Images de page
PDF
ePub

Mais du jour importun les regards éblouis

Ne distinguèrent point, au fort de la tempête,

Les foudres menaçants qui grondoieut sur sa tête. (Volt. Hen. ch.III.) Foudre, au figuré, ne s'emploie que dans le style élevé. En parlant d'un capitaine brave et diligent, on dit un foudre de guerre, et d'un grand orateur un foudre d'éloquence (L'Académie.). — Quand le sublime vient à éclater où il faut, il renverse tout comme un foudre.

(Traité du Sublime, chap. 1.)

Månes des grands Bourbons, brillant foudre de guerre.
(Corneille, Victoire du roi en 1667.)

ORGE, sorte de grain du nombre de ceux qu'on appelle menus grains, est féminin lorsqu'on parle de l'orge qui est. sur pied de l'orge bien LEVÉE, voilà de BELLES orgés; mais, lorsqu'on parle de l'orge en grains, il est masculin, et c'est dans ce cas seulement de l'orge monde, de l'orge perlé. L'orge monde se dit des grains qu'on a bien nettoyés et préparés, et l'orge perle se dit de l'orge réduit en petits grains dépouillés de leur son.

:

(Le Dict. de L'Académie, Wailly, Gattel, Féraud, etc., etc.) Domergue se fondant sur l'étymologie de ce mot (hor= deum) veut que orge soit toujours masc.

ORGUE, le plus grand et le plus harmonieux des instru= ments de musique, est masculin au singulier, et féminin au pluriel: L'ORGUE d'une telle église est EXCELLENT. a de BONNES orgues en tel endroit.

(L'Académie.)

Ily

(Ménage, 73e chapitre de ses Remarq., Wailly, page 33. M. Sicard, page 86, t. 1. Et le Dict de l'Académie.)

REMARQUE.-L'auteur des procès-verbaux de l'Académie gram. pense qu'il vaut mieux employer le singulier quand on parle de cet instrument, sans avoir égard à la diversité de ses jeux : un GRAND et BEL ORGUE; et le pluriel quand ses divers jeux fixent notre attention : des orgues bien HARMONIEUSes.

NOTA. Voyez, aux Remarques détachées, une question de syntaxe assez curieuse sur l'emploi de ce mot.

Aux pronoms indéfinis, on trouvera des observations sur l'emploi des deux mots PERSONNE et ON.

Cette variation de genres a fait encore qu'on a donné les deux genres à des mots pareils, mais d'une acception différente.

Substantifs de différents GENRES, D'UNE MÊME CONSONNANCE, MAIS AYANT DIFFÉRENTES SIGNIFICATIONS.

[blocks in formation]

(50) On écrivoit autrefois aulne, arbre, à cause de l'étymologie alnus,

MASCULINS.

CAPRE, Vaisseau armé en course (on dit plus souvent armateur).

CARTOUCHE, ornement de sculpture, de peinture ou de gravure.

FÉMININS.

CAPRE, fruit du caprier. (On le dit plus souvent au pluriel.)

CARTOUCHE, la charge en= tière d'une arme à feu. Congé donné à un militaire. CLOAQUE, conduit fait de

CLOAQUE, lieu destiné à recevoir les immondices.-Mai- pierre et voûté, par où l'on son sale et infecte.-Personne | fait couler les eaux et les im= sale et puante; figurément et mondices d'une ville.-En ce familièrement: cloaque d'im sens, il ne se dit guères que 'purétés, de toutes sortes de des ouvrages des anciens. vices, etc.

COCHE, voiture d'eau ou de

terre.

CORNETTE, nom que l'on donne à un officier de cavale rie ou de dragons chargé de porter l'étendard.

CRAVATE, cheval de Croatie en Allemagne (on dit présen tement Croate).

CRÊPE (51), sorte d'étoffe un peu frisée et fort claire,

[blocks in formation]

CRÊPE (24), pâte fort mince qu'on fait cuire, en l'éten qu'on porte en signe de deuil. Į dant sur la poêle.

(51) CRÊPE. L'Académie ne dit point que ce mot s'emploie figurément. Cependant Boileau a dit (Lutrin, ch. I):

Dês que l'ombre tranquille

Viendra d'un crépe noir envelopper la ville.

Delille, en parlant de la nuit :

Déjà du haut des cieux jetant ses crêpes sombres.

Et dans l'Énéide, livre III:

La nuit de son trône d'ébène

Jette son crêpe obscur sur les monts, sur les flots.

[blocks in formation]

(52) Lorsque ce mot se dit de la nymphe qui porte ce nom, on peut l'employer sans article :

Echo n'est plus un son qui dans l'air retentisse ;

C'est une nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse. (Boil., Art. poét. ch.3.)

Mais on peut aussi le faire précéder d'un article, pourvu qu'un adjectif les sépare :

Un berger chantera ses déplaisirs secrets
la triste Echo répète ses regrets.

Sans que

(P. Corneille, Défense des Fables dans la poésie.)

(53) ENSEIGNES S'emploie également dans ces phrases: Je ne me fierai à lui qu'à bonnes enseignes, avec connoissance et sur de bonnes preuves; on dit aussi : à telles enseignes que, pour dire : cela est si vrai que.

MASCULINS.

FOURBE (54), trompeur, qui trompe avec adresse.

GARDE, homme armé, destiné pour garder quelqu'un ou quelque chose.

GREFFE, lieu public où l'on délivre des expéditions des actes de juridiction que l'on y garde en dépôt.

GIVRE, espèce de gelée blan= che qui s'attache aux arbres, aux buissons, etc.

GUIDE, tout ce qui, en gé= néral, sert à nous conduire dans une route qui nous est inconnue.

FÉMININS.

FOURBE (55), tromperie.

GARDE (56), guet, action de garder.-Collectivement, Gens de guerre qui font la garde. -Femme qui sert les malades et les femmes en couches.

GREFFE, petite branche tendre que l'on coupe d'un arbre qui est en sève, et que l'on ente sur un autre arbre.

GIVRE, en terme d'armoi= ries, grosse couleuvre ou serpent à la queue ondée.

GUIDE (57), longe de cuir attachée à la bride d'un cheval, et qui sert à le conduire.

(54) FOURBE, signifiant trompeur, ne s'emploie qu'au masculin; on ne dit point c'est une fourbe insigne. Telle est l'opinion de Féraud, de Gattel, de Boiste, de Wailly et de M. Laveaux ; et les exemples mis dans Trévoux et dans l'Académie, édition de 1762, sembleroient la confirmer. On lit cependant dans l'édition de 1798 une insigne fourbe, mais cet exemple n'est pas dans celle de 1762, la dernière que l'Aca= démie ait reconnue.

(55) Féraud croit que le mot FoURBE, dans le sens de tromperie, est moins commun que fourberie; la fourbe, dit Roubaud, est le vice, l'action propre du fourbe ; et la fourberie en exprime l'habitude, le trait, le tour, l'action particulière : ainsi la fourbe dit plus que fourberie, puisque celle-ci n'est que l'action simple, le résultat de la fourbe.

(56) GARDE. Voyez plus bas comment il s'écrit au pluriel, lorsqu'il entre dans la composition d'un autre mot.

(57) GUIDE, en ce sens, s'emploie le plus ordinairement au pluriel: Guides est du style simple, rênes est de tous les styles.

« PrécédentContinuer »