noiffance à Genes, venoit voir fouvent travailler le Bacici : pendant qu'il faifoit le portrait d'Innocent XII. il lui prit LE BACICI. envie d'avoir celui d'Hypolite fon oncle, mort il y avoit vingt ans, Général des galéres de la République de Genes, & que ce peintre n'avoit jamais vû. Une pareille propofition le fit rire, & il crut que le cavalier vouloit fe moquer de lui. Le Marquis perfiftant, lui promit de dépeindre son oncle de telle maniére qu'il le feroit reffembler. Bacici prit une toile, plûtôt pour le contenter que dans l'idée d'en faire un portrait; il fuivit exactement la description en effaçant & corrigeant la tête fur quatre toiles différentes, enfin La derniére parut au Marquis très-reffemblante, & il peignit Hypolite en grand, habillé en guerrier & commandant les galéres. Tous les Genois qui venoient voir fouvent Bacici reconnurent parfaitement Hypolite, ils publiérent cette furprenante adreffe qui fut largement récompensée. po Le Bacici travailloit extrêmement vîte, il peignit en deux mois la voûte de l'Eglife des peres de fanti Apoftoli, diligence qui fut très-nuifible à sa santé & à sa réputation; il avoit alors foixante & fept ans. La convention par écrit avec ces peres étoit de deux mille écus, dont il en avoit reçû cinq cens à compte. Etant venu fuivant le marché pour recevoir le refte de la fomme, il tira de fa che la quittance & en fit préfent à ces religieux, qui penférent l'étouffer par leurs embraffemens, & qui lui donnérent mille bénédictions. Comme il voulut terminer plufieurs cartons pour les mofaïques de la petite coupole de faint Pierre que lui avoit ordonné Clément X. il s'échauffa à les mettre en place fur le lieu, & revint avec une groffe fiévre qui en peu de jours le mit au tombeau le 2 Avril 1709. à l'âge de foixante & dix ans. Il laissa à ses enfans environ cinquante mille écus. Ce peintre étoit très-fpirituel dans fa touche, infatigable dans le travail, d'un génie grand mais bizarre, bon colorifte, entendant parfaitement la magie des racourcis, fes figures ont tant de force qu'elles fortent du plafond, cependant elles font quelquefois incorrectes, fouvent lourdes & fes draperies font maniérées. Le Bacici excelloit dans le portrait dont il a fait une prodigieufe quantité, ayant peint fept Papes & tous les cardinaux de fon temps. LE BACICI. La maniére forte dont il avoit fait fes premiers morceaux, fut changée par l'avis du Bernin dans un ton de couleur plus clair qu'il employa dans l'Eglife de fanti Apoftoli, il devint par là très - inférieur à lui-même. D'autres affurent que cela vint du chagrin de la mort de fon fils Laurent à qui il avoit donné un foufflet en présence de fes camarades pour l'avoir trouvé s'amufant avec eux, au lieu d'aller travailler chez un avocat, & que ce fils outré de cet affront alla de défespoir fe jetter dans le Tibre. Bacici en fut fi inconfolable qu'il ceffa pendant plus d'un an de manier le pinceau. Ses reparties fuivoient la vivacité de fon génie. Un architecte lui montrant un jour le plan d'un palais dont il avoit oublié de marquer les fenêtres, Bacici lui dit, ce fera fans doute un beau bâtiment, mais il ne pourra fervir que la nuit. Un de fes éléves peu habile fe fervoit de pinceaux dont les hantes étoient d'ébéne garnie d'argent, vous avez grande raison, lui dit-il, puifque vous ne pouvez faire de belles peintures, d'avoir au moins de beaux pinceaux. Parmi plufieurs éléves qu'il a formés, Jean Odazzi est le meilleur. Jean Odazzi naquit à Rome en 1663. & apprit à graJEAN ver de Corneille Bloëmart, il le quitta bientôt pour fe metODAZZI. tre dans l'école de Ciro Ferri après la mort duquel il entra chez le Bacici. Il devint habile en peu de temps, & on le chargea de plufieurs ouvrages publics dont il s'acquitta très-bien, tels qu'un faint Bruno alla Madona degli angeli, & une chûte des anges dans l'Eglife de fanti Apoftoli. Il fut un des douze peintres habiles de Rome choifis pour peindre les prophétes qui font dans l'Eglife de faint Jean de Latran, au-deffus des douze figures de marbre des Apôtres, & il y a représenté dans un