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toutes les circonstances, aux secours et aux consolations que je pourrai leur donner.

1° Reconnaissez devant Dieu, avec humilité, l'impuissance où vous êtes de rien faire, soit pour pratiquer le bien, soit pour éviter le mal; et, comme si vous teniez votre cœur dans vos mains, offrez-le, avec toutes vos bonnes résolutions, à sa divine Majesté, la suppliant de le prendre sous sa protection et de le fortifier dans son service. Dites-lui: O Seigneur, voilà ce pauvre et misérable cœur à qui votre bonté a fait former aujourd'hui tant de bonnes résolutions; mais, hélas! il est trop faible et trop inconstant pour faire le bien qu'il désire, à moins que vous ne lui donniez votre sainte bénédiction. C'est à cette intention que je vous la demande; ô Père des miséricordes, par les mérites de la passion de votre Fils, à la gloire duquel je consacre cette journée et le reste de ma vie. Ajoutez à cette courte prière l'invocation de la sainte Vierge, de votre bon Ange et des Saints, afin qu'ils vous aident de toute leur protection.

Au reste, cet exercice que vous devez faire le matin, avant de sortir de votre chambre si cela se peut, doit être vif et ardent, afin que la bénédiction de Dieu, que vous y aurez obtenue, se répande sur toute la journée; or je vous prie de ne l'omettre jamais.

CHAPITRE XI

De l'exercice du soir et de l'examen de conscience.

Comme vous aurez nourri votre âme le matin du pain céleste de la méditation, il faudra prendre cucore un peu de cette nourriture spirituelle le soir. Ménagez-vous done quelque petit moment avant le repas du soir, pour vous prosterner devant Dieu au pied de votre crucifix, rappeler à votre esprit la dis. sipation dans laquelle vous avez été, rallumer dans votre cœur le feu de la méditation du matin par de profondes humiliations, par des inspirations du divin amour, par des élancements amoureux de votre âme dans les plaies de votre aimable Sauveur; ou bien repassez dans votre esprit et au fond de votre cœur tout ce que vous avez le plus goûté dans votre oraison, à moins que vous n'aimiez mieux vous occuper d'un nouveau sujet.

Quant à l'examen de conscience, que l'on doit toujours faire avant de se coucher, chacun sait comment il faut le pratiquer.

1. Nous devons remercier Dieu de nous avoir conservés pendant le jour.

2° Examiner toute notre conduite aux diverses heures du jour, nous rappelant où nous avons été, avec qui, et quelles ont été nos occupations.

3o Si nous trouvons que nous avons fait quelque bien, nous en rendons grâces à Dieu; si, au contraire, nous l'avons offensé en pensées, en paroles ou en œuvres, nous lui en demandons pardon par un acte de contrition qui doit renfermer la douleur des péchés, le bon propos de s'en corriger et la volonté de s'en confesser à la première occasion.

4° Après cela, nous recommandons à la divine Providence notre corps, notre âme, l'Eglise, nos parents et nos amis; nous invoquons la sainte Vierge, les Saints et notre Ange gardien, les priant de veiller sur nous et puis, avec la bénédiction de Dieu, nous prenons le repos qu'il a voulu nous rendre nécessaire,

et

il faut

On ne doit jamais omettre cet exercice du soir, non plus que celui du matin; penser que, comme par celui du matin on ouvre les yeux à la lumière du ciel, ainsi par celui du soir on les ferme aux ténèbres de l'enfer.

CHAPITRE XII

De la retraite spirituelle.

C'est ici, Philothée, que je vous souhaite plus de docilité à suivre mes conseils, car il s'agit de l'un des plus grands moyens qui existent pour avancer dans la voie spirituelle.

Souvenez-vous le plus souvent que vous pourrez, durant le jour, de la présence de Dieu, une des quatre pratiques que je vous ai données. Considérez ce que Dieu fait et ce que vous faites, vous verrez qu'il a toujours les yeux attachés sur vous avec un amour incroyable. O mon Dieu! direz-vous, pourquoi n'ai-je pas toujours les yeux occupés à vous contemplercomme vous les avez toujours fixés sur moi avec bonté ? Pourquoi pensez-vous tant à moi, Seigneur, et pourquoi pensé-je si peu et si rarement à vous? Où sommesnous, ô mon âme! Notre place naturelle est en Dieu; où nous trouvons-nous?

