pour l'assortiment des cargaisons de retour quelques articles de plus, qui, en raison de leurs qualités particulières, ne sauraient faire concurrence aux produits similaires importés aujourd'hui des colonies.

Casia lignea, cannelle dite de Chine.

Cette cannelle, qui diffère essentiellement de la cannelle cinnamomon, qu'on cultive principalement à Ceylan, croît dans le midi de la Chine et dans le Ñ. de la Cochinchine. La quantité exportée annuellement s'élève à plus de 2 millions de kilogrammes; la France en consomme 85,000 kilogrammes. La cannelle dite de Chine coûte environ 90 centimes le kilogramme, et est taxée, lorsqu'elle vient de l'Inde par navires français, à 35 centimes. Nous proposerions, d'une part, de réserver la taxe modérée pour les provenances directes de la Chine et de l'Indo-Chine c'est-àdire des pays situés dans les mers de l'Indo-Chine et l'hémisphère N., entre le 95° et le 125° degré de longitude du méridien de Paris; puis de réduire cette taxe proportionnellement à la valeur de ce produit par rapport à la valeur de la cannelle cinnamomon, qui, en moyenne dernière est de 6 francs le kilogramme: si cette dernière paye 1 franc le kilogramme, il serait juste de ne faire payer que 15 centimes à la cannelle dite de Chine.

Rhubarbe, anis étoilé, racine de curcuma.

La taxe de 75 francs les 100 kilogrammes, appliquée à la rhubarbe apportée de l'Inde en droiture, peut, ce nous semble, être réservée désormais aux provenances des pays situés dans la zone que nous avons indiqué à l'article Cannelle. Cette zone devrait, en ce qui concerne les provenances de la Chine et de l'Indo-Chine, être aujourd'hui substituée, dans notre tarif, au mot si vague de l'Inde, qui a l'inconvénient de créer en faveur

du commerce des Indes anglaises des avantages que nous pourrions nous réserver.

La même observation s'applique à l'anis étoilé (badiane) dont le droit a été réduit à 15 francs les 100 kilogrammes lorsqu'il vient en droiture de l'Inde, ainsi qu'au curcuma, taxé à 10 francs et dont il s'exporte annuellement de Chine environ 70,000 kilogrammes au prix de 60 centimes le kilogramme.

Les huiles essentielles de cannelle et de badiane pourraient aussi jouir, dans la même circonstance, d'une réduction de moitié sur le droit actuel; et, bien que ces deux articles n'aient pas par eux mêmes d'importance commerciale, ils concourent toutefois avec d'autres articles à faciliter des retours.

Mercure ou vif-argent.

Nous recevons en grande partie par la voie de l'Angleterre le mercure que nous consommons; d'un autre côté, ce métal est, comme matière première, un objet qu'il conviendrait d'exonérer le plus possible, d'autant plus que la France ne possède aucune mine en exploitation; si un droit différentiel en faveur des provenances de la Chine par bâtiments français devait nous permettre de nous y fournir directement de ce métal, nous pensons que cette combinaison ne serait pas à négliger. Nous proposerions, en conséquence, de réduire à 1 franc les 100 kilogrammes le droit sur le mercure venant directement de Chine par bâtiments français.

L'Angleterre a exporté de Chine en 1844, 27,660 kilogrammes de mercure, pour la valeur de 370,000 francs.

Éventails, écrans, meubles de laque, parasols chinois, curiosités, etc. Ceux de ces articles qui sont rangés dans la mercerie fine ou commune, la tabletterie, la bimbeloterie, pourraient jouir d'une réduction de moitié de la taxe, lorsqu'ils seraient importés directement de Chine. Cette disposition aurait d'autant moins d'inconvénients qu'il s'agit d'objets d'un goût et d'une forme particulière, sans utilité bien réelle, qui ne remplacent rien et répondent seulement à des fantaisies sans limites.

Les parasols chinois sont faits avec du bambou et du papier recouvert d'une couche de gelée d'agaragar qui le rend imperméable. Ils coûtent 1 franc à 1 fr. 50 cent.; le droit de 75 centimes la pièce qui leur est appliqué, comme aux parasols en

toile cirée est trop élevé : il conviendrait de l'abaisser à 15 centimes.

