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La Société croit encore devoir vous entretenir, Messieurs, de l'insalubrité des eaux de mares, dont s'abreuvent les hommes et les animaux sur toutes les plaines élevées qui composent la majeure partie de ce beau département, depuis le cours sinueux de la Seine jusqu'à la mer, depuis la partie sud-ouest jusqu'au nordest, sans qu'on ait pensé à y creuser des puits artificiels à l'exemple de ceux établis dans tous les départements qui nous avoisinent au nord et à l'est, depuis plus d'un siècle.

Au moment où la Société se disposait à établir et publier les principes géologiques et physiques sur le gissement des eaux souterraines, et les causes du jaillissement des eaux des puits forés, ainsi que les preuves évidentes de la possibilité d'établir de ces puits dans d'autres terrains que dans les terrains crayeux et marneux, la Société mère nous a adressé ces renseignements développés avec une méthode infiniment persuasive. Elle a ajouté à ce premier bienfait des récompenses graduées pour le percement de puits artésiens forés suivant la méthode artésienne, à l'effet d'obtenir des eaux jaillissantes applicables à l'agriculture. Le premier de ces prix est de 3,000 francs, le second de 2,000 francs, et le troisième de 1,000 francs.

Nous, Messieurs, nous nous proposons de seconder ces encouragements; mais nous désirons voir établir les puits artésiens sur les hauteurs, et, pour ne rien laisser à désirer sur la dépense, nous annonçons qu'une lettre officiellement écrite à M. le baron Sylvestre, secrétaire perpétuel de la Société royale et centrale, par MM. Flachat frères, fontainiers-fondeurs à Paris, mentionne les prix qu'ils prennent pour forer ces puits. Ils sont de 10 à 20 francs le pied à partir du sol jusqu'à cent pieds de profondeur; de 15 à 30 francs de 100 à 200 pieds, et de 20 à 40 francs de 200 à 300 pieds.

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Avec ces données, il sera facile de présager la dépense qu'exigera le puits qu'on désirera établir, dépense pour laquelle des voisins peuvent cotiser, moyennant la stipulation préalable du droit que chacun aura à l'usage des eaux jaillissantes de ces puits.

Déjà, Messieurs, plusieurs établissements riches de ce département sont parvenus à en établir; mais j'ai l'honneur de vous observer qu'ils n'ont aucun rapport direct ou indirect avec l'agriculture; tels sont ceux élablis à Elbeuf, chez MM. Turgis, Grandin, Delaunay, et Godet; à Rouen, chez M. Mutrel; aux Andelys, chez MM. Beurrier frères, ainsi que dans les départements de la Seine, de Seine-et-Oise, de Seine-et-Marne, de l'Oise, de la Somme, du Pas-de-Calais, du Nord, de la Moselle et de l'Aisne.

Ces exemples, ces encouragements, doivent exciter l'émulation des villes, bourgs et villages réduits à s'abreuver des eaux insalubres de leurs mares.

Tels ont été, pendant le cours de l'année, les travaux qui ont captivé les soins de la Société; telle a été sa prévoyance sur les objets qui intéressent la prospérité de l'agriculture, le bien-être du cultivateur et les besoins d'une grande population; tel aussi est le but de son institution, dont elle croit avoir rempli tous les devoirs.

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Il ne me reste, Messieurs, que des devoirs douloureux à remplir l'impitoyable faulx vient de nous priver des lumières qu'apportait naguère dans cette enceinte M. Alexandre-Louis MARQUIS, professeur de botanique en cette ville, membre de plusieurs Sociétés savantes; ce sage, dont les expressions toujours douces, toujours choisies, remplissaient nos 'discussions d'un charme inexprimable. Les mémoires de la Société contiennent

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ses discours éloquens, pleins de réflexions dictées par l'amour du bien, par un caractère de vérité qui peint sa belle ame et toutes les qualités d'un cœur droit. M. Marquis était aussi modeste dans sa vie privée que dans sa vie publique, sédentaire par goût, studieux par amour pour les sciences elles-mêmes. Il semblait que la nature l'avait formé pour en insinuer les principes dans les organes de ses élèves. Leurs regrets sans doute égalent ceux de sa respectable famille et les nôtres. Cet estimable savant emporte dans l'éternité l'estime générale de tous ceux qui ont eu le bonheur de le con~ naître et d'apprécier ses rares qualités.

Nous devons également l'hommage de nos vifs regrets à la perte de M. Bosc, l'un de nos associés correspondants, professeur au Muséum d'Histoire naturelle au jardin du Roi, où ses talens l'avaient conduit, où son aménité, la douceur de son caractère, le faisaient chérir, et lui méritent aujourd'hui les regrets universels de tous les Français. Son installation dans ce poste honorable a été l'époque fatale où M. Bosc éprouva les premiers symptômes de la maladie longue et douloureuse qui lui a interdit, non le désir, mais la faculté d'ajouter des travaux nouveaux à tous ceux dont son génie avait enrichi les sciences et perfectionné les arts, et que le monde savant attendait encore de son zèle de son activité et de son amour à remplir ses devoirs. Tant d'espérances ont été déçues par un de ces décrets contre lesquels la puissance humaine n'a à opposer que ses regrets et ses larmes.

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Par la même fatalité, Messieurs, nous venons encore très-récemment de perdre, dans M. le comte de Malartic, un de nos correspondants digne de notre estime comme de nos regrets. La mort l'a surpris lorsqu'investi de la confiance de ses concitoyens, il représentait à la Chambre des Députés l'arrondissement

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communal de Dieppe. M. de Malartic était également membre du Conseil général du département, maire de la commune de Tôtes; il a successivement servi son pays comme militaire et comme magistrat. Récompensé par le souverain, il s'était acquis des droits à l'estime de ses contemporains, dont les regrets, avec ceux de sa famille, l'accompagnent dans la tombe.

RAPPORT

Sur les productions de trois béliers de race anglaise, à laine longue, acquis par la Société, et répartis dans l'arrondissement de Neufchâtel,

Par M. LEPREVOST, Vétérinaire.

MESSIEURS,

Il est incontestable que la propagation et l'amélioration des races de bêtes à laine est aujourd'hui une des sources principales de la prospérité agricole, comme il est également certain que notre département est un des plus convenables pour en assurer le succès par la fertilité de son sol, l'abondance et la variété de ses pâturages naturels et artificiels. Organe de la commission chargée par la Société de la conservation de ses béliers anglais, et de l'inspection annuelle de leurs productions, je viens, dans cette séance solennelle, l'entretenir de cette partie intéressante de l'économie rurale.

Lorsque les premiers moutons anglais à laine longue parurent dans notre département, plusieurs cultivateurs du pays de Caux, séduits par leur taille et leurs formes prononcées, crurent trouver dans le croisement de béliers de cette race avec des brébis mérinos ou métis, les moyens de donner plus de taille et de volume à l'espèce de leurs moutons, afin de s'en défaire plus facilement et plus avantageusement dans le commerce. Ils obtinrent, à la vérité, des productions plus fortes, mais dont la laine avait moins de finesse; et ils se virent forcés d'en revenir aux béliers mérinos. Ainsi se réalisa, Messieurs, la judicieuse observation de

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