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lement les intérêts, mais aussi l'honneur de l'Allemagne sur les mers lointaines, et que l'empire allemand doit pour cela être fort et puissant aussi au point de vue naval.

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EN ITALIE, les journaux ont lancé ces derniers temps une nouvelle à sensation qui a soulevé de nombreux commentaires. Le Mattino de Naples, le Corriere d'Italia, la Nuova Antologia, l'Italia ont prétendu qu'à la suite d'une entente avec l'Angleterre 15.000 hommes de l'armée italienne seraient envoyés en Egypte, ce qui permettrait au gouvernement anglais de disposer pour le Transvaal du corps d'occupation anglais.

La déclaration la plus frappante faite à ce sujet est l'article de M. Frassati paru dans la Nuova Antologia, la première revue d'Italie. Dans cet article, M. Frassati prévoit déjà que les événements de la guerre au Transvaal mettront l'Angleterre dans la nécessité de retirer ses garnisons de l'Egypte, de Malte, de Gibraltar, pour les envoyer dans l'Afrique australe. Il en déduit la probabilité que l'Angleterre demanderait à l'Italie de se substituer avec ses troupes aux garnisons anglaises de ces contrées. Dans cette hypothèse, M. Frassati invite l'Italie à accepter ce rôle et il lui conseille de ne point laisser échapper cette occasion de faire voir en Egypte, à Gibraltar et à Malte, pendant quelque temps, le drapeau italien. Le prestige du nom italien en Orient y gagnerait énormément. L'Angleterre garantirait encore à l'Italie, dans la Méditerranée, une influence plus grande que celle qu'elle y peut actuellement exercer.

D'autres journaux, la Tribuna, la Stampa, ont même été jusqu'à affirmer que l'Angleterre songeait à faire un emprunt d'or à l'Italie. Il faut évidemment dans tout cela faire la part de l'exagération, de la mégalomanie italienne. D'ailleurs, le Popolo romano, dans un article évidemment inspiré, a déclaré ces discussions parfaitement inutiles; car, en réalité, l'hypothèse d'un envoi de troupes italiennes en Egypte est une fantaisie de journaliste facétieux qui ne mérite même pas un simple examen. Néanmoins il est certain qu'il faut voir là un signe de l'état d'esprit tout particulier de l'Italie en ce moment. Se voyant un peu délaissée par l'Allemagne et n'ayant pas tiré de la Triplice les avantages grandioses que son imagination ensoleillée lui avait suggérés, l'Italie espère sans doute obtenir mieux d'une alliance anglaise. La naïveté des peuples est parfois bien étrange.

EN ESPAGNE. M. Silvela a fait à la Chambre une déclaration qui mérite d'être signalée. Au cours de la séance du 9 janvier, un député, se plaignit des sacrifices faits par l'Espagne pour la colonie

de Rio Oro en Afrique. Il demanda s'il était vrai que la Grande-Bretagne cherchât à acquérir Santa Cruz de Mar Pequeña, port de la côte occidentale d'Afrique que le Maroc a cédé à l'Espagne par traité, mais dont l'Espagne n'a pas encore pris possession.

M. Silvela répondit que, si le territoire en question n'avait pas encore été délimité, c'était à cause de la situation exceptionnelle du Maroc et nullement par suite d'une intervention étrangère. Quand le ministre Espagnol aura présenté ses lettres de créance au Sultan en avril prochain, il s'occupera du règlement de la prise de possession du territoire. Et M. Silvela ajouta qu'avant longtemps l'Espagne tirerait profit de Rio Oro.

On peut se demander quelle est exactement la portée de ces paroles mystérieuses du premier ministre espagnol et de quelle espèce de profit il a entendu parler.

EN RUSSIE. Le 5 janvier, on télégraphiait de Saint-Pétersbourg la note officieuse suivante :

A la suite des rumeurs alarmantes récemment répandues sur la situation de l'Afghanistan, sur la mort prétendue de l'émir Abdurrhaman khan et sur la fermentation qui se produirait parmi les tribus hindoues, le ministère de la guerre avait ordonné l'essai de mobilisation d'un détachement de troupes du Caucase et son envoi à travers le territoire transcaspien.

