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animaux; la combinaison des engrais avec les qualités du sol; l'application des meilleurs instruments aratoires, et de ceux les plus favorables, les plus faciles à employer et les plus économiques: tels sont les soins qui doivent continuellement captiver son attention. Aussi, Messieurs, la Société s'est constamment occupée à indiquer ces instruments tontes les fois que leur utilité lui a été démontrée; tel celui qu'aujourd'hui elle expose aux regards de l'assemblée, et que l'on nomme scarificateur, nom emprunté d'un instrument de chirurgie. Celui destiné à l'agriculture, dont la Société a fait l'acquisition, présente des espèces de coutres courbés en avant, qui pénètrent dans le sol préalablement ameubli par les labours; ils ramènent à la surface les racines de chiendent et autres mauvaises herbes. Cet instrument agit à-la-fois comme charrue et comme herse. Vous observerez, Messieurs, que les coutres ne sont pas tranchants, attendu qu'ils couperaient les racines, et qu'il serait alors bien plus difficile de les amasser. Telle est son utilité, par l'économie qu'il procure sur les labours, par la facilité qu'il donne de nétoyer le sol des mauvaises herbes, et de rendre la terre meuble. Nous ne pouvons qu'en recommander l'usage à ceux qui saurout en apprécier le mérite.

Tel encore le petit modèle d'une machine propre à hâter la fauchaison des récoltes. La Société l'a pris en très-grande considération, quoiqu'elle n'ait pas eu encore le temps d'en apprécier les résultats, attendu qu'elle n'est pas confectionnée en grand; mais elle a pu juger de sa précision; elle a senti l'importance des services qu'elle peut rendre pour sauver les récoltes, dans les mauvais temps, par la promptitude de ses mouvements, dont l'inventeur, qui les a calculés, croit pouvoir assurer qu'une heure suffit faucher une pour acre. I observe également qu'on peut adapter à la faux

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une javelière semblable à celle que les faucheurs à bras adaptent aux faulx dont ils se servent; il ajoute que sous tel aspect que se présentent le blé, l'avoine, le seigle et l'orge, leur récolte s'opérera facilement.

La machine, traînée par deux chevaux, est attelée près la petite roue de derrière, qui tourne à volonté pour faciliter au conducteur le moyen de la diriger; on aperçoit aussi que de cette manière le passage en avant est toujours libre, puisque la faulx qui précède l'ouvre à la machine, aux chevaux et au conducteur; cette invention mérite au sieur Huet, maître charpentier à Fécamp, une médaille d'encouragement, dans l'espoir qu'il l'exécutera en grand, et que des commissaires de la Société pourront en con stater les résultats et les rendre publics.

Nous devons, sur les charrues, un rapport lumineux à notre collègue M. Justin: il y montrait le désir de connaître deux de ces instruments qui ont été préconisés par une Société savante; on n'a pas reçu de réponse à la demande qui lui en a été faite.

Vous savez, Messieurs, que les besoins d'une grande population ne se bornent pas à la multiplication des céréales; la prospérité des bois intéresse à la fois l'état et les particuliers; elle intéresse la génération actuelle et les générations futures. Nous aimons à rendre justice à celle de nos jours elle sait apprécier tout le mal qu'a fait la hache indiscrète de nos temps de discorde; les plantations commencent à faire quelques progrès, elles sont particulièrement dues aux propriétaires retirés dans leurs campagnes, à ceux qui, éclairés sur les be soins de la société, préparent à leurs arrières - neveux des jouissances et des richesses territoriales, à ceux qui savent utiliser les terres incultes, créer des arbres salutaires, tant aux hommes et aux animaux, qu'aux moissons. Vous entendrez dans cette séance, Messieurs, un mé

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moire sur les avantages qui résultent du séjour des propriétaires dans leurs domaines, tant pour eux personnellement que pour le bien-être général.

La Société, néanmoins, a cru de son devoir de publier les éléments qui doivent assurer le succès des arbres forestiers et des arbres à fruit; elle a fait sentir combien le choix de ces arbres exige de connaissances; elle les a signalées, et n'a pas oublié surtout de quelle utilité sont les arbres rangés autour des plaines, qui y attirent el y maintiennent l'humidité si salutaire à la végétation; elle a considéré combien ces grands végétaux contrastent agréablement avec l'orgueil des montagnes et la fraîcheur des prairies, en accroissant les valeurs des propriétés. Elle a distingué parmi cette immense variété d'arbres, le chêne et le châtaignier, dont les inappréciables qualités sont utiles à tous les arts, réunissant l'un et l'autre la durée à la solidité: aussi leur assignons-nous le premier rang sous la zône tempérée que nous habitons. Ces grands végétaux n'exigent d'autres soins que d'être confiés aux entrailles de la terre par le semis; la nature fait tous les frais de leur enfance, de leur adolescence; elle finit par les parer de tous ses dons, toutes ses faveurs, qui enrichissent et embellissent le domaine du sage. Il les comtemple, et admire les dons du créateur de tant de merveilles.

