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Au futur et au présent du conditionnel des verbes terminés en ier, en ayer et en oyer: je prierai, je balaierai, j'essaierai, je paierai, je nettoierai, j'emploierai, etc.

Dans les temps des verbes dont l'avant-dernière syllabe est oi, on ne prononce point l'e de la dernière, lorsqu'elle est ou un e muet, ou es ou ent, comme dans, que je croie, que tu croies, qu'ils croient, etc.

Dans le chant, à la fin des mots, tels que gloire, fidèle, triomphe, l'e muet est moins foible que l'e muet commun, et approche davantage de l'eu foible;

Et les vers qui finissent par un e muet ont une syllabe de plus que les autres, par la raison que la dernière syllabe étant muette, on appuie sur la pénultième. Alors l'oreille est satisfaite, par rapport au complément du rhythme et du nombre des syllabes; et, comme la dernière tombe foiblement, et qu'elle n'a pas un son plein, elle n'est point comptée, et la mesure est remplie à la pénultième.

Jeune et vaillant héros, dont la haute sages-se.

L'oreille est satisfaite à la pénultième ges, qui est le point d'appui après lequel on entend l'e muet de la dernière syllabe se. (Le même, page 317.)

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De toutes les voyelles, l' est celle dont le son est le plus délié et le plus aigu. Lorsque, dans une syllabe, elle se joint à la consonne qui la suit, sans être précédée d'une autre voyelle, elle conserve sa prononciation naturelle, à moins que la con= sonne avec laquelle elle se trouve jointe ne soit un mou un n; car alors le son aigu et délié de l'i se change en un autre son nasal qui tient de l'e et de l'i, ou de l'a et de l'i, c'est-à-dire que imprimer, imprudent, printemps, briñ, lin, fin, etc., se prononcent, eimprimer, eimprudent, ou aimprimer, aim= prudent, etc.

Toutefois la lettre i retient le son qui lui est propre, 1o, dans les noms propres tirés des langues étrangères, comme Selim, Ephraïm, etc., qu'on prononce comme si la consonne m étoit suivie d'un e muet; 2°, dans tous les mots où in est suivi d'une voyelle, parce qu'alors l'i est pur, dit Duclos, et que le n modifie la voyelle suivante, comme i-nanimé, i-nodore, etc.; 3°, commencement des mots en imm et en inn, soit qu'on prononce les deux ce qui arrive toujours dans ceux en imm; soit qu'on n'en prononce qu'une, ce qui n'a lieu que dans innocent et ses dérivés, qu'on prononce i-nocent, i-nocence, etc., et dans innombrable et innombrablement.

consonnes,

(Lévizac, p. 60, t. 1. Gattel, l'Académie à chacun de ces mots.) Enfin, i ne se prononce point dans moignon, oignon, poignant, poignée, poignard, Montaigne (nom d'homme). (Man. des amat. 2e année. )

§. III.-Sur l'u.

U conserve le son qui lui est propre dans le mot un em= ployé au féminin. On dit une femme, et non pas eune femme. Lévizac pense que l'on doit prononcer de même un employé au masculin: u-nimbécille, u-nhérétique; mais l'auteur du Traité des sons croit qu'il vaut mieux prononcer un-nimbé= cille, un-nhérétique; parce que, de cette manière, on voit tout de suite que c'est d'un homme que l'on parle, lorsque, dans la prononciation indiquée par Levizac, on doit penser qu'il est question d'une femme.

U fait diphthongue avec l'i qui suit, comme dans lui, cuit, muid, etc.

Quelquefois nous employons u sans le prononcer après la consonne g, quand nous voulons lui donner, une valeur gutturale, comme dans prodigue, qui se prononce bien autrement que prodige, par la seule raison de l'u, qui, du

reste est absolument muet.

Faison

L'u final se change en / dans certains mots, so soit pour d'euphonie, soit parce que l'usage l'a voulu ainsi. Par

exemple, cou s'écrit et se prononce col, dans col d'une montagne, col de la vessie, COL de chemise, un hausse= COL, et dans cette phrase du style familer: coL tors, col court. (L'Académie et Féraud.)

Fou se prononce et s'écrit fol, lorsqu'il est employé adjectivement, ou immédiatement suivi d'un substantif qui commence par une voyelle : fol appel, fol amour, fol es= poir. (L'Académie et Féraud.)

Mou: on écrivoit autrefois, un homme мol et efféminé. L'Académie écrit: un homme mou et efféminé; cepen= dant on lit, dans Buffon: les Chinois sont des peuples MOLS; et dans M. Clément :

Sur le mol édredon dormez-vous plus tranquille?

Enfin u a diverses prononciations après la lettre q; nous les indiquerons lorsque nous parlerons de la prononciation de cette consonne.

