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que, faute de secours, il ne pouvait empêcher la prise de cette ville, il en sauva la gloire par une capitulation honorable. C'est ainsi que Niort rentra sous la domination du roi de France, vers le 15 juillet 1224.

CHAPITRE V.

1224-1360.

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Règne de Louis VIII. A la mort de ce prince, Blanche de Castille, petite-fille d'Aliénor, est régente de France.

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Sagesse de son administration.

- Le comte de la Marche vient à Poitiers rendre hommage au comte de Poitou, Alphonse, frère du roi Louis IX.-Il rétracte son hommage. Louis, pour venger son frère, lève une armée de 30,000 hommes. Siége de Frontenay, où s'est retiré le comte de la Marche. Le roi d'Angleterre débarque à Royan. Ses ambassadeurs au camp de Louis devant Frontenay. Le siége continue. - La place n'est emportée que le quinzième jour. La ville est rasée de là le nom de Frontenay-l'Abattu.

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Ordon

nance contre les juifs.- Une rue de leur nom à Niort. - Ils sont chassés de la ville.

Expédient pour empêcher leur retour au lieu de leur synagogue. - Le port de Niort est déclaré libre. Le maire et la commune de Rouen sont contraints de donner copie en forme de leurs priviléges au maire et aux jurés de Niort.-Belle résistance de cette ville, après la bataille de Créci. — Le traité de Bretigny fait passer tout le Poitou sous la domination anglaise. Chandos, commandant de la

province, établit sa résidence à Niort. -Ordonnance du sénéchal de Poitou.

NIORT n'eut point à se plaindre de ses destinées, en passant sous le gouvernement d'un prince, dont le caractère brave, généreux, humain, contrastait avec celui des deux derniers monarques anglais. Jean-sans-Terre n'avait en effet été qu'un tyran injuste, perfide et cruel. Henri III n'était encore célèbre que par une faiblesse, égale à son défaut de prudence et de capacité. Niort ne put s'empêcher de reconnaître, dans son vainqueur, le roi qui avait déjà tenu le sceptre d'Angleterre, et sous l'empire duquel il avait constamment joui de la paix. Enfin lorsque Niort, en portant ses regards sur le trône de France, y vit assise, auprès du monarque, Blanche de Castille, son auguste épouse et la petite-fille d'Aliénor, l'attente de l'avenir le plus fortuné dut le combler de joie.

Deux ans après la conquête de Niort, mourut Louis VIII, et l'on vit alors, pour la première fois en France, la mère d'un roi mineur, réunir la qualité de tutrice et celle de régente. Mais, il faut aussi l'avouer, l'état ne pouvait tomber en de meilleures mains. Blanche le prouva, non seulement la par sagesse avec laquelle elle réprima

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dans une minorité orageuse, la plus formidable ligue que les grands vassaux eussent formée contre l'autorité royale; mais encore par l'instruction chrétienne que lui dut le roi son fils; par l'héroïsme dont elle lui offrit le modèle au siége de Bellesme; enfin, dans sa seconde régence, par l'humanité qui porta cette reine à donner elle-même le premier coup, pour enfoncer les portes des prisons, que ses prières n'avaient pu faire ouvrir à des serfs, opprimés par des seigneurs ecclésiastiques.

Le règne de Louis IX fut célèbre par les affranchissemens. Niort doit à ce prince la confirmation de ses priviléges. La charte en fut donnée à Saint-Maixent, au mois de juillet de l'an 1230. Il y est dit que Niort ne pourra désormais être mis hors de la main des rois de France, ou de leurs frères, sans le consentement de ses habitans (1).

Louis VIII, par son testament, avait donné le comté de Poitou à son troisième fils, Alphonse, âgé de six ans. Dès qu'il fut majeur, le roi son frère l'investit de ce comté, dans une cour plénière qu'il tint à Saumur, en 1241; et, quelques jours après, il vint à Poitiers le mettre en possession de son apanage. Parmi les vassaux

(1) Voyez les Pièces justificatives.

qui se rendirent dans cette ville, pour prêter hommage au prince Alphonse, l'histoire cite surtout Hugues de Lusignan, comte de la Marche, époux d'Isabelle, veuve du roi Jean-sans-Terre, et mère de Henri III alors régnant. Ce comte reconnut Alphonse pour son seigneur suzerain; mais ce ne fut pas sans beaucoup de répugnance; car il revint à Poitiers, pendant les fêtes de Noël de la même année, pour rétracter la foi qu'il avait jurée au comte de Poitou: « Alphonse, lui <<< dit-il, vous avez surpris mon hommage; je ne « vous dois rien, non plus qu'au roi votre frère. » Hugues sentit bien que cette insulte était une déclaration de guerre; mais, en se portant à cette extrémité, il ne faisait que céder aux instances réitérées d'une femme impérieuse, la comtessereine (c'est ainsi qu'Isabelle se qualifiait ). Elle lui avait donné l'assurance qu'il serait secondé dans sa révolte, par toutes les forces de l'Angleterre.

Louis ne fut pas plutôt instruit de l'attentat du comte de la Marche, que, pour prévenir la réunion de ses ennemis, il lève de suite une armée de près de 30,000 hommes, entre dans les terres du comte rebelle, sans rien trouver qui l'arrête, force quelques autres places, telles que la tour de Béruge et Moncontour, échappe aux tentatives d'empoisonnement de la comtesse-reine,

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