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Inn. lib. 11. epift.

63. 99.

AN. 1198. de Meaux s'y trouverent auffi, & ayant assemblé le clergé & le peuple de la ville on y fit une enquête de ceux qui étoient publiquement diffamez comme here30. XI. conc.p. 3. tiques Poplicains; & on trouva que le doïen de Nevers & Rainald abbé de S. Martin de la même ville avoient cette reputation, au grand scandale des catholiques. C'eft pourquoi l'archevêque les fufpendit de leurs fonctions, & leur affigna un certain jour pour venir à Auxerre fe défendre devant lui. Le doïen y comparut devant l'archevêque & les deux évêques d'Auxerre & de Nevers, affiftez de plufieurs jurifconfultes inftruits du droit civil & du canonique;& comme il ne fe trouva point d'accufateur certain contre le doïen, l'arche vêque fit d'office recevoir & examiner les témoins pour & contre & publier leurs dépofitions. Quant à l'abbé de Saint Martin de Nevers, le prieur de fon églife le chargcoit, non feulement d'herefie, mais encore d'adultere, d'ufure & de quelques autres crimes, & étoit prest à fe porter pour accufateur: quand l'abbé appella au pape. Mais l'archevêque, fans avoir égard à cet appel fruftratoire, admit l'accusateur à produire fes témoins; qui furent des chanoines de la même communauté: car cette abbaïe eft de l'ordre de Saint Auguftin. Les informations étant ainfi faites l'archevêque remit le jugement au concile, qu'il devoit tenir à Sens avec les fuffragans; & y ajourna les parties.

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A ce concile fe trouverent avec l'archevêque de Sens les évêques de Troïes, d'Auxerre & de Nevers; & le doyen de Nevers s'y étant prefenté propofa quelques reproches contre les témoins & quelques raifons pour fa défense puis demanda à être

jugé. L'archevêque ayant déliberé avec les évêques AN. 1198. ne trouva pas la preuve affez claire pour le condamner d'herefie. Il ne voulut pas non plus recevoir la purgation canonique qu'il offrit: parce que le scandale étoit grand contre luy, & qu'il étoit prouvé que non feulement il avoit cû familiarité avec les heretiques, mais qu'il l'avoit recherchée. L'archevêque renvoya donc le doyen, comme ayant le pouvoir de difpenfer de la feverité des canons ou de l'ex-gno ceder.

L'abbé de faint Martin de Nevers fe prefenta aufsi au concile de Sens, où aprés avoit propofé tout ce qu'il voulût il demanda le jugement; mais comme les prelats opinoient, fon avocat entra dans la chambre du confeil & reïtera l'appel au pape, que l'abbé avoit interjetté avant que d'entrer en caufe. Quoy qu'il ne fallut pas deferer à cet appel & que l'abbé fe fut retiré secrettement, l'archevêque ne voulut pas le condamner d'herefie: mais il le depofa de la charge d'abbé, tant pour l'adultere que pour les autres crimes prouvés manifeftement ; & les chanoines de faint Martin en élurent un autre. Au refte l'archevêque envoya au pape les depofitions des témoins, par lesquelles il étoit prouvé que l'abbé Rainald avoit foutenu deux erreurs, l'une celle des Stercoranistes, que le corps de NôtreSeigneur dans l'euchariftie étoit fujet aux fuites de la digeftion : l'autre que tous feront à la fin fauvés fuivant la doctrine d'Origene. On voit ici la procedure que l'on fuivoit alors dans les jugements ecclefiaftiques.

Le doyen de Nevers alla à Rome, comparut devant le pape Innocent, & fut oüien consistoire : in

AN. 1198. fiftant principalement fur ce qu'on n'avoit point de recevoir de témoins contre luy,puifqu'il n'avoit point d'accusateur, & qu'il offroit de se purger. Mais le pape, fans donner atteinte à la fentence de l'archevêque de Sens, luy renvoya le doyen: afin qu'il fe purgeaft fur les lieux avec quatorze perfonnes de fon ordre; aprés quoi il feroit rétabli dans fon benefice que s'il ne pouvoit accomplir la purgation, il 41. p. 63. feroit dépofé & enfermé dans un monaftere, pour faire penitence. La sentence est du septiéme de May

21. epift 99.

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commiffaires

ques.

1. epift. 81.

199.

L'abbé de faint Martin de Nevers ne comparut point à Rome ni perfonne pour luy; & le pape aprés avoir attendu long-tems ne trouvant pas la caufe fuffifamment inftruite, renvoya la decifion à Pierre de Capoüe fon legat & à Eudes de Sulli évêque de Paris: leur ordonnanr, fi les charges portées par les informations se tiouvoient veritables, de le depofer encore de la preftrise & l'enfermer dans un monaftere : de peur que le defefpoir ne lui fit prendre parti avec les heretiques.La commiffion eft du dix-neuvième déJuin

1199.

