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principales vertus dont Vincent de Paul nous a donné l'exemple, la foi, la piété, l'humilité, la douceur, le détachement, la mortification, etc. Loin d'être un homme médiocre, comme l'ont prétendu quelques sectaires, le saint prêtre joignoit le discernement et les lumières à toutes ses vertus, et il savoit au besoin montrer cette force et ce courage qui s'allient chez les saints avec l'humilité.

Ne croyez pas cependant, dit l'orateur, qu'avec ces vertus éclatantes, il parût en sa personne rien d'extraordinaire, et qu'il laissât jamais apercevoir combien le Tout-Puissant avoit fait en lui de grandes choses. Aussi nous ne voyons pas qu'il ́ait jamais parlé de révélations, de ravissemens; et, si l'Eternel lui a accordé ces faveurs qui sont le partage des saints, le secret en est pour jamais dérobé aux regards de la postérité. Ce que nous savons, c'est que Vincent n'aimoit pas moins la simplicité que l'humilité et la douceur. On le vit plusieurs fois conjurer à genoux un de ses plus jeunes mist sionnaires d'être simple et sans apprêt dans ses instructions. Pour lui, il fuyoit tout ce qui pouvoit briller au déhors; et, si sa touchante éloquence remporta quelquefois de beaux triomphes, il n'avoit point préparé ses succès; car il parloit toujours, à l'exemple des apôtres, d'après la seule inspiration de l'Esprit saint. Cette simplicité, nous aimons à la retrouver dans les détails que nous pouvons connoître de sa vie privée.

Dans la seconde partie, M. l'évêque de Caryste retrace les grandes œuvres et les établissemens de saint Vincent de Paul. Il le montre prêchant dans les campagnes, évangélisant les galériens, formant la congrégation de St-Lazare, envoyant des missionnaires au dedans et au dehors du royaume, établissant des retraites pour les ordinands, des conférences ecclésiastiques, des assemblées de charité; concevant et exécutant le plan de la congrégation des Filles de la Charité, leur inspirant son esprit, ouvrant des asiles aux orphelins, formant des hôpitaux pour la vieillesse et les maladies, distribuant des secours immenses à des provinces ravagées, enfin ranimant la piété dans le sacerdoce et se faisant écouter et respecter des grands, en même

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temps qu'il se fait chérir des pauvres et des infirmes qu'il soulage :

. Ainsi s'est éteint, dans les saintes pratiques de la charité, ce grand homme qui en a été un aussi beau modèle. Un admirable concert, et d'éloges et de regrets, a répondu partout à la nouvelle de sa mort; on s'est écrié, avec un prélat jadis son ami Lucerna extincta est in Israël, un flambeau s'est éteint dans Israël. Cet hommage rendu au fondateur de tant d'institutions utiles, étoit devenu le domaine de l'illustre nation française, lorsque la révolution, armée de crimes et de fureurs, est venue lui disputer ses plus précieux héritages. Elle a ouvert la carrière de ses attentats par la profanation la plus criminelle envers l'illustre Vincent de Paul. On eût dit que le génie du mal vouloit nous donner d'avance la mesure de ses excès, en outrageant, dès son début, la mémoire de celui qui avoit possédé à un si haut degré le génie du bien,

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Nous nous bornerons à ces citations d'un discours où Vincent de Paul est peint avec fidélité et d'après les témoignages les plus authentiques. L'orateur n'a oublié aucun des traits importans qui font connoitre son modèle, et il inspire une profonde vénération pour ce héros de la charité. Il a joint à son discours des notes rédigées dans le même esprit, et qui éclaircissent ou confirment ce qui est dit dans le corps de l'ouvrage. Les admirateurs du saint prêtre sauront gré à M. l'évêque de Caryste de son zèle pour la gloire d'un si illustre bienfaiteur de l'humanité; un tel sujet étoit digne à la fois de son talent et de sa piété.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Un cardinal vient de succomber à de longues infirmités; c'est M. François Cesarei-Leoni, né à Perouse le 1er janvier 1757, auditeur de Rote en 1784, régent du tribunal de la pénitencerie en 1804, devenu doyen de la Rote, créé cardinal par Pie VII, mais réservé in petto dans le con

