Images de page
PDF
ePub

toxiques par des lotions journalières. Dans les journaux on citait un ouvrier qui avait contracté la colique de cuivre, pour avoir immergé, à plusieurs reprises, ses mains dans un soluté de sulfate de cuivre, pour en retirer des plaques de zinc. Westrumb tenant son avant-bras plongé dans de l'eau musquée ou camphrée, son haleine s'imprégna de cette odeur. Des lapins ont éprouvé des symptômes d'intoxication, en 24, 48 heures, par l'application de l'acétate de plomb, de l'émétique dissous sur la peau (Lebkuchner). La pommade stibiée, en friction sur tout le corps, produit cet effet. Landriani, Chaussier, M. Collard de Martigny ont donné lieu à des accidents d'intoxication par l'application des gaz acides carbonique, sulfhydrique sur la peau chez l'homme et les animaux. Les sels solubles tels que l'iodure de potassium, le cyanure jaune sont assez promptement absorbés par cette voie. Des personnes auraient éprouvé la salivation en portant des ceintures en laine contenant du mercure pour combattre la gale; d'autres des accidents graves avec un sachet d'acide arsenieux sur la poitrine, comme moyen préservatif dans une épidémie; probablement l'absorption s'est opérée par l'intermédiaire de la sueur qui a dissous l'acide arsenieux. C'est ainsi qu'on doit expliquer celle des substances solides par cette voie, aussi est-elle plus active à la partie interne des membres, dans l'aine, le creux de l'aisselle, sur les parties enfin qui transpirent beaucoup, d'après M. Collard de Martigny. Les frictions activent l'absorption. L'épiderme, en raison de son hygrométricité, devient l'intermédiaire de l'absorption.

2o Absorption par les plaies, la peau dénudée. Les poisons, les médicaments appliqués sur la peau nouvellement dénudée, agissent plus rapidement que par l'estomac. L'absorption est très-active sur la plaie d'un vésicatoire récent ; des médicaments, à très-faible dose, peuvent alors donner lieu à des effets toxiques (sulfate de morphine, strychnées, etc.). Aux préparations mercurielles, arseni

cales, plombiques, opiacées, cyanhydriques, solanées vireuses, nous rapportons plusieurs exemples d'intoxication, soit par l'application topique de ces préparations sur la peau (alors, si c'est un poison caustique, l'effet général ne se manifeste qu'après l'effet local), soit par suite de leur emploi contre la teigne, les poux, la gale, le cancer, les ulcérations, les loupes, etc. Les accidents sont d'autant moins graves, moins à redouter que l'effet caustique local est plus intense. Dans quelques cas, ils se sont développés à la suite d'un bain, de fomentations liquides, qui, en dissolvant le poison, en ont facilité l'absorption. Celle-ci est plus lente et même nulle sur les plaies calleuses, pseudo-membraneuses. D'après M. Bonnet, l'absorption serait également active sur les plaies suppurantes les vingt-deux premiers jours, ainsi que le quatrième jour après la chute de l'escarre. Elle offre toute son activité lorsque la plaie se couvre de bourgeons vasculaires.

[ocr errors]

3° Absorption par le tissu cellulaire. Bien plus active que par la voie gastrique, l'effet général se manifeste plus promptement, est plus intense, même avec des doses moindres de poison. Nous citons des empoisonnements graves ou mortels chez les animaux avec 10, 20 centigr. d'acide arsenieux, d'émétique, déposés sur le tissu cellulaire. On sait avec quelle rapidité les strychnées, le curare, le worara, le ticunas, les flèches empoisonnées, le venin des serpents venimeux agissent par cette voie, de même que des arêtes de bois, imprégnées d'un soluté de sublimé, d'acide arsenieux, dans le but de le conserver, chez les individus qui s'en piquent. L'absorption ne serait pas également active sur le tissu cellulaire des diverses parties du corps, du moins selon la nature du poison; ainsi l'acide arsenieux est absorbé dans le même espace de temps sur le tissu cellulaire de la cuisse et du dos, tandis que la même dose de sublimé produit l'intoxication en 10, 15 heures sur le tissu cellulaire de la cuisse d'un chien, et en

6, 7 jours sur celui du dos (Orfila). L'absorption des gaz varie; l'oxyde de carbone, injecté dans le tissu cellulaire, est rapidement absorbé et promptement mortel. 1 litre d'acide carbonique disparaît aussi assez promptement, mais sans donner lieu à aucun accident. Si c'est de l'air, l'oxygène seul est absorbé, comme avec nos moyens eudiométriques les plus parfaits. L'azote, l'hydrogène ne le sont point.

4o Absorption par les muqueuses externes. L'acide cyanhydrique agit avec une extrême rapidité par la muqueuse oculaire et linguale; il en est de même avec la nicotine, la conicine. Nous rapportons des accidents saturnins par des collyres, des injections vaginales avec le sous-acétate de plomb. Le tabac, conservé dans des boîtes en plomb ou coloré avec le minium, peut donner lieu à ces sortes d'accidents. Les endormeurs mélangent le tabac à des substances narcotiques dans le but de voler les personnes. Des injec– tions vaginales avec les opiacés, les plantes stupéfiantes, peuvent déterminer le narcotisme; il en est de même lorsque ces poisons sont appliqués sur les autres muqueuses. Nous rapportons qu'un homme aurait fait périr ses trois femmes en leur introduisant de l'arsenic dans le vagin. La muqueuse vésicale absorbe aussi les poisons, mais assez lentement; ainsi l'extrait alcoolique de noix vomique n'agirait, par cette voie, qu'au bout de vingt-deux minutes (M. Segalas).

