Images de page
PDF
ePub

QUATRIENNAL: l'Académie étant d'avis qu'on peut dire des officiers triennaux, ne paroît-elle pas autoriser à dire aussi des officiers quatriennaux?

RADICAL: Trévoux et Wailly ont dit des nombres radicaux. * SOCIAL, TOTAL: ces Adjectifs ne s'emploient qu'avec des mots féminins: qualité sociale, vertu sociale, somme totale, ruine totale; ils n'ont donc pas de pluriel masculin.

THEATRAL: l'Académie, Trévoux et Féraud ne donnent d'exemple de cet Adjectif qu'avec des mots féminins; Gattel et M. Boniface sont cependant d'avis que l'on peut dire au pluriel, theatrals; et La Harpe, écrivain correct, en a fait usage.

TRANSVERSAL : l'Académie est d'avis que cet Adjectif ne se dit guère que dans ces phrases : ligne transversale, sec= tion transversale; néanmoins Buffon a dit des muscles trans=

versaux.

TRIVIAL: Rousseau et l'abbé Desfontaines ont dit des compliments triviaux. - Féraud observe cependant que cet Adjectif n'a pas de pluriel au masculin; mais l'Académie, dans son Dictionnaire de 1798, et M. Laveaux, disent positivement qu'on peut très-bien dire des détails triviaux.

VERBAL: Beauzée et plusieurs autres Grammairiens ont dit des adjectifs verbaux.

* VIRGINAL, ZODIACAL: ces Adjectifs, qui ne s'emploient qu'avec des mots féminins, ne peuvent pas avoir de masculin au pluriel pudeur, modestie virginale; lumière zodiacale, étoiles zodiacales.

*VOCAL: cet Adjectif n'étant, suivant l'Académie, en usage qu'avec les mots prière, oraison, musique, ne sauroit également avoir de pluriel au masculin.

A l'égard des Adjectifs adverbial, clérical, central, con= jectural, ducal, doctoral, filial, immémorial, instrumental, jovial, magistral, marital, monacal, musical, pénal, préceptoral, primațial et quadragesimal, l'Académie, Trévoux, Féraud, Wailly, Gattel, etc., ne leur assignent pas de pluriel au masculin, et même plusieurs d'entre

eux vont jusqu'à dire qu'on ne doit pas leur en donner; cependant pourquoi cette exception? et puisqu'on emploie ces adjectifs avec des substantifs masculins, et que l'on dit mot adverbial, point central, art conjectural, titre clérical, banc doctoral, usage immémorial, manteau ducal, sentiment filial, homme jovial, ton magistral, concert instrumental, pouvoir marital, habit monacal, code pénal, ton précepto= ral, siège primatial, jeúne quadragesimal, pourquoi ne sui= vroit-on pas l'analogie à l'égard de tous ces Adjectifs, sauf à voir, d'après le goût et l'oreille, si ces Adjectifs doivent se tourner en als ou en aux?

Alors il ne resteroit plus que les mots bénéficial, boréal, brumal, canonial, diagonal, diametral, labial, lingual lustral, médical, mental, patronal, proverbial, total (222), virginal, vocal et zodiacal (tous mots marqués d'un astérisque dans les observations précédentes), que l'on ne pourroit effectivement pas employer au pluriel masculin, puisqu'on n'en fait usage qu'avec des mots féminins.

OBSERVATION.-Le Dictionnaire de l'Académie et beaucoup d'écrivains modernes suppriment le t au pluriel des adjectifs qui se terminent au singulier par le son nasal ant, ent; mais les objections faites par MM. de Port-Royal, Régnier Desmarais, Beauzée, d'Olivet, et plusieurs Grammai= riens modernes, contre la suppression du t, à l'égard des substantifs terminés, au singulier, par ant, ent, sont égale= ment d'un grand poids pour les adjectifs; et, en effet, cette suppression a bien des inconvénients; car, si l'on écrit au masculin pluriel alezans, et bienfaisans sans t final, les étran= gers n'en concluront-ils pas que le pluriel féminin est le même pour ces deux mots, et, par conséquent, ou qu'on doit dire au féminin alezantes, parce qu'on dit bienfaisantes, ou qu'on doit dire bienfaisanes, parce qu'on dit alezanes? S'ils ne portent pas leur attention sur le singulier, l'analogie doit les conduire à l'une ou à l'autre de ces conclusions.

(222) On dit la somme des totaux, mais totaux est là un substantif

S. III.

DES DEGRÉS DE SIGNIFICATION OU DE QUALIFICATION DANS LES ADJECTIFS.

Les Adjectifs peuvent qualifier les objets, ou absolument, c'est-à-dire sans aucun rapport à d'autres objets; ou relative= ment, c'est-à-dire avec rapport à d'autres objets, ce qui éta= blit différents degrés de qualification, qu'on a réduits à trois; savoir: le Positif, le Comparatif, et le Superlatif.

(Lévizac, page 235.)

Le Positif est l'adjectif dans sa simple signification; c'est l'adjectif sans aucun rapport de comparaison. Ce premier de= gré est appelé positif, parce que, comme le dit M. Chapsal, il exprime la qualité d'une manière positive: Un enfant sage et laborieux est aimé de tout le monde.

