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d'un peu d'acide chlorhydrique, sont mis à bouillir dans l'eau et les liqueurs évaporées à siccité; le résidu, carbonisé par l'acide sulfurique, donna un anneau arsénical et des taches caractéristiques.—400 grammes de terre, prise à 35 centimètres de profondeur dans la partie sud du cimetière, traitée comme le terreau, donna de l'arsenic à peu près en quantité égale. Enfin, pour s'assurer si l'arsenic se trouvait à l'état soluble, ils firent bouillir 250 grammes de cette terre dans de l'eau distillée. La liqueur évaporée, le résidu carbonisé par l'acide sulfurique ne donna pas d'arsenic à l'appareil de Marsh; tandis que la même quantité de terre, mise à bouillir dans l'eau acidulée par l'acide chlorhydrique et le décocté évaporé, carbonisé, etc., donna un anneau caractéristique.

Conclusion.-Les débris du cadavre étant mêlés à de la terre, et celle-ci étant arsénicale, il nous est impossible de dire si l'arsenic ne provient pas de cette source, est indépendant de celui qui se trouve dans la terre du cimetière.

II. AFFAIRE CHABOT (assises de la Vendée, 1845).MM Pelouze, Danger et Flandin eurent à faire l'analyse des restes de Roturier, décédé le 3 novembre 1839, consistant dans le squelette, dont les os disjoints étaient recouverts d'une matière grasse desséchée, mêlée, sur divers points, à de la terre. - 25 grammes de matière râclée des os iliaques, des vertèbres, dans les points où il n'y avait pas de terre, carbonisée par l'acide sulfurique, donnèrent, à l'appareil de Marsh, un anneau qui, après une série de réactions, s'est converti en une vapeur si ténue, qu'ils n'ont pas jugé convenable de le joindre aux pièces à conviction. -50 grammes de matière grasse, ratissée des planches de la bière de Roturier, là où il y avait le moins de terre, carbonisée, etc., fournirent un anneau arsénical très-faible, sur lequel cependant on a constaté les diverses réactions.250 grammes de terre prise au-dessous et au-dessus de la

bière, traitée par 500 grammes d'eau, additionnée de 12 grammes de potasse, comme il a été dit (affaire Morin), carbonisée par l'acide sulfurique et l'azotate de soude, donnèrent un anneau arsénical caractéristique. -- Des parties égales de cette terre, analysées par trois fois et par trois procédés différents, donnèrent les mêmes résultats.— La même quantité de terre prise à l'endroit où avait été inhumée la fille Chabot, en novembre 1843, soumise aux mêmes procédés, fournit des résultats identiques; son cadavre, réduit en putrilage, était encore enveloppé d'une toile.-100 grammes des débris du foie et d'intestins, carbonisés par l'acide sulfurique, donnèrent un anneau arsénical caractéristique.-Ils n'ont trouvé aucune trace de plomb, de cuivre, d'étain, etc. dans les restes des deux cadavres, quoique, aux termes de la commission rogatoire, ils n'eussent qu'à rechercher l'arsenic.

Conclusion.-Les mêmes que dans l'affaire Morin et par les mêmes motifs.-L'accusée a dit avoir empoisonné son mari, mais non sa fille.

III. AFFAIRE BARBIER (assises de Metz, 1853).-Les restes du cadavre Daudin, consistant en os, cerveau, en organes mous, tous transformés en détritus boueux par l'eau et la terre qui avaient pénétré dans le cercueil, ayant donné de l'arsenic, non la terre au-dessous du cercueil, par le procédé de carbonisation par l'acide sulfurique, les experts, MM. Dieu et Thomas, conclurent à l'empoisonnement. Condamnation à la réclusion perpétuelle (Ann. d'hyg., méd. lég. de 1853).

Quand on est appelé à résoudre les questions précédentes, les faits, les expériences précités peuvent être d'une grande utilité. Il faut analyser séparément : 1o le cadavre, ses organes, ses débris, les vêtements, le cercueil, privés, autant que possible, des parties terreuses; 2o deux ou trois kilogrammes de terre, pris séparément au-dessus, au

dessous, sur les côtés de la bière, ainsi que dans un endroit du cimetière où personne n'a encore été inhumé et à la même profondeur; 3° enfin le cadavre ou les débris d'une personne inhumée à côté, à la même époque, et, autant que possible, au même degré de décomposition.

Pour l'analyse de la terre du cimetière ou autres lieux, comme il importe de savoir si le poison s'y trouve à l'état soluble ou insoluble, après en avoir séparé les petits cailloux à l'aide d'un crible, soumettez-la aux opérations sui

vantes :

1° Mettez-la à macérer, pendant 30 ou 40 heures, dans suffisante quantité d'eau, filtrez, réduisez les liqueurs et les eaux des lavages réunies à un petit volume, essayez-les par les réactifs généraux ou du poison à rechercher. Si le résultat est négatif, évaporez-les à siccité, carbonisez le résidu par l'acide sulfurique, traitez le charbon par de l'eau acidulée et soumettez à l'appareil de Marsh ou à l'action des autres réactifs. Le charbon sulfurique serait incinéré et les cendres traitées par l'acide azotique, etc., pour la recherche des métaux fixes.

