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M. le maréchal Jourdan est nommé commissaire provisoire pour les affaires étrangères, et M. Bignon pour l'instruction publique. M. Tupinier est chargé par interim de l'administration de la marine.

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MM. Paulze d'Ivoy, Treilhard, d'Entraigues, de St.-Didier, Feutrier et Reynaud, sont nommés préfets du Rhône, de la SeineInférieure, d'Indre-et-Loire, de l'Aube, de la Sarthe et des HautesAlpes, en remplacemeut de MM. de Brosses, de Murat, de Juigné, de Brancas, du Bourblanc et de Roussy.

- M. Alexandre Joubert es nommé maire d'Angers; M. Cholet, sous-préfet à Ségré, M. Simonneau à Verdun, M. Paulin Gillon à Commercy, M. Gabriel à Sens. M. Barrier est nommé maire à Troyes, et M. Félix Gillon secrétaire général de la Meuse.

- MM. Victor Lanjuinais, D'Aguesseau-Ségur ct Moiroud sont nommés substituts à Paris, en remplacement de MM. Boudet, Menjaud et Levavasseur, qui sont révoqués. M. Viger est nommé procureur général à Nîmes en remplacement de M. Guillet; et M. Mévolhon, procureur du roi à Niort, en remplacement de M. Brunet.

M. Bernard, de Rennes, avocat, est nommé procureur gé→ néral près la cour royale de Paris, en remplacement de M. Jacquinot de Pampelune; M. Barthe, avocat, est nommé procureur du Roi près le tribunal de première instance, en remplacement, de M. Billot; M. Merilhou, avocat, est nommé secrétaire général au ministère de la justice.

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- Le colonel Fabvier a été nommé gouverneur provisoire de l'hôtel royal des Invalides.

Au moment où M. le duc d'Orléans alloit sortir de la cham bre des députés, mardi dernier, on a arrêté deux individus porteurs d'un drapeau tricolore voilé d'un crêpe noir, et portant pour inscription: Souveraineté du peuple. Un de ces hommes, que l'on prétendoit armé d'un poignard, s'est sauvé; l'autre avoit sur lui un pistolet non chargé. D'autres individus crioient, dit-on: Vive la république! la liberté ou la mort!

Un arrêté de la préfecture porte que le service de l'octroi se fera comme par le passé.

-L'ouverture des examens pour l'admission à l'école poly→ technique aura lieu le 5 à l'Hôtel-de-Ville.

- Le château de Vincennes s'est rendu le 2 à cinq heures, et a arboré le drapeau tricolore.

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On dit que M. de Peyronnet et de Chantelauze ont été arrê

tés à Tours, et amenés dans la prison de cette ville.

Les troubles ont commencé à Lyon le 29 juillet et ont duré jusqu'au 2 août. Comme à Paris, ils ont été produits par des rassemblemens d'ouvriers, par des cris et par la formation improvisée d'une garde nationale. Les établissemens publics ont été fer

més. Les troupes n'ont pu rétablir l'ordre; M. de Brosses, préfet du Rhône, et M. de Verna, premier adjoint du maire, avoient publié des proclamations et essayé toutes les mesures pour rétablir le calme. C'est maintenant la garde nationale qui dirige tout et qui fait la police.

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Les premiers évènemens de Paris ayant été connus à Bordeaux le 30 au soir, une partie de la population s'est soulevée l'hôtel de la préfecture a été envahi, et M. de Curzay, préfet, est tombé entre les mains des insurgés, qui l'ont, dit-on, fort maltraité. Le château de M. de Peyronnet, voisin de Bordeaux, a été incendié; la colonne du 12 mars a été détruite, ensuite on a organisé une garde nationale spéciale.

La cour royale de Toulouse, statuant sur l'appel des sieurs Dupin, gérant, Hénault, imprimeur de la France meridionale, et Bert, auteur d'un article outrageant pour M. Cavalié, avocat général, a, le 24 juillet, déchargé l'imprimeur des condamnations prononcées contre lui, maintenu contre le gérant la peine de 6 mois de prison et 6,000 francs d'amende, fait remise de ses 15 jours de prison au sieur Bert, condamné d'ailleurs à 200 fr. d'amende.