Bambous et joncs forts.

Si l'on en jugeait par l'usage que font les Chinois du bambou, cet article pourrait être d'un emploi très-important en Europe pour la confection d'une foule de meubles. C'est, d'ailleurs, une marchandise d'encombrement s'il en est. Il conviendrait donc de réduire le droit d'entrée à 1 franc les 100 kilogrammes pour les provenances de la Chine par bâtiments français. Cette matière première, loin de nuire au travail de nos ouvriers, leur fournirait un nouvel aliment, et, dans leurs mains, le bambou ne tarderait pas à prendre une foule de formes utiles.

Les meubles en bambou, tels que canapés, fauteuils, chaises, pourraient être admis au droit de 5 francs les 100 kilogrammes. Un fauteuil d'été de la valeur de 36 francs environ, pesant 25 kilogrammes, payerait 75 centimes de droit; mais il aurait coûté de fret et d'emballage 80 francs, et cela au profit de notre navigation.

Nous venons de passer en revue les principales marchandises que la Chine peut nous fournir; d'autres produits chinois, par le seul fait de l'existence d'une ligne de navigation française, viendront nécessairement s'y ajouter; car la conséquence immédiate de l'existence d'une navigation suivie et régulière est d'abaisser le fret. Nous pourrons donc nous rapprocher, pour le prix du transport, du taux des navires anglais, et fournir dès lors, comme nous l'avons déjà dit, aux Etats du continent, les produits chinois qu'ils reçoivent actuellement par la voie de l'Angleterre. En estimant donc à 15 ou 18,000 tonneaux le fret réservé à la navigation française, nous croyons encore rester au-dessous de la vérité; mais, pour se faire une idée exacte de l'importance du commerce de la Chine, il ne faut pas le séparer du commerce de l'Indo-Chine, c'est-à-dire des pays situés dans la zone comprise entre le 95o et le 125° degré de longitude, zone dont nous avons déjà parlé. Les îles Philippines, celles de la Sonde et la presqu'ile de Malacca doivent offrir à notre ligne de navigation d'importantes affaires, en raison des denrées qu'elles produisent et que nous consommons,

Sous ce rapport, les îles Philippines nous offrent l'indigo, le café, le sucre, le riz, l'abaca, les cornes de buffles, les peaux de buffles, l'écaille de tortue, de la poudre d'or, les chapeaux de paille et les tissus d'abaca, de nipis et de pina, etc.

Le marché de Singapore, celui de Rhio et les ports des îles de Java et de Sumatra peuvent nous fournir, en outre de ces mêmes marchandises, des drogueries, du poivre, de l'ivoire, du gambier, des résines, des cuirs, des rotins, du sagou, du beis de sapan, de l'étain, du cuivre, de la nacre de perle, de Tecaille de tortue, de l'agaragar, du gettania, etc.

Nous allons donner sur quelques-uns de ces produits les explications qu'ils nous paraissent comporter, tant au point de vue de leur production qu'à celui du commerce et des taxes qu'ils réclament.

Indigo.

L'indigo des Philippines laisse à désirer, parce qu'il est à peu pres impossible d'obtenir des parties considérables assorties. Cela tient à la nature même du mode de fabrication. Les fabriques sont nombreuses, et toutes dans les mains des indigènes ; chacune d'elles ne produit pas au delà de 8 à 10 kilogrammes d'indigo, et comme deux cuves d'indigo ne se ressemblent jamais complétement, il en résulte une diversité infinie de nuances qu'il devient impossible d'assortir par parties de quelque importance. C'est pour éviter ce grave inconvénient qu'à Java on réunit aujourd'hui en une seule cuite le produit de 30 à 40 cuves d'indigo. Ce mélange, avant la cuite, donne à la pâte une qualité uniforme très-appréciée dans le commerce. Mais la fabrication de l'indigo est à Java dans les mains des Hollandais, tandis que l'indolence espagnole a refusé le concours de l'intelligence et des capitaux européens à toutes les productions des Philippines. Telle est la cause du bas prix de l'indigo de ces îles, dont le sol convient on ne peut mieux à cette production, puisque l'hectare d'indigofères donne de 45 à 50 kilogrammes d'indigo. Les Indiens entendent, d'ailleurs, fort bien cette manipulation. Quatre ouvriers tagals peuvent préparer communément 6 livres d'indigo par jour. Il s'exporte annuellement 650,000 kilogrammes d'indigo de toute qualité, dont le prix varie entre fr. 75 cent. et 7 f. 50 cent. le kilogramme. Les meilleures qua

