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La cour royale de Nîmes a évoqué la connoissance des troubles qui se sont manifestés dans cette ville.

Des attroupemens se sont portés chez plusieurs boulangers de Limoges le 31 août, sur le bruit que le prix du pain devoit être augmenté. Les établissemens des boulangers ont été saccagés, et l'ordre ne s'est rétabli qu'au moyen de l'intervention du maire et de la garde nationale.

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- Une émeute a eu lieu à Tours au sujet de la cherté du pain. Le peuple s'est porté chez deux commerçans désignés comme accapareurs, et leurs maisons ont été pillées.

Une douzaine des ouvriers qui avoient causé des dégâts à Amiens, à propos du prix du pain, ont été traduits en police correctionnelle. Quatre d'entre eux ont été condamnés à neuf mois de prison.

-Le sieur Félix Mercier, si connu par ses nombreuses pétitions libérales aux chambres, vient d'être réintégré dans la place de maire de Rougemont (Doubs), dont il avoit été destitué en 1815.

Les Espagnols qui se trouvoient en surveillance dans le midi de la France se sont réunis, au nombre d'environ neuf cents, du côté de la Seu-d'Urgel.

Le général Mina a quitté Paris pour se rendre sur les frontières d'Espagne, où se sont réunis les réfugiés.

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Le général Mouton, comte de Lobau, député, chargé de notifier le nouveau gouvernement au roi de Prusse, a été reçu par ce souverain à la fin d'août.

- Le prince d'Orange n'est parti de Bruxelles que pour aller soumettre au roi des Pays-Bas les vœux qu'on lui avoit exprimés. La population a été généralement satisfaite des intentions du prince royal. Le bruit sourd de la marche des troupes entretient du mécontentement dans cette ville. Les commissaires revenus de La Haye ont témoigné cependant que le roi paraissoit disposé à faire les concessions exigées. Un corps de 500 volontaires s'est rendu de Liége à Bruxelles pour renforcer les habitans. On s'est opposé, à Mons, au départ des troupes qui vouloient se porter sur Bruxelles. La ville de Louvain s'est mise sous les armes, et toutes les rues y ont été barricadées. La plus grande agitation continue dans les autres villes de la Belgique.

Des troubles se sont manifestés, le 29 août, à Aix-la-Chapelle. Plusieurs milliers d'individus se sont rassemblés devant la fabrique de draps de M. Cockrill : la police et la force armée sont intervenues en vain; les mutins ont envahi la maison, où ils ont tout détruit, après avoir enlevé 60,000 fr. en espèces et toute l'argenterie. Une soixantaine de bourgeois, qui s'étoient armés à la hâte, ont tué et blessé plusieurs de ces individus ; mais bientôt ils ont été obligés de s'enfuir. Les révoltés voulurent ensuite pénétrer dans la prison pour en délivrer cinq cents prisonniers : la garde

tira sur eux par les fenêtres, et cent cinquante habitans armés les dispersèrent après avoir fait plusieurs décharges générales. Des patrouilles arrêtèrent ensuite une partie de ceux qui étoient nantis des objets volés. A la nouvelle de ces désordres, quatre régimens ont quitté à la hâte le camp de Coblentz pour se rendre à Aix-laChapelle.

Le maréchal duc de Raguse est, dit-on, arrivé à La Haye. L'Estafette d'Alger annonce qu'aussitôt que la garnison française a quitté Bone, les Arabes ont saccagé cette ville, qu'ils ont tiré des contributions, pillé les maisons des habitans qui avoient pris parti pour les Français, et commis toutes sortes d'excès.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 6, on lit une lettre de M. de Saint-Roman, qui déclare qu'il ne prêtera point serment.

M. Donatien de Sesmaisons prête serment. M. de Ségur est admis en remplacement de son grand-père.

M. le garde des sceaux présente le projet de loi sur les bannis, déjà adopté par la chambre des députés.

M. le président nomme une commission pour examiner le projet de loi sur la réélection des députés démissionnaires, et sur le rapport de la loi du sacrilége. La seconde est composée de MM. de Catelan, de Saint-Aulaire, d'Alberg, de Malleville et de Massa.

