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jetées comme produisant une liqueur aigre et de mauvaise qualité. Les pommes de médiocre grosseur devront être préférées aux pommes plus grosses, parce que la peau et les pepins, qui contiennent la partie aromatique, seront plus facilement écrasés avec la pulpe.

Ceux de nos cultivateurs qui regrettent si vivement la perte de la variété dite grosse peau de vache, admettront difficilement qu'il faut chez nous rejeter les pommes grises, blanches ou vertes.

En recommandant de fixer les arbres nouvellement plantés à un fort tuteur, et de les visiter chaque année pour couper les jets, radicaux et caulinaires, ainsi que les branches et les rameaux trop rapprochés, inclinés ou se croisant, afin d'espacer convenablement les branches, et aussi pour donner à l'arbre une forme régulière, l'auteur a indiqué des opérations importantes et d'une utilité reconnue, mais qui malheureusement sont rarement exécutées chez nous.

I recommande aussi, et d'après Forsyth, pour détruire la rouille et les chenilles, de brûler, au vent des arbres, pendant la floraison, du bois pourri, de mauvaises herbes, des tiges de solanum, de la paille humide, etc.

Sans vouloir condamner ce procédé, qui peut être utilement employé pour préparer des arbres frappés d'une gelée printanière à supporter sans dommage l'action des rayons solaires, je me permets d'élever des doutes sur son efficacité pour la destruction des chenilles, parce que la vapeur du soufre en combustion sur des charbons ardents, incontestablement plus énergique que la fumée des ingrédients précités, ne m'a pas encore réussi pour faire périr ces insectes.

Je ne puis m'expliquer le motif qui a conduit le savant Forsyth à recommander de faire ces fumigations pendant l'épanouissement des fleurs; il me semble que la

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prudence aurait dû dicter une indication contraire, dans la crainte que cette fumée grossière n'entravât la fécondation, en détériorant les organes délicats et fragiles destinés à l'opérer.

J'aime beaucoup mieux cet autre précepte puisé à la même source, et qui a pour but d'augmenter la vigueur des arbres et de raviver leur écorce; il conseille de les enduire d'un mélange de fumier frais de vache, d'urine et d'eau de savon. J'ai toujours obtenu, par l'emploi de ce procédé, des résultats satisfaisants.

L'amputation des grosses branches est souvent funeste aux arbres; aussi l'auteur recommande d'enlever, lorsqu'elles sont encore jeunes, toutes celles qui sont mal placées, nuisibles, ou qui pourraient le devenir. Il indique, pour cette opération, l'emploi du ciseau plat à serpette latérale et à long manche encore peu connu de nos cultivateurs, quoiqu'il soit dans ce cas préférable à la

serpe.

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L'auteur dit encore, et avec raison, qu'en cultivant le sol d'un verger, les arbres en prospèrent mieux; mais, ajoute-t-il, des pâturages sont nécessaires : on pourrait donc cultiver un sillon entre deux rangées, en laissant l'herbe dans une largeur de six à huit pieds autour des arbres.

Nos cultivateurs, ayant presque tous la mauvaise habitude de cultiver la terre immédiatement autour du tronc des arbres (je parle de ceux qui sont grands et forts seulement, l'opération que je signale comme mauvaise étant bonne pour les arbres encore petits), auraient de la peine à concevoir qu'il est préférable de laisser le gazon au pied et de cultiver plus loin. Cependant cette méthode est la seule bonne, car les radicules ou suçoirs, par l'extrémité desquels s'opère l'intus-susception ou la nutrition, ne sont plus, dans un arbre très-étendu, à quelques pieds de son tronc, comme ils étaient pendant

son enfance, mais ils se trouvent dans une zone beaucoup plus éloignée, et dont le périmètre, dans les arbres fruitiers, est approximativement indiqué par celui que donne l'extrémité des branches latérales inférieures. C'est donc là qu'il faut cultiver et fumer, si on veut le faire utilement.

Que l'on lève et replace quelques plaques de gazon autour du tronc et sur les grosses racines qui n'ont plus d'autres fonctions importantes que de transporter les sucs sévcux, cela ne saurait contribuer à la prospérité d'un arbre adulte et très-développé, quoique ce soit ainsi que l'on opère journellement. Je n'ai jamais vu qu'une fois de forts pommiers ayant un grand rond de gazon conservé au pied, et au-delà duquel on avait soigneusement cultivé une zône de trois à cinq pieds de large, à-peu-près sous l'extrémité des branches; c'était près d'Omonville, sur la route de Dieppe. Je regrette de n'avoir à citer que ce seul exemple d'une bonne culture dans ce genre.

