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fubftituant à des faits certains & intéreffans, les fe former fur (a) Vafari n'a

idées capricieuses que chacun peut

cette matiere.

prefque parlé que des peintres Tofcans Ridolfi

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des Venitiens Soprani des Gé

nois, Vidriani

Bolonois, Ba

Si l'on vouloit écrire la vie des peintres avec autant de prolixité & de partialité que l'ont fait juf qu'ici la plupart des auteurs, ce feroit fatiguer de nouveau le public d'une lecture peu intéreffante. des Modenois, Les (a) Italiens trop prévenus en faveur de leur Malvazia des pays, ont outré les louanges qu'ils ont données à glioni & Baldileurs peintres, les exagerations de Vafari, & les di- nuci ont parlé greffions de Malvazia font connues de tout le mon- vers peintres. de. Bellori (b) même, tout Italien qu'il eft, fe plaint (6) Giorgio de la longueur du premier, & du peu de difcerne- Vafari per hament de Baglioni, de Ridolfi, & des autres auteurs to è con eccefde fon pays, qui ont parlé fans choix de tous les five lodi inalpeintres d'Italie.

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en géneral de di

vere accumula

zato i Fiorentini e Toscani.

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ricerche, con

fe humili, con .

le più degne.

Les Allemans, les Flamans, & les Hollan- Et plus bas, afdois, ont aussi écrit fur la peinture : Charles Van faticano la cumander, poëte & peintre, à fait en vers Flamans reftieri con lunla vie des anciens peintres Italiens & Flamans; ghe e inutile Corneille de Bie, qui a travaillé avec lui, a donné fondendo le coen vers Flamans la vie des peintres de fon pays; Sandrat, dans fon academie de peinture, a parlé Bellori. prologo. des peintres de toutes les Nations; il a écrit en Rome, 1672. Allemand, & enfuite en Latin. Houbraken pein- ti lauda etiantre Hollandois a compofé en fa langue la vie des dio i minimi peintres Hollandois, & M. Weyermans, autre écri- quanto i più fuvain Hollandois, vient de nous donner plufieurs part. 4. p. 249. volumes fur la même matiere.

Quelques-uns de nos (c) François, à l'exemple des Italiens, ont cru qu'en faifant de gros volumes reinplis de dialogues & de digreffions, ils s'acque,

Vafari che tut

blimi, Malvaz.

(c) Felibien,

reroient plus de réputation, fouvent ils se font contentés de nommer les artistes sans désigner le lieu de leur naissance, leur mérite particulier, les défauts qu'on remarque dans leurs ouvrages, & les villes qui poffedent leurs meilleurs tableaux; auffi peu attentifs à faire un bon choix de tous les peintres, qui ont vécu jusqu'à present, ils ont confondu les fameux avec les médiocres. Quel dégoût pour un lecteur qui ne doit s'attacher qu'à la connoiffance des peintres les plus dignes de ses recherches! N'est-il pas inutile & même déraisonnable de parler d'un peintre médiocre dont on ne voit ni ta bleaux ni deffeins?

La partialité de la plupart des auteurs n'est pas moins condamnable; Vafari n'a vanté que les peintres Toscans, Malvazia, que les Bolonois, Baglioni jaloux du merite du Guide, de l'Albane & de Lanfranç, n'a pas feulement daigné nommer ces grands hommes. Que dirons-nous de la paffion d'un de nos (a) De Piles (a) modernes pour les ouvrages de Rubens ? Elle qui eft un de nos lui a fait oublier d'habiles peintres François qui teurs, parle très- meritoient affurément des éloges.

meilleurs au

Pouffin & de le

ment oublié ce

ve,

foiblement du 11 fera difficile de pénétrer quel eft le peintre & Sueur; il avoit le pays le plus cheri de l'auteur de cet ouvrage; on même totale le trouvera toujours (b) impartial; ami du vrai & dernier dans la du beau il tâche de le saisir par-tout où il le troupremiere édition fans fe mettre en peine soit du nom, foit du de fon Livre en pays de l'artiste, Toutes les nations, depuis qu'il 1699. s'eft attaché aux arts, lui ont toujours paru égales ; (b) Tros Tyriufque mihi un Flamand, un François dans certaines parties nullo difcrimi- de la peinture l'emportera fouvent fur un Italien, Virg. En, l. 1. Ceux qui fe diftinguent dans les fciences & dans les arts, font, pour ainsi dire, de la même nation,

ne agetur.