(Dumarsais, pag. 183, t. 1 de sa Gramm., et Lévizac.)

Le Comparatif, ou second degré de qualification, est l'adjectif exprimant une comparaison, en plus ou en moins entre deux ou plusieurs objets. Alors il y a entre les objets que l'on compare, ou un rapport de supériorité, ou un rap= port d'infériorité, ou un rapport d'égalité: de là trois sortes de rapports ou de comparaisons.

Le rapport ou la comparaison de supériorité énonce une qualité à un degré plus élevé dans un objet que dans un autre cette comparaison se forme en mettant plus, mieux, avant l'adjectif ou le participe, et la conjonction que après : Le bien est PLUS ancien dans le monde que le mal.

(D'Aguesseau.)

[ocr errors]

C'est bien fait de prier, mais c'est MIEUX FAIT d'assister les pauvres. (Massillon.)

Le rapport ou la comparaison d'infériorité énonce une qua= lité à un degré moins élevé dans un objet que dans un autre ;

elle se forme en mettant moins avant l'adjectif, et la con= jonction que après; exemple :

Le naufrage et la mort sont MOINS funestes que les plaisirs qui attaquent la vertu. (Fénelon, liv. 1.)

Le rapport ou la comparaison d'égalité énonce une qualité à un même degré dans les objets comparés; elle se forme en mettant aussi avant l'adjectif ou le participe, autant avant le substantif et le verbe, et la conjonction que après; exemples:

Il est peut-être AUSSI difficile de former un grand roi que de l'étre. (De Neuville, Oraison fun. du Cardinal de Fleury.) Le mauvais exemple nuit AUTANT à la santé de l'ame, que l'air contagieux à la santé du corps. (Marmontel.)

(Lévizac, p. 253, t. 1. Fabre, p. 55.) Nous n'avons que trois adjectifs qui expriment sculs une comparaison meilleur, moindre, pire.

Meilleur est le comparatif de bon : ceci est bon, mais cela est MEILLEUR. Ce comparatif est pour plus bon, qui ne se dit pas, si ce n'est dans cette phrase: Il n'est plus bon à rien qui veut dire, il ne vaut plus rien. Mais alors plus cesse d'être adverbe de comparaison. De même, au lieu de plus bien, on dit mieux; cependant on dit moins bon, aussi bon; moins bien, aussi bien.

Moindre est le comparatif de petit : Cette colonne est MOINDRE que l'autre. Son mal n'est pas MOINDRE que le vôtre. (L'Académie.)

Moindre est aussi le comparatif de bon en ce sens : ce vin-là est MOINDRE que l'autre. (Même autorité.)

(Regnier Desm. p. 181.-Girard, p. 382.-Fabre, pag. 57.—Et Lévizac.)

Ire REMARQUE.-Ordinairement parlant, il faut qu'il y ait un certain rapport de construction entre les deux termes de comparaison, et il est nécessaire de suivre, après la conjonc

tion que, qui est le lien de ces deux membres, le même ordre de phrase qu'on a suivi auparavant : Il y a plus de sots non imprimés qu'imprimés.

Dites qu'IL N'Y EN A D'imprimés.

On voit plus de personnes étre victimes d'un excès de joie que de tristesse.

Il falloit dire que D'UN EXCÈS de tristesse.

En effet la comparaison n'est pas entre la tristesse et la joie, mais elle est entre l'excès de l'une et l'excès de l'autre. (Féraud, au mot Comparaison.)

2me REMARQUE.-L'adjectif, ou, suivant l'expression de Domergue, l'attribution qui fait le fond du caractère, celle qui est plus connue, doit se placer après la conjonction que; et l'attribution qu'on veut égaler à la première, et qui n'est pas connue ou l'est moins, se placer après l'adverbe de comparaison; on dira donc : Socrate étoit aussi vaillant que sage, plutôt que aussi sage que vaillant.-Turenne étoit aussi sage que vaillant, plutôt que aussi vaillant que sage.

En effet, ce qui frappe le plus, ce qui est le plus connu dans Socrate, c'est la sagesse; dans Turenne, c'est la vaillance. Lorsque le Bourgeois gentilhomme de Molière veut prou= ver la douceur de Jeanneton, il dit :

Je croyois Jeanneton aussi douce que belle,

Je croyois Jeanneton plus douce qu'un mouton.

Douce est placé avant belle, parce que le point connu de M. Jourdain, c'est la beauté, et c'est à ce point qu'il com= pare la douceur; de même rien n'est plus connu que la douz ceur d'un mouton, et c'est à ce point que notre Bourgeois gentilhomme veut comparer celle de Jeanneton.

(Le Dict. crit. de Féraud.-Urb. Domergue, pag. 118 de sa Gramm., et p. 102 de son Journal, et M. Lemare, p. 210.)

Le Superlatif, ou troisième degré de qualification, est l'adjectif exprimant la qualité portée au suprême degré, en plus ou en moins. En françois on en distingue de deux sortes : le superlatif relatif, et le superlatif absolu.

« PrécédentContinuer »