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Extrait du Rapport fait à la Société d'agriculture de la Seine-Inférieure, par M. Goube, secrétaire perpétuel, sur les Bulletins parvenus de la Société de géographie de Paris.

Messieurs, dit le Rapporteur, pour vous donner la juste idée qu'on doit avoir de la Société de géographie, je me servirai des expressions éloquentes de son président, dont le rare talent est de rendre en peu de mots toute l'étendue de cette science. Elle est, dit ce savant, liée à toutes les sciences ; elle sert pour ainsi dire d'introduction à chacune d'elles; elle prépare les voies pour les étudier avec fruit: c'est, ajoute-t-il, un vestibule dont plus de cent portes communiquent à toutes les branches des connaissances humaines.

En effet, chaque page de cet intéressant Recueil atteste les vérités annoncées par son président. Nous, Messieurs, nous trouvons dans les recherches des intrépides voyageurs dont les pas sont guidés et éclairés par ces savants, tous les produits de la végétation de chaque latitude du globe que nous habitons; nous y voyons l'homme profiter des forces qui se sont développées depuis sa naissance, pour sillonner et confier à la terre les germes des aliments que l'auteur de toutes les créations a répartis selon les climats divers qu'active plus ou moins l'astre qui éclaire et vivifie le monde.

Le N° 2 appelle l'attention sur la Cyrénaïque, sur le pays des Lotophages que l'on croit correspondre au pays des Gadamès, où il paraît constant que l'arbre qui a donné son nom à ces peuples, parce qu'ils en faisaient leur nourriture, est un ramnus.

Dans les Nos 21 et 22, on trouve le tableau de la vallée orientale de la nouvelle Grenade, les bords in

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cultes de l'impétueux torrent de la Magdalena, où les hommes, qu'on aperçoit rarement, ne cultivent le maïs et la canne à sucre qu'autant que leurs besoins personnels l'exigent. Dans la partie civilisée, M. Mollien peint les sources qui sont les deux grandes branches de la richesse des nations, l'agriculture et l'industrie com. merciale, auxquelles il ne manque que des débouchés. Le plateau de Bogota surtout est remarquable; l'industrie agricole y marche rivale de la nôtre on y voit les fruits et les légumes de notre continent avec ceux de l'Amérique, dans tous les marchés.

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Dans le 31e numéro on voit les Arabes cultiver l'orge et le bled; la saison des pluies y offre un spectacle intéressant; toutes les familles s'y mettent mouvement; on se demande où sont les lieux les premiers favorisés par les soins de la providence. Tel endroit est-il désigné? on s'empresse de s'y rendre ; chameaux et juments sont indistinctement employés à la charrue; la terre, bientôt sillonnée, reçoit le grain qui, avec le lait, doit composer la seule substance de ces peuples barbares, il est vrai, mais dont les mœurs sont hospitalières et simples.

En franchissant la chaîne des montagnes, le voyageur trouve les terres d'un rouge ocreux, de grisatin qu'elles étaient dans les déserts précédents; les plantes s'y développent avec force; des nappes d'eau jaillissent du sein de la roche et forment des ruisseaux qui alimentent des prai ries toujours vertes, et l'on n'est pas étonné que la brillante imagination des Grecs ait, en quelque sorte, pu se naturaliser en Afrique, puisqu'elle y trouvait pour retraite des bosquets odoriférants et des collines. ombragées.

Aux îles Malouines, M. Durville en décrit la Flore avec cette supériorité d'un homme habitué à considérer la nature dans ses phénomènes généraux. Le climat y

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est beaucoup plus tempéré que ne semble l'indiquer la latitude de cet archipel. L'hiver y est doux; la neige y séjourne peu sur la terre; le sol est un lit épais de tourbes; le nombre des espèces phanérogames ne s'élève qu'à 120: toutes à-peu-près se ressemblent sur les côtes où la variété du sol offre à chacune d'elles la station qui lui convient.

Le bolaniste européen, transporté à cette extrémité du continent américain, a sujet de s'étonner, non de la nouveauté des formes végétales, mais bien de leur frappante ressemblance avec celles de son pays natal.

Dans les No 35 et 36, les voyageurs de la Société parcourant l'Asie et les hauteurs des montagnes de l'Himalaya, ils trouvent les limites de la végétation à 16,600 pieds, région où la neige commence à se

montrer.

Plus loin, ils trouvent à 12,000 pieds au-dessus de la mer des Indes, qu'on y fait d'abondantes récoltes d'orge, de blé, de phapur (polygonum ) (1), et de navets. Dans la Tartarie chinoise, où l'on trouve 3000 pieds de plus d'élévation, cependant la récolte y est plus avancée; il faut en rechercher la cause dans la réverbération de la chaleur produite de tous les côtés par de grandes surfaces de terres arides et entièrement dépouillées.

En remontant la vallée du Darburg, et ayant au nord et au sud de hautes montagnes, dont les cols s'élèvent jusqu'à 15,000 pieds, on y fait chaque année deux récoltes d'orge, d'ogul et de phapur; on y obtient beaucoup de pois, de haricots, de navets; l'orge de Sibérie s'y montre à une très-grande hauteur: autour du village on aperçoit des vignes et de jolis vergers remplis d'arbres fruitiers.

(1) On pense que c'est le sarrazin,

A 4 milles plus loin, on trouve à chaque pas le pommier, le poirier et l'abricotier. En tirant ensuite vers Taranda, le voyageur entre dans un bois de pins magnifiques, dont plusieurs ont de 20 à 27 pieds de circonférence; le bois en est presqu'indestructible; il résiste aux insectes, el sert pour la construction des temples. Ces pins descendent rarement au-dessous de 6000 pieds, et montent au plus à 10,000 pieds audessus de la mer.

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Dans la Cyrénaïque cette contrée d'Afrique si célèbre autrefois, après d'immenses plaines sablées, M. Pacho est frappé du changement d'aspect que présentent les collines boisées, les forêts ombrageuses, les bosquets odoriférants qui annoncent la Grèce africaine.

Dans ses intéressants voyages, M. Pacho a eu le bon esprit de distinguer la végétation par zônes; il y vit de vieux ceps de vignes enchassés dans les fentes des rochers, tristes débris de la culture grecque.

Le climat de la Cyrénaïque a été l'objet de quelques observations de ce savant et judicieux voyageur; elles justifient la phrase énergique des anciens Lybiens, qui disaient aux colons grecs : C'est ici, cultivateurs étrangers, qu'il faut vous établir; car la voûte du ciel est ici perforée ici tombent les pluies bienfaisantes, qu'un ciel d'airain refuse à vos déserts.

D'après le rapport des anciens, nos voyageurs s'atten– daient à trouver dans cette contrée une race de chevaux égale au moins en beauté à celle que nous admirons en Europe; ceux qu'on y voit maintenant répondent peu à cette idée.

Dans les numéros 37 et 38 se trouve la description d'Hawaii (Owihée), la plus grande et la plus méridionale des îles Sandwich, entre les 18e et 21 degrés de latitude nord; dans cette île, un volcan dont la lave

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