sistoire du 8 mars 1816, et déclaré seulement dans celui du 28 juillet 1817. Il reçut le titre presbytéral de Sainte-Marie del Popolo, et fut fait en même temps évêque d'Iési. Affligé d'une longue maladie, il sentit son mal s'agraver le 23 juillet dernier, et expira le 25, après avoir reçu les sacremens de l'Eglise.

Le dimanche 1er août, M. le cardinal Zurla, vicaire de Sa Sainteté, administra le baptême, dans sa chapelle privée, au juif Aaron Benadam, de Maroc, âgé de 25 ans, qui fut tenu sur les fonts de baptême par M. Marucchi, vice-recteur des catéchumènes. Son Em. donna ensuite la confirmation au nouveau baptisé.

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La portion nombreuse et respectable de la nation catholique arménienne, répandue dans l'empire ottoman et dans les diverses missions sujettes au vicaire apostolique patriarchal latin de Constantinople, portion distincte de celle qui obéit au patriarche de Cilicie résidant au Mont-Liban, vient d'obtenir de grands avantages par la médiation et le vif intérêt des ambassadeurs des principales cours catholiques près la Porte. Un concours de révolutions politiques et religieuses avoit depuis long-temps réduit ce peuple à un état d'abaissement, où il étoit privé de ses magistrats et de ses pasteurs, et obligé de se courber sous les ordres du patriarche schismatique, et de pratiquer son culte dans le secret de ses maisons. De nouvelles dispositions, émanées du Grand-Seigneur, viennent de soustraire ces pauvres Arméniens à la dépendance du patriarche schismatique; ils formeront une nation séparée, auront un état civil et un chef spirituel catholique sous lequel ils exerceront librement leur culte. Le saint Siége, qui avoit si souvent sollicité leur émancipation, n'a pu qu'accueillir et favoriser avec empressement les nombreux arrangemens. Le pape vient d'ériger à Constantinople un siége archiepiscopal arménien, qui aura le titre et les priviléges de métropole primatiale. Ce siége remplacera l'ancien patriarchat catholique de cette nation, lequel tomba avec l'empire d'Orient. D. Antoine Nourigian, ecclésiastique arménien distingué, a été choisi par le saint Père pour premier archevêque, et a reçu l'onction épiscopale à Rome, le dimanche 11 février, dans l'église de la Propagande. La cérémonie a été faite par M. le cardinal Zurla, vicairegénéral de Sa Sainteté, assisté de M. Soglia, archevêque

d'Ephèse, et aumônier de Sa Sainteté, et de M. Azarias Aristace, archevêque arménien de Césarée de Cappadoce, et supérieur des Méquitarisses de Vienne. M. le cardinal préfet de la Propagande, les ambassadeurs d'Autriche, de France et de Sardaigne, et beaucoup d'ecclésiastiques arméniens et orientaux des divers rits, y assistoient; parmi eux étoient M. Mazlum, archevêque de Myre, du rit grec malachite; M. Bachinanti, archevêque de Théodosiopolis, du rit arménien; M. de Tommagiani, archevêque de Durazzo, du rit grec, tous trois dans l'habit oriental de leur rit et de leur dignité. D. Pierre Dodigiani, prêtre arménien, termina la cérémonie par un discours de remercîment.