Au lieu de beau, on écrit et l'on prononce bel avant un substantif singulier qui commence par une voyelle ou par un h non aspiré : bel esprit, bel áge, bel oiseau, bel homme. -On dit aussi bel et bon; mais c'est une extension à cette règle qui n'a lieu que pour les substantifs, car on dit beau à voir, et non pas bel à voir. (L'Académie et Féraud.)

ARTICLE II.

Des voyelles EU, OU, AI, AU, et autres représentées par plusieurs lettres, et qui toutes répondent à quelquesuns des sons précédents.

Un grand nombre d'anciens Grammairiens ont pris les voyelles eu et ou pour des diphthongues, s'étant laissé trom= per par la vue des deux lettres dont on se sert pour les

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représenter, faute de caractères simples. Cependant ou et eu sont des sons très-simples, aussi bien que o et e, qu'on re présente souvent par au, ai, comme dans le mot j'aurai, qui se prononce j'oré. Ensuite une diphthongue, comme nous le ferons voir à l'article suivant, est la réunion de deux sons simples, qu'on prononce par une seule émission de voix, et dont chacun des sons se fait entendre. Or, dans eu, ou il n'y a qu'un seul son simple, bien différent des sons e, o, et u, qu'on n'y entend pas du tout. D'autres Grammairiens nomment ces voyelles fausses diphthongues; mais cette dénomination n'a aucune justesse, et est même ridicule, car c'est comme si l'on disoit une diphthongue qui n'est point une diphthongue. Ensuite cette dénomination ne présente en aucune manière l'idée des voyelles simples, telles que eu, ou, etc., qui en ont véritablement le son.

D'autres encore les appellent, aussi bien que ai, ei, au, eau, eoient, etc., des voyelles composées. Cette dénomina tion n'est pas meilleure que la précédente; en effet, si l'on n'entend par voyelles que des sons simples, on sent bientôt combien cette dénomination est fausse et trompeuse, puisqu'un son simple ne peut être composé. D'ailleurs si ce n'est qu'aux lettres qui représentent les sons simples qu'on donne le nom de voyelles, quoique cette dénomination semble alors avoir quelque air de vérité, il est aisé de voir qu'elle n'est guère plus juste, et qu'elle n'est propre qu'à induire en erreur. Car, comme on attache aux lettres l'idée des sons qu'elles représentent, et que les lettres A, I, o, u, présentent l'idée des sons A, I, o, u; en nommant AI, AU, ou, voyelles composées, on donne presque nécessairement à entendre que ces voyelles, qui ne sont que des sons simples, sont un mélange de deux sons, quoique les sons ▲ et 1, a et u, o et n'aient aucun rapport avec les sons ai ou è, au ou o, son ou; c'est pourquoi il nous semble qu'on doive aussi rejeter cette dénomination de voyelles composées, comme impropre et trompeuse. ( Traité des sons de la I. fr. p. 27.)

Ú,

et le

Cela bien entendu, examinons la prononciation de ces voyelles :

AE; l'e ne sonne pas, dans Caen (ville).

AO;

L'o est nul, dans paon, paone, faon, Laon (ville).

L'a ne se fait pas entendre, dans Saône, aoriste, août, avúteron, taon (poisson).

Remarque. L'a se fait entendre dans aoútée, participe passé de aoûter, qui ne s'emploie qu'à ce temps.

EA; L'office de l'e est uniquement d'adoucir le g devant l'a : mangea, songea, etc.

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A ade son de

E muet, dans faisant.

£ fermé, dans je chantai, j'ai, je lirai, etc.
È ouvert, dans maître, maison, etc.

i, dans douairière.

AI

Remarque. Il n'est pas douteux que la combinaison A n'ait le son de l'e muet dans faisant, faisoit, et dans tous les verbes composés de celui-ci ? quant aux substantifs et aux adjectifs qui en dérivent, l'Académie en fixe la prononciation: on prononce, dit-elle, bienfaisance, bienfaisant, dans le discours ordinaire; maîs, au théâtre et dans le discours sou= tenu, on prononce bienfèsance, bienfèsant.

Oi a le son de l'è ouvert, dans

les imparfaits et les conditionnels des verbes je disois, je dirois."

Foible et ses dérivés; roide (1), monnoie et leurs dérivés; harnois, etc.

François, Islandois, Groënlandois, Anglois,

Ecossois, Irlandois, Hollandois, Polonois,
Lyonnois, etc.

Oi á de plus le son de l'è très-ouvert dans les verbes en oltre qui ont plus de deux syllabes; tels que paroître, disparoître, etc.

(1) ROIDE. Regnier veut qu'on prononce roade; Richelet et Wailly sont d'avis de prononcer rède, rèdeur, rèdir. L'Académie dit que, dans la conversation, il faut prononcer rède, rèdeur, rèdir; dans le discours soutenu, rède, rèdeur, rèdir, ou roède, roèdeur, roèdir; et Féraud se range à cette opinion.

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