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M. Ternaux, que par le croisement de béliers à longue laine avec des brebis mérines on n'obtiendrait qu'une laine trop courte pour fabriquer les étoffes rases, trop longue et trop épaisse pour faire les belles draperies ou étoffes feutrées.

La Société d'agriculture, en faisant l'acquisition de trois béliers anglais à laine longue, n'a jamais eu l'intention qu'ils fussent croisés avec des brebis mérines: elle s'est empressée, au contraire, de prémunir les cultivateurs cauchois contre les fâcheux résultats qu'on en obtiendrait, en leur indiquant les moyens de conserver leur race de moutons à laine fine dans toute sa pureté. L'unique but de la Société a été d'améliorer l'espèce des moutons de races picarde et artésienne répandus dans l'arrondissement de Neufchâtel, en produisant des individus qui présenteraient plus d'avantage pour la boucherie, en raison de leur poids, de lear engraissement plus facile et plus prompt, et dont la laine acquerrait plus de finesse, de blancheur et de longueur. La Société espérait enfin qu'au second ou au troisième croisement la laine de ces animaux, qui est naturellement grossière, serait propre à la fabrication des étoffes rases.

Déjà deux béliers anglais stationnaient dans l'arrondissement de Neufchâtel depuis l'automne de l'année 1826, l'un chez M. Leblanc à Fesques, l'autre chez M. Ruhault à Nesle-Normandeuse; à l'époque de la tonte de 1827, j'ai visité les agneaux provenant de nos béliers, et j'ai rendu compte à la Société des résultats satisfaisants obtenus dès ce premier croisement.

Le bélier confié à M. Leblanc par la Société est d'une fécondité vraiment étonnante: dès la première année il avait produit quatre-vingts agneaux; l'automne dernier il a fécondé quatre-vingt-dix brebis appartenant à ce propriétaire, et plus de trente autres brebis à di

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vers particuliers, justes appréciateurs de la beauté de ses productions, et de tous les avantages que cette précieuse race d'animaux doit apporter dans la riche vallée d'Aulne.

En général, les agneaux de cette année sont en mauvais état, par suite d'une maladie que la température humide a occasionnée sur plusieurs points de notre département, et qui en a fait périr un grand nombre. Cependant M. Leblanc n'en a perdu que cinq; et, malgré l'état de maigreur de ces jeunes élèves, il est aisé de juger qu'ils acquerront le développement et la beauté des formes de leur père.

Les agneaux de l'année dernière, ou antenois, sont dans l'état le plus florissant; leur taille, leur volume, la finesse et la blancheur de leur laine, ne laissent rien à désirer. La plupart des mâles ont été émasculés, et promettent, comme tous les moutons à laine longue, d'être d'un engrais facile et précoce. M. Leblanc n'a pu résister au désir de conserver entiers cinq ou six de ses plus beaux autenois pour en faire des béliers; mais je lui ai observé que dans les étalons de premier croisement l'amélioration n'était jamais assez avancée pour qu'on pût espérer d'en obtenir de bonnes productions, et que l'intention de la Société était de ne tirer race que de béliers de second croisement, même, autant que possible, du troisième.

et

Quant aux antenoises, elles réunissent toutes les qualités désirables pour faire de bonnes brebis portières; et comme le second croisement tendra à assurer le suc cès des expériences auxquelles la Société se livre, on aura soin d'éviter la fréquentation de ces jeunes femelles avec leur père ou leurs frères, parce que les accouplements consanguins pourraient retarder l'amélioration, et même la faire rétrograder, au lieu d'en hâter l'avancement. Elles seront donc saillies cette année par un

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bélier confié à M. Dulesmont, et dont il va être parlé. Les résultats obtenus sur le troupeau de M. Ruhault n'ont pas été aussi satisfaisants que ceux dont je viens d'avoir Fhonneur de vous entretenir. Sur trente agneaux provenant l'année dernière du croisement de notre bélier anglais avec de belles brebis artésiennes, il n'en reste que huit; tous les autres ont péri dans le courant de l'automne dernier. Les brebis de M. Ruhault lui ont encore donné cette année une trentaine d'agneaux qui portent l'heureuse empreinte du type de leur origine masculine; et, lors même que cet habile cultivateur (décidé à ne plus exploiter lui-même son domaine rural) ne nous permettrait plus, en se retirant, de continuer nos expériences dans le canton de Blangy, elles auront cependant produit quelque bien, en introduisant dans cette contrée reculée de notre département des germes propres à améliorer l'espèce des moutons indigènes.

Il ne me reste plus à vous parler, Messieurs, que de l'acquisition faite, l'année dernière, par la Société, d'un bélier anglais à laine longue provenant du troupeau de M. Bille du Bourg-Dun.

Ce bélier confié à notre laborieux confrère M. Dulesmont pour son exploitation rurale du Boulay, a fécondé l'automne dernier trente brebis artésiennes, qui ont donné trente agneaux en nombre égal des deux sexes. Ces jeunes animaux sont forts et bien développés; on s'aperçoit dès le premier croisement qu'ils ont du bélier anglais la largeur des épaules et du dos, l'ampleur du corsage, la rectitude des reins, la finesse, la blancheur et le luisant de la laine.

M. Dulesmont s'est procuré, l'année dernière, seize agnelles anglo-artésiennes de premier croisement dans le troupeau de notre confrère M. Vanier, dans l'intention d'en tirer race. Ces antenoises seront croisées cette an

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née avec le bélier anglais dont M. Dulesmont est dépositaire, et nous pourrons, au printems prochain, apprécier les effets d'un second croisement.

Des coteaux ombragés et abondamment pourvus de pâturages naturels et artificiels, dont se compose en majeure partie l'exploitation rurale de M. Dulesmont, convenant parfaitement à l'éducation des moutons anglais, tout porte à croire que leur introduction dans la belle vallée de l'Andelle sera pour elle encore une source de nouvelles richesses.

En terminant, Messieurs, je dirai avec conviction que si dès le début de nos expériences nous avons obtenu des résultats heureux, l'avenir nous en promet de plus heureux encore. Que nos efforts soient donc un encouragement pour les cultivateurs ; qu'ils s'occupent avec zèle de cette partie intéressante de l'économie rurale, objet de notre sollicitude, et sur laquelle M. le Préfet et le Conseil général du département ont les ycux fixés, comme un des moteurs les plus puissants de notre cominerce et de notre industrie.

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DE L'INFLUENCE

DE L'ADMINISTRATION PUBLIQUE SUR LA PROSPERITÉ
DE L'AGRICULTURE,

Par M. VICTOR QUESNEY.

Mulla paucis.

MESSIEURS,

L'agriculture est le premier des arts; il nourrit et multiplie les hommes; il les conserve et les régénère. Les produits de la terre sont les éléments de toute richesse; mieux le sol est cultivé, plus il devient fertile.

L'abondance des produits développe l'industrie; celle-ci double et peut même décupler leur valeur primitive.

Tout croît et s'améliore par le travail, seule mine inépuisable.

L'agriculture et l'industrie fleurissent l'une par l'autre ; des nations civilisées.

elles sont les nourris

Si l'on admet ces propositions comme principes d'économie politique, il faut également admettre une puissance morale qui en fasse constamment l'application au bien de tous. Quelle est cette puissance? L'administration, science née des besoins de la Société. Tutélaire dans l'origine, elle civilisa; instruite par son premier bienfait, elle perfectionna; sa mission perpétuelle est de maintenir l'équilibre entre les besoins et les ressources des générations successives.

De nos jours, tous les élémens de prospérité publique

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