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Prévaloir signifie avoir l'avantage, remporter l'avantage; mais, emz ployé pronominalement, il signifie tirer avantage: L'homme ne doit pas beaucoup SE PRÉVALOIR de sa raison, qui le trompe si souvent.

(Trévoux.)

(Th. Corneille, sur la 3ge rem. de Vaugelas; les observations de l'Académie, page 43. Ses décisious. Regnier Desmarais,

Restaut, Wailly, etc.)

Le régime ordinaire de prévaloir, neutre, est la préposition sur: Il ne faut pas que la coutume PRÉVALE SUR la raison, (L'Académie.) Quelques auteurs ont employé la préposition à : Son témoignage ne PRÉVAUT pas au crédit de Clodius. (Veriot) Le Dict. de Trevoux donne des exemples de ce régime, mais sans citer d'auteurs; et Féraud pense avec raison que la préposition sur est le régime seul autorisé. Sur mes justes projets tes pleurs ont prévalu.

(Racine, Iphigénie.)

PROMOUVOIR (verbe actif et défectif).

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Ce verbe, comme nous l'avons dit p. 564, n'est d'usage qu'à l'infinitif, et aux temps composés: On l'a promu, elle a été promue.

(L'Académie, Féraud, Trévoux.)

RAVOIR (verbe actif et défectif).

Ce verbe ne s'emploie qu'à l'infinitif: Elle a pris à l'Amour ses traits; et le dieu, pour les RAVOIR, vole toujours auprès d'elle.

(Voiture.)

Réu, que l'on prononce ru ou réu; et je le raurai, je me raurai, comme on le dit en certains endroits, sont des barbarismes.

(L'Académie, Féraud, Trévoux, etc.)

On dit figurément et dans le style familier se ravoir, pour dire rez prendre, réparer ses forces, sa vigueur:"

Allons, Monsieur, táchez un peu de vous RAVOIR. (J. J. Rousseau.)

SAVOIR (verbe actif et irrégulier).

Je sais, tu sais, il sait; nous savons, vous savez, ils savent. - Je savois; nous savions. Je sus; nous sûmes. Je saurai; nous saurons -Je saurois; nous saurions.-Sache; sachons.—Que je sache; que nous sachions. —Que je susse; que nous sussions.— Savoir; sachant; su`, sue.

(Les Dictionnaires de Richelet, de Trévoux, de Wailly, de l'Acaz démie (édition de 1762 et de 1798), de Demandre, et de Féraud, indiquent je sais et je sai.)

Savoir se trouve écrit avec la lettre c dans des ouvrages anciens et

estimés; mais aujourd'hui l'Académie, tous les Grammairiens modernes,
et le plus grand nombre des Lexicographes retranchent cette lettre
comme inutile, car elle n'influe en rien sur le son de la syllabe, et
même elle ne peut servir pour marquer l'étymologie latine; puisque, si
l'on consulte Ducange, Ménage, Roquefort, enfin nos meilleurs éty=
mologistes, on verra qu'ils font dériver savoir du latin sapere, être sage,
être de bon sens, judicieux, etc., et non de l'infinitif scire: en effet il est
impossible que l'infinitif latin scire ait donné l'infinitif françois savoir: on
en auroit fait scire ou scir; car tous nos verbes en oir dérivent des verbes
latins en ere: habere, avoir; debere, devoir; percipere, percevoir, etc.
Ensuite, la sagesse, le bon sens, le jugement, ne sont-ils
pas les attributs
du savant, de celui qui sait? Le verbe latin sapere se trouve même
employé dans le sens de savoir, par Plaute (339), par Cicéron (340),
et par plusieurs auteurs françois qui ont écrit en latin (341). C'est dans
ce sens que ce verbe est passé dans les langues vivantes : les Italiens dic
sent sapere,
les Espagnols saber; nous avons dit de même saver. Dans
des lettres patentes du duc de Bourgogne, de l'année 1416, on lit plusieurs
fois nous saverons pour nous saurons.

Dans la Bible (Exode, ch. XVI, verset 12), on lit également :

Et vous SAVEREZ que jeo suis le Seigneur vostre Dieu.

On trouve aussi dans le Glossaire de la langue romane par M. Roque fort, au mot savoir: saveriez pour sauriez.

Enfin les variantes de savoir étoient saver, saveir, savir.

Il n'y a "
dans toute la langue, que le verbe savoir qui se mette au
subjonctif sans qu'un autre mot le précède; mais encore faut-il que ce
soit avec la négative: JE NE SACHE rien de plus digne d'éloge, qu'un
roi qui préfère le bien de son peuple à celui de ses enfants.

