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13 kilomètres environ, nous présentons seulement le résultat définitif: le tracé (croquis no 2) part de Tamatave, passe entre Mahasoa et Melville, centres industriels, sur un terrain horizontal et franchit l'Ivondro; elle continue jusqu'au passage du Ronga-Rongo à travers un pays où la construction est facile, et dont les vallées sont riches et peuplées; la végétation y est celle des tropiques: canne à sucre, cacao, vanille, café, rafia, riz, manioc, etc... Après le Ronga-Rongo, il s'avance sur un plateau sablonneux n'offrant aucune difficulté jusqu'à Andvorano sur l'Ivohitra où il quitte le littoral pour s'enfoncer directement dans l'intérieur. Andvorano a été choisi pour cette bifurcation par suite de sa proximité de la ligne d'eau des Pangalanes, qui sera utilisée au début.

La voie empruntera ensuite les vallées de la Vohitra et de la Sahantandra dans lesquelles le tracé est dur : quelques tunnels sont nécessaires et des viaducs s'imposent pour franchir les affluents nombreux de ces deux cours d'eau. A la sortie du tunnel de Tangaina, les trains se dirigeront sur Moramanga, puis, prenant la direction sud-ouestnord-est, iront franchir le Mangoro en plaine, à Fenotsara. Après ce village, le tracé suit le Sahanjonjona, puis le flanc droit de la vallée de l'Isafotra, dont les fortes rampes nécessiteront la construction d'un viaduc très élevé au Fonabé et ont amené la mission à étudier l'usage d'un chemin de fer à crémaillère sur une trentaine de kilomètres. On suit enfin jusqu'à Tananarive les vallées de l'Andranobé, de l'Ankafiky, le col de Tanifotsy, l'Ivokopaka et l'Ikopa, sans rencontrer de difficultés.

Sur tout ce parcours, les déclivités n'atteignent généralement que 25 millimètres; dans la vallée de l'Isofotra seulement et sur une faible longueur, elles atteignent 35 millimètres, limite exceptionnelle autorisée par les instructions ministérielles.

Des commissions ont recherché, à Tananarive et à Tamatave, les emplacements des gares, de manière qu'ils satisfassent aux besoins du commerce local. Comme on le voit, rien n'a été négligé.

Le développement total de la voie est de 371 kilomètres; mais, si l'on commence la ligne à Andvorano, en utilisant jusque-là le canal des Pangalanes, il se trouvera réduit à 265 kilomètres.

Tel est, dans ses grandes lignes, le projet que présentera aux Chambres le général Gallieni et qui a reçu l'approbation du comité technique supérieur du ministère des colonies. Ses prévisions estiment à quarante millions les 265 kilomètres que l'on fera d'abord (soit cent cinquante mille francs par kilomètre) et à cinquante millions environ le coût total de Tananarive à Tamatave, matériel roulant compris. Le problème posé est donc de savoir si la ligne aura un transit suffisant pour couvrir les dépenses d'entretien et d'exploitation, rémunérer les capitaux engagés et les amortir.

Les dépenses d'exploitation et d'entretien seront d'environ...

Les revenus des capitaux engagés à 3% seront de.
L'amortissement et les frais imprévus étant de....
Une recette de....

suffirait donc pour atteindre le but cherché.

1.000.000 fr.

2.500.000 >> 1.500.000 >> 5.000.000

Or, pendant les trois dernières années, le transit par bourjanes entre la côte Est et Tananarive a coûté annuellement plus de sept millions de francs, tant à l'État qu'au commerce privé : on peut donc assurer que, dès son ouverture, la ligne se suffira. Tananarive, point terminus à l'intérieur, est le grand marché auquel viennent s'approvisionner les populations très denses de l'Imerina, du Vonizongo, des cercles d'Arivonimamo, de Tsiafahy, d'Anjozorabé, de Betafo, de Miarinarivo d'Ambositra, etc., forment un groupement d'environ deux millions d'indigènes; ces populations s'accroîtront rapidement, grâce au bien-être et aux mesures d'hygiène déjà prises. La capitale est, en outre, un centre européen important; elle contient les magasins d'approvisionnement des troupes et des services civils de l'intérieur et est entourée d'exploitations fondées par nos compatriotes qui vont donner à la région des ressources nouvelles; enfin les exportations, qui, jusqu'à présent, par suite de la cherté des transports, se limitent aux peaux de bœufs et à l'or, s'étendront au riz, au manioc, au bois et au fer dont les hauts plateaux sont abondamment fournis et dont la côte Est est condamnée, tant que nous n'aurons pas de chemin de fer, à s'approvisionner aux Indes, à Maurice, à la Réunion et même en Europe. La situation ne pourra donc que s'améliorer dans l'avenir. Il est bon de signaler aussi que, en dehors de la famille des bourjanes, le Malgache est mauvais marcheur, quoique aimant beaucoup à se déplacer : il est curieux et fait de quinze à vingt jours de route en filanzane ou à pied pour aller voir la mer ou la capitale : nul doute qu'il ne se déplace encore plus facilement quand il pourra user du train, qui sera très commode et meilleur marché que le filanzane. Les transports de voyageurs seront donc une source de recettes qui n'est pas à dédaigner.

Et puis, la voie ferrée est l'instrument indispensable à la mise en valeur des terres si riches de l'intérieur de l'île ne pas en doter la colonie serait lui enlever l'espoir de rendre productif la plus grande partie de son domaine. Certes, il y aura des difficultés, mais combien moins grandes qu'au Soudan ou au Congo! Sauf dans les tronçons Tamatave-Andvorano et Moramanga-Fenotsara qui traversent des contrées peu saines, la ligne passe dans des régions où l'Européen vit bien le pays fournit une main-d'œuvre qui, sans être abondante, pourra permettre d'amener en six années la première locomotive en Imérina. Ce jour-là, si les Chambres le veulent, Madagascar entrera dans l'ère de prospérité définitive. J. XIOR.