lités viennent des provinces de Laguna et de Pagasinan; les moindres, de celles de Bulacan et d'Ilocos.

Voici une liste de 10 échantillons à l'appui de ce rapport :

No 155. Indigo bleu violet ordinaire de la province de Laguna, 50 à 55 piastres le quintal espagnol (585 fr. à 643 fr. 50 cent. les 100 kil.)

N° 156. Indigo bleu violet, 1 qualité, de la même province, 65 piastres le quintal espagnol (760 fr. les 100 kil.).

N° 157. Indigo blen cuivreux, 1 qualité, idem, 40 à 45 piastres le quintal espagnol (468 francs à 526 fr. 50 cent. les 100 kil.).

No 158. Indigo de la province de Pagasinan, 55 à 60 piastres le quintal espagnol (643 fr. 50 cent. à 702 francs les 100 kil.).

No 159. Idem, 2o qualité, 40 à 50 piastres le quintal espagnol (468 fr. à 585 fr. les 100 kil. ).
N° 160. Idem, 3 qualité, 30 à 40 piastres le quintal espagnol (351 fr. à 468 fr. les 100 kil. ).
N° 161. Idem, 1 qualité, 40 à 45 piastres le quintal espagnol (468 fr. à 526 fr. 50 c. les 100 kl.).
N° 102. Idem, 2 qualité, 30 à 35 piastres le quintal espagnol (351 fr. à 409 fr. 50 c. les 100 kil.).
N° 163. Idem, 3° qualité. 20 à 25 piastres le quintal espagno! (234 fr. à 292 fr. 50 c. les 100 kil.j.
N° 164. Idem, 4° qualité, 15 à 20 piastres le quintal espagnol (175 fr. 50 c. à 234 fr. les 100 kil.j.

En comparant ces diverses qualités d'indigo aux indigos de l'Inde, on reconnaîtra aisément qu'il y aurait des avantages positifs à venir acheter les indigos de Manille.

On prépare aussi à Manille des indigos liquides à destination de Chine.

L'indigo de Java peut être rangé en totalité dans la première qualité; mais il n'en paraît guère sur le marché de cette colonie que 25 à 30,000 kilogrammes, parce que le million de kilogrammes qui se fabrique pour le compte du Gouvernement est transporté en Europe par les navires hollandais, à l'exclusion de tous autres. Voici la note des échantillons mis à l'appui de ce rapport:

N° 150. Indigo de la province de Presagers (Java).

N° 151. Indigo de Java, 2 florins la livre (8 fr. 50 cent. le kil. ).
N° 152. Idem, 3 florins la livre (12 fr. 75 cent. le kil.
N° 153. Idem, 3 florins la livre (13 fr. 25 cent, le kil. }.
No 154. Plançon de l'indigo arbuste à Java.

Café.

Cette denrée, qui est d'une si grande importance commerciale, puisque la consommation annuelle de la France s'élève, malgré le droit exorbitant qui l'atteint, à environ 15 millions de kilogrammes, réclame une nouvelle législation douanière, dont l'effet soit de favoriser, par l'abaissement de l'impôt, l'accroissement de la consommation, et, dès lors, le mouvement commercial qui en est la conséquence, tout en conservant au trésor les ressources qu'il tire de la taxe d'importation.

Observons d'abord qu'en présence d'une production coloniale annuelle qui est tombée au-dessous de 1,800,000 kilogrammes,

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