-La ville de Poligny, et plus de trente communes environnantes, ont été dévastées par la grêle, le 2 juillet, entre quatre et cinq heures du soir. Un orage épouvantable, venant de l'est et du nord-ouest, a éclaté sur la ville; des grêlons d'une grosseur énorme, des glaçons même, ont ravagé toutes les récoltes; les céréales sont pour ainsi dire hachées, et ne sont pas même propres à faire du fourrage; les vignes, qui déjà avoient beaucoup souffert de l'hiver et de l'intempérie de la saison, sont abandonnées par le cultivateur, que ce fléau va réduire à la plus profonde misère pour plusieurs années; les prés, que l'on commençoit seulement à récolter, sont également dans un état déplorable. Les habitations elles-mêmes ont été plus ou moins endommagées; toutes les vitres exposées au couchant et au nord ont été brisées; la seule ville de Poligny en compte au moins douze mille. Il est des villages où les toitures devront être entièrement renouvelées. On compte aussi par milliers les arbres déracinés ou abattus par cet affreux ouragan. Un tel désastre réclame les plus prompts secours, et on ose les espérer de l'humanité et de la générosité de toutes les ames compatissantes.

Ouverture de la session des chambres.

Le 3, à une heure, M. le duc d'Orléans, lieutenant général du royaume, s'est rendu à cheval au palais de la chambre des députés, pour y ouvrir la session des chambres. Le canon des Iu

valides a annoncé son départ et son arrivée. Après avoir été reçu par une députation de pairs, ayant à sa tête M. de Semonville, grand référendaire, et par la députation de l'autre chambre, précédée de M. Labbey de Pompières, doyen des députés présens, M. le duc d'Orléans a pris place sur l'estrade à droite du trône, et M. le duc de Nemours, son second fils, qui l'accompagnoit, à la gauche du trône. Les princesses d'Orléans étoient dans une tribune. Le prince a salué l'assemblée, a dit: MM. les pairs et MM. les députés, asseyez-vous, et a prononcé le discours suivant:

<< Messieurs les pairs et Messieurs les députés.

» Paris, troublé dans son repos par une déplorable violation de la Charte et des lois, les défendoit avec un courage héroïque.

» Au milieu de cette lutte sanglante, aucune des garanties de l'ordre social ne subsistoit plus : les personnes, les propriétés, les droits, tout ce qui est précieux et cher à des hommes et à des citoyens couroient les plus graves dangers.

»Dans cette absence de tout pouvoir public, le vœu de mes concitoyens s'est tourné vers moi; ils m'ont jugé digne de concourir avec eux au salut de la patrie; ils m'ont invité à exercer les fonctions de lieutenant-général du royaume.

>> Leur cause m'a paru juste, le péril immense, la nécessité impérieuse, mon devoir sacré. Je suis accouru au milieu de ce vailfant peuple, suivi de ma famille, et portant oes couleurs qui, pour la seconde fois, ont marqué parmi nous le triomphe de la

liberté.

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» Je suis accouru, fermement résolu à me dévouer à tout ce que les circonstances exigeroient de moi, dans la situation où elles m'ont placé, pour rétablir l'empire des lois, sauver la liberté menacée, et rendre impossible le retour de si grands maux, en assurant à jamais le pouvoir de cette Charte dont le nom, voqué pendant le combat, l'étoit encore après la victoire.

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» Dans l'accomplissement de cette noble tâche, c'est aux chambres qu'il appartient de me guider.

>> Tous les droits doivent être solidement garantis; toutes les institutions nécessaires à leur plein et libre exercice doivent rece→ voir les développemens dont elles ont besoin.

» Attaché de cœur et de conviction aux principes d'un gouvernement libre, j'en accepte d'avance toutes les conséquences. Je crois devoir appeler dès aujourd'hui votre attention sur l'organisation des gardes nationales, l'application du jury aux délits de la presse, la formation des administrations départementales et municipales, et, avant tout, sur cet article 14 de la Charte, qu'on a si odieusement interprêté.

>> C'est dans ces sentimeus, Messieurs, que je viens ouvrir cette

session.

» Le passé m'est douloureux; je déplore des infortunes que j'aurois voulu prévenir; mais, au milieu de ce magnanime élan de la capitale et de toutes les cités françaises, à l'aspect de l'ordre renaissant avec une merveilleuse promptitude après une résistance pure de tout excès, un juste orgueil national émeut mon coeur, et j'entrevois avec confiance l'avenir de la patrie.

