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qui déterminèrent, dans l'année 1800, puissances neutres à cimenter une ligue maritime contre l'Angleterre.

Jusqu'à l'époque de l'insurrection des colonies américaines, l'Angleterre s'était appliquée à contracter avec les puissances étrangères des alliances favorables à ses intérêts. En 1780 elle avait renoncé à cette sage politique; peut-être avait-elle autrefois recherché à trop grands frais les liaisons continentales; mais peut-être aussi devait-elle les rompre moins subitement: en effet, pendant la guerre opiniâtre qu'elle soutint contre la France, l'Espagne et les colonies, elle n'avait aucun allié. Dès le commencement de cette guerre, la Hollande montra des dispositions hostiles; les traités d'alliance et d'amitié subsistaient encore entre les deux nations; mais ils n'étaient plus observés, et devenaient chaque jour le sujet de nouvelles contestations; la rupture qui en fut la suite se lie à quelques transactions sur lesquelles il est nécessaire de jeter un coup d'œil.

Le 21 février 1777, le ministre anglais

accrédité auprès des États-généraux de Hollande remit une note impérative par laquelle il se plaignait, au nom de son souverain, du commerce clandestin qui avait lieu entre les Hollandais et les Américains; il ajoutait que le gouverneur de l'île Saint-Eustache favori sait ouvertement les préparatifs hostiles des Américains contre la mère-patrie; que ce gouverneur avait souffert qu'un vaisseau anglais fût capturé par un corsaire américain, à portée de canon de l'île, et que le canon du fort avait rendu le salut au pavillon américain. L'ambassadeur anglais demandait d'un ton menaçant le désaveu de cette marque d'honneur envers des sujets en état de rébellion, et le rappel immédiat du gouverneur de l'île. Les États-généraux accordèrent ces deux points, mais ils ne laissèrent pas sans réponse les menaces de l'ambassadeur anglais, et les repoussèrent avec la force et la dignité convenables.

Peu de temps après, des mémoires furent présentés aux États-généraux, par le commerce des villes d'Amsterdam et de Rotter

dam. Les négocians s'y plaignaient de ce qu'au mépris des traités conclus entre l'Angleterre et la République, un grand nombre de bâtimens hollandais faisant voile pour les ports de France, avaient été capturés par des vaisseaux de sa majesté britannique, et conduit dans les ports d'Angleterre où il continuaient d'être retenus, quoique n'étant point chargés de marchandises de contrebande. Ils faisaient une peinture vive et alarmante des désastres que le commerce avait à supporter par suite de ces prises arbitraires, et suppliaient les États-généraux d'exiger la réparation des dommages déjà éprouvés, ainsi que des garanties pour la

sécurité à venir du commerce et de la navigation.

L'ambassadeur de Hollande près la cour de Londres, fit en effet de fortes représentations, et reçut une réponse évasive dans laquelle le gouvernement anglais, sans s'expliquer sur les garanties que demandaient les États-généraux, se réservait tacitement l'investigation illimitée du commerce des neu

tres. Le ministre anglais déclarait d'abord, que des ordres avaient été donnés pour que les bâtimens hollandais capturés par les vaisseaux de sa Majesté britannique fussent relâchés; mais il ajoutait que nonobstant le désir qu'aurait sa Majesté d'écarter à l'avenir jusqu'au moindre sujet de plainte de la part des Hollandais, les États-généraux savaient trop bien où conduisaient les événe

mens inséparables de la guerre, pour croire qu'il fût possible d'atteindre ce but; que les hostilités dans lesquelles sa Majesté se trouvait engagée contre le Roi de France, l'obli geaient à empêcher l'arrivage dans les ports de ce royaume, de toutes fournitures navales ou militaires; mais que sa Majesté aurait néanmoins tous les égards possibles pour le commerce hollandais, et qu'elle se conformerait autant que cela serait praticable, aux stipulations et à l'esprit des traités.

Une pareille réponse n'était propre qu'à jeter l'alarme dans le commerce hollandais, dont les vaisseaux continuèrent d'être injustement capturés, et tandis que les plaintes

de la République prenaient chaque jour un caractère plus pressant, les Anglais y répondaient eux-mêmes par des accusations, et récriminaient sur les dommages que leur causait l'arrivage des fournitures navales et militaires, dans les ports ennemis sous le pavillon hollandais.

Dans cette situation, les États-généraux crurent pouvoir s'abstenir de fournir aux Anglais les secours stipulés par les traités d'amitié, et que reclamait la cour de Londres, à raison du danger où l'entraînait la guerre contre la France et l'Espagne dans les deux hémisphères. A ce nouveau grief, vinrent se joindre deux autres sujets de contestation, qui bientôt donnèrent lieu à une rupture décidée.

Trois vaisseaux, dont deux français et un américain, arrivèrent dans le Texel, sous le commandement du commodore Paul-Jones, Écossais, au service du congrès américain. Il y conduisait deux vaisseaux de guerre anglais qu'il avait capturés; il fut accueilli sans difficulté dans les ports hollandais, et

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