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tant au séminaire Saint-Sulpice qu'au Puy; parmi ces manuscrits, il y a un recueil de la Vie de M. de Lantages, par une supérieure de la Visitation au Puy, la Mère Gauchet, et une notice sur le même par M. Guyton, son successeur. Il Y aussi des lettres en assez grand nombre.

A la suite de la Vie de M. de Lantages, l'estimable auteur a inséré des notices sur les supérieurs du séminaire du Puy qui se sont succédés jusqu'à la révolution. Ces notices sont au nombre de treize; les plus remarquables sont celles de MM. Guyton et Bardon. François Guyton, troisième supérieur du séminaire, étoit arrière petit-fils du fameux maire de La Rochelle; il mourut le 26 janvier 1724. Gabriel-Joseph Bardon, disciple de l'abbé de Lantages, entra dans la congrégation de Saint-Sulpice, et étoit particulièrement estimé de madame de Maintenon, qui l'eut quelque temps pour confesseur; l'auteur de la notice donne à ce sujet des détails qui n'étoient pas connus. M. Bardon mourut à Paris le 10 août 1692; il ne lui manqua, dit-on, pour devenir supérieur de Saint-Sulpice, que de survivre à M. Tronson. L'auteur de la Vie de M. de Lantages fait connoître encore d'autres pieux ecclésiastiques du temps, nommément M. Grosson, vicaire au Puy, mort le 12 août 1679, dont la Vie fut publiée en 1767 par M. Chilhac, curé de Ste-Sigolène. Il y a aussi de courtes notices sur ce même M. Chilhac, qui est encore auteur de la Vie de la Mère Angèle, d'une notice sur l'abbé Girardin, grand-vicaire du Puy, sur les supérieurs de la communauté de l'Instruction, depuis Me Martel jusqu'à Mlle de Soufreyde - Sénicrose, morte en odeur de vertu le 30 mars 1821. Toutes ces notices, qui ont dû demander beaucoup de recherches, ajoutent à l'intérêt de la Vie principale.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. 11 paroît certain que les préfets ont reçu l'ordre de

faire connoître au gouvernement les noms des curés qui se seroient refusés à chanter le Domine salvum fac regem. Sur cela, un de nos correspondans nous adresse quelques remarques. S'il y a quelque chose de spontané, dit-il, c'est la prière, elle est libre par sa nature, elle doit l'être sous toute espèce de gouvernement. Concevez-vous, en effet, quelque chose de plus absurde que de contraindre un homme à élever ses mains vers le ciel et à ouvrir ses lèvres, pour conjurer le Très-Haut de bénir un autre, homme? Si une telle exaction paroît une tyrannie sous un régime absolu, comment la qualifier sous un régime qu'on dit être celui de la liberté? Nous ne prétendons pas, par ces observations, encourager un refus. Plusieurs évêques ont prévenu, à cet égard, les exigences du gouvernement, et les pasteurs se sont conformés à leurs instructions. Les premiers chrétiens prioient pour des princes persécuteurs, et voyoient en eux les dépositaires de la puissance divine. Il seroit injuste de leur comparer un prince qui n'a certainement pas l'intention de persécuter; mais n'auroitil pas été plus naturel, plus conforme à l'ordre, que ses ministres se fussent bornés à inviter les évêques à écrire aux curés, pour leur tracer ce qu'ils avoient à faire en cette rencontre? Est-ce d'un préfet que les pasteurs doivent recevoir des ordres en pareille matière?

- Nevers, qui avoit eu à gémir de tant de scandales pendant la révolution, vient d'en voir un nouveau; et l'impiété ne s'y est pas montrée moins insolente qu'à Reims et dans les autres villes où l'on a déclaré la guerre aux croix. Dans la nuit du 22 au 23 septembre, à une heure du matin, une des statues de saints placées sur la façade du monument érigé dans cette ville en mémoire de la mission de 1817, fut jetée à bas et brisée en mille pièces. Les deux sentinelles qui étoient en faction à la poudrière entendirent le bruit de la chute, et les rires grossiers des auteurs de cet acte d'impiété, qui cependant prirent la fuite. La nuit précédente, une douzaine de jeunes arbres avoient été coupés sur la promenade du parc. On a attribué ce délit à des gens sans aveu; quant à la destruction de la statue, dit effrontément un journal, elle est le résultat des sentimens d'un grand nombre de citoyens, qui pensent que les emblêmes d'un culte quelconque ne doivent point, d'après la nouvelle Charte, être exposés hors des temples. Mais la Charte ne dit pas un mot de cela; la Charte

