II. Détestez vos péchés, qui seuls vous peuvent perdre en cette journée épouvantable. Ah! je me veux juger moi-même maintenant, afin que je ne sois pas jugée; je veux examiner ma conscience et me condamner, m'accuser et me corriger, afin que le juge ne me condamne en ce jour redoutable. Je me confesserai donc, j'accepterai les avis nécessaires, etc. Conclusions. Remerciez Dieu qui vous a donné moyen de vous assurer pour ce jour-là, et le temps de faire pénitence. Offrez-lui votre cœur pour la faire. Priez-le qu'il vous fasse la grâce de vous en bien acquitter. Pater noster. Ave. Faites un bouquet. MEDITATION VII, DE L'ENFER. Préparation. I. Mettez-vous en la présence divine. II. Humiliez-vous et demandez son assis tance. 3. III. Imaginez-vous une ville ténébreuse, toute brûlante de soufre et de poix puante, pleine de citoyens qui n'en peuvent sortir. Considérations. I. Les damnés sont dans l'abîme infernal, comme dans cette ville infortunée, en laquelle ils souffrent des tourments indicibles en tous leurs sens et en tous leurs membres; parce que, comme ils ont employé tous leurs sens et tous leurs membres pour pécher, ainsi souffriront-ils en tous leurs membres et en tous leurs sens les peines dues au péché; les yeux, pour leurs faux et mauvais regards, souffriront l'horrible vision des diables et de l'enfer; les oreilles, pour avoir pris plaisir aux discours vicieux, n'ouïront jamais que pleurs, lamentations et désespoirs, et ainsi des autres. II. Outre tous ces tourments, il y en a encore un plus grand, qui est la privation et perte de la gloire de Dieu, laquelle ils seront forclos de la amais voir. Que si Absalon trouva que la privation de la face amiable de son père David était plus ennuyeuse que son exil, ô Dieu! quel regret d'être à jamais privé de voir votre doux et suave visage. III. Considérez surtout l'éternité de ces peines, laquelle seule rend l'enfer insupportable. Hélas! si une puce en votre oreille, si la chaleur d'une petite fièvre nous rend une courte nuit si longue et ennuyeuse, combien sera épouvantable la nuit de l'éternité avec tant de tourments; de cet éternité naissent le désespoir éternel, les blasphèmes et rages infinies. Affections et Résolutions. I. Epouvantez votre âme par les paroles de Job. O mon âme, pourrais-tu bien vivre éternellement avec ces ardeurs perdurables et dans ce feu dévorant? veux-tu bien quitter ton Dieu pour jamais? II. Confessez que vous l'avez mérité, mais combien de fois? Oh! désormais, je veux prendre parti au chemin contraire; pourquoi descendraisje en cet abîme? III. Je ferai donc tel et tel effort pour éviter le péché, qui seul me peut donner cette mort éternelle. Remerciez, offrez, priez. MEDITATION VIII. DU PARADIS. Préparation. I. Mettez-vous en la présence de Dieu. Considérations. I. Considérez une belle nuit bien sereine, et pensez combien il fait bon voir le ciel avec cette multitude et variété d'étoiles. Or, joignez maintenant cette beauté avec celle d'un beau jour, en sorte que la clarté du soleil n'empêche point la claire vue des étoiles, ni de la lune, et puis, après, dites hardiment que toute cette beauté, mise ensemble, n'est rien au prix de l'excellence du grand paradis. Oh! que ce lieu est désirable et aimable! que cette cité est précieuse! II. Considérez la noblesse, la beauté et la multitude des citoyens et habitants de cet heureux pays; ces millions de millions d'anges, de chérubins et séraphins, cette troupe d'apôtres, de martyrs, de confesseurs, de vierges, de saintes dames la multitude est innumérable. Oh! que cette compagnie est heureuse! le moindre de tous est plus beau à voir que tout ce monde; que sera-ce de les voir tous! Mais, mon Dieu, qu'ils sont heureux! toujours ils chantent le doux cantique de l'amour éternel, toujours ils jouissent d'une constante allégresse; ils s'entre-donnent les uns aux autres des contentements indicibles, et vivent en la consolation d'une heureuse et indissoluble société. III. Considérez enfin quel bien ils ont tous de jouir de Dieu, qui les gratifie pour jamais de son aimable regard, et, par celui-ci, répand dans leurs cœurs un abîme de délices. Quel bien d'être à jamais uni à son prince! Ils sont là comme des heureux oiseaux qui volent et chantent à jamais dans l'air de la divinité, qui les environne de toutes parts de plaisirs incroyables: là, chacun, à qui mieux mieux, et sans envie, chante les louanges du Créateur béni soyez-vous à jamais, ô nôtre doux et souverain Créateur et Sauveur, qui nous êtes si bon et nous communiquez si libéralement votre gloire! Et, réciproquement, Dieu bénit d'une bénédiction perpétuelle tous ses saints bénites soyez-vous à jamais, dit-il, mes chères créatures, qui m'avez servi, et qui me louerez éternellement avec si grand amour et courage. Affections et Résolutions. I. Admirez et louez cette patrie céleste. O que |