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joint aux pairs de prêter serment dans un nouveau délai, sous peine de déchéance, ne changera point sa résolution, fondée sur son attachement à la cause de la légitimité, et que, lié par un premier serment, il ne peut en prêter un autre, préférant de sacrifier sa pairie à sa conscience.

-Le gouvernement fait vendre tout ce qui appartenoit aux membres de la famille royale et à la liste civile. La galerie de madame la duchesse de Berri va être exposée en vente.

Les ouvriers imprimeurs qui avoient publié et signé un acte de coalition, et ceux qui paroissoient les moteurs de ces rassemblemens, ont comparu mardi dernier, au nombre de quinze, au tribunal correctionnel. M. le substitut Fournerat a soutenu la prévention. On a entendu un grand nombre de témoins, notamment M. Duverger, sous-chef à l'imprimerie royale, plusieurs imprimeurs, et MM. Carbonnel, chef d'état-major, et Agier, chef de légion de la garde nationale. Ces derniers ont raconté qu'ils avoient évité d'employer la force pour dissiper les réunions de la barrière du Maine; qu'ils étoient allés au milieu des ouvriers pour leur faire des représentations, et qu'ils n'avoient rien vu de condamnable dans leurs intentions. Le tribunal a acquitté les prévenus, attendu que le fait de la coalition n'étoit pas con

stant.

- Des troubles ont éclaté à Leipsick les 2, 3 et 4 de ce mois. La populace, après avoir enfoncé les portes des prisons, de la police et de l'université, a dévasté la maison du lieutenant de police, de deux autres magistrats et d'une dame. Les bourgeois et les étudians se sont armés pour faire cesser ces désordres.

- Des signes de fermentation, qui se sont manifestés dans la classe inférieure de la ville de Cologne, ont nécessité le renforcement de la garnison. Il n'y a cependant eu aucun désordre notable.

- M. le duc de Rovigo vient d'arriver d'Italie à Paris. Des journaux ont prétendu que son séjour à Rome avoit rapport aux intérêts de la famille Buonaparte.

On dit que 128 membres de la Société des Amis du peuple demandent à être mis en cause avec les sieurs Hubert et Thierry, leurs président et secrétaire.

Dans la soirée du 10, le pont volant de Lyon, dont l'état de vétusté donnoit depuis long-temps des craintes, s'est tout à coup brisé. Quelques personnes ont été blessées.

- Des incendies attribués à la malveillance ont éclaté, le 5, le 6 et le 7, à Boran et à Meru (Oise).

- Il y a eu, le 11, un mouvement d'insubordination au 2o régiment d'infanterie légère, caserné à Dijon. On est parvenu à le comprimer.

De graves désordres ont éclaté à Bourges ces jours derniers.

Plusieurs arrestations ayant eu lieu par suite d'un commencement de mutinerie et d'une tentative d'assassinat sur deux employés des droits réunis, les rassemblemens de la populace armée devinrent plus nombreux; elle épouvanta toute la ville par ses marches et ses vociférations: à bas les nobles! tuons les ennemis! vive la liberté ! La garde nationale et un grand nombre d'habitans durent se joindre à la troupe et à la gendarmerie : le général Petit les rangea en bataille et les factieux furent repoussés. Les employés des droits réunis et les gendarines, à qui les rebelles en vouloient surtout, furent poursuivis de maison en maison. Le commis Malin est dans l'état le plus déplorable; il a été traîné du lit où il gisoit encore ensanglanté, jeté hors la maison accablé de coups et de blessures, et laissé pour mort. L'ordre n'est pas encore bien rétabli à Bourges.

Quelques désordres ont eu lieu au bourg de La Feuillade (Dordogne). La populace insultoit depuis plusieurs jours la garde nationale: le 5, jour de la fète de l'endroit, après une scène semblable, un des coupables ayant été arrêté, les forcenés voulurent le délivrer; une lutte opiniâtre et prolongée eut lieu, et il y auroit eu un grand carnage, si le prisonnier, plus raisonnable que ses camarades, ne se fût pas déterminé à suivre le commandant. La conduite énergique de la garde nationale en a imposé aux rebelles, et l'ordre n'a plus été troublé.