(Th. Corneille, sur la 362e remarque de Vaugelas, page 413,
t. 2.-Wailly, page 88.- Restaut, page 339.)

Que je sache s'emploie quelquefois d'une façon assez singulière, c'est Jorsqu'il est à la fin d'une phrase, comme dans celle-ci : Il n'est pas allé à la campagne QUE JE SACHE; et alors il est du style familier.

Je ne saurois s'emploie fort souvent pour je ne puis, qui est la pre= mière personne du présent de l'indicatif du verbe pouvoir; et alors, après le que, c'est du présent du subjonctif que l'on fait usage: on dira donc je ne saurois dire la moindre chose qu'on ne me fasse des observa= tions 2 et non je ne saurois dire la moindre chose qu'on ne me fit, des observations: cependant, chose bizarre, on ne dit pas je ne sau rois, pour je ne pourrois. On dira, par exemple, si je mangeois de cela, je ne POURROIS dormir de la nuit, mais on ne diroit pas je ne

(339) Ego rem meam sapio. (340) Qui sibi semitam non sapiunt, alteri monstrant viam. - (341) Alphabetum sapiat digito tantum numerare.

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saurois dormir de la nuit. -On ne peut aussi se servir du verbe savoir pour le verbe pouvoir, sans y joindre la négative; ainsi, on ne peut pas dire je saurois pour je puis.

(Ménage, ch. 313.-Et Th. Corneille sur la 362e rem. Féraud, etc.)

de Vaugelas,

Savoir ne régit pas les personnes. Du moins, l'Académie ni aucun des Dictionnaires que nous avons consultés, ne l'indiquent avec cette ac= ception: on` ne dit pas savoir quelqu'un, se savoir soi-même ; cepen= dant on lit dans la X° épître de Boileau :

Que si quelqu'un, mes vers, alors vous importune
Pour savoir mes parents, ma vie et ma fortune,
Contez-lui, etc.

Et dans la Métromanie de Piron (act. 2, sc. IV):

Un valet veut tout voir, voit tout, et sait son maître,
Comme, à l'Observatoire, un savant sait les cieux;
Et vous-même, Monsieur, ne vous savez pas mieux.

Mais quelque imposants que soient les noms de ces deux écrivains, surtout celui de Boileau, il nous semble que ce sont là des licences que l'on passeroit difficilement au poète qui s'en permettroit de semblables. Savoir, avant un infinitif, ne s'emploie que quand il y a beaucoup de peine à faire une chose. Ainsi l'on dit bien : J'ai su vaincre et régner, parce que ce sont deux choses très-difficiles.

J'ai su, par une longue et pénible industrie,
Des plus mortels venins prévenir la furie.

(Racine, Mith. act. IV, sc. 5.)

J'ai su lui préparer des craintes et des veilles.

Et là le mot savoir est bien placé il indique la peine qu'on a prise. Mais, J'AI SU rencontrer un homme en chemin est ridicule; et beaucoup de mauvais poètes ont fait cette faute.

Enfin, souvent on emploie en poésie, assez mal-à-propos, le verbe savoir pour le verbe pouvoir : J'AI SU le satisfaire, s'a1 su lui plaire, pour j'ai pu le satisfaire, j'ai pu lui plaire.

Quand vous verrez Pauline, et que son désespoir
Par ses pleurs et ses cris saura vous émouvoir.

(P. Corneille, Polyeucte, act. V, sc. 4.)

Il ne faut se servir du verbe savoir que quand il marque quelque dessein. (Voltaire, rem. sur Polyeucte.)

SEOIR (verbe neutre, défectif et irrégulier).

Dans la signification d'être assis, d'être dans une posture où le corps porte sur les fesses, ce verbe n'est plus en usage; mais séant s'emploie quelquefois comme participe: La cour royale de Paris séant à Ver

sailles, et quelquefois comme adjectif verbal, et alors susceptible de prendre le genre et le nombre: La cour royale sÉANTE à Paris.

Sis, sise, son participe passé, n'est également plus en usage; mais ce mot s'emploie comme adjectif et en style de pratique, et il signifie situé, située. Un héritage sis à.—Une maison SISE å. (L'Académie.)

Seoir, dans la signification d'être convenable à la personne, à la con= dition, au lieu, au temps, etc., n'est plus en usage à l'infinitif; il ne s'emploie que dans certains temps, et toujours à la troisième personne du singulier ou du pluriel: il sied; ils siéent; il séyoit; il siéroit; il siera; il n'a point de temps composés. Au subjonctif on dit qu'il siée; qu'ils sieent, et au participe présent séyant.

