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patrie d'espérer des jours plus prospères. Les Souverains magnanimes ont voué un intérêt particulier aux destinées de la brave nation suisse, restée debout dans sa primitive liberté et sa paisible exiftence, pendant une longue suite de siècles, et dont l'État florissant fut tout-à-coup renversé par une triste révolution, ouvrage d'une invasion étrangère. L'indépendance la plus entière de notre patrie, premier gage de son bonheur, est marquée dans le vaste plan des Monarques comine un point essentiel de l'équilibre politique des grandes sociétés européennes. Hautement ils ont exprimé le vou, que la Suisse retrouvât ses formes antiques et fut rendue à elle-même. Nous répondons à cet appel généreux en achevant avec calme, énergie et dignité l'œuvre que Nous avions commencée en 1802, de concert avec nos chers confédérés.

Le Grand-Conseil du canton ayant renoncé à l'acte de médiation et à la constitution qui en était la suite, a remis ses pouvoirs et confié provisoirement l'administration des affaires publiques au Petit- Conseil, jusqu'à ce que le Gouvernement légitime, rentré dans ses droits, en ait disposé autrement.

Nous nous faisons ici un devoir de rendre un témoignage public de notre considération et de notre reconnaissance aux Magistrats distingués, qui ont bien mérité de la patrie

par leurs lumières et leur prudence; aussi n'hésitons - nous pas de conserver au PetitConseil du canton la direction provisoire des affaires intérieures, tout comme Nous invitons le Tribunal d'appel, les Administrations judiciaires et civiles, et tous les employés de l'État, de continuer leurs fonctions jusqu'à nouvel ordre et de contribuer de toutes leurs forces au maintien de la tranquillité publique.

Animés des vues les plus pures pour le bien-être futur de nos chers ressortissans, Nous nous sommes rassemblés en ce jour sous les auspices du ciel et en notre qualité de SOUVERAIN - LÉGITIME, pour préparer de la manière la plus convenable l'organisation de toutes les branches de l'administration.

L'ancienne constitution du canton de Fribourg, vénérable par son antiquité, consacrée par des siècles de prospérité et de paix, renversée depuis par la seule force des armes, sera désormais la base de notre état politique. Cependant Nous avons résolu d'y apporter les modifications qu'exigent les circonstan ces et l'esprit du temps. Nous avons confié cette tâche importante, ainsi que l'exercice provisoire de la souveraineté, à une haute Commission d'État, prise dans notre sein. Dès ce moment les talens seuls et le mérite, alliés à la probité et au véritable amour de

la patrie, donneront accès au Gouvernement et aux autres places de l'administration; l'admission au Patriciat recevra de même les extensions les plus équitables.

La prudence et le seul amour du bien général ratacheront de nouvelles institutions aux anciennes, et l'on rappellera l'antique esprit, qui animait toutes les actions de nos braves aïeux. Qu'ils soient présens à votre pensée, chers et fidèles ressortissans! et souvenez-vous que la loyauté, la concorde, l'obéissance à l'Autorité établie et une entière confiance dans les Préposés de la nation avait fait de nous un peuple heureux et digne d'envie! Vous, Ministres des autels et Fonctionnaires civils, que chacun de vous retrace en sa personne un modèle de ces vertus nationales, sans lesquelles ils n'est point de bonheur au dedans, et au dehors point de gloire. L'État ne saurait prospérer, si chacun de ses employés n'est pas, à la place qu'il occupe, fidèlement tout ce qu'il doit être.

Dans les jours du bouleversement politique l'effervescence des passions produisit des égaremens de tout genre; les pères de la patrie aiment à les couvrir du voile de l'oubli, et l'aspect d'une famille se pressant vers ses antiques foyers, après de longs et pénibles détours, remplit leur cœur d'allégresse. Si cependant quelques esprits égarés osaient se permettre d'attenter au présent ordre de

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choses, le coupable sera desuite atteint et frappé d'une juste et prompte punition.

Il n'est sans doute pas besoin, chers et fideles ressortissans, d'un ordre supérieur ou d'un avertissement, pour que vous receviez d'une manière hospitalière les troupes des hautes Puissances alliées, qui pourraient traverser encore notre territoire, et pour que vous vous prêtiez avec empressement aux demandes qui vous seraient faites selon le prescrit des ordonnances.

Il est reconnu que rien de grand ni de bon n'est possible, sans un attachement inviolable à la foi de nos pères. C'est elle qui les fit sages et modestes dans la prospérité, forts et inébranlables dans le danger. Malheur à nous, si jamais nous pouvions oublier, comment dans les derniers bouleversemens, qui nous avaient conduits plus d'une fois jusqu'au bord du précipice, la main protectrice de Dieu nous a sauvés de l'abîme! Que le sentiment de la reconnaissance filiale ne se refroidisse donc jamais dans nos cœurs, \ et que la prière appelle sans cesse les bénédictions de l'Éternel sur la patrie, qui vient de renaître.

Donné en notre assemblée du Grand-Con.. seil à Fribourg le 18 janvier 1814.

Chancellerie de Fribourg.

DÉCRET

du 7 mars 1814,

Fixant les bases de la nouvelle constitution.

Nous l'Avover, Petit- et Grand-Conseils de la ville et république de Fribourg,

savoir faisons;

Que, dans le but d'entourer notre administration future d'hommes choisis dans toutes les parties du canton, qui par leurs lumières, leur probité et leur dévouement à la chose publique méritent la considération de leurs concitoyens;

Dirigés par la seule vue de l'intérêt de P'État, et animés du seul désir de resserrer les liens d'attachement et de confiance qui' Nous unissent depuis tant de siècles à nos chers et fidèles ressortissans des villes et du pays;

Nous avons, en exécution de l'engagement que Nous avons pris dans notre proclamation du 18 janvier, décrété, comme

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