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particulièrement à table, afin que l'on ne donnât soupçon que l'on parlât des autres en mal. «Celui, « disait-il, qui est à table en bonne compagnie, « qui a à dire quelque chose joyeuse et plaisante, << la doit dire que tout le monde l'entende; si c'est « chose d'importance, on la doit taire, sans en << parler. >>

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CHAPITRE XXX.

Des passe-temps et récréations, et premièrement des loisibles et louables.

est force de relâcher quelquefois notre esprit et notre corps encore à quelque sorte de récréation. Saint Jean l'Evangéliste, comme dit le bienheureux Cassian, fut un jour trouvé par un chasseur, qui tenait une perdrix sur son poing, laquelle il caressait par récréation; le chasseur lui demanda pourquoi, étant homme de telle qualité, il passait le temps en chose si basse et vile; et saint Jean lui dit: Pourquoi ne portes-tu ton arc toujours tendu? De peur, répondit le chasseur, que demeurant toujours courbé, il ne perde la force de s'étendre, quand il en sera métier. - Ne t'étonne

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pas donc, répliqua l'Apôtre, si je me démets quelque peu de la rigueur et attention de mon esprit, pour prendre un peu de récréation, afin de m'employer par après plus vivement à la contemplation. - C'est un vice, sans doute, que d'être si rigoureux, agreste et sauvage, qu'on ne veuille prendre pour soi, ni permettre aux autres aucune sorte de récréation.

Prendre l'air, se promener, s'entretenir de devis joyeux et aimables, sonner du luth ou autres instruments, chanter en musique, aller à la chasse, ce sont récréations si honnêtes, que, pour en bien user, il n'est besoin que de la commune prudence, qui donne à toutes choses le rang, le temps, le lieu et la mesure.

Les jeux auxquels le gain sert de prix et récompense à l'habileté et industrie du corps ou de l'esprit, comme les jeux de la paume, ballon, palemaille, les courses à la bague, les échecs, les tables, ce sont récréations de soi-même bonnes et loisibles; il se faut seulement garder de l'excès, soit au temps que l'on y emploie, soit au prix que l'on y met; car, si on y emploie trop de temps, ce n'est plus récréation, c'est occupation; on n'allége pas ni l'esprit ni le corps; au contraire, on l'étourdit, on l'accable. Ayant joué cinq ou six heures aux échecs, au sortir on est tout recru et las d'esprit.

Jouer longuement à la paume, ce n'est pas récréer le corps, mais l'accabler. Or, si le prix, c'est-àdire ce qu'on joue, est trop grand, les affections des joueurs se dérèglent, et outre cela, c'est chose injuste de mettre de grands prix à des habiletés et industries de si peu d'importance et si inutiles, comme sont les habiletés des jeux. Mais surtout prenez garde, Philothée, de ne point attacher votre affection à tout cela; car, pour honnête que soit une récréation, c'est vice d'y mettre son cœur et son affection. Je ne dis pas qu'il ne faille prendre plaisir à jouer pendant que l'on joue, car autrement on ne se récréerait pas, mais je dis qu'il ne faut pas y mettre son affection, pour le désirer, pour s'y amuser et s'en empresser.

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CHAPITRE XXXI.

Des jeux défendus.

Es jeux de dés, de cartes et semblables, auxquels le gain dépend surtout du hasard, ne sont pas seulement des récréations dangereuses, comme les danses, mais elles sont simplement et naturellement mauvaises et blâmables; c'est pourquoi elles

sont défendues par les lois, tant civiles qu'ecclésiastiques. Mais quel grand mal y a-t-il, me direzvous? Le gain ne se fait pas en ces jeux selon la raison, mais selon le sort, qui tombe bien souvent à celui qui par habilité et industrie ne méritait rien; la raison est donc offensée en cela. Mais nous avons ainsi convenu, me direz-vous. Cela est bon pour montrer que celui qui gagne ne fait pas tort aux autres; mais il ne s'ensuit pas que la convention ne soit déraisonnable, et le jeu aussi; car le gain, qui doit être le prix de l'industrie, est rendu le prix du sort, qui ne mérite nul prix, puisqu'il ne dépend nullement de nous.

Outre cela, ces jeux portent le nom de récréation et sont faits pour cela; et néanmoins ils ne le sont nullement, mais de violentes occupations. Car n'est-ce pas occupation, de tenir l'esprit bandé et tendu par une attention continuelle, et agité de perpétuelles inquiétudes, appréhensions et empressements? Y a-t-il attention plus triste, plus sombre et mélancolique que celle des joueurs? C'est pourquoi il ne faut pas parler sur le jeu, il ne faut pas rire, il ne faut pas tousser; autrement les voilà à dépiter.

Enfin, il n'y a point de joie au jeu qu'en gagnant; et cette joie n'est-elle pas inique, puisqu'elle ne se peut avoir que par la perte et le dé

plaisir du compagnon? Cette réjouissance est certes infâme. Pour ces trois raisons, ces jeux sont défendus. Le grand roi saint Louis, sachant que le comte d'Anjou, son frère, et messire Gautier de Nemours jouaient, il se leva, malade qu'il était, et alla tout chancelant en leurs chambres, et là prit les tables, les dés et une partie de l'argent, et les jeta par les fenêtres dans la mer, se courrouçant fort à eux. La sainte et chaste demoiselle Sara, parlant à Dieu de son innocence : Vous savez, dit-elle, ô Seigneur, que jamais je n'ai conversé entre les joueurs.

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CHAPITRE XXXII.

Des bals et passe-temps loisibles, mais dangereux.

Es danses et bals sont choses indifférentes de

leur nature; mais selon l'ordinaire façon avec laquelle cet exercice se fait, il est fort penchant et incliné du côté du mal, et par conséquent plein de danger et de péril. On les fait de nuit, et parmi les ténèbres et obscurités il est aisé de faire glisser

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