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versifiée, qui fait partie d'un Recueil de pièces dramatiques anciennes et nouvelles', publié à Bouillon, Paris, Nancy, en 1785.

Une troisième traduction en vers a été imprimée (à Orléans); elle est comprise dans les « Pièces de Théâtre de M. Alexandre Pieyre, correspondant de l'Institut, » etc. (au tome Ier, 1811), sous ce titre « la Princesse d'Élide, comédie-ballet de Molière, arrangée en trois actes et continuée en vers. » L'œuvre de Molière est augmentée là de plusieurs scènes et intermèdes que Pieyre a pris soin de signaler au bas des pages comme étant « de création3. »

y eut quatre représentations de cette reprise, dont deux l'année suivante 1757.

1. Toutes ces pièces (à savoir, outre la Princesse d'Élide, comédie de Molière, en cinq actes, deux tragédies et deux traductions de Térence) sont d'un seul auteur, qui a signé des initiales V. C. D. V. son épître dédicatoire au prince d'Havré et de Croy, comte de Priego, etc. Une citation pourra suffire à montrer en quel style a été rhabillée la prose de la Princesse d'Élide. Les vers suivants succèdent presque immédiatement à ceux de Molière (acte II, scène 1, p. 116):

Ne rougissez-vous pas d'être dans une erreur

Qui transforme en vertus les foiblesses du cœur?
Notre sexe à vos yeux est-il si méprisable,
Qu'il ne puisse autrement être recommandable?
Pour moi, que son honneur intéresse de près,
Je ne le vois jamais s'y livrer sans regrets:
Et pour le rédimer de cette ignominie,
Volontiers j'offrirois tous mes biens et ma vie.

2. Ce volume (qui contient en outre un plan du Dépit amoureux arrangé en trois actes) est un recueil factice; la pièce a dû paraître à part, comme l'indique la Bibliographie moliéresque (p. 134), et avant la date portée sur le titre général.

3 Ce mot de « création », qu'il affectionne, semblera moins modeste que les déclarations de sa préface en dialogue : « Je fis mon plan, dit-il à son interlocutrice (Mme de G***: M. Paul Lacroix nous apprend que c'est Mme de Genlis), je créai, j'écrivis ma première scène du deuxième acte.... Vous voyez que par cet amour que je crée entre Aglante et Aristomène, et qui entre si naturellement dans le fond du sujet, je me serois ouvert le champ d'une pièce en cinq actes,... et l'on trouvera peut-être que je n'ai pas assez profité de cet avantage, que je tourne trop court, et que

Nous n avons pas besoin de dire au lecteur, à la fin de cette notice, pourquoi nous avons été sobres d'annotations sur la relation qui encadre la comédie de Molière. C'est cette comédie seule qui vraiment ici nous importe.

SOMMAIRE

DE LA PRINCesse d'élide ou les plAISIRS DE L'ILE ENCHANTÉE, PAR VOLTAIRE.

Les fêtes que Louis XIV donna dans sa jeunesse méritent d'entrer dans l'histoire de ce monarque, non-seulement par les magnificences singulières, mais encore par le bonheur qu'il eut d'avoir des hommes célèbres en tous genres, qui contribuaient en même temps à ses plaisirs, à la politesse et à la gloire de la nation. Ce fut à cette fête, connue sous le nom de l'Ile enchantée, que Molière fit jouer la Princesse d'Élide, comédie-ballet en cinq actes. Il n'y a que le premier acte et la première scène du second qui soient en vers: Molière, pressé par le temps, écrivit le reste en prose. Cette

l'intérêt est étranglé; mais je ne veux pas avoir la prétention de donner une autre pièce que celle de Molière. Je ne veux pas sortir des limites qu'il a tracées.... Il n'occuperoit plus assez de place dans sa pièce. » Voyez l'appréciation, toute pleine d'éloges, d'Auger à la fin de sa Notice (tome IV, p. 157 et 158). « M. Pieyre, dit-il, l'estimable auteur de l'École des pères, a fait sur la comédie de la Princesse d'Élide un travail qui a obtenu l'approbation des gens de goût.... Il a.... mérité qu'en plus d'un endroit on pût attribuer au maître lui-même l'heureux travail de l'élève. »

pièce réussit beaucoup dans une cour qui ne respirait que la joie, et qui, au milieu de tant de plaisirs, ne pouvait critiquer avec sévérité un ouvrage fait à la hâte pour embellir la fête.