» Oui, Messieurs, elle sera heureuse et libre cette France qui m'est si chère; elle montrera à l'Europe, qu'uniquement occupée de sa prospérité intérieure, elle chérit la paix aussi bien libertés, et ne veut que le bonheur et le repos de ses voisins.

que les Je

» Le respect de tous les droits, le soin de tous les intérêts, bonne foi dans le gouvernement, sont les meilleurs moyens de désarmer les partis et de ramener dans les esprits cette confiance dans les institutions, cette stabilité, seuls gages assurés du bonheur des peuples et de la force des Etats.

» Messieurs les pairs et Messieurs les députés, aussitôt que les chambres seront constituées, je ferai porter à leur connoissance l'acte d'abdication de S. M. le roi Charles X; par ce même acte, S. A. R. Louis-Antoine de France, Dauphin, renonce également à ses droits. Cet acte a été remis entre mes mains hier 2 août, à 11 heures du soir. J'en ordonne ce matin le dépôt dans les archives de la chambre des pairs, et je le fais insérer dans la partie officielle du Moniteur.»

Plusieurs journaux font leurs réflexions sur ce discours nous osercas peut-être aussi présenter les nôtres.

La salle avoit été décorée avec les ornemens qui servoient à la salle ordinaire des séances royales au Louvre. Le trône étoit surmonté de drapeaux tricolores. La tribune des journalistes étoit destinée au corps diplomatique. On y a remarqué le ministre des Etats-Unis et cinq secrétaires de légation.

Cinquante pairs environ ont occupé le côté droit de la salle ;' MM. de Chateaubriand, Decazes, de Glandèves s'y trouvoient.

Il y avoit environ deux cents députés, dont une quinzaine de l'ancien côté droit, entr'autres MM. de Conny, de Syreys, Berryer, Mestadier, de Vaulchier, de Boisbertrand, Jacquinot-Pampelune, de Meffrey, de Murat, Bizien, de Bélissen, Roger, etc.

M. de Martignac et les autres anciens ministres, ainsi que les députés qu'on appeloit de la défection, étoient ensemble. Aucun des pairs ni des députés ne portoit l'uniforme, ils étoient en habits bleus ou noirs.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

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SOUVENIRS ET VOEUX POUR L'AFRIQUE CHRÉTIENNE (*).

Tous les regards sont maintenant tournés vers l'Afrique, et les amis de l'humanité comme ceux de la religion font dés vœux pour l'entier affranchissement de cette contrée humiliée sous un joug barbaré. La Providence a-t-elle des vues de miséricorde sur ses habitans? Ce pays, qui joua un si grand rôle autrefois dans les annales de l'histoire, est-il destiné à reprendre sa place parmi les nations civilisées? La religion va-t-elle y recouvrer son in+ fluence salutaire et y réveiller la culture des lettres et la pratique des vertus chrétiennes? N'est-il pas permis de l'espérer, quand nous nous rappelons les glorieux souve→ nirs qui se rattachent au nom de l'Afrique? Sans parler de Carthage, qui disputa à Rome même l'empire du monde, qui avoit conquis l'Espagne et envoyé ses armées jusqué dans le cœur de l'Italie, à une époque plus rapprochée, le christianisme avoit procuré à l'Afrique un autre genre d'illustration. L'Evangile se répandit rapidement dans cette contrée, et on y voit se former en peu de temps de nombreuses églises. Le pays étoit alors trèspeuplé, et étoit couvert de villes, de bourgs, de villages et de châteaux. On y établit un grand nombre d'évêchés, qui reconnoissoient tous Carthage pour leur métropole. On trouve 470 évêques à la conférence tenue à Carthage en 411, et 458 dans la notice des évêques d'Afrique dressée

(*) Il est aisé de voir que cet article avoit été rédigé avant les évènemens de la fin de juillet; nous le laissons subsister comme un monument des espérances que fit naître, dans les premiers momens, une étonnante conquête, espérances partagées alors par beaucoup d'hommes religieux, et éloquemment. exprimées par plusieurs évêques dans leurs mandemens.

Tome LXV. L'Ami de la Religion.

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