M. Portal, au nom de la première commission, conclut ensuite à l'adoption pure et simple de la loi sur la réélection des députés.

M. Siméon développe sa proposition de loi, tendant à l'intervention du jury pour les délits de la presse et les délits politiques. La prise en considération est prononcée.

On adopte sans discussion le projet de loi concernant le droit d'enregistrement des actes de prêt sur dépôt.

M. de Barante fait un rapport de pétitions. On écarte par l'ordre du jour un mémoire du sieur L'Eglise, tendant à être indemnisé, sur la fortune de M. de Polignac, du tort que le prince lui a fait étant ambassadeur à Londres, en faisant enlever de chez un libraire un ouvrage qu'il avoit publié. Le pétitionnaire est atteint d'aliénation mentale, et interdit judiciairement.

On renvoie aux ministres des finances et de la guerre une pétition du sieur Duplan, officier, qui demande que les officiers qui ont été décorés de la Légion-d'Honneur par Louis XVIII reçoivent un traitement comme les sous-officiers et soldats.

Le 6, M. Seguier préside la séance. Il nomme pour l'examen de la loi relative au rappel des bannis, une commission composée de MM. de Cadore, de Choiseul, de Marbois, Lanjuinais et Portalis. Il charge ensuite une autre commission de faire un rapport sur la proposition développée la veille par M. Siméon.

M. de Saint-Aulaire, organe de la commission à laquelle a été renvoyée la proposition de M. de Saint-Priest, pour l'abrogation de la loi du sacrilége, propose de rapporter intégralement cette loi, contre laquelle il s'élève avec beaucoup de chaleur, et de ne pas même conserver ce qui étoit relatif aux vols simples.

M. Seguier prétend qu'il a été à portée de reconnoître combien cette loi a répugné à la France, et combien elle pèse à la conscience des magistrats et à l'opinion publique : il propose d'entamer de suite la discussion. M. Dubouchage représente que, lorsqu'il s'agit de rapporter une loi, et de faire même plus que ne le demandoit l'auteur de la proposition, cela exige un plus sérieux examen, et qu'il est nécessaire que le rapport soit imprimé et distribué. M. de Barante partage cet avis. La délibération est remise à jeudi.

Après avoir entendu M. d'Houdetot, rapporteur de la commission, la chambre adopte sans discussion la loi relative au crédit de 5 millions à employer aux travaux à donner aux ouvriers.

Les propositions de M. de Malleville pour l'insertion des discours des membres dans le Moniteur, et de M. de Barante sur le mode d'initiative des propositions de loi, sont ensuite adoptées sans discussion.

M. Decazes fait un rapport favorable sur le projet de loi relatif au retard de la publication des listes électorales, et au remplacement des députés démissionnaires. Il dépose ensuite une proposition sur l'organisation départementale.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 6, on accorde un congé à MM. Sémélé et d'Hornoy. M. Kératry, au nom de la commission qui a examiné la proposition de M. Demarçay, tendant à nommer, pour le budget, autant de commissions qu'il y a de ministères, fait sentir que cette mesure distrairoit soixante-douze membres des travaux de la chambre, et qu'il ne pourroit guère y avoir d'harmonie entre neuf commissions étrangères l'une à l'autre. Toutefois, comme le ̧ nombre des commissaires du budget pourroit être augmenté avec avantage, il propose que chacun des bureaux nommera trois de ses membres pour l'examen du budget, sauf à cette com

mission de vingt-sept députés à se subdiviser en autant de sections qu'elle le jugera convenable, lesquelles feroient chacune leur rapport; mais il n'y auroit qu'un seul scrutin sur l'ensemble de la loi, et un seul rapport sur la partie des recettes.

M. B. Constant dépose sur le bureau une proposition tendant à rendre libres les professions d'imprimeurs et de libraires, en révoquant les règlemens qui les astreignent à des autorisations et à des brevets.

