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Voici ce qu'on lit dans un de ses ouvrages, que le hasard a mis dans mes mains : en parlant de l'article des sapins, il dit : « Si l'on est forcé de les élaguer, on

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ne procédera à cette opération qu'en automne, époque « où la sève abondante de ces arbres a beaucoup moins <«<< de mouvement; et les amputations se feront à fleur du <«<tronc. En taillant les sapins au printemps, on les ex<< pose à perdre une prodigieuse quantité de substance, <«< dont la privation retarde leurs progrès, et souvent abrège leur durée. Cette règle doit s'appliquer à la <<< conduite de tous les arbres verts et résineux. »

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Comme vous le dit M. Filassier, il ne faut les élaguer que lorsque l'on y est forcé, ce qui veut bien dire que si l'on n'y était pas forcé, il ne faudrait pas le faire, parce que les branches inutiles périssent d'elles-mêmes. Je suis également de cet avis; mais cela n'est bon que dans les forêts et les grandes plantations que possèdent d'autres contrées, car, malheureusement, dans la nôtre, nous sommes privés de semblables richesses, et, ce qu'il y a de vraiment déplorable, c'est que nous avons une quantité de terreins propres à cette culture, que l'insouciance des propriétaires laisse à l'abandon, et sans en tirer aucune espèce de valeur.

Toute espèce de sol convient à l'une ou à l'autre espèces de ces arbres; on pourrait donc, par des semis bien entendus en couvrir des terreins immenses et non productifs.

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Quelles ressources en retirerait un jour la France, soit pour ses constructions nautiques et civiles, soit pour ses produits annuels en térébenthine résine sèche et liquide, goudron, brai gras, etc., etc.

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La plupart des terreins que j'ai signalés plus haut appartiennent à des communes; ainsi je demande s'il y aurait attentat à la propriété, de la part du gouvernement qui obligerait ces mineurs à amender leurs pro

priétés, s'ils avaient les facultés d'une première dépense, ou à faire des concessions pour parvenir au même but, soit en plantant tout ou partie de ces propriétés communales.

Cette mesure, ordonnée par le gouvernement dans le véritable intérêt des communes, et exécutée franchement par celles-ci, serait bientôt imitée par les propriétaires de semblables terreins.

J'abandonne, Messieurs, ces réflexions à la sagesse de vos méditations.

Après cette courte digression, je reviens à quelques observations sur la manière dont j'ébranche les arbres verts. Je fais couper indistinctement les branches à la fin de l'automne ou à la fin de l'hiver, à six à sept pouces du tronc; et, l'année suivante, aux mêmes époques, je fais couper, à fleur du tronc, la portion de la branche conservée d'abord; de sorte que je fais en deux fois l'opération dont il s'agit, dans un intervalle de douze à quinze mois. Il n'y aurait même pas d'inconvénient à mettre deux années : j'en dirai la raison plus tard.

De cette manière d'opérer il résulte que la branche, coupée d'abord à 6 à 7 pouces du tronc, ne cesse pas d'y être toujours adhérente, puisqu'à cette coupe il repousse souvent de jeunes branches; mais il ne faut pas se dissimuler que l'enlèvement de la portion principale de la branche ayant dû faire refluer la sève d'un autre côté, et n'en laisser qu'une faible quantité dans la partie conservée de la branche, ce retrait de la sève la prépare à périr, et conséquemment à faciliter l'enlèvement du restant de la branche, sans aucune perte des substances résineuses de l'arbre.

Ce que j'avance ici me paraît démontré par une expérience que j'ai faite il y a plusieurs jours, sur un mélèse dont j'avais retranché des branches il y a deux ans ; mais j'avais eu soin de ne les couper, ainsi

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que je l'ai dit plus haut,
sorte qu'il restât encore
bouts de branche ont
ainsi qu'on peut s'en convaincré à l'inspection de la
portion du végétal qui est sous vos yeux; mais la sève
s'est retirée insensiblement, de telle sorte qu'il suffit
aujourd'hui d'appuyer sur ces débris pour qu'ils se dé-
-tachent du tronc, sans épanchement de la substance
résineuse.

qu'à 6 à 7 pouces, de telle un bout de la branche. Ces encore donné des poussées,

Vous jugerez, Messieurs, d'après ces faits, si la méthode de M. Filassier, mentionnée plus haut, doit être préférée à celle dont je viens d'avoir l'honneur. de vous entretenir.

