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rons rendre compte par la fuite des Ouvrages de ce Jurifconfulte, nous y donnerons en même tems un précis de fa Vie. Notre Auteur fait auffi imprimer en Hollande une Continuation de l'Hiftoire d'Efpa gne de Mariana, par M. Miniana, dont il fait de grands éloges dans plufieurs de fes Lettres.

Si on juge des Espagnols par rapport aux Sciences, fur ce qu'en dit M. Mayans, on ne fauroit trop le louer de s'être ainsi élevé par luimême au-deffus de fes Compatrio

tes.

EXAMEN DU PYRRONISME ancien & moderne par M. de CronZaz de PAcademie Royale des Sciences, Gouverneur de S. A. R. le Prince Frideric de Hesse-Cassel, Confeiller & Ambaffade de S. M. le Roi de Suede & Land-Grave de Heffe - Caffel. A la Haye, chez Pierre de Hondt. 1733. in-folio, pages 776.

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OUS avons expliqué dans le Journal précedent ce que M. de Crouzaz dit du Pyrronisme en général, & la maniere dont il combat les anciens Pyrroniens en répondant au Livre de Sextus-Empiricus. Dans la troifiéme partie qui eft beaucoup plus étendue que les deux précedentes, & dont nous allons rendre compte, il fe propofe de répondre aux Pyrroniens modernes, en réfutant les Ecrits de M. Bayle qu'il regarde comme leur Chef, Car M. Crouzaz ne fauroit fe perfuader que M. Bayle n'ait eu

en vûë dans fon Dictionnaire & dans fes autres Ouvrages que de faire fentir la foibleffe de l'efprit humain, & la neceffité de foûmettre la raifon à la foi; il dit que M. Bayle fe moque bien clairement en plufieurs endroits des Théologiens qu'il femble avoir voulu ménager dans d'autres endroits, pour mieux cacher fon deffein d'établir un Pyrronifme univerfel.

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La lecture de fes Ouvrages eft d'autant plus dangereufe,qu'il faudroit être bien aveugle ou de bien mauvaise foi, dit M. de Crouzaz pour contester à M. Bayle, » grande légèreté de style unc »netteté parfaite, un efprit qui fait » s'emparer de fes Lecteurs, qui »ne fatigue point, qui n'ennuye jamais, une fécondité inépuifa»ble une facilité qui fe fait fi sagréablement fentir & fi infinuante qu'elle femble fe communiquer à fes Lecteurs, une vafte lec»ture, une critique ordinairement » fine & exacte, une mémoire à ~ qui

qui tout eft prefent, des citations » qui femblent s'offrir d'elles-mê» mes, dès que l'occafion de les » mettre en œuvre fe prefente, une » habileté fans égal à établir [quand » il lui plaît & qu'il y a interêt] l'état de la queftion très-précifé» ment, à partager un fujct compo» fé, à éclaircir les matieres les plus » obfcures, à mettre une preuve » dans tout fon jour, & à faire fen»tir tout le poids d'une difficulté.« M. de Crouzaz ajoûte que ce qui a encore beaucoup contribué à donner plus de cours aux Ecrits de M. Bayle, c'eft fa réputation, la prévention d'un grand nombre de per fonnes en fa faveur, la corruption du cœur humain qu'il favorife, & la multiplication des Editions de fes Ouvrages.

C'eft cet adverfaire qui paroît d'abord fi redoutable que M. de Crouzaz ne craint point d'attaquer & fe confiant dans la bonté de fa caufe, il affure qu'il fera conne à toutes les perfonnes dont

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& l'efprit ne font pas encore corrompus, que M. Bayle qui se donne pour un raifonneur des plus exacts, qui prétend trouver du foible dans tour ce que les autres croyent trèsfolidement prouvé n'oppose très-fouvent à des raifons folides que des raifons très-faciles à réfuter. Mais avant que d'entrer dans ee détail il a cru devoir employer deux Sections à développer le caraetere de fon adverfaire & le deffein qu'il s'eft propofé dans fes Ouvrages, fur-tout dans fon Dictionnaire Critique, il examine dans cette vûë la préface du Dictionnaire, l'apologie que l'Auteur en a faite & les éclairciffemens qu'il a donnés fur quelques endroits.

II refulte de toutes les obfervations que l'Auteur a faites fur ce fujet, que M. Bayle fous pretexte d'être rapporteur exact & fidéle a cherché à introduire le Pyrronifme univerfel, fur-tout par rapport aux véritez de la Religion, que ce n'eft que dans cette vûë qu'il a mis dans

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