On a depuis représenté la Princesse d'Élide à Paris; mais elle ne put avoir le même succès, dépouillée de tous ses ornements et des circonstances heureuses qui l'avaient soutenue. On joua, la même année', la comédie de la Mère coquette, du célèbre Quinault : c'était presque la seule bonne comédie qu'on eût vue en France, hors les pièces de Molière, et elle dut lui donner de l'émulation. Rarement les ouvrages faits pour des fêtes réussissent-ils au théâtre de Paris. Ceux à qui la fête est donnée sont toujours indulgents; mais le public libre est toujours sévère. Le genre sérieux et galant n'était pas le génie de Molière; et cette espèce de poëme, n'ayant ni le plaisant de la comédie ni les grandes passions de la tragédie, tombe presque toujours dans l'insipidité.

1. Ce ne fut que l'année suivante 1665, vers le milieu d'octobre: voyez les frères Parfaict, tome IX, p. 369 et 376.

LES PLAISIRS

DE

L'ILE ENCHANTÉE.

COURSE DE BAGUE, COLLATION ORNÉE DE MACHINES, COMÉDIE MÊLÉE DE DANSE ET DE MUSIQUE', BALLET DU PALAIS D'ALCINE; FEU D'ARTIFICE: ET AUTRES FÊTES GALANTES ET MAGNIFIQUES, FAITES PAR LE ROI, A VERSAILLES, LE 7 MAI 1664, ET CONTINUÉES PLUSIEURS AUTRES JOURS,

Le Roi voulant donner aux Reines et à toute sa cour le plaisir de quelques fêtes peu communes, dans un lieu orné de tous les agré

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1. Comédie de Molière intitulée la Princesse d'Élide, mêlée, etc. (1665, 66, 68, 73, 74, 75 A, 82, 84 A, 94 B.) C'est dans le titre imprimé an haut de la page où commence le texte, que se trouve cette variante dans les diverses éditions anciennes. Le feuillet de titre de l'édition de 1665 porte : Les Plaisirs de l'Ile enchantee, course..., comédie de Molière de la Princesse d'Élide, mêlée, » etc.; celui de l'édition de 1668: « Les Plaisirs de l'Ile enchantée ou la Princesse d'Élide, comédie de M. Molière ; » celui des éditions de 1675 A, 84 A, 94 B : « La Princesse d'Élide, comédie du Sieur Molliere (1694 B: Moliere). Ensemble les Plaisirs de l'Ile enchantée, course de bague, collation ornée de machines, mêlée de danse et de musique, ballet du palais d'Alcine, feu d'artifice, et autres fêtes galantes de Versailles; » celui des éditions de 1682, 97, etc. : « Les Plaisirs de l'Ile enchantée, fêtes galantes et magnifiques, faites par le Roi à Versailles le 7 mai 1664,» intitulé que, selon notre usage, nous avons reproduit ci-dessus (p. 89). Les éditions de 1666, 73, 74 n'ont sur leur feuillet de titre que : « Les Plaisirs de l'Ile enchantée. Dans l'édition de 1673a (in-folio sortant de l'Imprimerie royale), il n'y a pas de différence entre les deux titres; ils sont identiques, et tout semblables à ceux de l'edition originale. Les éditions de 1734 et de 1773 donnent d'abord le texte de a la Princesse d'Élide, comédie-ballet, » qu'elles font suivre de celui du reste des Plaisirs de l'Ile enchantée, sous ces titres : « Les Fêtes de Versailles en 1664. Première journée: Les Plaisirs de l'Ile enchantée.... Seconde journée Suite des Plaisirs de l'Ile enchantée.... Troisième journée : Suite et conclusion des Plaisirs de l'Ile enchantée, etc. » Ces deux éditions expliquent ce changement dans l'ordre du texte par un Avertissement ainsi conçu : « On n'a pas cru devoir suivre l'ordre des anciennes éditions pour l'impression de la Princesse d'Élide. Cette pièce était confondue parmi tous les détails des fêtes qui furent faites (1773: qui furent données) à Versailles en 1664, depuis le