grand ovale le prophéte Osée. Sa frefque eft fort eftimée & fon deffein eft correct. Plufieurs ouvrages faits pour le Pape lui méritérent l'Ordre de Chrift, & on le reçut dans l'Académie de faint Luc. Sa réputation lui procura la coupole du Dome de Velletri qui est un morceau diftingué. Odazzi étoit infatigable & peignoit extrêmement vîte; il amaffa par ce moyen des fommes confidérables. Sa coutume de prendre tous les ans, fans en avoir befoin, des eaux minérales qui font à la porte de Rome appellée l'aqua acetofa, lui changérent fon tempérament & LE BACICI. le rendirent hydropique. Il mourut à Rome en 1731. âgé de foixante & huit ans. Les deffeins du Bacici font chauds & d'une touche trèsfpirituelle, le feu qu'ils font paroître fait oublier l'incorrection & le peu de détail qui s'y trouvent, la tournure des figures eft charmante. Ces deffeins font faits à un trait de plume lavés à l'encre de la Chine & rehauffés de blanc. Ses draperies font lourdes & boudinées, le trait des contours est tâté, aucune extrémité n'est formée, mais l'efprit, les beaux racourcis, la grande ordonnance & l'intelligence des lumiéres fe reüniffent dans ce maître dont le goût eft le même que celui du Bernin. Ses principaux ouvrages à Rome font les quatre angles de la coupole de fainte Agnès ce font les quatre docteurs de l'Eglife latine; la coupole, les angles, l'arcade & la tribune du Jefus repréfentant la vifion de l'agneau fans tache dans le Ciel, l'Enfer eft au - deffous avec des figures infernales qui tombent de la voûte par la force du coloris, on voit au milieu des figures à genoux devant le nom de Jefus, il a peint dans la même Eglife la voûte de la chapelle de faint Ignace, où ce Saint accompagné d'une quantité d'anges eft prêt à entrer triomphant dans le Ciel; à la Minerve on voit dans une chapelle le tableau de faint Louis Bertrand, un faint Jean-Baptifte dans l'Eglife de faint Nicolas de Tolentin; il a représenté l'hiftoire de fainte Marte dans la voûte de l'Eglife de ce nom vis-à-vis le collége Romain; dans celle de faint André du noviciat des Jéfuítes il a peint des deux côtés la chapelle de faint Xavier, où le Saint eft représenté mourant avec quantité de figures; dans l'Eglife de fan-Francefco a ripa une Vierge avec le Jefus & fainte Anne; une conception pour les religieufes de fainte Marguerite; le tableau de faint Trofime dans l'Eglife de faint Théodore ou fanto Toto; à fainte Marie in Campitelli le tableau de la naiffance de faint Jean-Baptifte, il a peint à la voûte de l'Eglife de' fanti Apoftoli le triomphe de l'Ordre de faint François dans la gloire célefte; à fainte Marie Madeleine alla Rotonda on voit faint Nicolas de Bari; dans 392 ABREGE DE LA VIE DES PLUS, &c. l'Eglife de la Madona di monte fanto la voûte & deux ovales BACICI. repréfentent faint Jacques & faint François avec quelques Le Roy n'a qu'un morceau de ce maître, c'eft une pré- On voit au palais Royal un petit portrait ovale peint fur cuivre d'un jeune homme jouant du luth avec un gros Nous avons quelques portraits gravés d'après le Bacici DE LA PREMIERE PARTIE. 393 'ABECEDARIO Pittorico, dall'autore riftampato, cor- recto, & accresciuto di molti profeffori, & di altre noti- zie spettanti alla pittura, dedicato al Signor Pietro Crozat dal Francesco Pellegrino Antonio Orlandi, Carmelitano dà Bologna, in-quarto 1719. riftampato a Napoli 1733. con aggiunta di alcuni profeffori, & della vita di Francesco So- Alberti. De Picturâ, præftantiffimâ & nunquam fatis laudatâ arte, libri tres abfolutiffimi, Leonis Baptiftæ de Albertis, Bafileæ 1640. & denuò cum Vitruvio Leida 1646. Alberti. Trattato della nobiltà della pittura,composto ad inftan za della ven. compagnia di fan-Luca & della nobile Acade- mia delli pittori di Roma, da Romano Alberti della citta di Borgo fan-Sepolcro. Roma 1585. in-quarto. Pavia 1604. Allori. Dialogo d'Aleffandro Allori pittore Fiorentino fopra Armenini. Delli veri Precetti della pittura, di Gio Battista Audran. Les proportions du corps humain mesurées fur les Azzolini. Le Pompe Senefi del Padre Ifidoro Ugurgeri Az- |