vous êtes belle, ma chère Jérusalem, et que bienheureux sont vos habitants! II. Reprochez à votre cœur le peu de courage qu'il a eu jusqu'à présent de s'ètre tant détourné du chemin de cette glorieuse demeure. Pourquoi me suis-je tant éloignée de mon souverain bonheur? Ah! misérable, pour ces plaisirs si déplaisants et légers, j'ai mille et mille fois quitté ces éternelles et infinies délices. Quel esprit avais-je de mépriser des biens si désirables pour des désirs si vains et méprisables? III. Aspirez néanmoins avec véhémence à ce séjour tant délicieux. Oh! puisqu'il vous a plu, mon bon et souverain Seigneur, redresser mes pas en vos voies, non, jamais plus, je ne retournerai en arrière. Allons, ô ma chère âme, allons en ce repos infini, cheminons à cette bénite terre qui nous est promise; que faisons-nous en cette Egypte? Je m'empêcherai donc de telles choses qui me détournent ou retardent de ce chemin. Je ferai donc telles et telles choses qui m'y peuvent conduire. Remerciez, offrez, priez. MEDITATION IX. PAR MANIÈRE D'ÉLECTION ET CHOIX DU PARADIS. Préparation. I. Mettez-vous en la présence de Dieu. II. Humiliez-vous devant lui, priant qu'il vous inspire. Considérations. Imaginez-vous d'être en une rase campagne, toute seule avec votre bon ange, comme était le jeune Tobie allant en Ragès, et qu'il vous fait voir en haut le paradis ouvert, avec les plaisirs présentés en la Méditation du paradis que vous avez faite; puis, du côté d'en bas, il vous fait voir l'enfer ouvert avec tous les tourments décrits en la Méditation de l'enfer. Vous étant colloquée ainsi par imagination, et mise à genoux devant votre bon ange: I. Considérez qu'il est très-vrai que vous êtes au milieu du paradis et de l'enfer, et que l'un et l'autre est ouvert pour vous recevoir, selon le choix que vous en ferez. II. Considérez que le choix que l'on fait de l'un et de l'autre en ce monde durera éternellement en l'autre. III. Et, encore que l'un et l'autre soit ouvert pour vous recevoir, selon que vous le choisirez, si est-ce que Dieu, qui est appareillé de vous donner ou l'un par sa justice, ou l'autre par sa miséricorde, désire néanmoins d'un désir non pareil que vous choisissiez le paradis, et votre bon ange vous en presse de tout son pouvoir, vous offrant, de la part de Dieu, mille grâces et mille secours pour vous aider à la montée. IV. Jésus-Christ, du haut du ciel, vous regarde en sa débonnaireté, et vous invite doucement. Viens, ô ma chère âme, au repos éternel, entre les bras de ma bonté qui t'a préparé les délices immortelles en l'abondance de mon amour. Voyez de vos yeux intérieurs la sainte Vierge qui vous convie maternellement. Courage, ma fille, ne veuille pas mépriser les désirs de mon fils, ni tant de soupirs que je jette pour toi, respirant après ton salut éternel. Voyez les saints qui vous exhortent, et un million de saintes âmes qui vous convient doucement, ne désirant que de voir un jour votre cœur joint au leur pour louer Dieu à jamais, et vous assurent que le chemin du ciel n'est point si malaisé que le monde le fait. Hardiment, vous disent-elles, très-chère amie ! qui considérera bien le chemin de la dévotion par lequel nous sommes montés, il verra que nous sommes venus en ces délices par des délices incomparablement plus suaves que celles du monde. Élection. I. O enfer, je te déteste maintenant et éternellement; je déteste tes tourments et tes peines, je déteste ton infortunée et malheureuse éternité, et, surtout, ces éternels blasphèmes et malédictions que tu vomis éternellement contre mon Dieu; et, retournant mon cœur et mon âme de ton côté, ô beau Paradis, gloire éternelle, félicité perdurable, je choisis à jamais et irrévocablement mon domicile et mon séjour dans tes belles et sacrées Maisons, et en tes saints et désirables Tabernacles. Je bénis, ô mon Dieu, votre miséricorde, et accepte l'offre qu'il vous plaît de m'en faire. O Jésus, mon Sauveur, j'accepte votre amour éternel et avoue l'acquisition que vous avez faite pour moi d'une place et logis en cette bienheureuse Jérusalem, non tant pour aucune autre chose, comme pour vous aimer et bénir à jamais. II. Acceptez les faveurs que la Vierge et les Saints vous présentent; promettez-leur que vous vous acheminerez à eux; tendez la main à votre bon Ange, afin qu'il vous y conduise; encouragez votre âme à ce choix. MEDITATION X. PAR MANIÈRE D'ÉLECTION ET CHOIX QUE L'AME FAIT Préparation. I. Mettez-vous en la présence de Dieu. II. Abaissez-vous devant sa face; requérez son aide. Considérations. et I. Imaginez-vous être derechef en une rase campagne avec votre bon Ange, toute seule, au côté gauche, vous voyez le diable assis sur un grand trône haut élevé, avec plusieurs des esprits infernaux auprès de lui, et, tout autour de lui, une grande troupe de mondains, qui tous, à tête nue, le reconnaissent et lui font hommage, les uns par un péché, les autres par un autre. Voyez la contenance de tous les infortunés courtisans de cet abominable roi; regardez les uns furieux de haine. d'envie et de colère; les autres qui s'entretuent; les autres hâves, pensifs et empressés à amasser des richesses; les autres attentifs à la vanité, sans aucune sorte de plaisir qui ne soit inutile et vain; les autres vilains, perdus et pourris en leurs brutales affections. Voyez comme ils sont tous sans |