Là se terminent, Messieurs, l'analyse de cet ouvrage et les réflexions que sa lecture m'a suggérées. Je désire que M. Toussin soit invité à vouloir bien donner à la Compagnie la traduction de la deuxième partie de ce

mémoire.

P.....t.

RAPPORT

Sur le journal de la Société d'Agronomie pratique; livraisons de janvier, février, avril et juillet 1829.

Messieurs,

Le premier de ces quatre cahiers, renvoyés à mon examen, contient le règlement de la Société d'Agronomie

pratique de Paris, dont l'existence date du 13 décembre dernier, le procès-verbal de la première séance, la liste de ses membres, et la description de plusieurs plantes et arbustes d'agrément.

Dans un compte rendu de la première livraison des annales de la Société d'horticulture du département du Nord, est un article relatif au sucre de betteraves; il y est dit que six départements du nord et de l'est de la France fournissent annuellement à eux seuls un million deux cent dix-huit mille kilogrammes de sucre de betteraves: le rédacteur, évaluant à quatre-vingt millions de kilogrammes de sucre la consommation annuelle de la France, pense que si la culture de la bettrave était encouragée, la France récolterait bientôt sur son sòl une grande partie du sucre qu'elle consomme.

Dans le deuxième cahier est une notice intitulée : du rayonnement du calorique terrestre, et de l'action de la température atmosphérique sur la surface du sol. Cette notice, dont l'auteur est le chevalier Sarlandière, rapporte plusieurs expériences bien connues, et ne m'a point paru susceptible d'être utilement analysée.

M. Camuzet, auteur d'une notice sur le noyer noir et sur l'orme de Sibérie, énumère les excellentes qualités attribuées au bois de ces deux arbres, s'étonne qu'ils soient encore si peu répandus, et recommande leur culture.

Comme ce cahier et l'antécédant, le troisième contient la description de plusieurs végétaux d'agrément, et en outre, 1° une notice sur une terre composée. propre à remplacer, dans certains cas, la terre de bruyère (ce compost est formé de terre noire tourbeuse et de sable); 2° un procédé pour multiplier rapidement les pommes de terre, en plantant les tubercules sur couche, et en détachant et plantant leurs jeunes tiges en pleine terre, à mesure qu'ils en pro

L

duisent; 3° enfin, une notice traitant des effets de la lumière sur la végétation.

Dans le quatrième et dernier de ces cahiers, après la description de plusieurs végétaux d'agrément, se trouve une note sur la nourriture des bestiaux; laquelle note a pour but de recommander l'usage de la paille hachée, cuite avec des pommes de terre et des carottes, comme un excellent moyen pour nourrir et engraisser promptement les bestiaux.

M. Camuzet vante avec raison le beau et singulier port de l'orme d'Excester. Sa grande vigueur le placera sans doute parmi les arbres utiles en attendant, il contribuera à l'ornement des jardins paysages. Quoique trèsnouveau, il a déjà pénétré dans les départements, et je puis en montrer quelques individus.

M. de Bugny, dans un article intitulé : Essai sur les moyens les plus propres à prévenir les disettes, expose et développe son idée, laquelle consiste à provoquer la création de compagnies de capitalistes, qui s'engageraient, d'une part, vis-à-vis des producteurs, acheter à un prix fixe et déterminé, pendant le temps que durerait le contrat, la quantité de blé jugée nécessaire, quantité que les producteurs s'engageraient à fournir constamment chaque année, et vis-à-vis des consommateurs, au moyen d'un abonnement pris par ces derniers, à leur fournir la quantité de pain nécessaire, à un prix fixe et invariable, pendant le temps déterminé.

L'auteur ne se dissimule pas toutes les difficultés qu'éprouverait l'exécution d'un semblable projet ; mais, en considérant que les compagnies d'assurance contre l'incendie, également repoussées d'abord, ont pénétré dans tous les hameaux, il pense qu'un peu de persévérance et la mise à exécution de ce projet, pendant que les esprits sont encore frappés de la crainte d'une disette, assureraient le succès.

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