quente communion, que saint Augustin ne louait ni ne vitupérait de communier tous les jours. Eh bien! dit-elle, puisque saint Augustin ne le vitupère pas, je vous prie que vous ne le vitupépas non plus; et je me contenterai. riez Mais, Philothée, vous voyez que saint Augustin exhorte et conseille bien fort que l'on communie tous les dimanches; faites-le donc tant qu'il vous sera possible. Puisque, comme je présuppose, vous n'avez nulle sorte d'affection au péché mortel, ni aucune affection au péché véniel, vous êtes en la vraie disposition que saint Augustin requiert, et encore plus excellente, parce que non-seulement vous n'avez pas l'affection de pécher, mais vous n'avez pas même l'affection du péché. Si que, quand votre père spirituel le trouverait bon, vous pourrez utilement communier encore plus souvent que tous les dimanches. Plusieurs légitimes empêchements peuvent néanmoins vous arriver, non point de votre côté, mais de la part de ceux avec lesquels vous vivez, qui donneraient occasion au sage conducteur de vous dire que vous ne communiiez pas si souvent. Par exemple, si vous êtes en quelque sorte de sujétion, et que ceux à qui vous devez de l'obéissance ou de la révérence soient si mal instruits ou si bizarres qu'ils s'inquiètent et troublent de vous voir si souvent communier à l'aventure, toutes choses considérées, sera-t-il bon de condescendre en quelque sorte à leur infirmité, et ne communier que de quinze jours en quinze jours; mais cela s'entend en cas qu'on ne puisse aucunement vaincre la difficulté. On ne peut pas bien arrêter ceci en général; il faut faire ce que le père spirituel dira, bien que je puisse dire assurément que la plus grande distance des communions est celle de mois à mois, entre ceux qui veulent servir Dieu dévotement. Si vous êtes bien prudente, il n'y a ni père, ni mère, ni mari, ni femme, qui vous empêche de communier souvent. Car, puisque le jour de votre communion vous ne laisserez pas d'avoir le soin qui est convenable à votre condition, que vous en serez plus douce et plus gracieuse en leur endroit et que vous ne leur refuserez nulle sorte de devoirs, il n'y a pas d'apparence qu'ils veuillent vous détourner de cet exercice, qui ne leur apportera aucune incommodité, sinon qu'ils fussent d'un esprit extrêmement coquilleux et déraisonnable. En ce cas, comme j'ai dit, à l'aventure que votre directeur voudra que vous usiez de condescendance..... Quant aux maladies corporelles, il n'y en a point qui soit empêchement légitime à cette sainte participation, si ce n'est celle qui provoquerait fréquemment au vomissement. Pour communier tous les huit jours, il est requis de n'avoir ni péché mortel, ni aucune affection au péché véniel, et d'avoir un grand désir de commu- . nier; mais, pour communier tous les jours, il faut, pour cela, avoir surmonté la plupart des mauvaises inclinations, et que ce soit par l'avis du père spirituel. C CHAPITRE XXI. Comme il faut communier. OMMENCEZ, le soir précédent, à vous préparer à la sainte communion par plusieurs aspirations et élancements d'amour, vous retirant un peu de meilleure heure, afin de vous pouvoir aussi lever plus matin; que si la nuit vous vous réveillez, remplissez soudain votre cœur et votre bouche de quelques paroles odorantes, par le moyen desquelles votre âme soit parfumée pour recevoir l'Époux, lequel, veillant penaant que vous dormez, se prépare à vous apporter mille grâces et faveurs, si, de votre part, vous êtes disposée à les recevoir. Le matin, levez-vous avec grande joie, pour le bonheur que vous espérez; et, vous étant confessée, allez avec grande confiance, mais aussi avec grande humilité, prendre cette viande céleste qui vous nourrit à l'immortalité. Et après que vous aurez dit les paroles sacrées : Seigneur, je ne suis pas digne, ne remuez plus votre tête, ni vos lèvres, soit pour prier, soit pour soupirer ; mais ouvrant doucement et médiocrement votre bouche, et élevant votre tête autant qu'il faut pour donner commodité au prêtre de voir ce qu'il fait, recevez, pleine de foi, d'espérance et de charité, Celui lequel, auquel, par lequel et pour lequel vous croyez, espérez et aimez. O Philothée, imaginez-vous que comme l'abeille, ayant recueilli sur les fleurs la rosée du ciel et le suc plus exquis de la terre, et l'ayant réduit en miel, le porte dans sa ruche; ainsi le prêtre, ayant pris sur l'autel le Sauveur du monde, vrai fils de Dieu, qui, comme une rosée, est descendu du ciel, et vrai fils de la Vierge, qui, comme une fleur, est sorti de la terre de notre humanité, il le met en viande de suavité dans votre bouche et dans votre corps. L'ayant reçu, excitez votre cœur à venir faire hommage à ce roi de salut; traitez avec lui de vos affaires intérieures, considérez-le dedans vous, où il s'est mis pour votre bonheur. Enfin, faites-lui tout l'accueil qu'il vous sera possible, et comportez-vous en sorte que l'on connaisse en toutes vos actions que Dieu est avec vous. Mais, quand vous ne pourrez pas avoir ce bien de communier réellement à la sainte messe, communiez au moins de cœur et d'esprit, vous unissant par un ardent désir à cette chair vivifiante du Sauveur. Votre grande intention en la communion doit être de vous avancer, fortifier et consoler en l'amour de Dieu; car vous devez recevoir pour l'amour ce que le seul amour vous fait donner. Non, le Sauveur ne peut être considéré en une action ni plus amoureuse, ni plus tendre que celle-ci, en laquelle il s'anéantit par manière de dire, et se réduit en viande, afin de pénétrer nos âmes et s'unir intimement au cœur et au corps de ses fidèles. Si les mondains vous demandent pourquoi vous communiez si souvent, dites-leur que c'est pour apprendre à aimer Dieu, pour vous purifier de vos imperfections, pour vous délivrer de vos misères, pour vous consoler en vos afflictions, pour vous appuyer en vos faiblesses; dites-leur que deux sortes de gens doivent souvent communier : les parfaits, parce qu'étant bien disposés, ils auraient grand tort de ne point s'approcher de la |