A la Salemandre.
Contre les gents de guerre.

Quant Orion humide & deplaifant,
Tiet par les chaps fon pouuoir & empire,
La Salemãdre a teps proprè & duifant
Pour naiftre au monde:orfi le doulx ze
phire

Quelque beau teps & ferain nous aspire,
Elle deffault. Ceft la comparaison
Des gets de guerre,aulx quelz bellefaifon
De paix n'agrée,ains font fort efbais:
Et n'ont moyen d'enrichir leur maison,
Sinon qu'au pleur & degaft du pays.

Sur le cheual de bon cueur.

Le clergé.

Vn cheual preux à tout feruice né
N'eftant encor de vertu arrestée,
Outre le faix qui luy fut ordonné
Receut vn poix plus grand que fa portée :
Si que du faix fa force agrauantée
A tel befoing luy refufa fecours.

Des Clercs Latins c'eftl'vfage &le cours,
Qui prefumans la Grece outrepaffer,
Se font encloz en leurs mefmes deftours,
Pour à iamais leur fplendeur effacer.

A la ftatue de Bacchus.
Contre les iuges mis par argent.

Dy moy Bacchus au vis enluminé
Et reluyfant en face cramoyfie,
Et de tout temps propice & quafi né
A tafter vins & goufter maluoifie,
D'ou as tu prins nouelle fantasie
Veu que tu n'as vfage ne fcience
De t'ingerer a feoir en l'audience?
Aurois tu point à beaux deniers contens
Monopolé ceste noble seance,

Car on les vend par tout en noftre temps.

Au temps passé par coustume on fouloit
Aux orateurs les heures limiter

Par vne cruche,ou à traict l'eau couloit,.
Pour les garder trop long cas reciter.
Telle couftume on deuroit imiter
En parlant peu & parlant par mesure :
Le trop parler fouuent fait fufciter
Noise & debat. Le moyé toufiours dure.

A la ftatue de la deeffe Ageniore.

Qui n'a pouuoir de s'imposer filence
Et bien vferde taciturnité,
De cefte dame appregne la fcience
De moderer telle loquacité.