2.578.

de

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ap

de la même famille, c'est celle des hommes illuftres. Apprenons donc à rendre aux excellens ouvrages de tout pays, la juftice qui leur eft dûë; accordons à nos compatriotes, lorsqu'ils le meritent, les éloges que nous prodiguons fi facilement aux étrangers. On eft fort éloigné du fentiment de quelques auteurs qui n'eftimant que les peintres d'histoire, regardent comme fort inferieurs ceux qui peignent (a) le portrait, le païsage, les batailles, les mari- (a) On les nes, les animaux, les fruits, les fleurs, les noces pelle à l'Academie de peinture de village, les tabagies & les cuifines: on prétend des peintres à au contraire qu'un peintre qui a parfaitement imité talent. la nature, n'eût-il peint qu'une vache, ou comme le peintre Grec Zeuxis, qu'une grappe de raisin, eft auffi parfait dans fon genre que Raphaël l'eft dans le fien. Chacun a tâché d'exceller dans la partie vers laquelle le génie, une inspiration, une inclination naturelle l'a porté. L'Hiftoire, il est vrai, eft le plus noble objet de la peinture, le plus inftru&tif, & celui qui demande le plus de connoiffances; le païfage, les animaux, les fruits & les fleurs n'en font que l'acceffoire, ils ne fervent le plus fouvent qu'à orner les fujets d'hiftoire; tout enfin confifte dans l'imitation de la belle nature, c'est l'unique point de vuë où l'on doive aspirer.

On ne distinguera dans cet abregé que trois fortes d'écoles, celle d'Italie, celle de Flandre, & l'école Françoise, tout se rapporte à ces trois écoles fe pour le goût & pour les manieres.

L'école d'Italie fe partagera en fix parties ou pays, & fans dire l'école Romaine, l'école Florentine, l'école Vénitienne, la Lombarde, la Napolitaine, & la Génoise, on dira plus fimplement les peintres

b

Romains, les Florentins, les Vénitiens, & les autres renfermés dans une même école. Le même goût fe fait fentir dans tous les ouvrages des Italiens, ils ne fe font diftingués que par leur differente maniere de peindre. Raphaël fera le chef des peintres Romains; Leonard de Vinci & MichelAnge le feront des Florentins, en laissant Dɔminique Guirlandai, & Pietre Perugin, qui n'ont d'autre mérite que d'avoir été les maîtres de Raphaël & de Michel-Ange. Les Lombards auront le Corrége à leur tête, les Vénitiens le Giorgion & le Titien, fans qu'il foit fait mention de Cimabué, de Giotto, des Lippi, des Bellins, de Simon Memmi, André Manteigne, Pietre Cofimo, & autres. Les Espagnols en petit nombre feront mis parmi les Napolitains, & les Génois reconnoîtront pour chef Lucas Cangiage.

L'école de Flandre renfermera quatre parties ou pays, les Allemans, dont Albert-Durer & Holbein feront les chefs; les Hollandois auront Lucas de Leiden; les Flamans Jean Stradan ; & les Anglois Guillaume Dobfon. Tous ces peintres ont eu en géneral la même maniere, qu'on appelle ordinairement le goût Flamand.

On ne fera aucune mention dans l'école Françoife, de Quenel, de Caron, de Nocroi, de Dubois, Janet, Bunel, Dubreuil, Bobrun, Dorigny, du Moutier, & Vignon, pour commencer par Jean Cou. fin, Freminet, & Vouët, qui certainement ont les premiers établi en France le bon goût de la peinture.

La Chronologie dans chaque école eft observée exactement, fuivant la naissance des peintres ; & fans avoir égard à leur maître, on les a rendu

chacun à leur patrie. L'auteur ne s'eft écarté de cette méthode qu'en parlant de Pierre Lely & du Chevalier Kneller, qui passent ordinairement dans le monde pictorefque pour être Anglois, quoiqu'ils foient tous deux nés en Allemagne. Cet ufage qu'on a cru devoir suivre, a fait placer ces deux artistes parmi les peintres Anglois, & ne doit point faire paroître l'auteur en contradiction avec lui-même.

Dans cet ordre chronologique le disciple sera fouvent placé devant fon maître, Romanelli & Cirro-Ferri font devant Pietre de Cortone, l'ordre des temps paroîtra renversé dans l'article de C. Marati né en 1525, qui se trouve placé devant Leonard dà Vinci né en 1455, parce qu'ils sont de différens Etats de l'Italie. Ainfi la chronologie recommencera à chaque divifion, elle fera exacte parmi les peintres Romains dans le même temps qu'elle paroîtra irréguliére en comparant les Romains avec les Florentins, les Vénitiens, & les autres Peintres Italiens. Il en fera de même parmi les Allemans, les Hollandois, les Flamans & autres.

Ce recueil contient plus de cent quatre-vingt vies de peintres, & il y en a près de cinquante dont les portraits & l'histoire ne se trouvent en aucun Livre. Ces portraits gravés au burin ont été fidellement deffinés, d'après ce que nous avons ici de plus reffemblant. Ceux qui viennent des pays étrangers ont été copiés avec foin d'après les portraits trouvés dans les familles des peintres en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Hollande & en Flan

dre;

d'autres ont été pris dans l'academie de Saint Luc à Rome, d'après les originaux qui s'y confer

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