Images de page
PDF
ePub

4800-an ix Tyrol.

renforcé leurs avant-postes, et prolongé leurs retranchements sur la croupe de la montagne : l'attaque des Français, dirigée contre deux redoutes dont le feu se croisait sur le sentier, s'effectua avec tant d'impétuosité qu'un bataillon du régiment de Kray, qui défendait ces ouvrages, les abandonna après avoir perdu 200 hommes. Il fut poursuivi jusque sous les palissades du second retranchement; mais, l'ennemi étant en force dans ce dernier, le général Vaux crut, comme dans l'attaque du 23, devoir se retirer sans pousser plus loin une tentative dont il reconnaissait l'inutilité il ne fut pas poursuivi dans cette retraite.

Les opérations subséquentes de l'armée des Grisons ayant été plus ou moins subordonnées à celles que l'armée d'Italie fit dans le même temps, nous croyons devoir en interrompre le récit pour transporter nos lecteurs sur les bords du Mincio, où ils verront le vainqueur du duc d'Yorck, le général Brune, se couvrir d'une nouvelle gloire.

L'année qui va suivre, peu fertile en événements militaires, offrira du moins la consolante image de l'Europe pacifiée, après la plus longue et la plus remarquable des guerres que la France aft entreprises depuis le commencement de la monarchie.

CHAPITRE XIX.

ANNÉE 1801.

Ouverture de la campagne d'hiver de 1800 à 1801, en Italie; bataille de Pozzolo; retraite de l'armée autrichienne; combats de Montebello, de Castel-Franco; armistice conclu à Trévise, etc. Fin des opérations de l'armée des Grisons; diversion opérée dans le Tyrol; mauvaise foi du général autrichien Laudon, etc. Siége de Peschiera. — Hostilités avec les Napolitains; expédition du général Murat; armistice conclu avec le roi des Deux-Siciles, etc.

-anx Italie.

Ouverture de la campagne d'hiver de 1800 à 1801, en Italie. 1801 - Différentes causes avaient retardé la reprise des hostilités en 16 janvier Italie, bien que l'armistice y eût été dénoncé vers la fin de no- (26 nivôse.) vembre, comme en Allemagne et dans le Tyrol. L'Autriche avait ordonné au général en chef Bellegarde d'éviter, autant qu'il le pourrait, de rouvrir la campagne, avant que le corps d'armée qui occupait le Tyrol ne fût à même d'entrer en ligne avec l'armée d'Italie pour appuyer ses opérations. Toutefois cette même armée impériale d'Italie était forte de plus de 70,000 combattants, dont 18,000 chevaux, choisis dans les corps de cavalerie qui avaient fait les deux campagnes précédentes. Elle occupait, sur le Mincio, la même ligne que Bonaparte avait eu quelque peine à rompre en 1796. Bellegarde attendait, pour pénétrer en Lombardie, que ses flancs fussent assurés : à gauche, par l'armée que la cour de Naples dirigeait alors sur la Toscane et qui devait se renforcer des insurgés de ce dernier pays et du Ferrarais ; à droite, par les corps des généraux Laudon et Wukassowich, qui avaient ordre de déboucher du Tyrol italien, afin de déborder l'aile gauche de l'armée française, en envahissant le Brescian et le Bergamasque. La ligne du Mincio, déjà forte par elle-même et par les trois places de guerre qui la défendent, avait été rendue plus formidable encore par de nouveaux ouvrages que les Autrichiens y avaient élevés sur presque tous les points, et qu'ils avaient garnis d'une nombreuse artil

1801

Italie.

an ix lerie. Un corps d'avant-garde, de 20,000 hommes environ, sous les ordres du prince de Hohenzollern, était répandu sur la rive droite du Mincio, et occupait la ligne secondaire de Borgoforte à Desenzano. L'ennemi avait fortifié les meilleures positions de cette ligne avec autant de soin que celles de la rive gauche. Il était difficile qu'une armée pût occuper des cantonnements plus sûrs et plus commodes.

L'armée française restait dans l'inaction par les mêmes motifs qui retenaient l'armée impériale dans ses retranchements. Le général Brune ne voulait point s'engager sérieusement avec son adversaire, avant que Macdonald fût assez avancé dans le Tyrol pour couvrir son flanc gauche, et empêcher les troupes ennemies de tourner le lac de Garda. D'un autre côté, le général français n'était point sans inquiétude sur son flanc droit. Le général Dupont, qui commandait l'aile droite de l'armée d'Italie, était rentré en ligne après son expédition de Toscane, et, n'ayant laissé dans ce duché qu'un petit corps aux ordres du général Miollis, il était à craindre que cette troupe ne pût résister aux efforts de l'armée napolitaine déjà parvenue sur les frontières de la Toscane, et dont une division, sous les ordres du comte Roger de Damas', émigré français, occupait déjà Sienne, comme on le verra plus loin. Miollis avait en outre à contenir les insurgés toscans, qui reprenaient les armes de toutes parts. Ce qui rendait encore plus critique la situation des Français en Toscane, c'est que le général Sommariva s'approchait du Pô avec un corps composé de troupes autrichiennes et d'insurgés, tandis qu'un fort détachement de la garnison de Mantoue attaquait à Marcaria sur l'Oglio l'extrême droite du général Dupont, et mettait celui-ci dans l'impossiblité de soutenir Miollis, en faisant, à Torre d'Oglio, au confluent de cette rivière et du Pô, une démonstration de passage.