Le gouvernement a reçu l'acte de délimitation de notre baie de Kouang-Tchéou, signé le 15 novembre, entre l'amiral Courrejolles et le maréchal Sou. Le même courrier nous a apporté quelques détails sur la mort, précédemment annoncée, des deux enseignes de vaisseau, MM. Gourlaouen et Koun, assassinés le 13 novembre dernier. Les communiqués officieux ont d'abord laissé entendre qu'ils. avaient été assassinés au cours d'une partie de chasse. L'explication pouvait sembler plausible; toutefois, ce manque de circonspection de la part d'officiers qui avaient vu l'hostilité des populations et des fonctionnaires chinois croître de jour en jour, aurait dû éveiller les soupçons; néanmoins nous avons cru devoir ajouter foi aux informations communiquées. Nous avons eu tort.

Nous savons aujourd'hui que MM. Gourlaouen et Koun, qui tenaient garnison dans le poste de Montao, n'ont pas été assassinés pour s'être aventurés dans une simple excursion : ils furent tués dans une reconnaissance par des réguliers chinois. Cette fois encore, on n'avait pas dit la vérité; il est vrai que nous n'en sommes plus à compter les inexactitudes, involontaires ou calculées, qui, en somme, ont pour résultat de rejeter sur des subalternes des responsabilités qui remontent plus haut.

Dans toute cette affaire de Kouang-Tchéou-Ouan, on a commis fautes sur fautes; les ordres et les contre-ordres donnés aux commandants de nos forces navales, depuis la fin de 1897, aussi bien que les tergiversations de notre politique et ses reculades ont encouragé les Chinois dans leur résistance. Notre gouvernement par ses retards et ses concessions nous a fait « perdre la face » et a permis au viceroi de Canton d'espérer qu'à force de mauvaise volonté, il parviendrait à nous décider à l'évacuation. En avouant imprudemment sa «< peur des Anglais » dans des dépêches aussitôt déchiffrées par leurs câbles, il engagea nos rivaux à nous faire une sourde opposition qui n'a pas tardé à se manifester par des actes. Un jour viendra où toutes ces choses seront exposées au grand jour. On saura comment les premières demandes, destinées à garantir la sécurité de notre nouvelle concession, furent réduites par ordre, en même temps qu'on refusait systématiquement crédits et garnison. On eût dit vraiment que le but poursuivi était de rendre inévitable l'évacuation d'un point qu'on hésitait à garder, et qu'on le décriait à dessein.

Quoi qu'il en soit, les enseignes Gourlaouen et Koun sont morts tués à l'ennemi; car ce n'était plus aux bandes de pirates

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el de malandrins, qui foisonnent toujours dans ces provinces infestées de sociétés secrètes, que nos officiers eurent affaire ce jour-là, mais bien à des réguliers à la solde du vice-roi de Canton. Le gouvernement chinois est donc responsable devant la France de cet acte d'hostilité; il appartient à nos ministres de demander justice et réparation. Celle-ci doit être éclatante, afin d'apprendre aux Célestes aussi bien qu'à tous ceux qui nous jalousent et nous suscitent d'incessantes difficultés, au Kouang-Toung comme au Yunnan et à Changhai, que notre prestige ne peut tolérer de telles atteintes et que les représentants de la France doivent être respectés. Mais, hélas! il paraît que le cabinet est prêt à ratifier la convention. qui nous accorde les demandes réduites faites en second lieu. Cela est déplorable.

Nous regrettons d'abord que le territoire concédé ne comprenne point la place où périrent les deux officiers. Les familles qui les pleurent aujourd'hui eussent été fières de savoir que leurs enfants avaient donné à la France le sol arrosé de leur sang et que, morts, enterrés dans le lieu où ils avaient été tués, ils reposaient aux frontières qu'ils avaient gardées durant leur vie et reculées en tombant. Au point de vue militaire, nous devons regretter que la nouvelle délimitation ne s'étende pas au moins jusqu'aux sommets qui, de divers côtés, commandent et menacent notre établissement, et jusqu'à l'extrémité de la rive droite de la rivière de Lei-tchéou. Cette pointe s'avance à la rencontre des îles Tan-haï et Nau-chau; elle nous eût permis de fermer la seconde baie dont l'abandon permet de tourner la position que nous allons occuper. Le territoire qui nous est cédé à bail est notoirement insuffisant pour les nombreuses constructions que nécessitera le soin de nos intérêts militaires et commerciaux. Pour que notre établissement soit solide, pour qu'il soit vraiment un débouché vers l'intérieur, les îles ne peuvent suffire; il nous faut sur le continent une notable étendue de terrain. Les Anglais l'ont compris; non contents d'avoir obtenu Weï-haï-weï et ses fortifications, ils ont exigé l'annexion de la presqu'île de Kaulong, en face de Hong-Kong, et se sont fait donner un large territoire facile à exploiter aussi bien qu'à défendre.

Enfin la simple prudence commandait d'imiter l'Allemagne à Kiaotchéou; celle-ci prit soin de faire délimiter autour de la zone qu'elle occupe une large bande de 16.000 kilomètres carrés, où le Fils du Ciel s'est engagé à ne rien faire sans l'assentiment du Kaiser. Cette précaution était indispensable dans une région où la malveillance se transforme rapidement en hostilité déclarée.

Non seulement la délimitation actuelle de notre acquisition est défectueuse, mais les compensations accordées pour le meurtre des deux officiers ne peuvent nous contenter. La dégradation d'un fonc

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