Ce détachement a été transporté en chemin de fer de Tiflis à Bakou, par mer de Bakou à Krasnovodsk, et par chemin de fer de Krasnovodsk à Kouchka où il est arrivé le 20 décembre (1er janvier, nouveau style). Cet essai doit être considéré comme entièrement satisfaisant, car il a fourni la preuve que, le cas échéant, la tête de colonne d'un corps d'armée expédié du Caucase peut atteindre Kouchka dans le délai de huit jours.

Cette nouvelle causa un vif mécontentement en Angleterre et le Times, notamment, la commentait ainsi dès le 8 janvier

Si ce message représentait la politique arrêtée du Tsar, il aurait une gravité sur laquelle nous n'avons pas besoin d'insister. Les raisons par lesquelles il explique cette expérience de mobilisation des troupes russes sur la frontière afghane, sont absolument sans précédents. Si même il était exact que l'Émir, avec lequel nous sommes liés par des engagements très spéciaux, fût mort ou que ses sujets fussent en état de rébellion, ou si même les tribus hindoues se détachaient de nous, ces événements n'autoriseraient en aucune façon la Russie à opérer des mouvements de troupes sur la frontière afghane. Que penseraient les auteurs de ce télégramme si, à propos de troubles en Finlande, nous allions mobiliser notre flotte dans la Baltique à titre d'expérience? Que penseraient-ils si nous déclarions ensuite au monde entier que cette opération a parfaitement réussi ? La vérité est probablement que ce télégramme que les autorités

militaires de Tiflis et diplomatiques de Saint-Pétersbourg ont sanctionné, ne représente que les aspirations du parti militaire belliqueux de l'Empire russe. L'existence de ce parti et son hostilité envers l'Angleterre sont bien connues. Il semble, dans le cas présent, avoir commis une indiscrétion du même genre que celle du comte Mouravieff l'automne dernier. S'il en est ainsi, il est probable que nous n'entendrons plus beaucoup parler des expériences du ministre de la guerre. Néanmoins, comme le parti de la guerre n'est pas toujours sans influence, il serait peut-être à propos de modérer son ardeur et de rassurer l'opinion publique anglaise, car des nouvelles de ce genre ne sont que trop bien calculées en vue de l'émouvoir. Or, on la rassurerait en prenant une mesure qui nous semble depuis longtemps désirable pour des motifs d'ordre différent, en mobilisant une partie de notre flotte.

Il peut être opportun de rappeler au monde que cet instrument de la puissance de la Grande-Bretagne est toujours intact et qu'il peut, si les circonstances le demandent, faire sentir sa présence dans bien des parties de l'Europe aussi bien qu'en Asie.

De leur côté, les journaux allemands et autrichiens n'ont pas manqué l'occasion de dire un mot désagréable à l'usage de l'Angleterre. La Gazette (allemande) de Saint-Pétersbourg remarque ironiquement que dans d'autres temps l'Angleterre aurait répondu à cette nouvelle par un cri de guerre sans raison; mais, aujourd'hui, elle en tirera la leçon que se targuer de sa supériorité maritime incontestée lui sert aussi peu vis-à-vis de la Russie que vis-à-vis des deux Républiques sud-africaines.

D'autre part, la Neue Presse de Vienne écrivait le 9 janvier :

Aussi longtemps que le prestige de l'Angleterre est demeuré intact, son domaine des Indes n'était pas sérieusement menacé. Aujourd'hui, en prévision de complications pouvant se produire aux Indes, la guerre du Transvaal devient presque un événement d'ordre secondaire. L'Angleterre n'a aucun ami en Europe sur l'appui duquel elle puisse compter. Une puissance comme la Grande-Bretagne n'est pas anéantic en deux jours, mais il est assez instructif de voir que l'héritier montre déjà quel morceau de l'héritage il convoite.

Et nous pourrions multiplier à plaisir ces citations.

1

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Principaux pays producteurs de minerai de fer, de fonte et d'acier
en 1897 et 18981.