(L'Académie, sur la 528e rem. de Vaugelas.-Son Dict.—Féraud, Restaut, Wailly, etc.)

Seoir, en ce sens, s'emploie aussi unipersonnellement.

Il vous sied bien d'avoir l'impertinence

De refuser un mari de ma main ! (Volt. Nanine, act. I, se. 5.)

Messeoir, verbe neutre qui signifie ne pas convenir, n'être pas séant, n'est plus d'usage à l'infinitif, et s'emploie aux mêmes temps que seoir, dans le sens d'être convenable. (L'Académie.)

SURSEOIR (verbe actif et défectif).

Je sursois, tu sursois, il sursoit; nous sursoyons, vous sursoyez, ils sursoient.-Je sursoyois ; nous sursoyions.-Je sursis; nous sursîmes.— Je surseoirai; nous surseoirons. Je surseoirois; nous surseoirions. Surseois; sursoyons.-Que je surseoie; que nous sursoyions.-Que je sursisse, que nous sursissions.-Surscoir.-Sursoyant.-Sursis, sursise. L'Académie (édit. de 1762 et de 1798), Lévizac, Demandre et Caminade, écrivent je sursois, sans e.

Gattel, Wailly et M. Butet écrivent je surseois avec un e.

Surseoir, verbe actif, signifie suspendre, remettre, différer, et il ne se dit guère que des affaires, des procédures: On a SURSIS LA déli bération, L'exécution de cet arrêt. (L'Académie, édit. de 1762 et de 1798)-En termes de palais, on dit : SURSEOIR `A la délibération, SUR= SEOIR 'A l'exécution de cet arrêt, et, en ce sens, ce verbe est neutre.

Le participe présent sursoyant est également usité au palais; mais, en général, ce verbe est moins d'usage aux temps simples qu'aux temps composés.

On écrit surseoir avec un e après le s; et dès-lors on en met un au futur et au conditionnel.

(L'Académie, Trévoux, Regnier Desmarais, Restaut, Wailly, Gattel, Feraud.)

Caminade écrit sursoir sans e.

SOULOIR (verbe neutre et défectif).

Ce verbe, qui signifie avoir coutume, a vieilli et ne s'est guère dit qu'à l'imparfait : Il ou elle souloit. Il peut encore être employé dans le style marotique :

<< Sous ce tombeau gît Françoise de Foix,
De qui tout bien un chacun souloit dire. >>
<< Quant à son temps, bien le sut dispenser;
Deux parts en fit, dont il souloit passer
L'une à dormir, et l'autre à ne rien faire. »
(Épitaphe de La Fontaine, par lui-même.)

VALOIR (verbe neutre irrégulier et défectif).

(Marot.)

Je vaux, tú vaux, il vaut ; nous valons, vous valez, ils valent. Je valois; nous valions.

Je valus; nous valûmes.

- Je vaudrai; nous vaudrons. Je vaudrois; nous vaudrions. Point d'impératif. Que je vaille; que nous valions, qu'ils vaillent. - Que je valusse; que nous va lussions. Valoir.- Valant; valu.

Il prend l'auxiliaire avoir dans ses temps composés.

Conjuguez de même les verbes équivaloir et revaloir.

Mais on observera que le verbe équivaloir est de peu d'usage à l'in= finitif, et qu'il régit la préposition à : Toute expression qui n'est pas nom, verbe, ou modificatif, est terme de supplément, et ÉQUIVAUT 'a plu= sieurs des parties d'oraison (le P. Buffier, gramm. fr.); que le sub= stantif peut régir la préposition de : C'est L'ÉQUIVALENT DE ce que vous m'avez donné; enfin que l'adjectif s'emploie avec la préposition à, et très-souvent sans régime: L'autorité d'un auteur grave est ÉQUIVALENT à une raison (Port-Royal). En Grammaire il y a des termes ÉQUIVALENTS, qui expriment, aussi bien l'un que l'autre, la pensée. (Trévoux.)

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Quant à revaloir, il se dit plus ordinairement en mal, et toujours avec le pronom le ou cela : Je Le lui ai revalu, je lui revaudrai CELA. (Regnier Desmarais, page 421. Restaut, page 42. Wailly, page 88.. Et l'Académie.)

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Valoir fait au subjonctif que je vaille, que tu vailles, qu'il vaille, etc: Je ne crois pas que ce libelle VALE la peine que....` a été rejeté par l'Académie.

Dès qu'il s'agit d'exprimer une valeur , on dit valant : Il a une terre

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