n'ordonne point de renverser, de mutiler, d'outrager les signes de la religion. Si vous ne les révérez point, ces signes, laissez-les du moins révérer aux autres. N'affligez pas la piété par d'odieuses profanations; tolérez, puisqu'on vous tolère : mais, non, la Charte n'est ici qu'un prétexte. L'impiété veut triompher par des insultes et des scandales, par des violences et des voies de fait; c'est ainsi qu'elle entend la protection permise à tous les cultes. Les autorités de Nevers lui ont donné gain de cause au fond, en ordonnant de faire disparoître les signes extérieurs de la religion. Ainsi ce qui auroit dû être réprimé sévèrement dans les coupables a provoqué au contraire une nouvelle humiliation pour la religion.

Le diocèse de Rennes vient de perdre un ecclésiastique recommandable par son mérite et par ses services, M. l'abbé Blanchard, chanoine et grand-vicaire. Pierre-Claude-Toussaint Blanchard étoit né dans le diocèse de Coutances, et entra dans la congrégation des Eudistes, qui, comme on sait, dirigeoient plusieurs séminaires en Normandie et en Bretagne. M. Blanchard fut envoyé au petit séminaire de Rennes, et il en étoit supérieur au moment de la révolution. Il ne prêta ni le premier serment en 1791, ni ceux qui furent demandés depuis; mais il ne sortit point de France, et resta caché, et presque toujours, à ce qu'il paroît, dans le diocèse de Rennes. Quand l'ordre commença à renaître, il fut un des plus zélés pour encourager les vocations sacerdotales, et forma un séminaire à Rennes. Il ne fut pas à l'abri de toutes tracasseries sous un gouvernement ombrageux, qui obligeoit les élèves des petits séminaires à suivre les cours des lycées, moyen facile pour leur faire perdre leur vocation. Devenu proviseur du college royal de la même ville, M. Blanchard y ranima les pratiques de religion. M. d'Hermopolis l'ayant nommé recteur de l'académie de Rennes; M. Blanchard montra dans cette place le même zèle pour le bien. Il venoit d'être destitué récemment, sous prétexte que sa commission temporaire étoit expirée. Il avoit formé depuis long-temps, au Pont Saint-Martin, une maison où il recevoit pour une modique pension des jeunes gens qui se destinoient pour la plupart à l'état ecclésiastique. On les élevoit comme dans un séminaire, et on leur faisoit suivre les cours du collége royal. Cette maison s'est successivement accrue, et l'année dernière, les élèves se trouvant très-nombreux, une partie est allée

habiter l'ancien couvent des Capucins, où ils sont dirigés par un pieux ecclésiastique qui s'étoit associé aux bonnes oeuvres de l'abbé Blanchard. On regrettoit, depuis la restauration, de voir les Eudistes dispersés, sans qu'ils parussent s'occuper à réformer leur congrégation. Enfin le 9 janvier 1826, ceux qui existoient encore se réunirent dans la maison du Pont Saint-Martin à Rennes, et élurent M. Blanchard pour supérieur général. Dès-lors la congrégation recommença ses travaux; son chef n'a pu la diriger long-temps. Il est mort vers la mi-septembre, âgé d'environ 77 ans, laissant parmi le clergé de Rennes les souvenirs les plus honorables. Il étoit depuis long-temps chanoine de la cathédrale, et avoit été grand-vicaire des trois derniers évêques.