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ments qui peuvent faire admirer une maison de campagne, choisit Versailles, à quatre lieues de Paris. C'est un château qu'on peut nommer un palais enchanté, tant les ajustements de l'art ont bien secondé les soins que la nature a pris pour le rendre parfait. Il charme en toutes manières'; tout y rit dehors et dedans, l'or et le marbre y disputent de beauté et d'éclat; et quoiqu'il n'ait pas cette grande étendue qui se remarque en quelques autres palais de Sa Majesté, toutes choses y sont si polies, si bien entendues et si achevées, que rien ne le peut égaler1. Sa symétrie, la richesse de ses meubles, la beauté de ses promenades et le nombre infini de ses fleurs, comme de ses orangers, rendent les environs de ce lieu dignes de sa rareté singulière. La diversité des bêtes contenues dans les deux parcs et dans la ménagerie, où plusieurs cours en étoile sont accompagnées de viviers pour les animaux aquatiques, avec de grands bâtiments, joignent le plaisir avec la magnificence, et en font une maison accomplie.

7 mai, jusques et compris le 13 du même mois a. Sans priver le public de ces détails, qui peuvent être amusants et curieux, on s'est contenté de mettre le tout dans un meilleur ordre. On a aussi changé le titre général de Plaisirs de l'Ile enchantée, avec d'autant plus de raison que ce titre ne convient qu'aux trois premières journées, qui seules sont comprises dans ce sujet; les quatre autres n'y ont aucun rapport, et on y a substitué celui de Fêtes de Versailles en 1664. » On verra plus loin, dans les notes, que les éditions de 1734 et de 1773 ajoutent en certains endroits les titres : QUATRIÈME, CINQUIÈME, SIXIÈME et SEPTIÈME JOURNÉE, que ne donnent pas les éditions anciennes. 1. Il charme de toutes manières. (1673, 74, 82, 1734.)

2. Et quoiqu'il n'y ait pas. (1673, 74, 82, 1734.)

3. La cour résidait alors ordinairement à Saint-Germain. Le château de Versailles, dont une vue orne le frontispice d'Israël Silvestre, était bien loin d'avoir en 1664 les dimensions que Louis XIV lui donna plus tard, et il paraît qu'on n'y pouvait encore loger aisément les invités du Roi, si l'on s'en rapporte au passage suivant du Journal d'Olivier d'Ormesson; celui-ci, à la date du mardi 13 mai 1664, interrompt le récit du procès de Foucquet pour écrire (tome II, p. 142 et 143): « Ce même jour, Mme de Sévigné nous conta les divertissements de Versailles, qui avoient duré depuis le mercredi jusques au dimanche, en courses de bague, ballets, comédies, feux d'artifices et autres inventions fort belles; que tous les courtisans étoient enragés; car le Roi ne prenoit soin d'aucun d'eux, et MM. de Guise, d'Elbeuf n'avoient pas quasi un trou pour se mettre à couvert.» Mme de Sévigné avait pu être très-bien informée par Bussy, qui était à la fête.

4. Ne les peut égaler. (1666, 68, 73, 74, 82, 1734.)

5. Ce pluriel joignent, s'accordant avec l'idée, est dans toutes les éditions.

a Ces dates sont exactes : les fêtes durèrent en effet du 7 mai au 13 inclusivement. La Relation même, peu précise à la fin du titre, dit plus loin (p. 109) que le Roi traita (ses conviés) jusques au quatorzième.»

b Voyez ci-dessus, p. 99, et ci-après, p. 262.

• C'est-à-dire du 7 au 11 mai, les deux derniers jours non comptés.

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