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- Dans la soirée du 6, la tranquillité a été troublée à Cassel par un attroupement d'ouvriers qui s'est porté chez plusieurs boulangers, où ils ont tout brisé. On a fait agir la troupe, et l'ordre a été rétabli; la garde bourgeoise n'a point pris de part à cette affaire. Plusieurs des perturbateurs ont été arrêtés.

Le 5 septembre, les rassemblemens sont devenus plus nombreux et plus menaçans à Hambourg. La garde bourgeoise a pris les armes, et 'a journée s'est passée en combats assez sérieux. Une action très-vive a eu lieu dans un faubourg situé entre la ville et Altona; l'artillerie bourgeoise a fait des ravages dans les rangs des perturbateurs; enfin, la garde bourgeoise a triomphé sur tous les points, et l'ordre a été rétabli.

-Les ouvriers imprimeurs ont aussi causé du désordre à Leipsick, se plaignant du tort que leur faisoient la censure et les presses mécaniques : ils se sont révoltés, et ont causé en grande partie les troubles.

- Le Constitutionnel annonce que les sieurs Allemand, père et fils, émigrés depuis 1821, ont profité de la fermentation qui régnoit dans la province d'Ivrée, par suite des évènemens de Paris, pour y pénétrer à la tête d'un parti et munis d'un drapeau tricolore, en répandant sur leur passage un grand nombre de procla

mations.

L'empereur d'Autriche a ordonné la formation immédiate

dans le royaume Lombardo-Vénitien, d'une colonne mobile semblable à celle que l'on y avoit organisée il y a quelques années. Les généraux Frimont et Walmoden en auront le commandement.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 13, M. de Doudeauville prête serment, après avoir dit que la chambre appréciera sans autre explication les motifs de sa détermination, ceux de son délai, et même ceux de son silence. MM. Dode et de Puységur envoient leur serment par écrit.

M. de Broglie, ministre, présente le rapport sur l'état de la France et les actes du gouvernement depuis les affaires de juillet, que M. Guizot a fait à la chambre des députés.

L'ordre du jour appelle la discussion de la proposition de M. Dubouchage, tendant à suppléer aux lacunes qui se trouvent dans la législation par suite de l'abrogation de la loi sur le sacrilége. M. Dubouchage fait observer que cette loi n'étant pas encore abrogée par les trois pouvoirs, cette abrogation n'est qu'un projet, et que sa proposition ne sauroit être que conditionnelle. Il demande donc l'ajournement; ce qui est adopté.

On passe à la proposition de M. Siméon sur le jugement par le jury des délits politiques et de la presse. M. Dubouchage en demande aussi l'ajournement, parce qu'il n'est pas prêt, ainsi que plusieurs de ses collègues, à soutenir une discussion qui demande de l'étude. Le projet de loi, par exemple, ne parle pas de ces infâmes productions, de ces indécentes caricatures qui se multiplient chaque jour. Elle n'atteindra pas le délit politique d'un préfet qui s'est permis de casser la nomination d'officiers de la garde nationale, faite en vertu de la loi de 1791.

MM. Siméon, d'Argout, de Barante, de Coislin et de Bastard combattent l'ajournement. M. de Broglie, ministre, remercie M. Siméon d'avoir devancé le gouvernement dans la présentation de cette loi; mais il trouve qu'elle est susceptible de plusieurs amendemens et d'un nouvel examen. Il avoue qu'il faut une loi répressive des délits de la presse, car ses écarts pourroient troubler la tranquillité publique. Plusieurs membres présentent des observations sur ce projet de loi.

La chambre consultée ordonne qu'il sera renvoyé à la commission, pour examiner les modifications que l'on y propose. M. de Malleville s'est plaint de ce que les cours et tribunaux, attaqués naguère comme étant infestés de l'esprit démocratique,

sont représentés maintenant comme donnant dans un système opposé. Il croit que c'est un mauvais moyen de maintenir la paix que d'ôter la force morale et la confiance à la magistrature.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 13, on accorde un congé à M. d'Hautpoul, et on lit les lettres de démission de M. Lyle-Taulane, qui croit que son mandat n'existe plus.

M. Cunin-Gridaine, qui a fait il y a trois semaines son premier rapport sur les élections de la Haute-Saône, se plaint de ce que M. le duc de Rauzay n'ait pas encore produit ses pièces pour être admis; il propose de le déclarer démissionnaire. On s'écrie de la gauche que c'est inutile, la loi du serment donnant un dernier délai de 15 jours pour satisfaire à cette formalité.

