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que présente cet ouvrage, en soumettant à la Société la proposition d'y souscrire ; cette proposition est adoptée par la Société.

Séance du 24 décembre 1828.

M. le secrétaire perpétuel communique une lettre de M. Duvergier de Hauranne, député, où il exprime la pensée qu'il serait peut-être utile que la Société demandât à être entendue par un de ses délégués, par la commission d'enquête, dans l'intérêt de la production du commerce des laines. Renvoyé à la commission des laines.

M. le secrétaire perpétuel donne lecture d'une lettre de M. le préfet, en date du 11 décembre, concernant les mesures à prendre, dans l'intérêt de la salubrité publique, dans les localités qui bordent la Seine sur l'une et l'autre rive dans le canton de Duclair. M. le président compose cette commission ainsi qu'il suit : M. Lafosse, M. Justin, M. Leprévost M. Lebret et M. Lepasquier. Cette commission s'adjoindra au besoin le médecin des épidémies, et les propriétaires du canton de Duclair qu'elle pourrait utilement consulter.

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MOUTONS MÉRINOS.

LETTRE à MM. les Propriétaires de Troupeaux.

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La Société centrale d'agriculture de la Seine-Inférieure, pénétrée de regret de voir successivement s'anéantir la précieuse race des mérinos, qui était naguère parvenue une amélioration sensible, par les soins de cultivateurs éclairés et justes appréciateurs de la prospérité agricole du département, où l'emploi des laines fines et soignées est si utilement suivi par les nombreuses manufac

tures de draps qui se sont élevées dans son territoire, et qui aujourd'hui sont contraintes d'avoir recours au génie agricole des étrangers, mesure nuisible aux intérêts de la France, à ceux de l'agriculture, du commerce, absolument inverse du besoin de la classe ouvrière.

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Dans cet état de choses, la Société d'Agriculture, considérant la nécessité de parvenir à l'amélioration des races abâtardies de nos troupeaux; considérant la difficulté de se procurer des béliers et des brebis de races pures, leur prix élevé souvent au-dessus des facultés du laboureur, a cru dans sa sagesse devoir employer ses bons offices pour obtenir de MM. Ternaux et Hennet la même faveur que ces généreux citoyens ont procurée à tous les départements de la France orientale, et où MM. les préfets n'ont pas peu contribué par leurs exhortations, et les Sociétés d'agriculture, par les distinctions honorifiques qu'elles ont décernées, à rendre à cette branche de l'indusIrie agricole toute la splendeur dont elle est susceptible.

L'intercession de la Société a obtenu l'assentiment de MM. Ternaux et Hennet. En conséquence, Messieurs, nous avons l'honneur de vous donner ci-après connaissance de la correspondance. Elle vous instruira sur les vues droites et désintéressées de ces honorables citoyens, amis de la prospérité de notre belle France.

LETTRE No 1er.

Deux causes principales concourent à rendre l'élève des bêtes à laine avantageuse et indispensable : la nécessité d'avoir des engrais, sans lesquels il faut renoncer à une bonne culture, et le besoin de consommer les produits de terres qui resteraient en friche si l'on en formait des prairies artificielles.

Dans le voisinage des grandes villes, ces causes agissent

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avec moins de force, parce que, d'une part, il est plus facile de se procurer les substances nécessaires pour amender les terres, et que, de l'autre, les fourrages sont employés à la nourriture des chevaux, des vaches, etc.

Autour de Paris, où le sol a beaucoup de valeur, on a dû s'adonner surtout à élever les espèces qui offraient les plus hauts produits : on s'est donc occupé des mérinos; mais les troupeaux de cette race n'ont été d'un bon rapport que tant qu'on a pu en placer aisément et à bon prix les toisons et le croît. Dès que le nombre des vendeurs s'est accru, que les demandes sont devenues plus rares, le propriétaire s'est senti frappé dans ses intérêts par une baisse dont il ne pouvait reconnaître la source, et il a été porté naturellement à chercher les moyens de la faire cesser.

On a d'abord attribué ce mal-aise à la loi qui s'opposait à la libre sortie des laines de France. Puis on a prétendu qu'il était dû à la masse de laine étrangère importée chaque année. De là les droits énormes auxquels ces dernières ont été successivement soumises à leur introduction, sans arrêter néanmoins la baisse dont on se plaignait. Il faut donc chercher ailleurs que dans la législation le remède à un état de choses qui, s'il se prolongeait, non-seulement arrêterait toute amélioration des troupeaux, mais encore tendrait à détruire ceux qui avoisinent la capitale.

