Images de page
PDF
ePub

mazette, mezzo, nez, ozène (ulcère), onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, rez-de-chaussée, sixain (espèce de chardonneret), suzerain, syzy gie (nouv. ou pl. lune), topaze, trapèze, trézeau (t. de moissonneur), zagaie, zèbre, zébu, zélandois, zèle, zénith, Zéphire (48) zéphyr, zéro, zest, zeste, zibeline, zigzag, zinc, zizanie, zodiaque, zoïle, zone, zoophage, zoophyte.- Ajoutez la Lozère, la Corrèze, Beziers, Mézières, quelques noms propres; tous les dérivés, et la seconde personne plurielle des verbes : vous lisez, vous chantez, etc., etc.

Tout ce qu'on vient de lire sur la prononciation des lettres, soit voyelles soit consonnes, est tout ce qu'il faut savoir pour n'être pas trompé dans la prononciation par l'ortho= graphe; mais ces règles ne suffisent pas pour bien lire, et sur= tout pour bien déclamer, il faut encore connoître la prosodie. (D'Olivet, Prosodie fr., Douchet et Beauzée, Encycl. méth.)

CHAPITRE III.

DE LA PROSODIE.

LA Prosodie est l'art de donner à chaque son ou syllabe le ton qui lui est propre. Elle comprend non-seulement tout ce qui concerne le matériel des accents et de la quantité, mais encore celui des mesures que les différents repos de la voix doivent marquer, et, ce qui est bien plus précieux, l'usage qu'il en faut faire, selon l'occurrence, pour établir une juste harmonie entre les signes et les choses signifiées. (Beauzee, Encycl. méth. au mot accent.)

(48) Zéphyr, Zéphire. Le premier mot se dit de toutes sortes de vents doux et agréables; le second, dont on ne fait usage qu'en poésie, se dit en parlant de ces vents, comme d'une divinité de la fable. Dans cette der= nière acception il n'a point de pluriel et se met sans article: Zéphire est donc le Zephir personnifié, il est le chef des zéphyrs; il est aux zéphyrs ce que l'Amour est à l'essaim des petits amours.

1

Ces derniers objets n'étant pas du ressort de la Grammaire, et appartenant particulièrement à la poésie et à l'art ora toire, nous nous bornerons à parler de l'accent et de la quantité.

ARTICLE PREMIER.

DE L'ACCENT.

On entend par accent les différentes inflexions de voix et les diverses modulations dont on peut se servir pour pronon= cer les mots d'une langue comme il convient. Chaque pro= vince, chaque ville même, chaque nation, chaque peuple diffère d'un autre dans le langage, non-sculement parce qu'on se sert de mots différents, mais encore par la manière d'ar= ticuler et de prononcer les mots. Cette espèce de modula tion dans le discours, particulière à chaque pays, est ce que l'abbé d'Olivet appelle accent national.

Pour bien parler une langue vivante, il faut avoir le même accent, la même inflexion de voix que les personnes de la capitale qui ont vécu dans le grand monde; ainsi, quand on dit que, pour bien parler françois, il ne faut point avoir d'accent, on veut dire qu'il ne faut avoir ni l'accent italien, ni l'accent picard, ni un autre accent qui n'est pas l'accent national.

(Dumarsais, Encycl. méth., au mot accent.)

Selon le mécanisme des organes de la parole, les inflexions de voix doivent varier suivant la nature des syllabes. Dans toutes les langues, il y a des syllabes sur lesquelles il faut élever le ton, d'autres sur lesquelles il faut l'abaisser, et d'autres enfin sur lesquelles il faut l'élever d'abord et le ra= baisser ensuite sur la même syllabe. (Même autorité.)

Le ton élevé est ce qu'on appeloit accent aigu chez les anciens: on l'écrivoit ainsi (') de droite à gauche; le ton baissé se nommoit accent grave, on l'écrivoit de gauche à droite, en cette manière (`); le ton élevé et baissé se nommoit acce nt

circonflexe, c'étoit la réunion de l'aigu et du grave en cette forme (^). Mais nous ne sommes pas dans l'usage de marquer, par des signes ou accents, cet élèvement et cet abaissement de la voix; et, comme notre prononciation est en général moins soutenue et moins chantante que la prononciation des anciens, nos ancêtres ont négligé ce soin, ou peut-être même l'ont-ils cru inutile, de sorte que ces trois signes prosodiques ont perdu parmi nous leur ancienne destination; ce ne sont plus à notre égard que de purs signes orthographiques. En effet, toutes les fois qu'une syllabe grecque est marquée d'un accent prosodique, par exemple, d'un accent aigu, cela nous apprend que cette syllabe, relativement à celles qui la précèdent et qui la suivent, doit être élevée : toutes les fois, au contraire, qu'une syllabe françoise est marquée d'un ac= cent imprimé, par exemple, d'un accent aigu, comme dans bonté, cela ne nous apprend rien autre chose, si ce n'est que l'é qui se trouve dans cette syllabe est fermé, et doit se prononcer autrement que si c'étoit une ouvert, ou un e (Même autorité. )

muet.

