ÉLECTION 1o O détestable enfer, je t'abhorre avec tous tes tourments et avec ta funeste éternité! Je déteste surtout ces blasphèmes horribles et ces maléditions diaboliques que tu vomis éternellement contre mon Dieu. Mon âme est créée pour le ciel, et l'attrait de mon cœur l'y porte oui, délicieux paradis, séjour tout divin de la félicité et de la gloire éternelle, c'est au milieu de tes saints et aimables tabernacles qu'aujourd'hui je choisis à jamais et irrévocablement ma demeure. Je vous bénis, ô mon Dieu, en acceptant l'offre qu'il vous plaît de m'en faire. O Jésus mon Sauveur, j'accepte avec toute la reconnaissance dont je suis capable l'honneur et la grâce que vous me faites de vouloir m'aimer éternellement je reconnais que c'est vous qui m'avez acquis ce droit sur le ciel; oui, c'est vous qui m'avez préparé une place dans la céleste Jérusalem, et aucun des avantages de cet immense bonheur ne me la fait autant estimer que le plaisir de vous aimer et de vous glorifier éternellement. 2o Acceptez la protection de la sainte Vierge et des saints. Promettez-leur de vous acheminer au terme où ils vous attendent tendez la inain à votre bon Ange, et priez-le de vous y conduire; excitez votre âme à persévérer dans ce choix. CHAPITRE XVIII Dixième méditation. Choix entrela vie du monde et la vie dévote. PRÉPARATION 1° Mettez-vous en la présence de Dieu. CONSIDÉRATIONS 1° Imaginez-vous encore une fois que vous êtes avec votre bon Ange dans une vaste campagne; que vous voyez à votre gauche le prince des ténèbres sur un trône fort élevé et environné de plusieurs démons, et qu'autour de sa troupe infernale vous découvrez une multitude innombrable de pécheurs et de pécheresses qui, dominés par l'esprit du monde, lui rendent leurs hommages, les uns par un péché, les autres par un autre. Examinez attentivement tous les infortunés courtisans de cet abominable roi. Considérez les uns transportés par l'esprit de colère, de haine et de vengeance; les autres amollis par l'esprit de paresse, qui ne les occupe que de frivoles vanités; ceux-là enivrés de l'esprit d'intempérance, qui en fait des fous et des brutes; ceux-ci enflés de l'esprit d'orgueil, qui en fait des hommes violents et insupportables; quelques-uns possédés par l'esprit d'envie, qui les dessèche et les rend chagrins et rêveurs; plusieurs corrompus jusqu'à la moelle des os par l'esprit de volupté, ou que l'esprit d'avarice inquiète et trouble par ses sollicitudes. Voyez-les tous sans repos et sans ordre; regardez jusqu'à quel point ils se méprisent les uns les autres, combien ils se haïssent, de quelle manière ils se persécutent, se déchirent, se détruisent et s'entre-tuent. Voilà donc cette république du monde tyrannisée par ce roi maudit: qu'elle est malheureuse et digne de compassion! 2o Considérez à votre droite Jésus-Christ crucifié, qui avec une tendresse inexprimable, pleine de compassion et d'amour, présente à Dieu son Père ses prières et son sang pour obtenir la liberté de ces malheureux esclaves, et qui les invite à rompre leurs liens pour venir à lui. Mais arrêtez-vous principalement à regarder cette nombreuse troupe d'hommes pieux et de femmes dévotes qui sont autour de lui avec les Anges: contemplez la beauté du royaume de la dévotion: admirez tant de personnes de l'un et de l'autre sexe, dont les âmes sont pures et blanches comme les lis; tant d'autres à qui la mort d'un mari ou d'une femme a rendu la liberté de leurs cœurs, et qui les consacrent à Dieu par la mortification, par la charité et par l'humilité; tant d'autres qui élèvent leurs familles dans le culte du vrai Dieu, en accordant la possession de la fortune avec le détachement du cœur, les soins de la vie avec ceux de l'âme, l'amour qu'on s'est promis réciproquement avec l'amour de Dieu, et le respect qu'on se doit avec une douce familiarité. Considérez à loisir, dans cette heureuse société des serviteurs et des servantes de Dieu, le bonheur de leur état, cette sainte tranquillité d'âme, cette suavité d'esprit, cette égalité d'humeur: ils s'aiment d'un amour pur et saint; ils jouissent d'une joie inaltérable, mais également charitable et réglée. Ceux mêmes qui ont des afflictions ne s'en inquiètent point ou très-peu, et ne perdent point la paix de leur cœur. Aussi tous ont les yeux attachés sur JésusChrist, qu'ils voudraient avoir dans leur cœur, et qui porte lui-même ses yeux, pour ainsi dire, et son cœur jusqu'au fond de leur âme, pour les éclairer, les fortifier et les consoler. 