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Udiri attentâ dignus fuit aure GH ER ARQui nunc attento dignior ore legi. [Dus. Nam quos æternis Fatum damnaverat umbris, Confervant reduces obvia Scripta jocos. A. C. D. M.

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Ctori plaufit quondam vox una CHERARAutori plaufus vox dabit una fuos. (DOS. Quippe fuper Scenamjquos huc fpargebat & illuc, Multos exponunt obvia Scripta jocos. E. D. M.

Ceux qui n'ont point vu l'Explication que je fis autrefois d'un Feu d'artifice que la Troupe Italienne avoit fait dreffer devant fon Hôtel de Bourgogne, au fujer de la Paix concluë entre la France & la Savoye,feront peut-être auffi ravis de la trouver ici,que j'ai été ravi de l'y mettre.

EXPLICATION

Du Feu d'artifice dreffé par Meffieurs de la Troupe Royale des Comediens Italiens devant leur Hôtel de Bourgogne.

Au fujet de la Paix conclue entre la France & la Savoye.

LA

A Paix qui vient d'être concluë entre la France & la Savoye, a répandu une joye fi universelle dans le cœur de tous les Sujets du Roy, qu'il n'y en a point qui n'en ait donné de marques.

Mais les Comediens Italiens,entretenus par Sa Majefté, ne fe font pas contentez de prendre part à l'allegreffe generale, ils en ont encore voulu donner des témoignages particuliers.

Les bontez du Roy, leur augufte Souverain, font fi profondément gravées dans leurs cœurs, que le zele ardent qui les attache à fon fervice auroit fouffert, s'ils avoient laiffé paffer la moindre occafion d'en témoigner leur reconnoiffance.

Ils ont donc choifi un jour particulier pour leur rejouiffance, où ils reprefen

ront gratuitement fur leur Theâtre une des meilleures Comedies. Enfuite ils feront tirer un Feu d'artifice devant leur Hôtel.

Ce Feu eft une Pyramide,accompagnée de quatre Emblêmes dans quatre Cartouches.Les deux premiers regardent la Fran ce,& les deux derniers la Savoye.

Le premier Cartouche reprefente le nœud Gordien, dont le Heros de la France a trouvé un des bouts; de forte que le refte paroift aifé à dénouer. Avec ces mots :

VIRTUTE

ET CONSILIO.

Cet Emblême n'eft pas difficile à entendre. Tout le monde a ouï parler de ce fameux noeud attaché au Char de Gordius dans le Temple de Jupiter ; & perfonne n'ignore que l'Empire de l'Univers étant promis à celui qui le deferoit, Alexandre rebuté d'en chercher en vain les bouts qui étoient cachez au milieu du noeud, tira fon épée, & coupant ce qu'il ne pouvoit démêler,fit violence à l'Oracle..

On veut faire entendre que nôtre grand Roi,par une conduite plus glorieufe que celle d'Alexandre, fe fert de fa valeur & de fa prudence,pour défaire un noeud bien plus brouillé que le Gordien, c'eft à dire la Ligue d'Aufbourg.

Il n'y a perfonne qui n'eût pu faire ce

que fit Alexandre. Le moindre foldat de foin armée pouvoit par un coup de fabre s'affurer l'Empire de l'Univers. Mais LOUIS pour déméler ce noeud fatal qui depuis qu'il eft formé trouble le repos de l'Europe entiere, joignant cette divine prudence qui accopagne toutes fes actions avec cette invincible valeur qui épouvante tous fes ennemis, trouve enfin un des bouts de ce nœud,par le moyen duquel il démêlera aifément tout le refte, & rendra à l'Univers le repos qu'il lui avoit pro

curé.

Qu'on ne nous vate plus ce haut fait d'Alexandre Comme un fait fans égal.

S'il fçut,armé d'un fer, trancher ce noeud fatal, Qui n'eût put l'entreprendre?

Nos yeux n'en font point éblouïs C'étoit l'exploit commun d'un foldat temeraire. Mais ce que Louis vient de faire Ne pouvoit être fait par d'autres que Louis.

Le fecond Cartouche reprefente un, Theâtre, & des Acteurs deffus qui font avidemmét écoutez par une foule de peuple qui les environne. On voit dans l'éloignement d'un côté une bateille, & de Pautre une Ville affiégée. Avec ce demi vers de Virgile:

DEUS NOBIS HÆC OTIA EECIT.

Rien n'eft plus intelligible que cet Emblême. Pendant que toute l'Europe eft en feu, les Sujets du Roy non feulement en feureté, mais en repos dans le fein de fon Royaume, goutent à loifir les plaisirs que Be Prince veut bien leur procurer. Les Comediens Italiens fe font une application particuliere de cet Emblême, & beniffent mille fois le Heros qui par fa

va

leur & fa bonté les fait jouir pendant une guerre fanglante, des biens qu'ils n'oferoient efperer ailleurs au milieu de la paix la plus profonde.

Heureufe France, & yous que le Destin fait vivre
Sous les loix du plus grand Heros,
Conoiffez le bonheur que l'on trouve à les fuivre.
Tout eft en trouble ailleurs, vous goûtez le repos.
Loin du péril des armes.
Les Spectacles,les Ris,les Jeux vous font permis;
Et fi la guerre a des allarmes,
Ce n'est que pour vos ennemis.

Le troifiéme reprefente les armes du Prince d'Orange, d'où fortent des chaînes qui tiennent attachées les armes des Alliez. Celles de Savoye ne font pas de même: la chaîne qui les tenoit eft rompuë,& elles paroiffent au haut du Cartouche acollées de celles de France; Avec ces Vers: DAT REGNARE UNUS, CUM MULTIS VINC LA FEREBAM.