Images de page
PDF
ePub
[graphic][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed]

Italie,

réserve six bataillons de grenadiers de Veidenfeld encore in 1800 – an vni tacts. Toute l'infanterie marchait sur la grande route, la cavalerie à sa gauche; à droite trois bataillons dans la direction de Spinetta, marchant sur Casina-Grossa.

Mélas, à la tête des troupes de sa droite, occupé exclusivement du soin d'atteindre et de déborder la gauche de l'armée française pour la rejeter sur le centre et lui couper la route de Tortone, avait manqué le moment opportun de faire agir la masse de cavalerie qui formait son aile gauche. A ce moment, des officiers, envoyés au-devant de la division Boudet que le général Desaix ramenait à marches forcées de Rivalta, vinrent dire au premier consul que la tête de cette colonne paraissait à la hauteur du village de San-Giuliano. Bonaparte, qui, jusqu'alors, avait mis tous ses soins à soutenir l'appui de sa droite, et à ralentir le mouvement de retraite par échelons, arrêta tout à fait ce mouvement, quand il sut que Desaix allait arriver sur la ligne avec la division Boudet.

La fatigue ne permettant plus au vieux feld-maréchal Mélas de rester à cheval, il retourna à Alexandrie, dans la persuasion que la bataille était gagnée. Les généraux Haddik et Lattermann ainsi que plusieurs officiers supérieurs dangereusement blessés abandonnèrent aussi le champ de bataille. La direction supérieure perdant ainsi en unité et en énergie, on vit le désordre s'introduire dans les rangs inférieurs. Les Autrichiens, n'éprouvant plus de résistance, crurent n'avoir plus à redouter que la victoire leur échappât. Les soldats quittaient leurs rangs et marchaient nonchalamment et sans précaution.

Ici va commencer le second acte de la journée, ou, pour mieux dire, la seconde bataille de Marengo.

Après avoir formé sa nouvelle ligne de bataille en avant de San-Giuliano, Bonaparte en parcourut le front: l'espoir et la confiance brillaient dans ses regards. « Français, s'écria-t-il, c'est avoir fait trop de pas en arrière, le moment est venu de marcher en avant. Souvenez-vous que mon habitude est de coucher sur le champ de bataille. » Les cris vive Bonaparte! vive le premier consul! accueillirent cette courte, mais entraînante harangue. Il était cinq heures du soir lorsque l'arrivée de la division Boudet mit un terme à la retraite de l'armée française,

[ocr errors]

1800-an VIN Italie.

dont les différents corps étaient alors placés dans l'ordre sui

vant :

La division Monnier et les grenadiers de la garde consulaire étaient placés diagonalement en arrière et sur la gauche de VillaNuova;

Le corps du général Lannes, diagonalement en arrière et sur la gauche des grenadiers de la garde;

La division Boudet, à la tête de laquelle se trouvait le général Desaix, et qui n'avait point encore combattu, était en avant de San-Giuliano, placée de même en arrière et à gauche du corps du général Lannes;

Enfin les deux divisions Gardanne et Chambarlhac (corps du général Victor), qui avaient été les plus maltraitées, étaient en arrière de la division Boudet, à la gauche de la grande route de Tortone, près de San-Giuliano.

Toute la cavalerie, commandée par le lieutenant général Murat, était en seconde ligne, formée en colonne et prête à déboucher par les intervalles des corps. La brigade du général Champeaux appuyait à la route de Tortone; celle du général Kellermann se trouvait au centre entre le corps de Lannes et la division Boudet.

Cependant les Autrichiens s'avançaient en bon ordre, et avec cette confiance que donne un premier succès. La colonne, dirigée par le général de Zach, arrivait par la grande route sur la division Boudet qui masquait San-Giuliano: cette colonne avait déjà dépassé Casina-Grossa, et n'était plus qu'à demiportée de la ligne française quand celle-ci s'ébranla tout à la fois. Le général Desaix, à la tête de sa colonne d'attaque détachée de la ligne, la mena au pas de charge à la rencontre de la colonne autrichienne; une batterie de douze pièces de canon, que le général Marmont dirigeait en personne, et qui précédait la division Boudet, ne fut démasquée qu'à demi-portée de fusil des rangs autrichiens. Un feu à mitraille, aussi vif qu'il était inattendu, arrêta la tête de la colonne ennemie. La 9o demi-brigade légère commence alors l'attaque, et est bientôt suivie des • autres corps de la division. La fusillade s'engage; une légère élévation de terrain, couvert de vignes, dérobait au général Desaix une partie de la ligne cunemie: il s'y porte pour la dé

Italie.

couvrir, reçoit une balle au milieu de la poitrine, et tombe dans 1800 –an vi les bras du chef de brigade Lebrun', l'un des aides de camp de Bonaparte, qui se trouvait en ce moment auprès de lui. La postérité conservera le souvenir de ce héros magnanime; son nom sera répété dans les siècles à venir, comme ceux des plus illustres guerriers des temps anciens et modernes, et le souvenir de ses vertus ne s'effacera jamais de la mémoire des peuples civilisés. La mort du général Desaix, loin de porter le découragement dans l'âme de ses soldats, ne servit qu'à les exciter davantage. Guidés par le brave général Boudet, ils se précipitèrent en furieux sur les grenadiers autrichiens.

Le combat continuait sans que la formidable colonne pût être rompue par le choc des troupes qui voulaient venger le trépas de leur illustre général; déjà même celles-ci commençaient à plier, lorsque la brigade Kellermann exécuta la charge la plus brillante et la plus heureuse. Le général Kellermann, auquel il convient d'accorder une très-grande part dans le succès de cette seconde bataille, voit de l'hésitation dans la troupe française, traverse un terrain embarrassé de vignes, déploie ses régiments parallèlement au front de l'ennemi, porte quelques escadrons en avant pour contenir un corps de cavalerie qui flanquait l'infanterie ennemie; et, par un mouvement de conversion à gauche, il se jette sur le flanc de la colonne de grenadiers, y pénètre par les intervalles, et la met dans le plus grand désordre. La cavalerie autrichienne, qui jusqu'alors n'avait pris aucune part au combat, s'enfuit au premier choc.

L'infanterie, ainsi abandonnée, fut entièrement culbutée après une faible résistance, avec perte de 1,665 prisonniers au nombre desquels le général de Zach, qui, voulant avoir l'honneur de porter le coup décisif, s'était trop avancé, et, ayant dépassé de beaucoup le reste de la ligne autrichienne, ne pouvait plus en être soutenu. D'ailleurs, à ce moment, les autres di

I

Fils de Lebrun, alors second consul de la république, et depuis architrésorier de l'empire français. Il est aujourd'hui lieutenant général, duc de Plaisance, grand chancelier de la Légion d'honneur.

On a fait tenir un beau discours à Desaix au moment où il tomba; mais, frappé en pleine poitrine, il expira sur le coup, sans prononcer une seule parole.

« PrécédentContinuer »