Depuis long-temps ces considérations avaient éveillé au plus haut point ma sollicitude, et m'avaient porté à faire. des fonds pour que la Société d'encouragement accordât une médaille d'or de 300 fr. à l'auteur du mémoire qui démontrerait le mieux à quelles conditions il serait lucratif aux cultivateurs de se livrer avec un nouveau zèle à la production et à l'amélioration des laines. Ce prix, pour lequel j'ai moi-même concouru, a été partagé entre MM. Gasparin et Perraut de Jotemps. Leurs ouvrages,

quoique jugés les meilleurs par la Société, n'ont pas produit les résultats que j'attendais, et l'amélioration a continué de décroître, sans que j'aie ralenti mes efforts pour arrêter ce mouvement rétrograde. J'ai dès-lors concentré toutes mes pensées sur la recherche des moyens à employer pour prévenir le malheur dont nous sommes menacés. Voici le résultat de mes réflexions:

La France possède, dit-on, environ 30,000,000 de bêtes à laine, dont les toisons varient depuis trois jusqu'à dix francs. Cette dernière limite n'est franchie que par certains troupeaux, tels que ceux de Naz, de Beaulieu, de Saint-Ouen, et quelques autres qui en proviennent ou qui résultent des béliers saxons importés par moi en 1825 et 1826. Leurs dépouilles, quoique légères, conservent encore, au milieu de la dépréciation générale des laines, une valeur de 20 à 25 fr. ; mais les produits de cette espèce existent plutôt pour constater à quel point de perfection les soins bien entendus des propriétaires peuvent porter Les troupeaux en France, , que pour entrer d'une manière sensible dans la consommation des fabriques, puisque toute la récolte d'une année suffirait à peine à la confection de 40 à 50 pièces de draps.

Immédiatement après ces laines de 1er choix, viennent 150 à 160 mille têtes de bêtes à laine dites mérinos pures, puis les moutons améliorés par les croisements, et enfin les indigènes. Ces proportions, établies d'après des calculs approximatifs, prouvent que les perfectionnements ne sont pas, à beaucoup près, ce qu'ils pourraient et devraient être.

Il est aisé de voir, Messieurs, combien nous devons désirer qu'une bonne combinaison, et surtout des relations plus faciles et plus suivies entre les propriétaires de troupeaux, nous conduisent vers un système plus complet d'amélioration.

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Je crois l'avoir trouvé, en offrant le moyen de soustrairé chaque année à la boucherie les jeunes béliers et brebis de race mérinos, et de les employer plus utilement pour l'agriculture et plus avantageusement pour les propriétaires, en répartissant ces animaux parmi les nombreux troupeaux de race commune, pour y porter les bienfaits de la métisation, sans soumettre le cultivateur aux entraves et aux difficultés presqu'insurmontables qu'il a rencontrées jusqu'à présent.

A cet effet, j'ai conçu le projet d'une Société dont les statuts sont annexés à la présente lettre, à laquelle je joins aussi une note sur les obstacles qui s'opposent à la propagation de la race mérine en France, une circulaire à MM. les propriétaires de troupeaux de race indigène, et une formule de marché à passer avec eux.

Toutefois, je n'ai pas voulu faire connaître ce projet, et procéder à la formation de la Société avant d'avoir pressenti la manière dont elle ́serait accueillie et le succès qui l'attendait.

J'ai le plaisir de vous annoncer qu'à cet égard mes désirs ont été comblés. Pendant le court espace de temps. que M. Hennet a consacré à parcourir les départements de la Marne, de la Meuse, de la Meurthe et des Ardennes, il est parvenu, sans peine, à opérer le placement d'un nombre assez considérable de mérinos, pour lesquels il a été passé des marchés.

Si vous en examinez avec attention les clauses, vous serez convaincu qu'elles réservent une grande part d'avantages au propriétaire de race mérine. En effet, au lieu de tirer 15 à 20 fr. des animaux destinés aux abatoirs de Paris, les plaçant entre les mains de la Société en action, composée, par exemple, d'un bélier estimé 90 francs, de deux brebis évaluées également à go francs, et d'une somme de 20 francs en numéraire pour couvrir les frais d'envoi, il recevra, chaque année, pour ce capital

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