On renvoie dans les bureaux la proposition de M. Boissyd'Anglas pour soumettre à l'adhésion des chambres les pensions accordées aux grands fonctionnaires.

M. Lamarque fait un rapport favorable sur le projet de loi tendant à la fixation annuelle par les chambres du contingent de

l'armée.

M. B. Constant développe sa proposition, tendant à rendre libres les professions d'imprimeur et de libraire. Il expose les services que la presse a rendus depuis quinze ans à la cause constitutionnelle, et croit que sa proposition aura pour résultat de donner de l'ouvrage aux ouvriers imprimeurs, et de les faire ainsi renoncer à détruire les machines, démarche qu'il n'approuve pas, parce qu'il veut que l'industrie soit libre. M. de Tracy appuie cette proposition, dont l'importance sera immense, surtout dans les départemens. La prise en considération est prononcée.

M. le ministre de l'intérieur fait un long rapport sur l'état de la France et sur les actes du gouvernement. Après avoir rappelé les derniers évènemens, M. Guizot annonce que le gouvernement fait tous ses efforts pour favoriser les libertés publiques. Il énumère les nombreux changemens qui ont eu lieu, pour mettre en place des hommes dévoués à la cause nationale. Les ambassadeurs ont été révoqués, 74 procureurs-généraux ou avocats-généraux et 103 présidens ou conseillers ont été remplacés, ainsi que presque tous les procureurs du Roi; 65 sur 75 officiers généraux, 78 préfets, 196 sous-préfets, un grand nombre de maires, 3 contre-amiraux, 12 capitaines de vaisseaux, etc., ont été réformés; enfin on a donne un autre commandant à l'armée d'Afrique.

M. le ministre ne se dissimule pas les inquiétudes et la fermen

tation qui existent en France. Des troubles sérieux ont éclaté a Nîmes; on en redoute dans trois autres départemens du midi et dans ceux de l'ouest; mais des troupes y ont été envoyées et y sont cantonnées. Les rentrées du trésor se font difficilement, l'impôt sur les boissons a été suspendu sur plusieurs points, et déjà il y a un déficit de deux millions au trésor. On craint aussi que notre révolution et ses résultats ne rencontrent de l'opposition dans une partie du clergé français; mais le gouvernement, qui connoît ses déclamations, surveille ses menées. En portant un respect sincère à la religion et à la liberté de conscience, il saura, dit M. Guizot, maintenir strictement la séparation de l'ordre civil et de l'ordre spirituel. Nous reviendrons sur ce rapport.

M. de Sade croit que ce que l'on vient d'entendre demande une réponse au gouvernement, mais sa motion n'est pas accueillie par la chambre.

Le reste de la séance est consacré à un rapport de pétitions, qui présente peu d'intérêt.

Bibliothèque choisie, par une société de gens de lettres. Livraisons 6, 7, 8, 9, 10 et 11.

Nous avons à nous reprocher de n'avoir pas parlé de cette Bibliothèque depuis le N° 1604, où nous avons rendu compte de cinq livraisons à la fois. Il en a depuis paru successivement six autres, dont nous donnerons rapidement quelque idée.

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La sixième se compose d'un volume d'historiens latins et d'un volume de fabliaux. Le premier volume renferme des fragmens de Tite-Live, l'Histoire de la conjuration de Catilina, par Salluste, et la Vie d'Agricola, par Tacite. On y a joint une introduction sur l'Histoire romaine; elle est tirée de l'ouvrage de M. Laurentie sur les historiens latins. La traduction de la Vie d'Agricola est aussi de lui. La traduction de Salluste est celle de Beauzée retouchée. On appelle fabliaux d'anciens contes en usage dans les premiers temps de notre poésie; ce genre étoit assez licencieux. L'éditeur a fait un choix qui pût, dit-il, répondre au goût sévère de ses lecteurs et au sien; il annonce qu'il a profité du travail de Legrand d'Aussy, reproduit récemment par M. Renouard. Les notes sont de Legrand d'Aussy.

La septième livraison consiste en un volume de mémoires historiques et un volume de poésies. Les Mémoires historiques sur la conjuration de Fiesque, par le cardinal de Retz, celle de Valstein, par Sarazin, et celle des Espagnols contre Venise, par

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