Images de page
PDF
ePub

perdue pour lui, mais elle se trouva dévolue concurremment avec les domaines, les revenus, les établissemens politiques, civils et militaires, à des princes naturellement ennemis et jaloux de l'empire.

L'élévation des trois princes protestans, le margrave de Bade, le duc de Wurtemberg et le landgrave de Hesse-Cassel, au rang d'électeur, pouvait faire craindre, de la part des puissances qui imposaient le plan d'indemnités, l'intention d'enlever la couronne impériale à la maison d'Autriche. L'influence naturelle de la famille impériale dans le collége électoral dérivait du vote qu'elle tenait de la Bohême; de celui de l'électeur de Hanovre, qui s'était engagé à voter pour l'Autriche ; et des votes des électeurs ecclésiastiques de Mayence, Tréves et Cologne: ces derniers étaient abolis, et le plan d'indemnités leur substituait un électeur catholique, qui recevait le titre d'électeur d'Aschaffenbourg, et devait à l'avenir exercer la charge d'archi-chance

1

lier de l'Empire. Les villes de Wetzlar et de Ratisbonne, et plusieurs abbayes, lui étaient assignées comme apanages de sa nouvelle dignité. On conçoit qu'un électeur sans électorat, dont les principales possessions étaient disséminées, l'une enfermée dans la Bavière, l'autre dans la Hesse, ne pouvait être indépendant, et que son vote devait, dans les élections futures, être entièrement à la disposition de la Prusse. Ainsi les électeurs protestans de Saxe, de Brandebourg, de Bade, de Wurtemberg, de Hesse Cassel,l'électeur catholiquede Bavière, (sinon ennemi, du moins voisin inquiet de l'Autriche), et celui d'Aschaffenbourg, ne pouvaient manquer d'avoir toujours une majorité décidée contre les prétentions de l'Autriche, dans le cas où de nouvelles contestations s'éleveraient autour du trône des Césars. En effet, elle ne pouvait attendre, contre cette ligue formidable, qu'un vain appui de la Bohême, du Hanovre et du cidevant grand-duc de Toscane.

Quant aux maisons de Bade et de Wur

1

temberg, leurs alliances avec la Russie ne pouvaient manquer de leur procurer de grands avantages, puisqu'ils étaient le prix de l'adhésion et de la coopération de la Russie à la nouvelle division de l'Allemagne. La libéralité des puissances médiatrices envers les maisons de Hesse-Cassel et Darmstad, et quelques autres princes évidemment favorisés dans le partage, ne fut aussi (comme le proclama M. de Talleyrand) que la récompense de leur conduite envers la France pendant la guerre qui venait de se terminer.

;

Nous n'avons retracé ici que les résultats de cette mémorable transaction de plus amples détails n'eussent offert aux lecteurs que des récits dénués d'intérêt. Pendant tout le temps que la France et la Russie abandonnèrent cette querelle aux délibérations de la diète, et au vain recours au chef de l'Empire, elle ne présenta qu'une longue suite de résolutions, conclusum que mille prétentions diverses changeaient, modifiaient continuellement. On défendit long-temps, avec les armes rouil

de

lées de l'ancien droit public d'Allemagne, les remparts écroulés de la vieille constitution: on retrouve sans cesse, dans ces inutiles débats, les princes et prélats ecclésiastiques en contestation avec les électeurs séculiers; ceux-ci se disputant entre eux les dépouilles de l'Église, et l'Empereur toujours impuissant à calmer tant d'intrigues. Des actes de violence signalèrent plusieurs fois cette lutte qui livra pendant quelque temps l'Allemagne à une sorte d'anarchie. L'espoir d'être indemnisé pouvait réveiller même de justes et formidables prétentions qui auraient renouvelé la guerre avec toutes ses fureurs : il put paraître étrange en effet, parmi tous les efforts qui se tentaient à cette époque pour ressaisir un équilibre détruit par tant de chocs divers, de ne point entendre parler de dédommagemens pour l'Empereur, à raison de la cession des PaysBas; pour le roi de Sardaigne, qui perdait la Savoie et le Piémont; pour le Pape auquel on enlevait le tiers de ses états; pour l'Espagne, qui cédait la Louisiane: enfin la mai

temberg, leurs alliances avec la Russie ne pouvaient manquer de leur procurer de grands avantages, puisqu'ils étaient le prix de l'adhésion et de la coopération de la Russie à la nouvelle division de l'Allemagne. La libéralité des puissances médiatrices envers les maisons de Hesse-Cassel et Darmstad, et quelques autres princes évidemment favorisés dans le partage, ne fut aussi (comme le proclama M. de Talleyrand) que la récompense de leur conduite envers la France pendant la guerre qui venait de se terminer.

Nous n'avons retracé ici que les résultats de cette mémorable transaction; de plus amples détails n'eussent offert aux lecteurs que des récits dénués d'intérêt. Pendant tout le temps que la France et la Russie abandonnèrent cette querelle aux délibérations de la diète, et au vain recours au chef de l'Empire, elle ne présenta qu'une longue suite de résolutions, de conclusum que mille prétentions diverses changeaient, modifiaient continuellement. On défendit long-temps, avec les armes rouil

« PrécédentContinuer »