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mes en mil huit cent dix-neuf. (Wailly, p. 175. Lévizac, p. 290.) 2o, En parlant du jour du mois le deux de mars, le quatre de mai (245); mais on dit toujours avec le nombre or= dinal, le premier de mai, le premier de juin, et non pas le un de mai, le un de juin.

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3o, On les emploie encore en parlant des souverains et des princes, comme Louis douze, Henri quatre, Louis quatorze ; mais on ne dit pas Henri un, François un, pour Henri premier, François premier. On dit assez indifféremment Henri deux, et Henri second. On dit aussi Charles cinq, Philippe cinq, etc.; mais on dit Charles Quint, empereur contemporain de François premier; Sixte Quint, pape contemporain de notre bon roi Henri quatre.

(Patru et Th. Corneille, sur la 127° rem. de Vaugelas. - Le P. Buffier, n° 369.-Le P. Bouhours, p. 585.- Wailly, p. 175.) Les Adjectifs de nombre cardinaux s'emploient quel= quefois substantivement: comme le huit, le dix de cœur ; jouer au trente et quarante ; nous partîmes le douze, et nous ne revînmes que le trente. On m'a livré un cent, deux cents de paille. (L'Académie.)

Il en est de même des Adjectifs de nombre ordinaux : Socrate est le PREMIER qui se soit occupé de la morale : le substantif est sous-entendu ; c'est comme si l'on disoit: Socrate est le premier PHILOSOPHE, etc.

De tous les Adjectifs de nombre cardinaux, il n'y a que

(245) Voltaire disoit le deux de mars, le quatre de mai, et Racine le deux mars, le quatre mai, Sous le rapport de la correction gram= maticale, la première construction est certainement préférable, puisque deux et quatre sont là pour deuxième, quatrième, et que l'on dit toujours avec la préposition de, le deuxième jour de mai, le quaz trième jour de juin. Ensuite les Latins disoient avec le génitif: primus februarii, secundus aprilis.

Ainsi, la grammaire et l'analogie sont pour le deux DE mars, le quatre DE mai; mais si l'on consulte l'usage, qui, en fait de langage, est la règle de l'opinion, on dira le deux mars, le quatre mai. C'est ainsi que s'expriment presque toujours nos bons auteurs, et les personnes qui se piquent de parler purement, et qui évitent toute espèce d'affectation.

wingt et eont, qui, précédés d'un autre adjectif de nombre par lequel ils sont multipliés, prennent un s au pluriel : quatréVINGTS chevaux, cent quatre-VINGTS pistoles; deux CENTS chevaux ; cinq CENTS francs.

t

[L'Académie, Féraud, Gattel, Wailly, Lemare, etc.) Deux cents auteurs extraits m'ont prêté leurs lumières. (Boil., Épît. XII.) On assure que les porte-faix ou crocheteurs de Constan= tinople portent des fardeaux de neuf cents livres pesants. (Buffon, Hist. nat. de l'homm.)

La même chose a lieu, lorsqu'on sous-entend le substantif après vingt et cent précédés d'un adjectif numéral. Ainsi l'on écrira avec la marque du pluriel quatre-vingts, six vingts (246), deux cents. (L'Académie.)

La Suède et la Finlande composent un royaume large d'environ deux cents de nos lieues, et long de TROIS CENTS. (Voltaire, Histoire de Charles XII.)

Nous partimes cinq cents; mais, par un prompt renfort,
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port. (Le Cid, IV, 3.)
Maudit soit l'auteur dur, dont l'âpre et rude verve,

Son cerveau tenaillant rima malgré Minerve;
Et de son lourd marteau martelant le bon sens,

A fait de méchants vers douze fois douze cents.

(Boileau, vers en style de Chapelain.)

:Depuis

(246) Six vingts vieillit; on dit plus ordinairement cent vingt, on disoit encore, dans le siècle passé, sept vingts ans, huit vingts ans :. six ou sept vingts ans que l'église Calvinierne a commencé. (Bossuet.) Des femmes enceintes au nombre de huit vingts et plus. — L'Aca= démie ne le condamnoit pas autrefois, et en permettoit l'usage jusqu'à dix-neuf vingts, en excluant seulement deux vingts, trois vingts, cinq vingts et dix vingts.

Dans l'édition de 1762 et dans celle de 1798 (au mot quatre et au mot vingt), elle approuve encore six vingts, et même sept vingts, huit vingts. Il y a plus, c'est que plusieurs écrivains modernes ont fait usage de quelques-uns de ces termes. Voltaire, dans sa XI* remarque sur Cinna, a dit: Remarquez que dans cette scène il n'y a presque que deux mots à reprendre, et que la pièce est faite depuis six VINGTS ans. Fénelon ( dans le Télémaque, liv. VIII ) : On y voit des vieillards de CENT et de SIX VINGTS ans, qui ont encore de la gaieté et de la vigueur; cepen= dant cet exemple n'est plus suivi aujourd'hui.

Le François de vingt-quatre ans l'a emporté, en plus d'un endroit, sur le Grec de QUATRE-vingts. (Rousseau.)

(Le Dictionnaire de l'Académie, et le plus grand nombre des Gram= mairiens tant anciens que modernes.)

EXCEPTION. Vingt et cent s'écrivent sans s, quoique précédés d'un nombre, lorsqu'un autre nombre est à la suite, c'est-à-dire que l'on doit écrire quatre-vingt-deux ;-quatrevingt-dix; - deux cent vingt-quatre chevaux; telle est l'o= pinion émise par Wailly, Lévizac, Domergue, Féraud, Gattel; et par MM. Lehodey, Lemare et Chapsal.