M. Humblot-Conté développe sa proposition de loi communale et départementale, à peu près semblable au projet de loi Martignac, amendé par la commission d'alors. Il seroit d'avis de laisser au Roi la nomination des maires et des adjoints, mais sur une liste de candidats présentés par la commune. M. Audry de Puyraveau s'oppose à la prise en considération, en disant qu'il faut, avant tout, que l'on ait fait une loi d'élection, et que la chambre soit renouvelée. M. Delessert défend la proposition. M. de Tracy soutient qu'on ne peut faire cas d'un projet de loi présenté et examiné sous le précédent gouvernement. L'ajournement est réclamé par M. de Montozon et par M. de Corcelles, qui croit que l'on doit d'abord s'occuper de la loi sur l'organisation de la garde nationale, et renouveler la chambre.

M. Villemain ne conçoit pas que l'on frappe ainsi d'incapacité une chambre qui a su réformer la Charte et changer la dynastie. M. Salverte trouve que le projet de loi qu'on veut rajeunir est encore trop entaché d'aristocratie. M. Dupin aîné pense que la loi dont il s'agit est urgente, et qu'elle doit précéder celle sur la garde nationale, etc. M. B. Constant ne veut pas d'un projet qui formeroit le triste héritage d'une administration déchue, et prétend qu'actuellement il faut une législation plus satisfaisante sur

cette matière.

L'ajournement, soutenu seulement par l'extrême gauche, est rejeté, la prise en considération est prononcée.

M. le président annonce que la commission des pétitions s'est mise en mesure de faire un rapport à chaque séance qui ne se terminera pas trop tard. Il ajoute que l'on ne s'occupera pas de deux propositions de MM. Bavoux et G. de Larochefoucault, relatives à des caisses d'escompte, parce que la commission les a rejetées.

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Trois p. 100, jouiss. du 22 juin, ouvert à 71 fr. 60 c.,

et fermé à 72 fr. 10 c. Cinq p. 100, jouiss. du 22 sept., ouv. à 99 fr. 70 c., et fermé à 100 fr. 00 c.

SAMEDI 11 SEPTEMBRE 1830.

(N° 4683.)

Histoire de l'Eglise, par Bérault - Bercastel; nouvelle édition, corrigée et augmentée de sa continuation depuis 1720 jusqu'à Léon XII, par M. l'abbé Pélier de de Lacroix, Besançon, 1829, 4 vol. in-8°.

En rendant compte de cette nouvelle édition, nous n'avons pas à faire connoître l'ouvrage même de BéraultBercastel. Son Histoire ecclésiastique est trop répandue pour qu'il soit encore besoin d'en parler. Les nombreuses réimpressions que l'on en fait prouvent assez qu'elle est estimée généralement, et dispensent par conséquent d'en faire l'éloge, comme elles ne permettroient guère d'en faire une critique trop sévère. Ce n'est pas, à coup sûr, qu'elle soit la meilleure possible, ni même qu'elle soit absolument très-bonne; mais elle est, sous beaucoup de rapports, celle qui convient le mieux à la plupart des lecteurs. Beaucoup moins volumineuse que celle de Fleury, elle a l'avantage de s'étendre jusqu'à une époque plus voisine de nous; et, bien qu'elle soit moins détaillée, elle présente à peu près tout ce qu'il importe aux ecclésiastiques de savoir. Il résulte même de cette briéveté un autre avantage, c'est que la narration, moins chargée de faits particuliers, en devient plus rapide et plus intéressante. Le style n'en est pas toujours également soigné, mais il ne manque pas de quelque élégance, et si on pouvoit y trouver un défaut, ce seroit d'être souvent un peu recherché, et de s'éloigner de cette noble simplicité qui convient à l'histoire. Du reste, on aperçoit facilement la cause de ce défaut. Comme Bérault-Bercastel s'est vu forcé, par la nature de son travail, d'emprunter beaucoup à Fleury, et qu'il n'a pas voulu cependant le copier servilement, il a dû, en rapportant les mêmes faits, les présenTome LXV. L'Ami de la Religion.

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