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à l'étable ou au sec, ou bien a-t-il, en généralisnt la question, entendu proposer de fonder un prix en faveur des cultivateurs qui parviendraient les premiers à livrer à la consommation des bestiaux engraissés au meilleur prix possible? La raison de douler vient de ce que, d'un côté, on lit dans le procès-verbal: « trouver bénéfice << suffisant, en fournissant les bestiaux à un prix assez << bas pour que les pauvres mangent plus abondamment et « plus fréquemment de la viande. » Il est évident que la question est posée là d'une manière générale, et qu'il n'est fait aucune distinction; mais plus loin on lit que l'inten tion du conseil général est de fonder un prix en faveur des cultivateurs chez lesquels on engraisserait à l'étable le plus grand nombre possible de bestiaux, proportionnellement à la quantité de terres labourables exploitées par eux. On se demande donc si le but du conseil général a été de restreindre à une espèce ce qu'il avait d'abord présenté sous une forme générale. Nous ne le pensons point, et nous croyons, sans nous astreindre scrupuleusement à la lettre du procès-verbal, que la véritable intention du conseil général a été de généraliser: et si l'on s'est servi des mots engraisser à l'étable, c'est que c'est là, rigoureusement parlant, le point de la question; inais si l'on songe qu'il est des circonstances où le concours des pâturages artificiels et des fourrages secs, ou racines, hâte l'engraissement des bestiaux, il serait contraire au but que l'on se propose d'obliger le cultivateur à toujours engraisser à l'étable. Développons notre pensée il peut arriver, par exemple, que des vaches aient été nourries à l'étable pendant l'hiver, mais point assez pour être envoyées à la boucherie: elles seront ce que l'on appelle en chair; alors en les mettant pâturer, soit au tiers, soit en liberté, ( ce dernier moyen est préférable), sur les premiers trèfles incarnat d'abord, ensuite sur les blancs et les rouges, l'animal sera

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bientôt parvenu à un état de parfait engraissement. Si au contraire ce sont des vaches qui, sur l'arrière saison ne sont pas en état d'être livrées à la consommation, un mois ou deux de nourriture à l'étable auront bientôt suppléé à ce que la nourriture des champs leur avait refusé, etc., etc. (D'ailleurs il faut des animaux gras pour les besoins de toutes les époques).

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Il faut donc laisser au cultivateur un peu de latitude dans sa manière d'engraisser les bestiaux; et, pourvu que le prix de la viande diminue et que le cultivateur prospère lui-même en faisant fleurir cette branche de commerce on aura atteint le but que l'on désire.. Nous pensons, ainsi que le conseil général du département, que les moyens par lui indiqués peuvent et doivent un jour conduire au but que l'on se propose; mais nous devons dire aussi que la question, aiusi que les moyens à l'appui, ne sont pas nouveaux pour la Société. Déjà elle s'est occupée, relativement aux assolements, de les partager de manière à détruire le système, aujourd'hui reconnu vicieux, des jachères, en conseillant aux laboureurs un plus fréquent usage des diverses plantes qui peuvent composer des prés artificiels.

Il est maintenant hors de doute que l'emploi de ces prés a été de faire sans cesse travailler la terre sans l'épuiser, puisque cette espèce de produits rend au sol ce qu'elle lui a emprunté pour sa substance, et le rend inépuisable. Déjà nous pouvons dire que les cultivateurs, ou du moins une très-grande partie, ne laissent plus reposer leurs terres sans en tirer un profit annuel, et cela par la variété bien distribuée des végétaux qu'ils leur font produire.

Les bases d'un bon assolement, publiées par la Société, ont été raisonnées d'après les principes de M. Mathieu de Dombasle et de M. Morel de Vindé, pair de

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France. MM. Le Carpentier et Justin, membres de votre Société, vous ont également, l'un et l'autre, démontré la nécessité de la suppression des jachères et de la distribution d'un meilleur assolement. Leurs observations et leurs réflexions, à cet égard, ont été insérées dans vos cahiers. De cet ensemble il ne reste rien à désirer pour être certain que le cultivateur n'hésitera plus à renoncer au système des jachères, méthode nuisible à la prospérité de nos champs et à leur fécondité. Le résultat de ce nouveau mode d'assolement est d'obtenir plus de produits de récoltes propres à l'engraissement des bestiaux; cette innovation dans l'agriculture avait fait naître une objection qui pouvait être sérieuse, c'est qu'en adoptant, la culture des prés artificiels en plus grande quantité qu'auparavent, ainsi que la culture d'autres végétaux ne faisant pas partie des céréales, on craignait que la diminution de celles-ci n'éalevât leur prix, et que le pain, premier objet de consommation, ne devînt trop cher pour le pauvre; mais il est à remarquer que le produit du blé ne se trouve pas sensiblement diminué, si toutefois il y a diminution par l'introduction des prairies artificielles et des autres cultures, puisque si on augmente ces cultures, ce n'est pas au détriment de celles des céréales, mais seulement à l'avantage des cultivateurs qui ne laissent plus ou presque plus de repos à la terre, en divisant mieux l'économie et l'aménagement de leur exploitation; que dans ce moment même où il est reconnu que l'on récolte beaucoup de fourrages, le blé n'est pas à un taux trop élevé, et que, dans l'état actuel, , le producteur et le consommateur peuvent également vivre. Si même le cnliivateur trouvait plus tard un intérêt réel à engraisser des bestiaux, cultivait moins de blé, il n'y aurait pas encore d'inquiétude sérieuse à avoir, parce que, par une conséquence nécessaire, le grand