3o Eh bien, Philothée, il y a longtemps que, par les bonnes résolutions que la grâce vous a inspirées vous avez abandonné Satan avec sa malheureuse cour; mais vous n'avez pas eu encore le courage d'aller vous jeter aux pieds de Jésus, pour vous engager à son service dans la société de ses plus fidèles serviteurs: vous avez hésité entre les deux partis; il faut aujourd'hui vous déterminer tout à fait. 4° La sainte Vierge, avec saint Joseph, saint Louis, sainte Monique, et cent mille autres qui ont formé au milieu du monde le royaume de JésusChrist, vons invitent à les suivre. Ecoutez principalement Jésus, qui vous a appelée par votre propre nom, et qui vous a dit: Venez, ma chère âme, venez, et je vous couronnerai de gloire. ÉLECTION 1o O monde trompeur, je t'abhorre, toi et tes sectateurs! jamais on ne me reverra sous tes lois; c'est pour toujours que je renonce à tes folies, et que je me délivre de tes vanités. Et toi, Satan, esprit infernal, abominable roi d'orgueil et de malheur, je te renonce avec toutes tes vaines pompes; je déteste à jamais tes œuvres. 2o C'est vers vous, doux et aimable Jésus, Roi de la félicité et de la gloire immortelle, que je me tourne aujourd'hui; je me jette à vos pieds, je les embrasse de toute mon âme, je vous adore de tout mon cœur, je vous choisis pour mon roi, et je me soumets à l'obéissance de vos saintes lois. Je vous fais de tout ce que je suis un hommage universel et irrévocable; je l'espère, avec votre grâce. 3o O sainte Vierge, permettez que je vous choisisse aujourd'hui pour me conduire je me mets sous votre protection, en vous promettant un respect singulier et une spéciale dévotion. O mon saint Ange, présentez-moi aux saints et aux saintes; ne m'abandonnez pas que vous ne m'ayez fait entrer dans leur bienheureuse société. C'est là qu'ayant renouvelé et confirmé chaque jour le choix que je fais, je dirai éternellement à leur exemple: Vive Jésus! vive Jésus! CHAPITRE XIX Comment il faut faire la confession générale. Voilà, Philothée, les méditations les plus nécessaires à notre but: quand vous les aurez faites, allez avec courage et humilité faire votre confession générale; mais, je vous en prie, ne vous laissez troubler par aucune vaine frayeur. L'huile de scorpion est le meilleur remède contre le venin du scorpion même: ainsi la confession du péché est le souverain remède contre le péché même. Oui, la pénitence a tant de charmes et une si suave odeur, qu'elle efface toute la laideur du péché et en dissipe toute l'in fection. Simon le lépreux disait que Madeleine était une pécheresse; mais Notre-Seigneur disait que non, et ne parlait plus que des parfums qu'elle avait répandus, et de la grandeur de sa charité. Si nous sommes bien humbles, Philothée, nos péchés nous déplairont infiniment, parce que Dieu en a été offensé; mais la confession de nos péchés nous sera douce et consolante, parce que Dieu en est honoré. C'est une sorte de soulagement pour un malade de découvrir au médecin les douleurs qu'il éprouve. Quand vous serez aux pieds de votre père spirituel, imaginez-vous être sur le Calvaire, aux pieds de Jésus crucifié, dont le sang précieux coule sur votre âme pour vous laver de vos iniquités; car, bien que ce ne soit pas matériellement le sang du Sauveur qui arrose les pénitents, c'est le mérite de son sang répandu sur la croix qui les sanctifie dans la confession. Ouvrez donc entièrement votre cœur dans la confession, pour le décharger de vos péchés, et vous le remplirez en même temps de bénédictions, par les mérites de la passion de Jésus-Christ. Accusez-vous avec beaucoup de simplicité et de sincérité, et, une bonne fois en votre vie, satisfaites si bien votre conscience sur cet article, qu'il ne vous en reste plus d'inquiétude. Puis écoutez avec docilité les avis salutaires du ministre de Dieu, et la pénitence qu'il vous imposera. Oui, c'est Dieu que vous sutez alors, puisqu'il dit à ses ministres: Celui vous écoute m'écoute moi-même. Relisez ensuite a protestation suivante, que vous aurez déjà lue et ditée avant la confession, et qui doit terminer cet Mercice de la pénitence. Prononcez-le avec le plus d'attention et de componction qu'il vous sera pos le. |