2° Faites bouillir la terre ainsi traitée dans suffisante quantité d'eau distillée, pendant 6, 8 heures, en ayant soin de renouveler l'eau; filtrez, concentrez le décocté et soumettez-le aux mêmes réactions que le macéré.

3° Traitez la terre soumise aux deux opérations précédentes par de l'eau fortement acidulée par les acides azotique, chlorhydrique, chloro-uitrique ou sulfurique, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'effervescence; faites bouillir en maintenant les liqueurs constamment acides; filtrez; lavez le résidu à l'eau distillée; concentrez les liqueurs réunies pour chasser l'excès d'acide; reprenez par l'eau et essayez les réactifs. Comme le résidu contient, le plus souvent, des matières organiques, il est nécessaire de le carboniser préalablement par l'acide sulfurique, etc. Si c'était pour la recherche de l'arsenic, et qu'on se soit servi des

trois premiers acides, il faudrait préalablement saturer les liqueurs par la potasse et chasser ces acides par l'acide sulfurique (voyez affaire Morin et Coulongeau).

Le plus ordinairement on se sert d'acide sulfurique, afin de ne pas trop multiplier les opérations, en opérant comme MM. Lassaigne et Chevallier dans l'affaire Brunet (paragraphe suivant). Le charbon sulfurique est ensuite incinéré, ainsi que la terre bouillie dans cet acide, pour la recherche des métaux fixes. Lorsque la terre est mêlée à des matières grasses qui s'opposent à ce que les acides dissolvent le poison, MM. Flandin et Danger proposent de les traiter préalablement par la potasse, comme dans l'affaire Morin, Coulongeau, Gloeckler (voyez Rapports).

4o La bière, ses débris, ses râclures, les vêtements, le terreau, le cambouis, etc., seraient soumis aux mêmes opérations que la terre du cimetière.

IV.—AFFAIRE BRUNET, page 216.-Pour déceler le cuivre dans la terre du jardin, MM. Chevallier et Lassaigne en délayent 200 grammes dans de l'eau acidulée par l'acide sulfurique, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'effervescence, font bouillir le mélange dans de l'eau jusqu'à siccité, laissent refroidir, ajoutent de l'acide azotique, qu'ils volatilisent ensuite, traitent, pendant 5 à 6 minutes, le produit par l'eau bouillante, filtrent et font passer à travers la liqueur un courant de gaz sulfhydrique. Au bout de 24 heures, il se forme un dépôt jaune-paille, qu'ils traitent à chaud par l'acide azotique, filtrent, évaporent à siccité, reprennent par de l'eau ammoniacale en excès, pour dissoudre le cuivre et précipiter les autres métaux, concentrent la liqueur, la saturent par l'acide acétique, et constatent la présence du cuivre par le cyanure jaune, etc.

V. AFFAIRE RIEHL (assises de Strasbourg, 1847). MM. Persoz, Opperman et Villemin, dans un empoisonnement par le phosphore, eurent à examiner de la terre

d'une vigne, mêlée à des débris de pellicules de raisins, sur laquelle Riehl avait vomi, et de la même terre normale, pour savoir si elles contenaient de l'acide phosphorique, et comparativement en quelles proportions. 15 gram. de terre normale, préalablement desséchée, pulvérisée, passée à travers un tamis, est mêlée à 15 gram. de carbonate sodique, 1 gram. de nitrate de potasse, et calcinée au rouge blanc dans un creuset de platine. Le produit, délayé dans l'eau, est traité par l'acide chlorhydrique, filtré, évaporé à siccité. Le résidu étant dissous dans l'eau bouillante, on ajoute un grand excès d'acétate ferreux, pour précipiter l'acide phosphorique à l'état phosphate ferroso-ferrique insoluble, lequel, après avoir été bien lavé, fut mis à digérer dans du sulfure d'ammoniaque, pour le transformer en sulfure de fer insoluble et en phosphate d'ammoniaque, qui, évaporé à siccité, repris par l'eau, et additionné de sulfate ammoniaco-magnésien, donna un léger précipité de phosphate ammoniaco-magnésien, du poids de 0 gr. 002, représentant 0 gr. 00055 d'acide phosphorique. La même expérience sur la même quantité de terre suspecte, préalablement privée des pellicules de raisin et de toute matière organique visible à l'œil nu, donna 0 gr. 01 de phosphate ammoniaco-magnésien, représentant 0 gr. 00377 d'acide phosphorique, par conséquent 5 fois plus que terre normale (voyez Phosphore).

la

L'expérience serait aussi comparative, s'il fallait démontrer la présence des acides sulfurique, azotique, chlorhydrique, de la potasse, etc., dans la terre imprégnée des matières des vomissements d'une personne empoisonnée par ces poisons.

II.-Quest. Poisons normaux, accidentels, etc.

Certains poisons, leurs éléments ou radicaux, le fer, la chaux, la soude, l'acide phosphorique, etc., font partie constituante de nos organes, de nos liquides, dans un état

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