L'Académie, néanmoins, a écrit, dans son Dictionnaire éditions de 1762 et de 1798, neuf cents mille avec un s à cent, mais l'usage est contraire à cette orthographe.

S'il étoit question de dater les années, alors on écriroit, sans la marque du pluriel, l'an mil sept CENT, l'an mil sept cent QUATRE-VINGT, quoique cent et vingt fussent précédés d'un autre Adjectif de nombre, parce que ces nombres se= roient employés pour des nombres ordinaux, et qu'il ne s'agiroit que d'une année, comme s'il Ꭹ avoit l'an mil sept cen= tième, l'an mil sept cent quatre-vingtième. (Mêmes autorités.) Quant au genre, il n'y a de tous les nombres cardinaux que un, dont la terminaison varie, selon qu'elle doit être masculine ou féminine : un tableau, une bouteille.

(D'Olivet, pag. 132.)

N'oubliez pas de lire aux Remarques détachées quelques observations sur un, vingt et mille.

etc.,

On dit vingt et un, trente et un, quarante et un, jusqu'à soixante et dix inclusivement; mais on dit, sans la conjonction, vingt-deux, vingt-trois, trente-deux, trentetrois, etc., soixante-deux, etc.

(Le Dictionnaire de l'Académie, aux mots dix, vingt, trente, quaz rante, cinquante et soixante.)

La Fontaine, qui avoit besoin d'une syllabe de plus, a dit : Enfin, quoique ignorante à vingt et trois karats,

Elle passoit pour un oracle. (Fable 139e, les Devineresses.) Dans une édition de Boileau (Genève, 1724), on lit aussi

en plusieurs endroits vingt et trois, vingt et quatre; mais cette faute a été corrigée dans les éditions subséquentes.

Enfin on dit, sans la conjonction et: quatre-vingt-un, quatre= vingt-onze, cent un, comme quatre-vingt-deux, quatrevingt-trois, etc. (Féraud.)

Quand le substantif auquel se rapporte l'adjectif de nombre cardinal, est représenté, par le pronom en, placé avant le verbe précédent, l'adjectif ou le participe qui suit le nombre cardinal, doit être précédé de la préposition de : sur mille habitants, il n'y EN a pas un DE riche. Sur cent mille combattants, il y EN eut mille DE tués, et cinq cents DE blessés. (Th. Corneille, sur la 181o rem. de Vaugelas. —L'Académie, p. 196 de ses observations. Wailly, p. 179.— Marmontel, pag. 419. - Lemare, pag. 157.)

Mais l'emploi de la préposition de ne doit pas avoir lieu avant l'adjectif ou le participe, lorsque l'adjectif numéral cardinal est suivi du substantif avec lequel il est en rapport: Sur dix mille combattants, il y eut cent hommes tués. Cent hommes DE tués seroit une faute.

(L'Académie, p. 196 de ses observ. sur Vaugelas.)

On met au singulier le substantif qui est avant un nombre cardinal employé pour un nombre ordinal, et l'on dit, L'AN dix-huit cent dix; les mots dix-huit cent dix sont ici pour dix-huit cent dixième.

Pour ce qui est des Adjectifs de nombre ordinaux, et de ces substantifs qui expriment une idée de nombre, ils pren= nent, dans tous les cas, la marque du pluriel : les premiers, les seconds, les douzièmes, les vingtièmes, les deux dou= zaines, les trois quarts, les trois centièmes (247), trois mil lions, quatre milliards.

(Le Dictionnaire de l'Académie, et les Autorités ci-dessus.)

(247) On ne doit pas confondre le trois-centième avec les trois cen= tièmes; car le trois-centième s'écriroit en chiffres 1/300, et les trois cen= tièmes s'écriroient 3/100. Le trois-centième de cent est un tiers, puisque

CHAPITRE IV.

DES PRONOMS PROPREMENT DITS, ET DES ADJectifs

À

PRONOMINAUX.

EN juger par l'étymologie, le Pronom proprement dit est un mot qui n'a par lui-même aucune signification, et qu'on met à la place d'un nom précédemment énoncé, pour le remplacer, et en éviter la répétition.

Dès que le Pronom tient la place d'un nom, c'est une conséquence qu'il en réveille l'idée telle qu'elle est, telle que le nom la réveilleroit lui-même, c'est-à-dire sans y rien ajouter, et sans en rien retrancher. Un mot employé au figuré peut être substitué à un mot pris dans le propre : voile, par exemple, à vaisseau. Dans ce cas on substitue d'autres idées, et voile est employé pour une tout autre raison que pour tenir la place de vaisseau; voile n'est donc pas un Pronom.

Mais, lorsqu'après avoir parlé d'Alexandre et de sonpassage en Asie pour combattre les Perses, on dit qu'il les subjugua, et qu'il renversa leur empire; les mots il et les mis à la place des noms Alexandre, Asie, Perses, ont chacun la même signification que les noms dont ils rappellent l'idée ce sont des Pronoms. Quelquefois encore le Pronom tient lieu d'une phrase entière; par exemple, si l'on me dit: Avez-vous vu la belle maison de campagne que M. le comte a achetée? et que je réponde je l'ai vue le Pronom l' ne tient pas la place du seul mot maison, mais

la trois-centième partie de cent est la même chose que la troisième partie de un. Les trois centièmes de cent sont trois, puisque la centième partie de cent est un. (M. Collin-d'Ambly, page 66.)

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