Il existoit à Londres, depuis très-long-temps, une chapelle catholique affectée à l'ambassade française, et dont le roi de France faisoit la dépense. Cette chapelle, située little George street, Portman square, servoit pour les catholiques du quartier. Quatre chapelains y étoient attachés; c'étoient MM. Voyaux de Franous, Chené, Lasne et de Laporte. Le nouveau gouvernement ayant annoncé qu'il ne fourniroit plus les fonds pour l'entretien de la chapelle, un avis fut affiché à la porte, et les fidèles furent prévenus que la chapelle seroit fermée, si les catholiques ne souscrivoient pour la conserver. Dans la journée même, les bancs furent loués, et le produit de la location servira à payer les frais. Ainsi cette chapelle sera maintenue par souscription, comme la plupart de celles de Londres. Il n'y a plus aujourd'hui que celles d'Espagne, de Portugal et de Bavière, qui soient entretenues par les gouvernemens étrangers.

On vient de rétablir dernièrement la métropole latine de Corfou. Cette le avoit été entraînée autrefois dans le schisme des Grecs; le rit latin y fut introduit vers l'an 1300, et depuis, les Vénitiens, devenus maîtres du pays, favorisèrent de tout leur pouvoir le retour à l'Eglise romaine. Ils y établirent un évêque catholique. A la chute du gouvernement vénitien, les Français s'emparèrent de Corfou; alors l'archevêque latin, F. M. Fensi, qui gouvernoit cette église depuis 1779, fut chassé de l'île, et put à peine sauver sa belle et nombreuse bibliothèque, et les ornemens qu'il avoit achetés de ses deniers pour sa métropole. Corfou changea de maîtres plusieurs fois, et obéit tour à tour aux Français, aux Russes,

aux Turcs et aux Anglais. M. Fenzi essaya vainement d'y rentrer; il s'étoit retiré à Rome, et vint en France lors de la persécution de Buonaparte. En 1816, il donna sa démission, et eut le titre de patriarche de Jérusalem; il mourut le 9 janvier 1829, ayant légué sa bibliothèque au collège de la Propagande, ainsi que ses ornemens, qui devoient y rester en dépôt, et être ensuite remis à ses successeurs. M. Foscolo, patrice vénitien, fut nommé à sa place à Corfou, mais il n'y alla jamais. Les Grecs haïssoient en lui le nom vénitien, et le gouvernement de l'île se plaignoit qu'il eût été nommé sans son concours. Pendant l'exil des deux prélats, tous les biens des églises furent pillés, les couvens des Frères mineurs de l'Observance, des Conventuels et des Réformés, furent supprimés. Celui des Augustins, où M. Fenzi avoit placé son séminaire, fondé en 1683 par l'archevêque Bragadia, fut aussi détruit. Tous les ecclésiastiques furent réduits à un modique traitement. Au milieu de ces troubles, un des prêtres de l'île montra autant de fermeté que de sagesse. M. PierreAntoine Nostrano, doyen et curé de la cathédrale, et grandvicaire depuis 1807, s'opposa tant qu'il put au mal. Son zèle et sa charité le firent estimer même des Grecs et des Musulmans. Il étoit considéré des commissaires britanniques, d'abord de Maitland, puis d'Adams. Il se plaignit fortement au premier, il y a quelques années, de l'archevêque grec qui avoit rebaptisé un habitant du rit latin, lequel avoit voulu passer au rit grec. Nostrano représentoit que ce procédé prouvoit à la fois beaucoup de fanatisme et d'ignorance, et étoit une insulte pour les catholiques. L'archevêque schismatique fut vivement réprimandé par Maitland. Cependant on avoit dressé une constitution qui sembloit mettre le sceau à la destruction du catholicisme; il y étoit dit que les religions de l'Etat étoient la religion grecque orthodoxe et l'orthodoxe anglicane; que la religion catholique romaine seroit protégée plus les autres communions dissidentes, mais que les seules religions orthodoxes auroient un culte public. C'étoit assurément une chose fort ridicule que l'orthodoxie anglicane; c'étoit de plus une contradiction de promettre protection aux catholiques, et de leur refuser le culte public. Nostrano porta ses plaintes au commissaire, qui l'autorisa à exercer son ministère comme autrefois, et les schismatiques n'osèrent réclamer. En 1827 on erut à propos que l'abbé Nostrano résignât

que

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