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Pour combler nos voeux et ceux de toute la France, relativement aux plantations, il serait à désirer que loi imposât à l'avenir la stricte obligation de planter ou semer en bois tous les coteaux, dont la stérilité afflige la pensée de l'homme de bien qui s'occupe du bonheur de ses semblables et des besoins des générations qui doivent lui succéder; ces coteaux, considérés sous le rapport de leur dégradation et l'entraînement des terres par les pluies, tendent à la diminution des sources et par suite à celle des rivières s'ils étaient plantés, les

eaux de pluie s'infiltreraient lentement jusqu'aux couches d'argile; il en résulterait donc deux avantages précieux. Nous, Messieurs, nous avons lieu d'espérer que le prix que nous nous proposons de donner les années prochaines, pour les plantations et les semis de chênes, aura déterminé l'émulation de quelques propriétaires. Pour accroître encore dans ce genre les richesses de nos campagnes, la Société a fait venir pour la troisième fois de l'Amérique septentrionale des glands du chêne tinctorial, connu sous le nom de quercitron, dont l'épiderme est un objet considérable d'importation pour l'art du teinturier.

Ce bel arbre a parfaitement réussi dans tous les sols indistinctement; mais nous avons à regretter singulièrement les semis de cette année que les pluies du printemps ont presqu'entièrement perdus. Nos regrets sont d'autant plus fondés, que M. le comte de Grosmesnil, à qui la Société a confié une caisse de ces glands, cet amateur curieux de leur succès en a pris un soin tout prrticulier; son attente et la nôtre ont été déçues. Néanmoins, Messieurs, cet arbre est acclimaté dans notre département; ceux plantés par notre collègue M. Justin, les années précédentes, sont déjà très-hauts, et promettent une vigoureuse végétation; sur son semis de cette année, malgré les contrariétés que nous venons de signaler, la moitié a réussi, et les sujets sont beaux.

Nous devons à notre estimable collègue M. Dubuc des recherches précieuses sur le chêne dont il est question, et sur les terreins qui lui sont les plus convenables; nous lui devons également plusieurs rapports très-recommandables sur l'art agricole.

Dans un rapport sagement médité, M. Justin, réfléchissant aux moyens les plus propres à l'amélioration de l'Agriculture et à l'amélioration de ses progrès, a considéré que le plus essentiel était de répandre l'instruc

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tion; il s'étonne avec raison que la science la plus utile, la plus étendue, la plus chère à l'humanité, celle qui, née avec les premiers hommes, leur offrit ses fruits, leurs premières richesses, soit encore de nos jours sans école et sans instituteurs. Notre collègue désire qu'il s'en établisse dans chaque département, où les cultivateurs puissent envoyer leurs enfants pour y recevoir les premiers éléments qui les rendraient aptes à se perfectionner dans les établissements de Grignon et de Rôville; il pense que celui qui entreprendrait d'établir 'une institution de ce genre serait parfaitement secondé par les Sociétés d'agriculture, et tout porte à croire que le gouvernement paternel du Roi protégerait spécialement les écoles destinées à applanir les premières difficultés de l'éducation que Sa Majesté destine aux élèves de Grignon.

En même temps, Messieurs, que la Société s'occupe de tout ce qui peut être utile à l'agriculture, elle n'a pas perdu de vue l'important objet de l'assainissement des marais infectes et pestilentiels de la rive droite de la Seine, dont les émanations portèrent la mort et la désolation, aux années 1775 et 1776, dans l'asile de tous les habitants de cette contrée. Cette année même, et lorsque j'ai l'honneur de vous en parler, la fièvre les désole encore depuis trois mois; mais nos inquiétudes à cet égard vont incessamment se calmer. Le conseil général et M. le Préfet ont favorablement écouté nos plaintes, et nous sommes officiellement instruits que l'assainissement des eaux croupissantes de ce marais aura lieu. Nous pouvons nous en reposer sur une administration éclairée et toute paternelle.

Les marais de Jumiéges, qui sont contigus, n'ont besoin, pour l'écoulement des eaux, que de l'ordre de l'administration pour le relèvement des fossés, que les particuliers peuvent faire sans frais; le maire désire seulement y ére autorisé.

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