Bellegarde avait ordonné ces derniers mouvements pour distraire l'attention de son adversaire, et lui faire penser qu'il avait le projet de commencer à attaquer par son aile gauche. Afin de mieux donner le change au général Brune, il mit une partie de ses troupes en mouvement le 17 décembre, et fit faire une re

'Depuis lieutenant général, etc.

connaissance générale sur toute la ligne française. Un engage- 1801 ment eut lieu à Lonato, que les Français occupaient par une avant-garde; mais il fut sans résultat. L'ennemi semblait manifester l'intention de se concentrer pour une attaque prochaine.

Brune ne se méprit point sur le véritable but de ces démonstrations; mais, ne voulant point se laisser insulter impunément dans ses positions, il résolut de faire faire à son tour de fortes reconnaissances sur la ligne autrichienne, depuis Desenzano jusqu'à Borgoforte. Tous les postes avancés de la gauche à la droite, tels que ceux de Gazolo, de Guidizzolo, Solferino, Cavriana, furent repoussés et forcés de se replier sur les points mieux fortifiés de Goito, de Volta, de Monzambano et de Ponti. Les troupes françaises montrèrent dans ces reconnaissances de si bonnes dispositions, que Brune voulut mettre à profit leur premier élan, en les conduisant à l'attaque des positions retranchées où l'ennemi avait été chercher un refuge.

L'avant-garde française s'établit à Ponti, après en avoir déposté les Autrichiens; mais le général Moncey éprouva plus de difficultés à s'emparer de Monzambano. Depuis l'avant-veille, le prince de Hohenzollern avait quitté avec la réserve les hauteurs de ce dernier village, parce que leur trop grand rapprochement du Mincio et leur distance d'environ deux lieues de la position de la Volta lui avaient fait regarder cette situation comme peu avantageuse. Il s'était porté en avant, et venait d'occuper Cavriana et Castellaro. Fort heureusement Moncey fut averti de ce mouvement; et, ne pouvant continuer à s'avancer sur Monzambano sans courir le risque d'être attaqué par son flanc droit, il prit sur lui de modifier les instructions du général en chef; et, marchant directement sur Cavriana, il fit tourner la droite du général Hohenzollern par la division du général Boudet, pendant que deux autres brigades attaquaient les Autrichiens de front. Ceux-ci se défendirent avec résolution; mais ils durent céder à l'impétuosité des assaillants, et se retirèrent en bon ordre sur Castellaro. Cette dernière position était plus forte que celle de Cavriana: les Français, pour y arriver, durent gravir des pentes très-roides sous un feu meurtrier. Heureusement le général Delmas, maître de Ponti, dirigea une de

- an ix Italie.

4301

Italie.

- an ix ses brigades sur les derrières de Castellaro, tandis que les troupes de Moncey attaquaient de front cette position redoutable. L'ennemi, après avoir résisté quelque temps, se voyant presque entouré, se retira sur Borghetto avec une perte de 1,200 hommes tués, ou blessés, ou prisonniers. Par ce mouvement rétrograde, le détachement qui occupait Monzambano, se trouvant compromis, évacua ce village, où s'établit de suite le général Moncey.

D'après les dispositions arrêtées par le général en chef frarçais, le corps du centre, aux ordres du général Suchet, fort d'environ 14,000 hommes, devait se diriger de Guidizzolo sur Volta, dans le même temps que les colonnes de l'aile gauche (général Moncey) arriveraient à la hauteur de Monzambano, Mais Suchet fut obligé d'attendre, jusqu'à deux heures après midi, la division du général Loison, qui avait été engagée la veille, à quinze milles de Guidizzolo, avec une division autrichienne. Toutefois, cette troupe ayant rejoint, Suchet divisa ses forces en quatre colonnes, et marcha sur Volta avec autant de rapidité qu'il lui fut possible.

Volta est situé sur une hauteur qui, couronnant et dominant à son extrémité la chaîne de montagnes qui de Castiglione se prolonge jusqu'au Mincio, découvre en entier la plaine par laquelle Suchet devait nécessairement s'avancer pour attaquer cette importante position que l'ennemi avait retranchée avec soin.

Les deux colonnes formées par la division Loison s'avancèrent par la droite du village de Foresto, tandis que celles que formait la division Gazan marchaient directement sur les redoutes ennemies; deux régiments de cavalerie, un bataillon de grenadiers et une compagnie d'artilleric légère composaient la réserve. Tout semblait annoncer un combat vif et meurtrier ; mais les généraux Brixen et de Bussy, qui occupaient Volta avec 9 à 10,000 hommes, avaient reçu du général Bellegarde l'ordre formel de ne point engager d'affaires sérieuses sur la rive droite du Mincio. Avant donc que les colonnes françaises fussent arrivées à portée de canon de Volta, les Autrichiens abandonnèrent des retranchements qui leur avaient coûté plus de deux mois de travail, et se mirent en retraite pour gagner

« PrécédentContinuer »