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Il ressort de ce tableau que sept pays sont à la tête de la production métallurgique du monde entier; les États-Unis qui l'emportent définitivement, depuis cinq ans environ, sur la Grande-Bretagne, l'Allemagne qui est train de dépasser l'Angleterre, la France dont l'activité est presque égalée aujourd'hui par celle de la Russie, l'AutricheHongrie, riche en minerai, la Belgique qui traite surtout du minerai étranger. L'Espagne, comme la Grèce et l'Algérie, mais dans une proportion bien plus considérable, ne fait qu'extraire de son sol du minerai pour l'exportation. La Suède se réveille d'un long sommeil; sa situation actuelle ne rappelle guère le temps (avant 1730) où elle produisait, dit-on, deux fois plus de métal que l'Angleterre.

Au point de vue des progrès réalisés par les diverses productions nationales depuis quelques années 2, la Russie prend la tête des grands pays d'industrie métallurgique; les États-Unis viennent · ensuite, l'Autriche-Hongrie au 3o rang, puis la France et l'Allemagne à peu près sur le même plan, enfin la Belgique; l'Angleterre suit avec un moindre élan.

France.

II.

EUROPE.

Production et fabrication de la soie.

L'usage de la soie

1 D'après le Bulletin du comité des forges de France, no 1531, 11 décembre 1899. 2 Cf. l'Économiste français, du 9 décembre 1899. Nouveaux pays producteurs de métaux, par M. Ed. PAYEN.

1

se démocratise, dit M. G. Michel, analysant dans l'Economiste français 1 le rapport de la 4o section de la commission permanente des valeurs en douane. Les fabriques lyonnaises ont livré en 1898 pour 10 millions de soie de plus qu'en 1897. La production lyonnaise était évaluée en 1897 à 405 millions de francs. La même progression se manifeste dans la fabrication de Saint-Étienne. De 1894 à 1897, les fabriques de Saint-Etienne livraient en France, année moyenne, environ 53.613.320 francs de rubans; en 1898, les mêmes fabriques. ont vendu en France pour 55.431.500 francs. L'industrie de SaintEtienne est favorisée par la mode qui délaisse les tissus de soie durables, les grandes pièces d'étoffe, et qui réclame surtout les soies. légères ou mêlées, la mousseline, les rubans pour orner les vêtements ou les objets mobiliers de fantaisie, qui s'usent, se défraîchissent et se transforment très vite.

Le gaspillage de soieries auquel se livrent nos contemporaines ne profite pas seulement à l'industrie française; car, si la France a fourni pour son propre usage 8.698.604 kilos de soie en 1898, elle en a acheté 8.790.000 kilos en Italie. Déjà en 1895, la production de Milan avait dépassé la production de Lyon; actuellement la fabrication française a évidemment perdu le premier rang au point de vue de la quantité.

Les résultats de l'exportation rendent la perte encore plus sensible. Si la soie française s'est un peu mieux écoulée en 1898 que les années précédentes sur les marchés de la Suisse, de la Belgique, de la Turquie, de l'Égypte, la vente totale de cette même année 1898 a été de 11 % inférieure à la vente de 1897 3.591.900 kilos exportés en 1897 contre 3.178.100 kilos en 1898. Le marché de la soie à Londres est devenu depuis peu de temps le plus important du monde: or, sur ce marché, nos soieries ont subi un grave échec. De 95.620.000 francs en 1897, les expéditions de soie française à Londres sont tombées à 77.592.000 en 1898.

Tout en reconnaissant l'habileté et le soin que les industriels lyonnais apportent à produire des soieries d'excellente qualité, on peut se demander si les mérites de la production française sont toujours égaux à eux-mêmes. La clientèle de la plupart des industries françaises à l'étranger était une clientèle aristocratique. Nos fabricants resteront-ils toujours suffisamment outillés pour la satisfaire, alors que dans leur pays même ils sont sollicités à chercher dans des procédés rapides et imparfaits les moyens d'alimenter le faux luxe né des prétentions égalitaires?

La France a toujours été indigente sous le rapport de la matière première; l'élevage du ver à soie ne peut être qu'une industrie très.

1 Economiste francais, du 6 janvier 1900, pages 3, 4.

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