PARIS. Le Constitutionnel, dans un article inséré mardi dernier, sur les agitateurs congréganistes, nous citoit, nommément comme ayant provoqué et essayé de justifier les ordonnances; nous lui avons adressé la lettre suivante, que nous croyons devoir insérer ici :

<< Monsieur, dans votre numéro d'hier mardi, vous nous adressez des reproches que nous ne croyons pas mériter. Nous n'avons jamais songé à provoquer les ordonnances, ni à appeler des coups d'êtat. Nous n'avons point essayé de justifier ces mêmes ordonnances, et nous n'avons point affirmé que les ministres eussent agi dans les limites de leurs droits. Si vous relisez attentivement notre article de samedi, vous n'y trouvercz rien de semblable. Cet article ne renferme pas un mot en faveur des ordonnances, et les ministres n'y sont pas nommés une fois. Loin d'avoir dit qu'ils eussent agi dans les limites de leurs droits, nous croyons que leur conduite a été fort mal calculée, tant dans l'intérêt du prince dont ils avoient la confiance que dans celui de leur pays. >> Quant à ce qui est dit dans l'article du jugement que là postérité portera de Charles X, nos réflexions à cet égard reposent sur un fait qui paroît avéré, c'est que ce prince a ignoré jusqu'à la fiu ce qui se passoit à Paris. Il n'a jamais bien connu la gravité du mouvement qui agitoit la capitale, et les ordres qui ont pu être donnés venoient moins de lui que de ceux auxquels il avoit accordé sa confiance. Cette explication même, conforme aux principes du gouvernement représentatif, tels qu'ils ont été exposés par plusieurs écrivains modernes, et tels que vous les avez énoncés plus d'une fois dans votre journal. Dans ces principes et suivant la lettre même de la Charte, le Roi n'étoit pas responsable des actes de ses ministres.

>> Ce que nous avons dit du caractère personnel de Charles X

des députés l'ont dit récemment encore à la tribune, et M. de Martignac, dans la séance d'hier, a payé un tribut de regrets et de respect à d'augustes infortunes, sans que personne ait songé à blamer en lui des sentimens qui l'honorent au contraire.

» Nous espérons, Monsieur, que vous ne nous refuserez pas l'insertion de cette réclamation, qui nous paroît nécessaire pour dissiper l'impression défavorable qu'auroit pu produire votre article. En attendant, nous sommes, vos très-humbles serviteurs, Les Auteurs de l'Ami de la religion.

Paris, mercredi 18 août 1830.

On dit que des lettres de Trèves, en date du 8 août, annoncent que M. l'évêque de Nanci étoit arrivé dans cette ville. Poursuivi dans le premier moment des troubles, le prélat avoit été obligé de quitter sa résidence. Nous ne croyons point ce qu'ajoute un journal, que les autorités prussiennes n'avoient pas voulu le recevoir, pour ne pas favoriser l'émigration, et qu'on lui avoit conseillé d'aller plus loin. Ce seroit une grande dureté de refuser un asile à un prélat en butte à un mouvement populaire.

dit

Un singulier sujet de prix vient d'être proposé à Leyde en Hollande. Les curateurs du legs de Stolpiaan, dans l'université de cette ville, ont mis au concours les questions suivantes : Quelles sont l'origine, les progrès et les diverses formes du panthéisme depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours? Cette opinion est-elle conforme ou non à la droite raison et aux vertus divines? Le prix est une médaille d'or ou la valeur de cette médaille, savoir, 250 florins. Les mémoires doivent être rédigés en latin ou en hollandais, et seront adressés avant le 31 décembre 1831 au professeur Van de Wymperse, à Leyde, secrétaire du legs. Nous avouons, le Courrier de la Meuse, que ces questions nous ont un peu surpris. Comment, en effet, s'attendre qu'on vienne aujourd'hui nous demander sérieusement si le spinosisme est conforme à la saine raison et aux vertus divines? Cette absurde "doctrine n'a-t-elle pas été suffisamment réfutée ? Le panthéisme ancien et moderne n'est-il pas suffisamment connu? Peut-il surtout y avoir le moindre doute sur les funestes conséquences de cette doctrine? Demander si le panthéisme est conforme à la saine raison et aux vertus divines, c'est demander si l'athéisme et le matérialisme sont raisonnables et favorables à la vertu. Voyez dans la Biographie universelle l'article Spinosa

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