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nombre de bestiaux facilitant au pauvre l'achat de la viande à un prix modéré, il mangerait moins de pain, ce qui rétablirait toujours l'équilibre à son égard.

Après avoir dit que l'on peut, au moyen d'un assolement bien distribué, faire produire à la terre assez de végétaux, non-seulement pour nourrir un grand nombre de bestiaux, mais aussi pour en engraisser une partie, eu égard à la quantité de terres labourables exploitées par le cultivateur, examinons quel est le meilleur mode pour arriver à l'engraissement des bestiaux, et pourquoi l'industrie du laboureur ne s'est pas encore occupée de cette branche de commerce.

Jusqu'alors on était persuadé qu'il fallait absolument des pâturages pour engraisser des bestiaux, et qu'il n'était donné qu'aux habitants des vallées d'exploiter ce genre de commerce. En effet, dans notre département, où toutes les terres, si l'on excepte quelques portions de prairies naturelles dans les cantons de Caudebec, Dieppe, Neufchâtel, etc., où l'on herbage des bestiaux pour les engraisser, étaient labourées, et où, par une routine aveugle, on laissait toujours un tiers de la sole en jachère, le cultivateur n'avait jamais assez de fourrages pour engraisser des bestiaux, puisqu'il employait tout à sa propre consommation. Depuis quelques années, au contraire, on est forcé de convenir que la nouvelle culture a mis les laboureurs à portée de nourrir un plus grand nombre de bestiaux et surtout des vaches; mais ils se contentent d'en tirer un parti en lait, en beurre et en engraissant des veaux, sans songer à engraisser les vaches pour en retirer un autre genre de revenu que nous pouvons assurer devoir être plus productif encore; cette lacune dans l'agriculture de nos contrées, ou plutôt dans notre département, (nous voulons toujours nous renfermer dans notre localité ), tient, peut-être au manque d'habitude que l'on a de

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faire ce commerce, à la crainte qui détourne souvent le cultivateur industrieux et intelligent de faire des essais qui tourneraient peut-être à sa ruine; ce qui nous conduit à examiner si l'on ne pourrait pas trouver les moyens d'engraisser des bestiaux en donnant au producteur toute sécurité pour les résultats.

Faisons observer d'abord que, dans l'état actuel de la culture, il faut que les cultivateurs aillent toujours en augmentant le nombre de leurs bestiaux, parce que si la terre bien assolée peut toujours produire, il faut beaucoup de fumiers et d'engrais, et, pour en avoir beaucoup, il faut nécessairement un grand nombre de bestiaux, ce qui ne doit pas effrayer le cultivateur, puisqu'il a maintenant beaucoup de fourrages verts et secs et autres produits de récoltes. Il est donc intéressant pour lui qu'on lui indique les moyens de s'assurer un produit et un bénéfice suffisants sur des animaux qui sont nécessaires à l'intérêt même de la culture et à l'amélioration toujours croissante de ses terres.

Et pourquoi ne parviendrions-nous pas à engraisser des bestiaux (des vaches) dans ce département, puisque nos terres, pour répondre affirmativement à la demande du Conseil général, sont propres à recevoir les plantes et les racines à l'aide desquelles on engraisse les bestiaux en Allemagne, en Angleterre et en Belgique, pays les plus productifs en ce genre, puisque la viande s'y vend à si bas prix qu'il est reconnu que l'on y mange autant de viande que de pain. Les trèfles, les luzernes, les sainfoins, les turneps ou navels, les pommes de terre, les carottes, les choux, les betteraves, viennent très-bien dans nos pays, et sont du nombre des plantes dont l'emploi bien ménagé concourt efficacement à détruire l'usage des jachères. Il est encore une racine dont la culture, presque ignorée chez nous, est d'un grand secours chez des nations voisines; on en

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