La partie meridionale de la France étoit toûjours Raimer & Gui infectée de cette herefie des Manichéens & de celle contre les hereti- des Vaudois plus nouvelle : comme il paroift par plufieurs lettres du pape Innocent données la premiere année de fon pontificat qui eft l'an 1198. Il écrivit à l'archevêque d'Auch de s'appliquer avec les autres évêques à les deraciner de Gascogne ; & d'y employer même s'il étoit befoin les armes des princes & des peuples. Ce lui fut un motif pour accorder plus facilement à l'évêque de Carcaffone la permiffion qu'i

9 494.

demandoit de fe demettre à caufe de fon grand âge. AN. 1198, Il envoya dans ces provinces deux moines de Ĉiteaux Rainier & Gui pour convertir ces heretiques; & écrivit aux évêques du païs de les traiter favorablement, les affifter dans leurs travaux & d'observer inviolablement tout ce qu'ils jugeroient à propos d'ordonner contre les heretiques opiniatres & leurs fauteurs.Nous mandons aufli,ajoûte le pape,aux princes, aux comtes & à tous les feigneurs de vôtre province, de les affister puiffamment contre les heretiques par la puiffance qu'ils ont receüe pour la punition des méchans. Enforte qu'aprés que frere Rainier aura prononcé l'excommunication contre cux, les feigneurs confifquent leurs biens, les banniffent de leurs terres, & les puniffent plus feverement s'ils ofent y demeurer. Or nous avons donné pouvoir à frere Rainier d'y contraindre les feigneurs par excommunication & par interdit fur leurs terres. Nous écrivons auffi à tout le peuple de vôtre province, que lorsqu'ils en feront requis par frere Rainier & frere Gui, ils marchent contre les heretiques; & nous accordons à ceux qui les affifteront fidellement la même indulgence que s'ils alloient à Rome ou à faint Jacques. Cette lettre étoit circulaire, & fut envoyée aux archevêques d'Aix, de Narbone, d'Auch, de Vienne, d'Arles, d'Embrun, de Lion & de Tarragonne, & à'leurs fuffragans; & le écrivit en conformité aux feigneurs & aux peuples de ces dioceses. Or ces commiffaires envoyés contre les heretiques étoient ce que depuis on nomma inquifiteurs. Peu de tems aprés le pape ayant envoyé frere Rainier en Espagne chargea frere Gui

pape

epift. 165.

Hifp. n. 487.

AN. 1198. feul de la commiffion. L'année precedente 1197. Pierre Append. Marcœ. II. roi d'Arragon peu aprés fon avenement à la couronne fit une conftitution contre les Vaudois, par laquelle il ordonne à tous les viguiers, bailes & autres Officiers de les chaffer du païs dans un certain terme., fous peine s'ils ne fortoient d'être brûlez & leurs biens confifquez. L'ordonnance fut faite en presence de Raimond archevêque de Tarragone, des évêques & des feigneurs du paï's.

epift. 92.

Roderis. vII. c.

31.

sp. 99.

L'occafion d'envoyer Rainier en Espagne étoit qu'Alfonfe roi de Leon avoit époufé Berengere fille d'Alfonfe roi de Caftille fon coufin germain; & le pape lui avoit ordonné de la quitter. Rainier avoit donc commiffion de reïterer aux deux rois l'ordre de rompre ce mariage; & s'ils n'obéiffoient pas les excommunier & mettre leurs terres en interdit. Il étoit auffi chargé d'exiger du roi de Portugal le tribut de cent pefans & de quatre onces d'or qu'il devoit au S.fiége, fuivant la prétention du pape. Rainier étant arrivé en EfGefta inn. c. 8 pagne fit deux monitions au roi de Leon de quitter Berengere: puis l'affigna à un lieu & un jour certain pour comparoiftre devant luy ; & comme il ne fe presenta point, Rainier prononça l'excommunication contre fa perfonne & l'interdit fur tout fon royaume. Mais il ne porta aucune cenfure contre le roi de Caftille, parce qu'il fe foumit aux ordres du Pape, & declara qu'il étoit prest à recevoir sa fille si on luy

IX.

milaires.

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rendoit.

Sur la fin de l'an 1198. le pape Innocent confirOrdre de Ti ma la regle de l'ordre de la Sainte Trinité pour la redemption des captifs; comme il paroift par la bulle adreffée à Jean de Mata, qui fut le premier

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