50 Absorption par la muqueuse gastro-intestinale. L'absorption gastrique, moins prompte que par endermie, par le tissu cellulaire, se trouve modifiée par bien des circonstances, les vomissements, l'état de vacuité ou de plénitude de l'estomac, etc. Dans ce dernier cas, elle est ralentie nonseulement parce que le poison se trouve disséminé dans les matières alimentaires, qu'il forme souvent avec elles des composés insolubles, mais encore parce que l'estomac étant turgescent, sécrétant beaucoup pendant la digestion, le pouvoir absorbant y est moindre; ensuite le

poison, refluant dans les veines rénales, est éliminé directement par les urines sans passer par la grande circulation, par conséquent son effet est moins à redouter (M. Bernard). Il est des poisons qui n'agissent pas par cette voie, tels sont le curare, le venin des serpents venimeux, les virus, etc. Peut-être le mucus qui tapisse la muqueuse stomacale s'oppose-t-il à leur absorption. Cela ne peut s'expliquer par l'altération spontanée de ces poisons, des modifications que leur fait subir le suc gastrique, puisque le liquide, contenu dans l'estomac des animaux, conserve encore toute son activité par inoculation.

6. L'absorption par les petits intestins est bien plus prompte, plus active, plus constante, que par l'estomac, non-seulement en raison de la différence de structure comme chez les ruminants, mais encore parce que le suc intestinal offre toujours la même composition, tandis que celle du suc gastrique varie selon l'espèce animale; aussi, M. Segond, pour expérimenter les poisons, les médicaments, propose-t-il de les porter dans l'intestin, à l'aide d'une sonde, par une fistule stomacale.

7° Absorption par le rectum. Elle est aussi et même plus active que par l'estomac. Nous rapportons plusieurs empoisonnements par cette voie, par l'acide arsenieux, le sublimé, les opiacés, les plantes vireuses, la gratiole, etc., aussi rapidement graves ou mortels que par la muqueuse gastrique. Une servante a empoisonné sa maîtresse avec l'acide azotique dans un lavement. Une autre femme, voulant intoxiquer son mari avec de l'acide sulfurique, donné aussi dans un lavement, n'en trouvant pas l'effet assez prompt, lui administra de l'arsenic par la bouche. Les médecins anglais admettent que les médicaments sont moins actifs par le rectum que par l'estomac et les donnent, dans le premier cas, à plus haute dose. MM. Roselli et Gaetano Strombio ont comparé ces deux modes d'absorption sur les chiens, dont l'estomac était vidé

par

le

jeûne et le rectum par un lavement. Avec 1/4 de grain de strychnine, dissous dans un peu d'alcool, le temps, avant l'arrivée de l'accès, a été, par l'estomac, le maximum de 13 à 15 minutes, le minimum de 10 à 12; par le rectum, le maximum de 10 à 12, le minimum de 4 à 10. Avec les sels de morphine, par l'estomac, le maximum d'action a été de 9 minutes, le minimum de 3; par le rectum, le maximum de 6, le minimun de 2. 1/4 de grain de strychnine, dissous dans l'alcool, tue un chien en 65 min. par l'estomac, et en 40 par le rectum. A 1/16 de grain, la strychnine occasionna la mort chez trois chiens par le rectum, non par l'estomac, et les accès tétaniques, chez deux d'entre eux, dans ce dernier cas, furent très-légers. Ces expériences prouvent que les poisons sont plus actifs par . le rectum que par l'estomac. Cependant, il importe de tenir compte de la nature du poison, et si les opiacés, les strychnées, les solanées vireuses sont plus promptement absorbés par cette voie, il n'en est pas ainsi pour le sulfate de quinine, car pour combattre une fièvre intermittente, il en faut moins par la bouche qu'en lavement (M. Grisolle).

8. Absorption par la muqueuse des voies pulmonaires. C'est de toutes les surfaces la plus activement absorbante. Les gaz, les anesthésiques agissent ainsi d'une manière très-prompte. Une seule inspiration d'acide cyanhydrique anhydre foudroie à l'instant. Il en est de même par l'insufflation de la nicotine. Quelques centigr. de strychnine, par cette voie, intoxiquent un chien en quelques minutes. On peut ainsi, portions par portions, faire absorber 30-40 litres d'eau à un cheval, 60 gram. à un chat, 120 gram. à un lapin. Du bouillon, du vin, portés dans l'estomac, à l'aide d'une sonde, ont pénétré quelquefois dans les bronches sans graves accidents. L'absorption y est excessivement rapide le cyanure jaune, le nitrate de potasse, le cuivre ammoniacal, le sulfate de fer, introduits dans les bronches, se trouvent dans le sang 2 à 6 minutes après (Panizza,

« PrécédentContinuer »