Au reste, que chacun à son choix essaie de l'une ou de l'autre de ces méthodes, et l'expérience nous apprendra celle qui doit obtenir la préférence.

A cette courte notice, que nous venons d'avoir l'honneur de vous soumettre, nous joindrons quelques observations extraites de deux cahiers ou journaux de votre correspondance, les nos 2139 ct 3206 de vos archives; ce sera comme un appendice à la matière, puisque les articles dont j'ai à vous entretenir sont relatifs aux arbres, verts.

Dans le premier de ces articles, extrait d'un Journal d'agriculture du royaume des Pays-Bas, il est question de l'application que l'on a faite de l'écorce du mélèse (pinus laryx) au tannage des cuirs. Cette écorce n'est pas aussi astringente que celle du chêne; mais un mélange de l'une et de l'autre donne aux cuirs une souplesse qui se fait rechercher pour la chaussure et les harnais. Cette découverte est due à un habitant de Bruges.

Dans le second article, extrait des Annales de l'agriculture française (septembre 1828), il est question de la culture du mélèse en Ecosse.

L'auteur reconnaît, ainsi que nous en avons émis nous-même l'opinion, que cet arbre vert se plaît dans toute espèce de terrein.

Il indique ensuite la manière d'élever ce végétal, et renvoie, pour avoir de plus amples détails, à un traité ex-professo, sur la culture des pins à grande dimension, par M. G. Delamare, in-8°, 2e édition.

<«< Les plantations de mélèse, ajoute encore l'auteur, « se sont tellement étendues depuis vingt ans, que l'on <«< n'a plus besoin, comme autrefois, d'importer du bois « de Norwége, de Danemarck, ou de Mémel; on y « trouve même un excédant pour l'exportation. En <«< France, et il en était ainsi précédemment en Angleterre, le pin est remplacé par le chêne dans l'éco«nomie rurale; mais le chêne, quoique de plus longue

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durée, coûte beaucoup plus à mettre en œuvre, et « l'économie du travail dans la construction d'une maison <«< est un article très-important. Par exemple, la main<«< d'œuvre d'un parquet en chêne coûte en France « dix fois plus qu'en Écosse celle d'un parquet en sapin. »

Nous avons plus haut émis le vœu que nos terrains incultes, tels que les landes, les bruyères, etc., soient plantés en arbres verts, et surtout en mélèses, parce qu'il est reconnu que ce végétal améliore les sols pauvres d'une manière remarquable. On a vu des terres qui n'avaient jamais produit que des ronces ou de chétives bruyères, changer totalement de face en peu d'années, et se couvrir d'un gazon vert et frais. Cet effet est celui du terreau formé par les feuilles qui tombent tous les ans aux approches de l'hiver.

Dans les annales se trouve encore le portrait du vénérable M. Bosc. Mais que pourrais-je en dire qui n'ait déjà été répété par des bouches plus éloquentes que la mienne? La Société a d'ailleurs payé son tribut

à la mémoire d'un savant illustre que la France et tous les vrais agronomes regretleront long-temps.

Voilà, Messieurs, ce que j'ai cru devoir extraire des cahiers d'agriculture confiés à mon examen.

Aug. J....n.

T

RAPPORT

Sur une traduction d'un Mémoire extrait de l'Encyclopédie

Messieurs,

anglaise.

M. Toussin, notre collègue, vous ayant offert, dans l'une de vos dernières séances, la traduction par lui faite de la première partie d'un mémoire extrait de l'Encyclopédie anglaise, ayant pour objet unique l'éducation, la culture, la conservation, etc., des pommiers à cidre, vous avez renvoyé ce travail à món examen. Je viens aujourd'hui vous en rendre compte.

On trouve dans cet écrit les principes d'une saine théorie et d'une bonne pratique pour la plantation l'éducation et la conservation des pommiers à cidre; mais je n'y ai rien remarqué qui ne soit parfaitement connu des praticiens intelligents de ce pays-ci. Les indications relatives au choix d'un terrein propice, de l'exposition la plus convenable, et des variétés de pommes à préférer, ne peut nous être d'une grande utilité, car elles sont basées sur la considération de quelques localités très-différentes, sous bien des rapports, de celle que nous habitors.

Cependant, je crois devoir citer les observations suivantes : « les meilleures pommes à cidre sont jaunes et rouges; leur pulpe est jaune et d'un goût agréable et astringent. Celles de couleur grise doivent être re

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