Cette variété de tons, tantôt graves, tantôt aigus, tantôt circonflexes, fait que le discours est une espèce de chant, selon la remarque de Cicéron, et c'est là ce qu'on appelle ac= cent grammatical. Il ne faut pas le confondre avec l'accent oratoire, qui doit varier les tons à l'infini, selon qu'on ex= prime le pathétique, l'ironie, l'admiration, la colère ou toute autre passion. Mais l'accent oratoire, outre qu'il n'est pas du ressort de la Grammaire, ne peut pas être l'objet de nos observations dans cet endroit, où il n'est question que de l'accent des mots isolés.

(M. Estarac, no 236 et 237.)

ARTICLE II.

DE LA QUANTITÉ.

La quantité exprime une émission de voix plus longue ou plus brève. On ne doit pas la confondre avec l'accent, car l'accent marque l'élévation ou l'abaissement de la voix, dans la prononciation d'une syllabe; au lieu que la quantité marque le plus ou le moins de temps qui s'emploie à la pronon cer, ce qui constitue l'exactitude et la mélodie de la pro nonciation, et sert à éviter des contre-sens et des quiproquo souvent ridicules. (D'Olivet, Prosodie françoise.)

Nous avons, en effet, plusieurs mots qui ont des significa= tions tout-à-fait différentes, selon que l'une de leurs voyelles est longue ou brève; et celui qui prononceroit ces voyelles au hasard, sans soin, sans discernement, feroit entendre. autre chose que ce qu'il auroit voulu dire, et tomberoit dans des méprises fréquentes.

Par exemple, une tâche à remplir n'est pas une tache, souillure; tácher de faire son devoir ne se prononce pas comme tacher son habit. Il y a de la différence dans le sens comme dans la prononciation, entre mále, animal, et malle, bahut; entre mátin, chien, et matin, partie du jour; entre pécher et pécher, etc., etc. Si l'on ne met pas dans la prononciation de ces mots, et de tous ceux qui sont dans le même cas, la diffé= rence qu'exige leur quantité respective, ce désordre dans la prononciation entraînera nécessairement le désordre et la confusion dans l'expression des idées. (M. Estarac, page 891.)

Une brève se prononce dans le moins de temps possible. Quand nous disons à Strasbourg, il est clair que la première syllabe, qui n'est composée que d'une seule voyelle, nous prendra moins de temps que l'une des deux suivantes, qui, outre la voyelle, renferme plusieurs consonnes; mais les deux dernières, quoiqu'elles prennent chacune plus de temps

que la première syllabe à, n'en sont pas moins essentiellemen brèves; pourquoi ? parce qu'elles se prononcent dans le moins de temps possible.

les autres;

Il y a donc des brèves moins brèves les unes que et, par la même raison, il y a aussi des longues plus ou moins longues, sans cependant que la moins brève puisse jamais être comptée parmi les longues, ni la moins longue parmi les brèves.

La syllabe féminine, celle où entre l'e muet, est plus brève que la plus brève des masculines; et, quoiqu'on appelle cet e muet, il arrive presque toujours qu'il se fait entendre. (D'Olivet, page 66.)

Une chose à ne pas oublier, c'est qu'on mesure les syllabes, non pas relativement à la lenteur ou à la vitesse accidentelle de la prononciation, mais relativement aux propor= tions immuables qui les rendent ou longues ou brèves. Ainsi, ces deux médecins de Molière, l'un qui alonge excessivement ses mots, et l'autre qui bredouille, ne laissent pas d'observer également la quantité; car, quoique le bredouilleur ait plus vîte prononcé une longue que son camarade une brève, tous les deux ne laissent pas de faire exactement brèves celles qui sont brèves, et longues celles qui sont longues, avec cette différence seulement, qu'il faut à l'un sept ou huit fois plus de temps qu'à l'autre pour articuler.

(Même autorité, page. 68.)

Tâchons présentement de faire connoître nos brèves et nos longues. Pour exécuter ce dessein, peut-être seroitil nécessaire de donner une table de nos différentes ter= minaisons; mais ce détail, très-utile d'ailleurs, nous mè= neroit trop loin, et nous avons pensé qu'il suffiroit au plus grand nombre de nos lecteurs de leur donner des règles gé= nérales. C'est dans l'excellent Traité de d'Olivet sur la Prosodie, que nous les puiserons, mais on ne perdra pas de vue que leur application ne doit se faire que dans la pronon= ciation soutenue, sans avoir égard aux licences de la con= versation.

« PrécédentContinuer »