Les oiseaux ont leurs nids pour s'y retirer au besoin; les cerfs ont leurs forêts et leurs buissons pour s'y mettre à couvert de la poursuite des chasseurs et des ardeurs du soleil notre cœur doit aussi choisir tous les jours quelque place, ou dans les plaies de Jésus-Christ, ou en quelque autre endroit auprès de lui pour s'y retirer de temps en temps, s'y délasser du tumulte et de la chaleur des affaires extérieures, et s'y défendre contre les insultes de l'ennemi. Oui, bienheureuse sera l'âme qui pourra dire avec vérité à Notre-Seigneur Vous êtes ma maison de refuge, vous êtes mon rempart contre mes ennemis; je respire un air bien doux à l'ombre de vos ailes, et j'y suis à couvert de l'injure du temps.

Souvenez-vous donc de vous retirer souvent dans la solitude de votre cœur, pendant que les affaires et les conversations l'occupent extérieurement, en sorte qu'il demeure seul en la présence de Dieu seul. Tout ce qui vous environne ne peut vous fermer l'entrée de cette solitude, puisque tout cela n'est qu'au dehors de vous-même; aussi était-ce l'exercice ordinaire de David au milieu de toutes ses occupations; nous en voyons mille exemples dans les Psaumes: O Seigneur, dit-il, je suis toujours avec vous; je vous vois toujours devant moi, ô mon Dieu; j'ai levé mes yeux vers vous, ô Dieu qui habitez dans le ciel; mes yeux se portent toujours vers Dieu.

En effet, nos conversations ne sont pas ordinairement si sérieuses, que notre âme ne puisse leur dérober un peu d'attention pour se retirer dans sa chère solitude.

Le père et la mère de sainte Catherine de Sienne ne lui ayant laissé aucun temps ni aucun lieu pour prier et pour méditer, Notre - Seigneur lui inspira la pensée de se faire un petit oratoire au fond de son cœur, où elle pût se retirer en esprit au milieu de tous les soins pénibles dont ses parents l'accablaient. Elle en usa ainsi, et elle ne ressentait aucun trouble de toutes les peines que le monde lui faisait, parce que, disait-elle, elle s'enfermait dans son cabinet intérieur, où elle se consolait avec son céleste époux. Aussi conseillait-elle cette sainte pratique à ses compagnes.

Retirez-vous donc quelquefois dans la solitude de votre cœur, et là, séparée de toutes les créatures, traitez des affaires de votre salut et de votre perfection cœur à cœur avec Dieu; dites-lui comme David: J'ai vieilli, et j'ai été semblable au pélican dans la solitude; j'ai été comme le hibou dans les combres, comme le passereau solitaire sur le toit de la maison. Ces paroles, prises dans le sens littéral, nous apprennent que ce grand roi, ayant rendu son cœur solitaire, passait quelques heures du jour dans la contemplation des choses spirituelles: mais si nous les prenons dans le sens mystique, elles nous découvrent trois charmantes solitudes, où nous pouvons nous retirer auprès de notre aimable Jésus. Cette

са

comparaison du hibou caché dans les décombres nous marque l'état humiliant du Sauveur couché sur la paille, dans une crèche, au milieu d'une étable. ché et inconnu à tout le monde, dont il pleurait les péchés. La comparaison du pélican, qui nourrit ses petits de son propre sang, nous marque l'état du Sauveur sur le Calvaire, où son amour lui a fait répandre son sang pour notre salut. La troisième comparaison nous marque l'état du Sauveur dans sa glorieuse ascension, lorsque, tout petit et tout méprisable qu'il avait paru au monde, il s'élève de la terre au ciel d'une manière si admirable. Retirons-nous souvent près de Jésus-Christ dans ces trois états.

Le bienheureux Elzéar, comte d'Arian en Provence, étant depuis longtemps absent, son épouse, la dévote et chaste Delphine, lui envoya un courrier pour savoir l'état de sa santé, et reçut cette réponse: « Je « me porte bien, ma chère femme, et si vous voulez « me voir, cherchez-moi dans la plaie du côté de « notre doux Jésus; car c'est là que je demeure et « que vous me trouverez: me chercher ailleurs, c'est « me chercher inutilement. » En vérité, c'était là un chevalier chrétien.

CHAPITRE XIII

Des aspirations ou oraisons jaculatoires,
et des bonnes pensées.

On se retire en Dieu, parce qu'on aspire à lui, et on y aspire pour s'y retirer. Ainsi, la retraite spirituelle du cœur et l'aspiration vers Dieu sont faites l'une pour l'autre, et toutes deux proviennent des bonnes pensées.

Elevez donc souvent votre esprit et votre cœur vers Dieu, Philothée, par ces élancements de l'âme vifs et courts. Admirez ses perfections, implorez son secours,

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